• Aucun résultat trouvé

Questionnement de recherche

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 140-145)

III. Méthodologie de la recherche

3.1. Questionnement de recherche

Nous avons choisi délibérément de proposer aux étudiants deux genres textuels qui relèvent l'un du genre textuel narratif, le conte/nouvelle, l'autre du genre textuel journalistique, l'article d'opinion. Nous avons choisi d'opposer volontairement deux archétypes discursifs, celui du raconter et celui de l'exposer, selon la terminologie de Bronckart, deux types de discours très différenciés.

En effet avec la nouvelle nous entrons dans un univers où l'auteur invente un monde où les incidents sont mis en relation les uns avec les autres pour créer une intrigue. La narration prévoit de planter un décor, de faire des portraits , autrement dit tout un monde fictionnel à découvrir par le lecteur et que le lecteur recrée d'après sa culture et ses affects. Nous sommes dans le cas de « la 'nouvelle' narrative qui raconte une histoire » qu'Adam distingue de « la 'nouvelle' non-narrative dépourvue d'intrigue » (1996 : 77).

Il appelle cette dernière « la nouvelle-instant » qui correspond à un moment évoqué et au comportement adopté par le ou les personnages concernés.

Nous avons choisi des nouvelles du XIXème et du XXème siècles qui s'inscrivent fondamentalement dans un genre narratif.

Pour ce qui est de la langue utilisée dans les nouvelles que nous avons choisies, nous sommes consciente qu'elle est différente d'après les époques.

Pour le XIXème siècle, c'est une langue plus datée. Les nouvelles du XXème, celles de Colette et de Yourcenar utilisent une langue plus actuelle.

En tant que genre littéraire, la nouvelle utilise également un style travaillé, une sélection de vocabulaire plus « raffiné », on est du côté de

quelque chose de plus élaboré, où le style revêt une importance considérable, où les exigences formelles sont très fortes.

Les journaux par contre nous font entrer dans un monde réel, nous confrontent à des sujets d'actualité économique, des faits de société qui nous sont proches, que nous côtoyons au quotidien, présentés pour attirer l'attention des lecteurs. Des sujets que les lecteurs français connaissent bien, c'est la question de la culture partagée. Mais pour un étudiant en français langue étrangère cette culture est-elle partagée? Un étudiant italien connait-il par exemple le problème de la burqa? Même s'connait-il la connaît, le sujet soulève-t-il le même débat en France et en Italie? En ce qui concerne la langue utilisée pour les articles d'opinion journalistiques, celle-ci est plus actuelle, plus proche de la langue que nous utilisons et les soucis de style sont moindres que dans la nouvelle. Nos apprenants-lecteurs entrent-ils plus facilement dans la fiction littéraire ou dans le monde que nous vivons qui analyse les faits de société?

Nous ne devons pas oublier non plus que nos informateurs lisent en français langue étrangère ce qui a une incidence sur la lecture. Nous pensons à des stratégies qu'ils n'utiliseraient pas en langue maternelle comme, par exemple, le recours à la traduction.

Qu'en est-il de la mise en page? Nous pouvons observer que la mise en page sur écran et sur support papier se présente de façon différente. L'article d'opinion journalistique aura une graphie différente d'après son support.

Sans entrer dans le détail car cela nous éloignerait de notre propos, nous observons que sur écran, le texte se présente en segments - dont on peut se demander s'ils constituent des paragraphes ou non – avec alignement à gauche. Souvent ces segments sont séparés les uns des autres ; il est rare de trouver des intertitres au milieu du texte etc. Dans certains cas, la mise en

140

page de l'écran influence la mise en page papier, car comme le relève Giacomo « secondo me rispetto ad altri libri come vengono stampati adesso non c'è differenza...Alcuni libri che vengono stampati adesso sono scritti molto larghi con delle separazioni tra paragrafo e paragrafo »90(lignes 248 et suivantes de l'entretien)

Sur support papier , l'alignement est la plupart du temps justifié, il y a des intertitres au milieu du texte, etc.

D'un article à l'autre, que ce soit sur écran ou support papier, la mise en page est différente d'un article à l'autre.

La variété de la presse étant tellement importante, nous ne pouvons pas parler de constante. Cela reviendrait à restreindre ce qui ne peut l'être et prouverait que nous n'avons pas conscience de la diversité que recouvre le monde de la presse. Nous nous sommes limitée ici à observer les textes que nous avons soumis à nos informateurs.

