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« Les humains sont comme des arbres, ils ont des racines aux semelles. », Des problèmes de mémoire, texte de Rocé in Identités en crescendo, Universal, mai 2006.

« La carte est ouverte, elle est connectable dans toutes ses dimensions, démontable, renversable, susceptible de recevoir constamment des modifications. Elle peut être déchirée, renversée, s'adapter à des montages de toute nature, être mise en chantier par un individu, un groupe, une formation sociale. On peut la dessiner sur un mur, la concevoir comme une œuvre d'art, la construire comme une action politique ou comme une méditation. » (Deleuze, Guattari, 1980, p. 20). Dans leur classique Capitalisme et schizophrénie, Deleuze et Guattari proposent de déplacer le modèle cognitif de l'arbre vers celui du rhizome. Un rhizome est une partie souterraine ou subaquatique d'une plante vivace. Selon son étymologie grecque, le rhizome est une touffe de racines. Si l'ensemble de la plante n'est que racines, « n’importe quel point du rhizome peut être connecté avec n’importe quel autre, et doit l’être. C’est très différent de l’arbre, de la racine qui fixent un point, un ordre. » (Deleuze, Guattari, 1980, p. 13). L'arbre suppose de penser un tronc commun et des branches subalternes. Il implique une hiérarchisation des branches. La métaphore de l'arbre est au cœur de la pensée scientifique occidentale. Le concept du rhizome propose de déplacer les évidences qu'il y aurait à structurer la pensée selon l'image « arbre ». Cette proposition porte en germe deux axes de réflexion forts. D'une part, il y aurait une structure récurrente des manières de penser : la forme « arbre ». Ces manières, largement issue de la modernité, répéteraient des formes de dominations et de hiérarchisation du social. D'autre part, Deleuze et Guattari déplacent leurs manières de penser arborescente vers une forme rhizomatique. En mettant en pratique la possibilité de déplacer concrètement les formes de la pensée, ils refondent une des oppositions constituante de la théorie : l'opposition entre le fond et la forme. Ils insistent ainsi sur la matérialité de la pensée, la théorie comme boite à outil, entendu que les manières de penser contribuent aussi à forger les pratiques de la vie sociale. Cette proposition a été une préoccupation importante tout au long de mes recherches. Comment comprendre la sexualité par ses catégories et les reformuler par là-même ?

Ils proposent de voir le rhizome comme un mode de pensée de l'affinité, de l'alliance, par opposition à l'arbre qui suppose l'engendrement. « Un rhizome ne commence pas et n'aboutit pas, il est toujours au milieu, entre les choses, inter-être, intermezzo. L'arbre est filiation, mais le rhizome est alliance, uniquement d'alliance. » (Deleuze et Guattari, 1980, p. 36). Les auteurs nous invitent à re/penser et déplacer les hiérarchies sociales et les catégorisations scientifiques – l'ordre social, dans une forme rhizomatique : « Tout autre est le rhizome, carte et non pas calque. Faire la carte, et pas le calque. » (Deleuze,

Guattari, 1980, p. 20). Cette métaphore du rhizome entraîne vers une pensée plus nomade, quitter le réflexe du point pour arriver à mieux tracer des lignes : « Il n'y a pas de points ou de positions dans un rhizome, comme on en trouve dans une structure, un arbre, une racine. Il n'y a que des lignes. » (Deleuze et Guattari, 1980, p. 15). Les auteurs proposent ainsi de retravailler l'écriture même, pas seulement comme un travail de transcription d'une réalité donnée, mais plutôt comme une forme de promenade attentive : « Écrire n’a rien à voir avec signifier, mais avec arpenter, cartographier, même des contrées à venir. » (Deleuze, Guattari, 1980, p. 11). Les rhizomes de la sexualité pourraient être ce que j'appelle les zones de sédimentation dans ma cartographie (chapitre 7). Mais pour décrire la sexualité, il importe de mettre en lumière les liens que sa production moderne ont tracé et pas seulement les identités qu'elle a produite. Pour représenter, donner une image, de la sexualité, il m'a semblé plus à propos de mettre en lumière un fond de carte, des territoires sociaux, des vecteurs, des catalyseurs, et les zones de sédimentation. Le rhizome n'a qu'un plan, la carte permet d'en superposer plusieurs.

