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Section 2. Les modulations des scripts corporels

II. Pudeur et narrations de soi

S’il existe un thème qui allie corps et regard, c’est bien celui de la pudeur. Mais avant de développer davantage cette idée, il m’est nécessaire d’établir une distinction entre décence182 et pudeur, laquelle s’adosse sur la partition classique entre sphère publique et sphère privée. On placera la décence du côté de la sphère publique en la décrivant comme « une pudeur sociale qui définit, en fonction de l’époque et du lieu, les limites tolérées à l’exhibition »183 : en déterminant ce qui, sur la voie publique ou dans l’univers des

182 On utilisera aussi le mot « bienséance », en référence à un article de L. Boltanki, « Les usages sociaux du corps » (.BOLTANSKI (L.). Les usages sociaux du corps. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 26ᵉ année, N. 1, 1971. pp. 205-233. URL. : www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1971_num_26_1_422470). Même si son propos ne recouvre plus totalement les réalités d’aujourd’hui, l’article s’intéresse la présente étude, en ce qu’elle analyse, à travers le thème des pratiques médicales, les variations du sentiment de pudeur chez les individus, selon la classe sociale à laquelle ils-elles appartiennent : les classes populaires ne se racontent pas leur corps (et la maladie) des mêmes façons que les classes supérieures.

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représentations, ne peut être vu ou montré des corps, la décence concerne davantage la sphère publique et s’élabore donc en rapport avec les logiques de domination et les scripts corporels. C’est plutôt à cette notion-là que nous avons eu affaire dans la partie précédente, une monstration de corps étant ou non sanctionnée en fonction de certaines règles de décence. Je veux maintenant aborder la question de la pudeur qui, elle, s’inscrit dans la sphère intime ; cette seconde partie traitera donc de la relation entre le sentiment de pudeur et² les narrations de soi : le sentiment de pudeur émergerait ou non, en chaque individu-e, en fonction de la narration qu’il-elle a élaborée autour de son corps. Bien sûr, à l’instar des scripts corporels et des narrations de soi, il ne faut pas considérer la décence et la pudeur en un rapport de stricte opposition ; elles sont intrinsèquement liées, se façonnant réciproquement.

La pudeur renvoie donc à l’intime. On pourrait la définir comme un sentiment de gêne, voire de honte, qui survient après le dévoilement d’une vulnérabilité184 ou l’exhibition du corps, d’un geste qui rappelle la sexualité. La pudeur paraît donc intrinsèquement liée à la notion de regard185, à la dissimulation aux regards d’autrui de son corps, de tout ce qui évoque la sexualité, et en particulier la nudité : le sentiment de pudeur apparaîtrait chez un-e individu-e dès qu’il-elle se mettrait nu-e. Cependant, des entretiens avec des activistes, qui se dénudent dans l’espace public, poussent à nuancer cette idée et à remettre en question la systématicité du lien entre pudeur et nudité. De là, on peut se demander s’il n’est pas plus pertinent de parler d’une sensation de nudité. La pudeur émergerait chez un-e individu-e, non pas quand elle est effectivement nu-e, mais quand il-elle se sent nu-e186. En effet, comme le montrent les témoignages des activistes interrogé-e-s, ils-elles peuvent se dénuder, tout en ne se sentant pas nu-e-s. On note ici un décalage entre la nudité effective du corps et la façon dont l’activiste se représente son corps et sa nudité. Ainsi, au lieu de rattacher le sentiment de pudeur à la nudité effective, il s’ancrera

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Voir : DESCHODT (G.), « La pudeur, un bilan », Hypothèses, 2010/1 (13), p. 95-105. DOI : 10.3917/hyp.091.0095. URL : https://www.cairn.info/revue-hypotheses-2010-1-page-95.htm

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« La pudeur individuelle, celle que l’on peut éprouver pour soi-même à se montrer (ou à se voir !) nu ou peu vêtu *…+ » (BOLOGNE, op. cit. p.19)

186 Cela rejoint ce que propose J.-C. Bologne : « La pudeur est un processus dynamique, qui devrait être définie en termes de phénoménologie : elle ne naît qu’à partir du moment où on se rend compte que l’on est nu ». (ibid.). Mais là où Bologne semble maintenir un lien entre pudeur et nudité effective, mon propos visera à proposer un autre lecture de la pudeur, non pas en la déconnectant complètement de la nudité , mais en ne la délimitant pas non plus à la seule monstration de nudité.

