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V. Protocole d’analyse

3. Analyse du corpus

3.3. Analyse sémio-lexicale du noyau stable

3.3.2. Analyse du troisième texte

Par les règles édictées, la séquence énonce un programme narratif de conservation et d’évitement visant la conjonction du sol et du bâti avec l’ordre : « organiser la production du sol urbanisable, la formation et la transformation du bâti », cet ordre est qualifié par trois valeurs : économie, équilibre et préservation. La racine du verbe de chaque valeur (économiser, équilibrer, préserver) renvoie à l’action. Ces trois valeurs peuvent être regroupées dans la catégorie de l’économique que le texte développe par plusieurs éléments figuratifs.

La séquence ne dit pas comment naît le sol urbanisable. Le passage du sol à l’état « urbanisable » n’est pas qualifié. La figure « production » énonce l’émergence de la partie urbanisable sans spécifier comment se démarque-t- elle du tout. La séquence renseigne seulement sur l’utilisation devant être économe du sol. Le construit faisant partie de l’utilisation du sol, il doit assurer l’équilibre entre trois fonctions : l’habitat, l’agriculture et l’industrie et quand le sol est doté d’une caractéristique environnementale, naturelle, culturelle ou historique, il doit être préservé.

Le texte dans cette séquence se positionne sur le foncier et le construit. La ville est d’abord un support qui va contenir du bâti. Cette relation du foncier avec le construit est régie par la

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catégorie de l’économique. Inversement, la valeur opposée à l’ordre est le désordre. Elle suppose la non-économie ou le gaspillage. Ainsi, toute opération de transformation d’un état à un autre ne respectant pas la valeur de l’économie est une démesure et un gaspillage et engendre un état conflictuel de la ville avec son territoire. Pour assurer ces valeurs, une compétence modale est mise en circulation. Elle permet la conjonction des sujets d’état, identifiés ici par le foncier et le construit, avec l’objet de valeur ordre. Elle est représentée par les instruments d’aménagement et d’urbanisme.

La valeur minimale de l’ordre agissant sur les trois registres politique, spatial et social, porte la signification de la prédominance d’une manière d’exercer le pouvoir par la forte présence de la règle. Le deuxième article de la séquence stipule que toute utilisation s’effectue dans le cadre de la règle. Il signifie aussi une rationalité économe qui exclue toute situation qui peut mener au désordre. Enfin, par l’opposition (sécurité / inquiétude) définie précédemment, il signifie l’instauration d’une cohérence collective qui renvoie socialement à la sécurité

La séquence englobante affiche les valeurs qui doivent être reflétées dans chaque utilisation. La séquence englobée explique la mise en œuvre de ces valeurs.

3.3.2.2. La séquence englobée

La séquence englobée est explicitement présentée comme un développement des valeurs investies dans la séquence englobante.

a. Savoir sur les règles générales d’aménagement et d’urbanisme(Art 3,4 ,5 et 6)

Les valeurs investies dans ce passage mettent en opposition l’urbain au rural : Les valeurs opposées du rural et de l’urbain sont indiquées dans l’article 6 : «dans les parties urbanisées de la commune, la hauteur des constructions ne doit pas être supérieure à la hauteur moyenne des constructions avoisinantes et ce, dans le respect des dispositions prévues par la législation en vigueur, notamment pour ce qui est de la protection des sites historiques. La hauteur des constructions à l’extérieur des parties urbanisées doit être en harmonie avec l’environnement ». L’urbain dans ce paragraphe est intérieur, hétérogène, concentré : les figures « parties intérieures », « hauteur moyenne » et « constructions avoisinantes » attestent de cette qualification. Le rural quant à lui est extérieur, homogène, dispersé, continu. Le passage des valeurs du rural aux valeurs de l’urbain doit se faire par un seuil minimal, la figure de « limite » qui est de l’ordre de l’économique indique ce mode de faire. L’article 4 développe une série de limites pour que les parcelles soient constructibles.

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En cas d’absence de la compétence modale que sont les instruments d’urbanisme, comme il est indiqué dans l’article 3, le spatial est régi par la limite minimale, c’est-à-dire les règles générales.

b. Savoir sur les instruments d’aménagement et d’urbanisme (Art10-38)

Une longue séquence est réservée à la compétence modale et son contenu. Elle est représentée par le plan directeur d’aménagement et d’urbanisme et le plan d’occupation des sols. Elle modalise les sujets opérateurs par les modalités d’actualité : le pouvoir-faire et le savoir-faire.

