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de compétitivité sur l’emploi

3.2.4 Des effets sur la masse salariale

Les évaluations des pôles de compétitivité se sont focalisées sur les effectifs salariés, liés à la R&D notamment. Muscio et Scarpinato (2007) dans le cadre des districts industriels italiens se sont intéressés aux dynamiques salariales dans les clusters, analyse complémentaire de la seule observation des effectifs. L’analyse des dynamiques salariales est pertinente dans le cadre de la politique des pôles. Les entreprises qui prennent part aux projets de R&D des pôles de compéti-tivité sont impliquées dans une dynamique d’innovation ouverte, elles ont créé des emplois, dont 42% d’emplois de cadres et liés à la R&D, ce qui laisse penser que les entreprises participant aux projets de R&D des pôles ont connu, entre 2004 et 2010, des dynamiques salariales supérieures aux entreprises restées hors des pôles.

Cette intuition est validée en ce qui concerne la masse salariale. En effet, la masse salariale des entreprises ayant pris part aux projets de R&D des pôles a augmenté en moyenne de 1 196 750 euros entre 2004 et 2010, par rapport aux entreprises restées hors des pôles, soit une augmentation de 11,3% par rapport à la masse salariale de 2004.

Intégrer une dynamique d’innovation ouverte augmente significativement la masse salariale des entreprises participantes, ce qui confirme certaines conclu-sions de la littérature. En revanche, cette participation n’a pas d’effets sur le salaire par tête, qui est d’ailleurs 1,4 fois plus élevé dans les entreprises ayant pris part à un projet de R&D coopératif comparativement aux entreprises res-tées hors des pôles. Il semble que les entreprises participant aux projets de R&D des pôles de compétitivité ont privilégié les embauches aux augmentations de salaires. En effet, les subventions à la R&D initiées par la politique des pôles sont soumises à un ensemble de règles d’éligibilité (voir annexe 2), dont la création d’emplois.

3.3 Conclusion et discussion

Pour une entreprise, la mise en oeuvre d’un processus d’innovation ouverte par la participation à un projet de R&D coopératif, a des effets sur ses perfor-mances d’emploi. Ceci constitue le principal résultat de l’évaluation menée sur les effets des pôles de compétitivité sur l’emploi. Le travail empirique d’évalua-tion de l’effet de la participad’évalua-tion des entreprises aux projets de R&D coopératifs des pôles corrobore les conclusions de la littérature et montre des effets positifs

et significatifs sur l’emploi de ces entreprises. L’hypothèse d’un effet de l’innova-tion ouverte sur les performances d’emploi est donc validée : la participal’innova-tion à un projet de R&D coopératif a des impacts positifs sur l’emploi des entreprises participantes, relativement aux entreprises restées en dehors des pôles. Ces ef-fets positifs concernent les effectifs moyens de l’entreprise ainsi que les emplois cadres et liés à la R&D. En revanche, la dynamique d’innovation ouverte ne joue pas sur les emplois ouvriers ni sur le niveau de salaire par tête.

Ces résultats doivent être discutés du fait des subventions reçues par les entreprises pour mener à bien leurs projets innovants. En effet, par rapport aux entreprises ne participant pas aux projets de R&D coopératifs, elles ont vu leurs effectifs globaux et de cadres augmenter entre 2004 et 2010, mais elles ont perçu des subventions à la R&D. D’ailleurs, les perspectives d’embauches sont un des critères de labellisation et de financement des projets. L’effet des pôles sur l’emploi ne concerne pas que les emplois cadres et liés à la R&D. En effet, sur les 31 emplois générés par la participation de l’entreprise au projet, un peu moins de la moitié est liée aux emplois cadres et de R&D (13 emplois en moyenne, soit 42%).

Le modèle d’évaluation proposé n’identifie pas d’effet significatif sur les em-plois ouvriers dans le cadre de la participation aux projets de R&D coopératifs. Ce modèle détermine un effet direct sur l’emploi des entreprises participantes, mais ne peut pas mesurer l’impact sur l’emploi des entreprises sous-traitantes. Plus généralement, l’absence d’impact sur l’emploi ouvrier et l’incapacité à me-surer celui sur les entreprises sous-traitantes ne permet pas de répondre à la question relative à la capacité des pôles de compétitivité à limiter les délocalisa-tions. L’objectif de la politique des pôles est d’orienter l’industrie française vers des produits de moyenne-haute technologie par des dynamiques d’innovation ou-verte, avec l’ambition d’une production industrielle de biens de moyenne-haute technologie par les entreprises françaises. Il semble important, à la lecture de nos résultats, d’envisager à plus long terme une évaluation de la politique des pôles sur ces deux questions (emplois ouvriers et sous-traitance) et d’envisager que la labellisation des projets ou l’octroi des subventions soient davantage condi-tionnés au potentiel de créations d’emploi, notamment industriel, de la part des entreprises participantes.

Le fait de participer à un programme d’innovation ouverte a un effet sur les emplois par rapport au fait de ne pas prendre part à un programme d’innova-tion ouverte. Cette évaluad’innova-tion apporte un premier résultat mais il est unique-ment partiel dans la mesure où il serait pertinent de comparer un programme d’innovation ouverte et un programme d’innovation fermée afin de mesurer pré-cisément et uniquement l’effet de la coopération et non celui de l’innovation coopérative. Cette innovation coopérative est à la croisée de deux littératures, celle de l’innovation et celle de la coopération. Pour prolonger et compléter cette

évaluation, il semble pertinent de se pencher sur les caractéristiques résiliaires et coopératives des relations entre les acteurs des projets de R&D des pôles. En effet, tester les effets de la participation à un réseau sur les dynamiques d’emploi est une première étape dans la compréhension des impacts que peuvent avoir les réseaux sur l’emploi. Or ce travail est purement quantitatif, il ne prend en compte que la participation au réseau. Il convient de se pencher de manière plus qualitative sur les réseaux, notamment sur leur structure, pour comprendre de manière plus fine les effets de la participation aux réseaux sur l’emploi. En outre, il serait pertinent de poser la question de la nature des acteurs des réseaux, de la nature des acteurs avec lesquels les entreprises coopèrent, et qui forment le capital social des entreprises. Ce test est d’autant plus intéressant que le capital social constitue un concept-clé dans la théorie des réseaux sociaux.

Chapitre 4

Capital social et emplois au sein