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plutôt ici dans la narration que l’activiste (se) fait de son corps. Un lien peut donc être fait entre pudeur et narration de soi.

Puisque la pudeur est affaire de regards et de façons de raconter son propre corps dans l’espace social, on peut émettre l’hypothèse suivante, à partir de ce que disent les activistes sur leur rapport à la pudeur : la pudeur déterminerait moins, dans leurs cas, une volonté de dissimuler leur corps, que de le montrer autrement que de la façon dont il est habituellement vu. L’émergence de la pudeur chez les activistes dépendrait de l’inscription ou non dans une narration plutôt prise en charge par les scripts corporels, ce qui induit que ce sentiment aussi intime soit structuré par des logiques de domination. A contrario, les activistes n’éprouveraient pas de pudeur lorsqu’ils-elles peuvent élaborer de leur corps une autre narration qui diffère des scripts corporels. De là, en s’inspirant de la théorie goffmanienne des cadres, on pourrait penser que la pudeur serait fonction des cadres de monstration, apparaissant ou non selon le cadre dans lequel s’inscrit la monstration du corps. Cela rejoint la réflexion, sous-tendant cette section, autour des modulations des scripts corporels et des variations dans les cadres qu’ils sous-tendent.

Lorsque la nudité paraît…

Comme annoncé, je vais travailler à partir d’entretiens réalisés auprès de quatre activistes FEMEN – Arielle, Sophia, Constance et Eloïse, toutes assignées femme – et d’un activiste d’Urban Porn – Lucien, assigné homme et se définissant comme pédé187. Agé-e-s de 25 à 40 ans au moment des entretiens, il et elles m’ont fait des réponses similaires, concernant leur rapport à la pudeur pendant et en-dehors des actions menées dans l’espace public.

Lorsque je l’ai interrogée sur ses éventuelles appréhensions à se mettre seins nus pendant une action, Arielle m’a répondu :

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Ce terme est en italique pour signifier qu’il s’agit d’une autodéfinition par réappropriation du stigmate. Dans le milieu transpédégouine, il est courant de recourir à cette pratique : on se définira pédé, plutôt que « gay », terme que l’on aura tendance à associer au milieu LGBT, souvent marqué par une forte institutionnalisation et par une vision binaire des corps, des genres et des sexualités. Le milieu queer ou transpédégouine s’en

distingue par ses affinités avec la pensée anarchiste, le féminisme libertaire et d’autres courants féministes pas ou peu institutionnalisés.

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Et comment vivez-vous le fait de vous mettre torse nu dans les actions?

Pour moi c'est un uniforme, je ne me sens pas nue. Mon corps devient une pancarte.

Au nom du groupe ?

C'est un uniforme de protestation. Je serai seule c'est pareil.

On retrouve la même idée dans les propos de Sophia, selon laquelle le corps de l’activiste, pendant l’action, devient porteur du message contestataire, n’étant plus (seulement ?) corps individuel.

Avez-vous des appréhensions ? A vous mettre nue par exemple ? Ou pour la confrontation avec la police?

Non ! Je me sens légitime. Nécessaire. Je ne suis pas nue mais parée de slogans. Portée par ma révolte.

Je suis une activiste pacifiste et féministe, je n'ai pas à avoir peur de la police.

Comme si vous étiez en costume de scène ?

C'est un conditionnement. Mon corps devient étendard, bannière. Il cristallise un message. Mes seins sont le porte-voix d'un cri.

