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Quatrième séquence : l’effondrement du parcours narratif

V. Protocole d’analyse

3. Analyse du corpus

3.1. La segmentation discursive du parcours

3.1.4. Quatrième séquence : l’effondrement du parcours narratif

Cette dernière séquence est un retour à la logique de la régularisation, une action entreprise dans la deuxième séquence pour mettre un terme à une situation qualifiée d’ « alarmante ».

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L’Etat- destinateur lance ce court programme d’usage pour réaliser une conjonction positive avec le système de valeurs mis en circulation dans le moment du retour au plan. Il se retrouve, encore une fois, obligé de reproduire le même programme. Le titre du texte donne une idée du contenu et du positionnement entrepris. Il fait allusion aux règles de mise en conformité des constructions et de leur achèvement.

Deux logiques fonctionnent en parallèle et arrivent à ce stade, le système de valeurs porté par le plan ne peut plus tenir ni même rester intact. Le plan n’arrive plus à trouver des articulations objectives pour se réaliser et devenir un programme actualisé. Par l’absence de l’épreuve décisive la figure de la perte est amplifiée au court du temps. La ville a perdu son intégrité, et cette perte de l’objet mettra sans doute en question la constitution même des sujets.

Cette dernière séquence est un indice de l’échec de tout le parcours, qui se couronne par la régression et la réaction totale. L’effondrement du parcours pose trois questions sur les sujets et la valeur du plan:

- Peut-on définir et concevoir des sujets sans objet de valeur ? sachant que l’effondrement du parcours signifie l’effondrement de l’objet de valeur. Les sujets n’ont certainement pas d’existence sémiotique sans relation avec des objets. - Que peut-il advenir du plan qui articulait des valeurs qui ne peuvent être réalisées

que par des acteurs ? Il ne peut plus assurer le rôle d’une compétence modale pertinente. Une fois disjoints de l’objet de valeur, les acteurs n’appartiennent plus au système de valeurs instauré. Ils peuvent participer à des actions mais pas dans le cadre d’un système.

- Est-ce une cohabitation de deux programmes antagonistes ? l’image de la ville en tant qu’identité et structure cohérentes ne peut pas accepter cette cohabitation de tous les risques.

Cette séquence marque la réussite de l’anti-programme à balancer la situation en sa faveur et à installer son système de valeurs opposées.

Ce dernier texte, fait recours aux modalités véridictoires (être/paraître) comme moyen de sanction. Il favorise cette fois-ci l’investissement complet dans le paraître « mise en conformité des constructions et leur achèvement ». Les constructions doivent paraître conformes aux règles et achevées.

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Cet engagement dans le « faire-paraître » en vue d’un « faire-croire » et dans cette phase du parcours suscite selon la (Fig.23) une situation mensongère (non-être+ paraître) :

Fig. 23 : schéma de véridiction de la 4eme séquence. (Source : Auteur)

Une situation « mensongère » s’associe à une autre situation « fausse » décrite dans la deuxième séquence. La limite atteinte n’a qu’un attribut, la ville est la figure de l’objet sans valeur. La réalité du texte est envahie par la réalité du monde naturel.

Les objectifs fixés par les règles édictées selon le premier article de la loi 15-08 sont: - Mettre fin à l’état de non achèvement

- Promouvoir un cadre bâti esthétique et harmonieux

- Fixer les conditions d’occupation et/ou d’exploitation des constructions

- Mettre en conformité les constructions réalisées ou en cours de réalisation antérieurement à la promulgation du texte.

- Instituer des mesures coercitives dans le cas de non respect des délais de construction.

A partir de ces objectifs, le destinateur cherche une réelle épreuve de reconnaissance. L’épreuve inaccomplie a mis en péril toute l’existence sémiotique des sujets et objets, imaginons l’ampleur de l’opération de mise en conformité des constructions, qui va toucher pratiquement, en matière de durée, plus de trente quatre ans de construction. La modalité du devoir- faire a acquis dans cet environnement de désenchantement cognitif et pragmatique, une valeur de plus : le devoir faire sous la coercition. Une double obligation s’est installée .Il suffit de voir la montée et la présence massive des objets-messages (amendes colossales, punitions excessives, emprisonnement) dans le chapitre III du quatrième texte, consacré aux

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dispositions pénales et de lire la section II de la loi réservée aux sanctions, pour avoir une idée sur l’intensité de cet aspect. La sanction située, dans n’importe quel parcours narratif en dernière étape, devient dans ce texte une sanction inchoative. Elle commence dés les premiers articles par la formule du devoir ne pas faire : « il est interdit… ». Ce genre de sanction est utilisé pour des fins manipulatoires afin de garantir la compétence du sujet et le bon déroulement du procès narratif, on voit bien que le tensif et le sensible prennent les devants par rapport au narratif. Dans cette séquence, le texte a vécu un autre débordement du destinateur par l’intensité de la sanction. Cette tendance place le texte législatif dans le domaine restrictif de la juridiction et la ville devient une scène du sensible.

Les éléments de l’image de la ville à partir de la troisième et de la quatrième séquence sont schématisés dans la figure suivante :

Fig.24 : Image de la ville à partir de la 3ème et de la 4ème séquence. (Source : Auteur).

Dans cette étape de l’analyse, les aspects syntaxique et sémantique de l’image de la ville qui apparaissent à travers les quatre séquences, sont caractérisés par :

- Un seul programme narratif de la préservation. L’anti-programme est mené par l’actant passif. Cette ambivalence a favorisé l’émergence de deux types de villes.

18 ans 1990 4 2008 Moment du Plan Moment de la Régularisation

 Programme narratif de préservation avec trois valeurs (économie, équilibre, préservation).

 Modalité virtuelle (devoir ne pas faire).

 Modalités véridictoires du paraître.

 Deux objets de valeurs : le foncier et le plan d’urbanisme.

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- Une structure actantielle dominée par un seul acteur (Etat). les autres acteurs sont passifs et génériques.

- Un temps discontinu où s’alternent deux moments, le moment du plan et le moment de la régularisation.

- Un espace-contenant morcelé et régi par la règle.

- Une compétence de base indiquée par le plan d’urbanisme et une compétence d’usage représentée par le périmètre utile de la ville.

- Des modalités du faire basées sur l’obligation. Les modalités véridictoires agissent sur le paraître.

- Deux objets de valeurs, l’une est les réserves foncières, l’autre est le plan d’urbanisme qui se transforme en une véritable performance. Les valeurs investies dans ces objets de valeurs sont, l’économie, l’équilibre et la préservation.

- Un mode d’existence sémiotique virtuel. L’épreuve glorifiante se confronte toujours à un état de fait non-conforme au contrat engagé.

- Une valeur minimale de l’ordre.

Enfin, le parcours narratif choisi, décrit l’image de la ville tel que le texte législatif la conçoit. Néanmoins, ce même parcours qui rend manifestes des pistes en masque aussi d’autres, puisque l’analyse s’est limitée uniquement aux seuils des textes. L’idée du parcours comme un ensemble de transformations inscrites dans le temps et dans l’espace appelle l’idée des permanences et de leurs structurations. La partie suivante porte sur les éléments permanents de l’image au cours de ce parcours et accède ainsi à un autre type d’analyse.