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Ce travail d’évaluation des effets des pôles de compétitivité sur l’emploi s’est focalisé sur les caractéristiques coopératives et résiliaires des pôles et n’a pas pris en compte, notamment pour des raisons de méthode, l’ancrage territorial des pôles. Le cadre d’analyse mobilisé est centré sur les relations de coopération et les liens de proximité sociale et géographique, il ne prend pas en compte l’ancrage territorial, alors que la définition des pôles de compétitivité les place "dans un espace géographique donné".

Les pôles de compétitivité sont ancrés dans un territoire, la politique des pôles de compétitivité étant une politique industrielle et de développement des territoires. Ainsi, les pôles de compétitivité sont définis au niveau régional dans la mesure où "les régions forment l’espace des déplacements de moins d’une heure" selon Blanc (2004). Au total 71 pôles de compétitivité sont répartis sur le territoire national, certaines régions ne comptant pas de pôle (voir carte).

Pourtant les entreprises prenant part aux projets de R&D coopératifs sont ré-parties dans toutes les régions de France, comme le montre le tableau 4.1416 17 18. L’analyse de la localisation des pôles de compétitivité identifie certaines ré-gions fortes sur les activités de R&D, telles l’Île de France, la Provence Alpes Côte d’Azur (PACA), ou la région Rhône-Alpes. Cette dernière compte le plus grand nombre de pôles de compétitivité, soit un total de 13 pôles (18,3% du total des pôles). La région PACA, quant à elle, compte 11 pôles de compétitivité (15,5% du total des pôles) et la région Île de France 9 (12,7% du total des pôles). A elles trois, ces régions regroupent près de la moitié des pôles de compétitivité, soit un total de 46 pôles. Cette analyse de la répartition géographique des pôles de compétitivité tend à montrer une première limite de la dimension territoriale de la politique des pôles. En effet, l’objectif d’"équité territoriale" est mise à mal par le fait que ce sont les trois régions économiques les plus importantes de l’Hexagone qui regroupent le plus de pôles. En particulier, aucun pôle de

com-16. La Corse est impliquée dans la politique des pôles de compétitivité à travers le pôle Capenergies, implanté à Aix en Provence dans la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et ne fait donc pas partie de ce classement. D’autre part, aucune entreprise n’est recensée dans notre étude comme étant implantée en Corse. Les DOM et TOM français ne sont pas comptabilisés pour les mêmes raisons.

17. Les régions sont classées de 1 à 17, les régions comptant le même nombre d’entreprises étant classées à égalité.

18. Les régions sont classées de 1 à 10, les régions comptant le même nombre de pôles étant classées à égalité.

Figure 4.1 – La carte des pôles de compétitivité

Source : DGCIS 2014

pétitivité n’est basé en région Poitou Charente, même si cette région finance le pôle iDforCAR situé en pays de la Loire. Un territoire a été défini pour chaque pôle lors de sa labellisation. Il est composé d’une ou plusieurs régions et pré-cise le périmètre géographique de l’action du pôle. En 2014, 49 des 71 pôles se concentrent sur une seule région, 9 pôles interviennent sur 3, 4 ou 6 régions. La performance des pôles multi-régions sur la période est variable. La critique portant sur le saupoudrage des pôles ne concerne pas seulement le nombre de pôles, mais également leur situation géographique.

L’analyse de la géographie des emplois touchés par les actions des pôles de compétitivité apporte une dimension différente. Alors que la région Poitou Cha-rente ne compte pas de pôles de compétitivité, elle regroupe 1,4% des entreprises prenant part au projet des pôles. Sans surprise, c’est la région Ile de France qui compte le plus d’entreprises qui prennent part aux pôles de compétitivité (26,9%). En seconde position apparaît la région Rhône-Alpes (17,7%) et enfin la région PACA qui concentre 7,9% des acteurs. La région Bourgogne est celle

Région19 Part des Classement Part des Classement entreprises entreprises20 pôles pôles21 ALSACE 1,4% 14 7,0% 6 AQUITAINE 4,2% 7 7,0% 6 AUVERGNE 1,4% 15 4,2% 8 BASSE-NORMANDIE 1,4% 14 7,0% 6 BOURGOGNE 2,5% 10 2,8% 9 BRETAGNE 5,8% 5 7,0% 6 CENTRE 2,4% 11 7,0% 6 CHAMPAGNE-ARDENNE 0,7% 16 2,8% 9 FRANCHE-COMTE 2,2% 12 5,6% 7 HAUTE-NORMANDIE 1,4% 14 4,2% 8 ILE-DE-FRANCE 26,9% 1 15,5% 2 LANGUEDOC-ROUSSILLON 3,2% 9 11,3% 4 LIMOUSIN 0,7% 17 7,0% 6 LORRAINE 1,5% 13 4,2% 8 MIDI-PYRENEES 7,1% 4 9,9% 5 NORD-PAS-DE-CALAIS 4,3% 6 9,9% 5 PAYS-DE-LA-LOIRE 3,8% 8 11,3% 4 PICARDIE 2,2% 12 2,8% 9 POITOU-CHARENTES 1,4% 15 1,4% 10 PROVENCE-ALPES 7,9% 3 15,5% 3 COTE-D’AZUR RHONE-ALPES 17,7% 2 18,3% 1 Table 4.14 – La distribution géographique des entreprises et des pôles de com-pétitivité

Source : DGCIS projets FUI 1 à 10 et ANR 2005-2010, traitements par l’auteur

dont l’écart entre l’implication des entreprises et l’implantation territoriale des pôles est la plus importante. La région compte deux pôles, soit 2,8% des 71 pôles et se place au 18ème rang des régions en termes d’implantation de pôle sur le territoire. En revanche, 2,5% des entreprises françaises qui prennent part aux projets de pôles de compétitivité sont des entreprises bourguignonnes, ce qui place cette région en 10ème position des régions pour les entreprises actrices des projets des pôles. Sans surprise, les régions Ile de France et Rhône-Alpes se placent en première et seconde positions en termes d’implantation des pôles de compétitivité et en termes de participation des entreprises aux projets de R&D des pôles. La région Poitou Charente, qui sur la carte ne comprend aucune im-plantation de pôle, compte malgré tout 1,4% des entreprises françaises associées

aux projets des pôles. Certaines régions ont un bon positionnement en termes d’implication des entreprises dans les projets des pôles de compétitivité, alors qu’elles sont plutôt en retrait en termes de présence des pôles sur leur territoire. Chaque territoire a créé les pôles de compétitivité selon son identité et ses compétences. Ainsi, le territoire pourrait avoir un effet sur l’emploi, en termes de création d’emplois mais aussi de compétences. Dans son rapport préliminaire à la mise en place des pôles de compétitivité, Beffa (2005) souligne un mode d’organisation et de distribution géographique des activités en France, préjudi-ciable sa compétitivité. Plus précisément, 70% des emplois d’ingénieurs et de techniciens se situent en île de France et 89% des ouvriers en province.

Une analyse des pôles à partir d’un ancrage territoire pourrait répondre à cette question. Mais comme le montre ce rapide descriptif, la question de l’an-crage territorial est complexe et nécessite un travail de définition précis.