On peut donc noter que, chez ces deux activistes, le sentiment de pudeur disparaît : elles ne ressentent aucune gêne à se dénuder, car elles ne se perçoivent pas comme nues. Elles élaborent une autre narration de leur nudité et de leur corps ainsi mis en scène dans l’espace public, le parant ainsi du message politique. Cependant, on remarque un décalage entre la façon qu’ont les activistes de percevoir leur corps pendant les actions et leur perception en d’autres situations.

Voici la réponse d’Arielle, lorsque je l’ai interrogée sur son rapport à la pudeur en-dehors des actions FEMEN :

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Et en-dehors des actions, dans le quotidien, êtes-vous pudique ?

De moins en moins. A cause ou grâce à Femen. Comment se traduisait votre pudeur avant?

Je n'étais pas spécialement Mais je ne me mettais pas

topless à la plage par exemple, maintenant oui.

On retrouve, dans les propos de Sophia, les mêmes considérations à propos d’un surgissement de la pudeur dans un cadre quotidien :

Et d'ordinaire, dans votre quotidien, êtes-vous pudique?

Oui. Dans ma sphère privée. Je ne pratique pas le

topless, par exemple.

Ce que me dit Constance semble à la fois confirmer et nuancer l’idée du corps tout-puissant de l’activiste, en évoquant le sentiment de dissociation et la vulnérabilité qu’elle ressent lors des actions :

Et pendant les actions FEMEN, que ressentez-vous ?

La montée d'adrénaline fait qu'on est un peu dissociée, c'est compliqué de savoir ce que l'on ressent, on se concentre pour réussir l'action, on cherche des yeux les objectifs des caméras et des photographes et on essaie à tout prix de tourner son corps et le slogan vers eux, le plus longtemps possible

D'accord. Mais pas d'appréhension à vous mettre nue?

Non, on se sent plus vulnérable bien sûr, mais l'appréhension vient plutôt de la violence à subir

Pourquoi vulnérable?

La peau nue. Le vêtement protège le corps.

Du regard ?

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Non le regard on s'en fout. On est plus vulnérable habillée que nue. Euh non l'inverse, pardon !

Le propos de Constance est intéressant, en ce qu’elle soutient que, malgré la vulnérabilité qu’elle ressent, elle ne subit pas le regard, mais elle est bien actrice de la monstration de son corps face aux photographes et aux journalistes. Son sentiment de vulnérabilité semble ne dépendre nullement du regard porté sur son corps.

Les propos d’Eloïse offrent une synthèse de l’idée de cette pudeur qui apparaîtrait ou non, selon les différents cadres dans lesquels le corps de l’activiste s’inscrit.

Dans les actions, il y a une idée d’affirmation du corps féminin dans l’espace public. Est-ce que les actions ont eu un impact sur votre rapport au corps ?

Euh… pas vraiment, bizarrement. Pas sur mon rapport au corps. Y a plus quelque chose de l’ordre d’une sécurité, une sérénité, dans l’espace public, que je pouvais ne pas avoir avant. Mais sur mon corps vraiment, comme j’étais quand même assez pudique à la base, ça n’a pas changé ce rapport : je suis toujours aussi pudique. Simplement, dans un cadre bien précis et militant, je peux être torse-nu pour porter un message, mais dans un cadre privé ou intime, je suis toujours aussi pudique.

Les seins des activistes peuvent faire l’objet de différentes narrations élaborées autour de cette partie du corps et s’inscrire ainsi dans différents cadres. Pendant les actions, ce n’est pas la narration d’une nudité quotidienne qui prévaut chez ces activistes ; en racontant leur nudité, et en particulier leurs seins, comme « uniforme », « pancarte », « porte-étendard » ou « porte-voix », les activistes rompent avec cette narration et la gêne de se dénuder en public n’émerge donc pas en elles. C’est une sorte de nudité extra-quotidienne, prise en charge par d’autres narrations que celle dans laquelle le regard sur les seins s’inscrit habituellement, mais aussi la narration quotidienne que les activistes élaborent d’elles-mêmes et de leurs corps. On a l’impression d’une remise de soi dans le groupe.