D’abord le plan directeur d’aménagement et d’urbanisme (P.D.A.U) est qualifié par deux qualités : l’orientation et la globalité. Le P.D.A.U oriente l’ensemble des transformations qui se déroulent dans un territoire donné. Les verbes, fixer, prévoir, rationaliser, délimiter, préciser, préserver se référent à des actions orientées et traitent de l’espace urbain dans sa totalité. L’apport du plan d’occupation du sol se situe au niveau du droit de construire détaillé. Ces plans comportent quatre dimensions (Sidiboumedine, 1999) :

- Le plan de destination des sols selon un zoning de localisation, un intérêt spécial est réservé à la clôture (chapitre VI) qui démontre l’aboutissement de l’idée du zoning vers la ségrégation.

- Les règles d’utilisation des sols

- Une temporalité qui organise l’extension urbaine et la dynamique centrifuge de l’urbanisation dans le temps (secteur, échéances).

- Linéarité dans l’élaboration des plans : phase inchoative, durative puis terminative1 qui se traduit par un règlement et documents graphiques.

Le spatial régi par la règle est conçu selon deux valeurs : le zoning et la temporalité linéaire.

Le groupe sémantique dominant de la réglementation, avec une fréquence de 290, montre que le texte est centré sur l’idée d’un espace contrôlé à partir de l’instauration de la règle. Celle-ci sert à clarifier tout rapport avec le sol et à organiser les actes de bâtir et toute participation à la production de l’espace urbain. La régulation généralisée s’identifie par l’utilisation de mots standards, révélateurs de cette tendance. Ces mots ayant trait à l’idée du plan, étalent des seuils tolérés et des intensités optimales : surface, densité, largeur, hauteur, prospects,…

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L’inchoatif signale le déclenchement du procès. Le duratif signale qu’un intervalle temporel est rempli par un procès. Le terminatif signale l’achèvement d’un procès (Greimas et courtés, 1979)

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Par ailleurs, ces plans ne précisent pas les actions visant à « articuler et organiser des cohérences dans le fonctionnement des activités urbaines, ils n’envisagent pas d’agir sur les acteurs et les facteurs ayant un effet direct ou indirect d’aménagement, mais uniquement sur les conditions auxquelles doit obéir telle ou telle activité humaine (habitat, production, services,…) » (Ibid.). Cette absence d’articulation associée à l’idée du zoning soulève des questions sur la qualité syntaxique et sémantique des lieux produits. L’aspect linéaire dans l’élaboration de ces plans est une autre problématique vu la complexité de l’espace urbain et ses rythmes d’accroissement. Peut-on synchroniser les rythmes de fonctionnement du couple PDAU/ POS ? Le texte ne renseigne pas sur cette question, mais le groupe sémantique « forme urbaine » classé au dernier rang avec une fréquence de 1 (annexe IV) et qui entretient deux relations avec les formes lexicales valeurs normatives et secteur, selon la figure 27, peuvent donner une indication claire sur la nature de la réponse.

Le groupe sémantique « forme urbaine » qui permet de donner une spécificité temporelle, urbanistique et architecturale à la ville, se trouve dans le 3ème texte limité par un environnement lexical constitué par deux relations seulement, les règles édictées (valeurs normatives) et une zone urbaine (secteur). Ce contexte restrictif ne favorise pas l’actualisation de ce groupe.

Fig. 27 : Relations du groupe sémantique « forme urbaine » dans le 3ème texte.

Dans cette séquence englobée, on constate l’apparition des sujets opérateurs : Etat, président de l’assemblée populaire, organismes publics,… ayant des rôles thématiques différents, soit d’initiateurs ou de participants sectoriels dans la consultation engagée pour l’élaboration des plans. Les acteurs institutionnels : chambre de commerce, agriculture, etc., avec une

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fréquence de 72, dominent l’action collective au détriment des acteurs non institutionnels tels que les associations qui arrivent avec une fréquence de 15. Ceux-ci occupent le champ du probable qui signifie une interaction à mi-chemin. Cette interaction est faite via la consultation réalisée par la consignation des observations sur un registre dédié à l’enquête publique. L’action sectorielle et l’absence d’intégration réelle de la participation dans le processus d’élaboration contribuent dans l’émiettement de l’action et ne donnent que des résultats fragmentés.

c. Savoir sur les actes d’urbanisme (Chapitre V)

Dans cette séquence englobée, la figure de la propriété apparaît en relation avec le droit de construire : « le droit de construire est attaché à la propriété du sol, il s’exerce dans le strict respect des dispositions législatives et réglementaires relatives à l’utilisation du sol »1 . Le procès de régularisation entamé en 1985, où la propriété était un élément perturbateur et source de désordre, est remémoré ici dans ce texte. La reconnaissance du droit de propriété est une sanction d’un état antérieur du faire urbain. Cette reconnaissance renforce la relation de l’espace avec la valeur de l’ordre. Elle devient une valeur nécessaire dans sa mise en œuvre. Les actes d’urbanisme servent de programmes d’usage2, ils aboutissent à une sanction pragmatique représentée par le certificat de conformité. Celui-ci permet la reconnaissance des performances réalisées. Le destinateur cherche une épreuve glorifiante sanctionnée positivement.