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Descriptiondel'épidémie de la Nouvelle-Orléans, en 1822.

L'hiverfutplusrigoureux

que

d'ordinaire, et

commença

de

bonne

heure.

Dès

la fin de

décembre

1821,il avait

tombé

delaneige en

abondance pendant

tout

un

jour.

Le prin-temps

se distingua par des pluiesfréquentes qui continuèrent jusqu'au mois d'août, et

empêchèrent

ainsi, en les renouvelant sans cesse, la putréfaction des eaux stagnantes qui sont en si grandequantité dansplusieurs parties de la ville et des environs. Aussi jus-qu'à cette

époque

n'observa-t-on

aucun

cas deFièvre

Jaune

,malgrél'intensitédela cha-leur;déjànous nousflattionsdel'espoir d'être

encore épargnés cette année

comme

la pré-cédente par le fléau, lorsque la sécheresse survint , et nous enleva bientôt toutes nos espérances.

HO

ESSAI SUR LA FIEVRE JAUNE

On

peut considérer

comme une

circons-tance qui a contribue' à déterminer

l'épidé-mie

, les fouillesde terreassezconsidérables

,

pratiquées pendant l'hiver et le printemps pre'ce'dens,

pour

le pavage des rues de la ville, jointesà celles

que

nécessita la cons-truction d'une assezgrande quantitéde mai-sons, et qui continuèrentpendant

une

partie de l'été (1).

Dès

la fin d'août,quelques cas bien avères de Fièvre Jaune avaient déjà été observés

,

mais elle devinttout-à-coup

épidémique

au

commencement

de septembre, et avec

une

telle violence

que

le

nombre

des morts fut,

dans

peu

de temps, porté à plus de trente personnes par jour, et continua dans cette effrayante proportion

, jusqu'à la fin d'oc-tobre.

Un

fortvent

du nord

qui eut lieu au

com-mencement

de

novembre,

arrêta l'épidémie dans sa

marche

dépopulatrice, presqu'avec

(i)Il est à remarquer que c'est surtout au fau-bourg Sainte-Marie,lamaladie a principalement sévi, qu'il a été construit une plus grande quantité de maisons.

DAMERIQUE, tll la

même

rapidité qu'elle avait

commencé

(1);

elle se re'duisit à quelquescas sporadiques, età peine à la fin

de novembre

en existait-il

encore quelques vestiges.

Aussitôt

que

répidémie

commença,

notre estimable maire, M. Roffignac, dont le zèle infatigable et la sollicitude nese sont pas dé-mentis

un

seul instant

pendant

ces jours de calamité , fit publier qu'on fournirait aux étrangers non-acclimatés et sansfortune qui voudraient s'éloigner de la ville,les

moyens

nécessaires

pour

seretirer del'autre

bord du

lac Pontchartrain, jusqu'à lafin de

l'épidé-mie

; il invitait également tous les autres à s'éloigner aussi pendantcet intervalle. Je

me

permis alors

moi-même

(le 6 septembre), des invitations semblables dansles gazettes,

en

faisant connaître le danger

que

ces per-sonnescouraient en

demeurant

enville.

Très-peu

profitèrentdeces divers avis (2), etprès

(1) Ceci est bien remarquable et prouvede reste, ce mesemble,lanon-contagion delamaladie,et jus-qu'à quel pointl'air en est le principal véhicule.

(2) Peu de jours après,M.lemairemedit qu'ily avait encore en ville, environ trois mille étrangers susceptiblesde contracterla Fièvre Jaune.

112 ESSAI SUR LA FIEVRE JAUNE

de la moitiéde ceux qui restèrent fut

mois-sonnée dans les

deux

mois.

Les

symptômes

se développaient généra-lement avec violence dans cette épidémie;

ilsétaientanaloguesàceuxqui sont

énumérés

dans la description

que

j'ai

donnée

de la Fièvre Jaune en général.

Une

circonstance remarquable, etqui a éténotéepar plusieurs médecins , c'est l'absence apparente de la fièvre , et quelquefois l'extrême lenteur

du

poulschezplusieursindividus,qui ont

néan-moins succombé

avec la plupart des acci-dens principaux.

Une

autre circonstance très-intéressante qui est encore

une

preuve

que

la maladie

n'étaitpas contagieuse, c'est la manière dont

elle se développa.

Un

des premiers cas se manifesta au Bas-sin , lieu très-voisin

du

cimetière , à

une

extrémitédelaville, etqui, parsa position

,

réunit

au

degré le plus éminent, les condi-tions nécessaires

pour donner

naissanceà la

Fièvre Jaune.

Un

autre eut lieu

peu

après aucentrede la ville, rueBienville;

un

troi-sième, rue Royale entre celles

du Maine

et

de Saint-Philippe, très-loin des

deux

pre-s

D'AMERIQUE. Il3

miers endroits;

un

quatrième au faubourg Marigny, rue

Moreau; un

cinquième enfin

de

l'autre

bord du

fleuve, vis-à-vis laville,

dans

un

lieu situe'près d'une briqueterie

travaillaient, en

remuant

continuellementle sol,

une

soixantaine d'Européens ,

Alle-mands

etIrlandais,qui périrentpresque tous

pendant

l'épidémie. Les cinq individus dési-gnés tombèrent maladesà

peu

prèsen

même

temps, et

succombèrent

dans

peu

de jours.

La

maladie se

propagea

ensuite irrégu-lièrement dansla ville et les faubourgs avec

une

extrême promptitude; mais le faubourg Sainte-Marie, situéàl'ouest, fut leplus

mal-traité, ainsi

que

la partie de la ville qui

y

correspond, tandis

que

lesfaubourgs de

Ma-rigny et de Clouet, situés à l'est, n'éprou-vèrent

que peu

de perte, quoiqu'undes pre-miers cas eût pris naissancedans l'un d'eux.

Frascati, sorte de

maison

de plaisance si-tuée à l'extrémité Est

du

faubourg de Clouet, était le refuge de plusieurs personnes

non-acclimatées, qui malgré le voisinage de la ville,

y

jouissaient d'une très-bonne santé, quoiqu'elles fussent

fréquemment

visitées

par les habitans des quartiers infectés: trois

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ESSAI SUR LA FIEVRE JAUNE

des personnes qui l'habitaient, vinrent en

ville, à diverses e'poques de l'épidémie,

y

contractèrentla maladie, nonobstantle

peu

d'heures qu'elles

y

séjournèrent, et retour-nèrent à Frascati où elles

moururent,

sans Ja

communiquer

à qui

que

ce soit (1).

La

suppression des urines fut fréquente dans cette épidémie, de

même que

le délire.