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Pudeur et cadre quotidien

Etudier les conditions d’émergence du sentiment de pudeur chez les activistes permet de se rendre compte de certaines variations des façons dont ces individu-e-s perçoivent et se racontent leur corps selon les différentes situations dans lesquelles ils et elles se trouvent. On pourrait avancer que la vie quotidienne est structurée par des

règles de bienséance qui définissent *…+ la façon correcte dont doivent se dérouler les interactions physiques avec autrui, la distance que l'on doit maintenir avec un partenaire, la façon dont on doit le regarder, le toucher, les gestes qu'il est convenable d'accomplir en sa présence et cela en fonction de son sexe, de son âge, selon qu'il est un parent, un ami, un étranger, qu'il appartient ou non à la même classe sociale, selon le lieu et l'heure de la journée, enfin et peut-être surtout la façon correcte de parler du corps, de son aspect extérieur et des sensations physiques [...]188

Dans son article, L. Boltanski parle de « culture somatique » pour définir l’ensemble de règles qui régissent les attitudes et les pratiques de chaque individu-e en rapport avec son propre corps et le corps des autres. Même si l’auteur se concentre sur la culture somatique des classes populaires, on pourrait élargir, avec toutes les nuances requises, cette réflexion à d’autres catégories sociales, surtout en ce qui concerne « la règle qui *…+ régit l'expression verbale des sensations corporelles ou, ce qui revient sensiblement au même, l'exhibition visuelle du corps et interdit, sous certaines réserves, de trop parler de son corps ou encore de l'exposer aux yeux d'autrui »189. En effet, comme je l’ai précédemment montré, il existe un dispositif légal qui, bien qu’imprécis, régit les exhibitions corporelles, lesquelles s’adossent souvent à l’expression excessive de l’idée de sexualité. Cette narration obscène et/ou sexuelle du corps – et a fortiori, le script corporel sexualisant le corps féminin, le sein féminin – structurent ainsi les normes de décence qui régissent le cadre quotidien dans lequel les corps interagissent, se montrent et se racontent. L’émergence du sentiment de pudeur chez les activistes précédemment citées serait fonction de ce cadre et de l’injonction

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BOLTANSKI (L.), op. cit., p.217

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à se conformer aux attentes qui découlent de l’imaginaire sexualisant préalablement leurs poitrines, perçues comme obscènes et qui doivent donc être reléguées à la sphère privée. De similaires remarques peuvent être faites à propos du cas de Lucien, l’activiste

pédé d’UrbanPorn. Voici sa réponse, lorsque je l’interrogeais sur l’idée d’empowerment qui

traverse les actions d’UrbanPorn :

Peut-on parler d’empowerment ? Est-ce qu’il réside dans la maîtrise de l’image des activistes, et de la modification de l’image des corps et des sexualités ? Ben… c’est ce que je disais dans le sens où j’étais très content de travailler avec Urban Porn. Pour moi, c’était exactement ça. C’était l’empowerment. C’était tout à coup d’être assez nombreuses et fortes pour… ben, on gagnait en fait. (silence). Euh oui, tout à fait dans l’empowerment... j'avais vraiment le sentiment quand j'étais avec Urban Porn d'être fort, quoi ! Je me sentais si fort dans le groupe, parce que protégé aussi peut-être, mais, oui, wow ! c'est vraiment powerful.

Et si tu avais fait ça en ton nom propre, tu ne t'en serais pas senti capable ou moins powerful ?

En tout cas, en mon nom propre, c'est tout seul, c'est-à-dire que tout seul dans la rue, je suis incapable d'avoir cette force-là. J'ai trop peur. J'ai trop peur de l'agression. J'ai trop peur des mecs. Je ne me sens pas du tout assez fort pour assumer ça tout seul.