Pour ce qui est de la nouvelle, la mise en page dépend souvent du support auquel est destiné le texte écrit. À l'heure actuelle le support est très varié : le papier et les différents types d'écrans en général Dans une acception générale partagée encore à l'heure actuelle, quand nous pensons

« nouvelle littéraire », nous pensons livre – même si des nouvelles paraissent dans des revues ou des magazines - et donc papier91 Signalons qu'au XIXème siècle, publier les nouvelles dans les journaux était une pratique courante. Il suffit de penser au nombre de nouvelles de Maupassant qui ont d'abord été publiées dans le journal Le Gaulois avant d'être publiées dans des recueils.

Pour ce qui est des nouvelles sur écran d'ordinateur, la panoplie

90(D'après moi, en ce qui concerne la manière d'imprimer les livres maintenant...Certains livres imprimés maintenant sont écrits très larges avec des séparations entre les paragraphes )

91Nous renvoyons à la section « Les mutations du texte » car avec l'ordinateur, comme nous l'avons montré, les textes changent pour s'adapter au support.

d'œuvres littéraires que nous trouvons sur Internet sont la transposition de textes qui ont déjà été publiés sur support papier. Pour l'eBook, les œuvres ont été téléchargées d'Internet.

En faisant allusion à cette question, nous ne pouvons que rester à la surface d'un phénomène très vaste comme celui de l'édition car il faudrait prendre en compte non seulement le livre dans son acception générale mais également le format, la taille, l'édition, le caractère de police etc. Ce qui nous éloignerait de notre objectif.

Dans notre recherche nous avons constaté que les nouvelles présentées à nos informateurs se différenciaient dans la mise en page si elles étaient présentées sur un livre ou sur écrans. Et même la mise en page à l'écran était différente d'une nouvelle à l'autre.

Nous nous sommes demandée si, au-delà du genre, la mise en page pouvait influencer les stratégies de lecture de nos enquêtés. Comment vont-ils parcourir le texte?

Nous nous sommes posé également la question suivante. Le support implique une position et une situation de lecture différente d'après sa matérialité. Les lecteurs ne vont pas se positionner de la même manière s'ils lisent sur un bureau, allongé dans leur lit ou leur canapé ou en tenant un objet dans les mains. Et même si la lecture peut s'effectuer en tenant le support en main, la grandeur, la forme, l'écran rétroéclairé ou pas etc. et le maniement du support pourraient influencer la manière d'appréhender le texte.

Nos apprenants-lecteurs sont également dans une situation de lecture particulière puisqu'ils lisent pour apprendre.

142

3.2. Hypothèses

En tenant compte des réflexions antérieures, nous avons fait plusieurs

hypothèses.

Nous faisons une première hypothèse à savoir que, dans une situation de lecture en français langue étrangère, non seulement le support modifie ou étend les stratégies de reconstruction du sens mais également le contexte socio-culturel et psychologique en un lieu et un moment physique particuliers. Nous pensons au support en tant qu'objet avec des caractéristiques qui lui sont propres (écran rétroéclairé pour l'ordinateur, le papier pour le support papier, la forme et l'écran non rétroéclairé pour l'eBook), des formes et une matérialité différentes.

La deuxième hypothèse est que la mise en page, en changeant d'après le support, va influencer la façon de parcourir le texte et donc influencer les stratégies de lecture.

La troisième est relative aux genres. Seraient-ce plutôt les discours du raconter et de l'exposer qui pourraient influencer les stratégies de (re)construction du sens, qui auraient un rôle déterminant sur les stratégies?

Est-ce une lecture littéraire ou non littéraire qui va jouer un rôle plus déterminant sur les stratégies de (re)construction du sens ?

La quatrième hypothèse est que le support et les discours du raconter et de l'exposer sont liés et interagissent pour influencer les stratégies de lecture.

La cinquième hypothèse ne relève ni du support ni du types de discours mais tiendrait des différences individuelles. Est-ce l'individu qui l'emporte par rapport au reste, par rapport au support et aux types de discours?

L'individu avec ses connaissances, ses motivations, son affect, son bagage culturel, ses expériences, avec tout ce qui constitue l'être que nous sommes?

Ce sont ces cinq hypothèses que nous allons essayer de vérifier. Les résultats de l'analyse de notre corpus valideront ou invalideront, voire nuanceront nos hypothèses de départ.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 140-145)

Documents relatifs