Dans le cas de Lucien, ce n’est pas le sentiment de pudeur qui prédomine, mais la peur et la crainte. Néanmoins, on retrouve le même décalage entre ce qu’il ressent, que ce soit à l’intérieur ou hors du groupe, la même idée d’une remise de soi dans le groupe qui permet l’élaboration d’autres narrations et sensations de soi, différentes de celles qui ont cours dans le quotidien et qui racontent son corps de façon à fonder la peur de se montrer en public. A l’instar de la pudeur des activistes FEMEN, la crainte que Lucien éprouve lorsqu’il est dans la rue et lorsque son corps s’inscrit dans une narration quotidienne semble s’adosser aux injonctions d’un imaginaire hétérosexiste qui considère que seuls les corps hétérosexuels – ou prétendus tels – sont légitimes dans l’espace public.

Le sentiment de pudeur – ou de crainte – émerge chez les activistes selon que leur corps s’inscrit dans un cadre quotidien où prédomine une narration du corps prise en charge par les scripts corporels qui déterminent alors les règles de décence que les corps doivent

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observer. Cependant, les activistes inscrivent parfois leurs corps dans des narrations extra-quotidiennes du corps, où le sentiment de pudeur s’estompe.

S’en remettre à d’autres narrations.

Le sentiment de pudeur émerge chez l’activiste lorsque son corps est pris en charge par une narration quotidienne, inscrite dans des rapports de domination. L’élaboration d’autres narrations autour des corps engendre une rupture dans le pré-agencement des cadres quotidiens. La narration sexualisante et qui relègue donc les corps et leur monstration à la sphère privée s’estompe au profit de narrations qui permettent de publiciser les corps et la nudité des seins.

Le corps-uniforme d’Arielle et le corps-étendard de Sophia constituent autant de nudités extra-quotidiennes qui ne s’accompagnent pas de la sensation d’être nue et annulent donc tout sentiment de pudeur. Ces activistes placent leur corps dans une narration politique, contestataire. De plus, comme l’avance Constance, le corps de l’activiste subit plus le regard d’autrui et peut, l’instant d’une action, décider de sa propre monstration. Sophia soutient une idée similaire de choix :

Dans ma sphère privée. Je ne pratique pas le topless, par exemple.

Mais dans le cadre de FEMEN, vous vous y sentez autorisée?

C'est un choix ! Je ne demande l'autorisation à personne. je trouve le mode opératoire très juste. Rien ne m'y oblige. Mais c'est un modus operandi qui me convient et qui me parle, Et je me déshabille sans problème puisque mon corps est les médium pour pousser un cri. Il est politique.

Cette idée de ne plus être victime du regard se retrouve aussi dans les propos de Lucien qui qualifiait de « powerful » son travail avec Urban Porn, lorsque je lui ai demandé si l’empowerment des actions résidait dans la maîtrise de l’image des activistes. Les activistes ne subissent plus le regard et ne doivent donc plus se conformer aux attentes qui découlent

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du regard. Constance décrit bien la pesanteur de ces attentes qui influent sur son rapport au corps :

Par contre à une autre époque oui, je n'aimais pas mon corps, je le cachais. Mais à présent le regard des autres et leur avis sur mon corps m'importe peu.

Comment s'est fait cette évolution? Est-ce vos grossesses? ou votre engagement à FEMEN ? Et quand situeriez-vous cette période de honte (ou de haine ?) de votre corps ?

Avec le féminisme. J'ai compris que mon corps m'appartenait, et qu'un abruti qui me dit que je suis moche, n'est qu'un abruti. Etre ramenée sans cesses à son corps c'est très pénible. C'est aussi pour ça que le combat doit continuer. Tant qu'il y aura des abrutis pour juger qu'une femme est trop moche ou trop belle pour