« We grasp the idea of space before we grasp that of time. […] We say that time passes. That it flies. That it is like a river. We picture it as having a direction and a length ; that it can be described in the same way as space. But time is not space, is it ? » (Hoeg, 1994, p. 59). Dans la sexualité, la dimension temporelle semble arriver avant même que l'espace ne soit défini. Les médecins de la science de la sexualité décrivent l'objet de leur science comme si elle existait depuis toujours. La sexualité est généralement envisagée de manière évolutive, sa progression positiviste et son espace universel. La question de la temporalité ne peut pas être éludée si on cherche à se détacher du modèle cognitif de l'arbre, par le recours à des techniques cartographiques. La cartographie est a priori une science qui s'attache plus à l'espace qu'au temps. Pourtant, sauf à considérer des espaces de façon monolithique uniquement situés dans le présent, ces deux dimensions ne sont pas si simplement isolables l'une de l'autre : « Les processus ne surviennent pas dans l'espace, mais définissent leur propre cadre spatial. Le concept d'espace est interne au processus. Cette formulation implique, comme dans le cas de l'espace relatif, qu'il n'est pas possible de démêler l'espace et le temps. » (Harvey, 2010, p. 57). Dans les sciences sociales, souvent, les références classiques sont envisagées comme les textes « fondateurs », leurs auteurs comme les « pères fondateurs des disciplines ». Il est de bon ton d'y faire référence. La connaissance du social semble s'engendrer dans une descendance cumulative. Comme une conséquence difficilement évitable, nombre de démarches méthodologiques restent d'ordre ontologiques. Les mouvements de la pensée ne sont alors pas compris comme des mouvements, des processus (espace et temps), mais plutôt comme des successions chronologiques (temps et points)73. Comme le précise Michel Foucault : « À partir du XIXe siècle, l'Histoire va

73 Dans mon expérience d'enseignement comme ATER, j'ai été surprise du « réflexe », qu'ont les étudiant-es à chercher une origine temporelle à tous les phénomènes sociaux. L'exemple qui m'a le plus marqué et qui fait

déployer dans une série temporelle les analogies qui rapprochent les unes des autres les organisations distinctes. C'est cette Histoire qui, progressivement, imposera ses lois à l'analyse de la production, à celle des êtres organisés, à celle des groupes linguistiques. L'Histoire donne lieu aux organisations analogiques, tout comme l'Ordre ouvrait le chemin des identités et des différences successives. » (Foucault, 1966, p. 231). Ces méthodes de compréhension du social sont problématiques pour deux de leurs déviances : les tendances positiviste et universelle. Nombre de textes sociologiques créent ainsi des axes temporels pour rendre compte d'un phénomène contemporain donnant l'impression d'une continuité temporelle et d'une unité spatiale universalisable. La proposition d'une approche cartographique du social se veut donc comme une rupture à deux niveaux. À un premier niveau il s'agit de développer des instruments d'une discipline universitaire, la cartographie habituellement liée à la géographie au service d'une autre discipline universitaire, la sociologie. De ce niveau découle un deuxième niveau, détacher les sciences sociales de leurs origines positivistes pour les rendre plus prosaïques au service de la compréhension de leur époque : « Il faut penser le dispositif de sexualité à partir des techniques de pouvoir qui lui sont contemporaines. » (Foucault, 1976).

31- UNESPACEPOUR/DELASEXUALITÉ

Je présente une description sociologique de la sexualité sous forme cartographique74. Cette tentative est à la fois une méthode de recherche et un mode de rendu des données, une forme qui colle au fond, « arpenter, cartographier ». Comme je l'ai déjà exposé dans l'introduction, l'objectif de ce travail est à la fois de comprendre les mécanismes de formation de la sexualité à l'époque moderne (relevés topographiques) et de déplacer les effets de cette formation selon une perspective minoritaire, c'est-à-dire de mettre à jour les « lignes de fuite » de la sexualité et ses possibles fronts de résistance (création cartographique). Cette cartographie propose donc de mêler les éléments de preuve (evidence) et ceux de démonstration (proof), (Davidson, 2005, p. 17), pour donner à voir la sexualité comme un paysage. Un paysage n'est pas un panorama. Le panorama sous-entend la possibilité de tout voir d'un seul coup d’œil (panoptique). Il y a certes une évidence matérielle du paysage (preuve), mais chaque paysage est réinterprété par les yeux qui le regardent, eux-mêmes grands ouverts, mi-clos, brillants ou ternes selon l'état du corps qui les porte (démonstration). Le paysage est question de point de vue, de topos, est celui des rapports homme/femme contemporains qui pourraient être expliqués par des

comportements provenant de l'époque préhistorique.

74 La cartographie est un secteur de la géographie qui s'emploie à la réalisation des cartes. Ce terme renvoie à l'« ensemble des études et des opérations scientifiques, artistiques et techniques, intervenant à partir des

résultats d'opérations directes ou de l'exploitation d'une documentation en vue de l'élaboration et de

l'établissement de cartes, plans et autres modes d'expression, ainsi que de leur utilisation. » (Bernard Rouleau,

2000, p. 19). Cette discipline est très ancienne (Fuat Sezgin, 2007), elle a donc eu des buts et méthodes variés. N'étant pas spécialiste en cartographie je me dois de simplifier à outrance des problématiques que je sais bien plus complexes pour des spécialistes.

mouvements, d'espace et de temps : « Notre regard peut réunir les éléments du paysage en les groupant soit d'une façon soit d'une autre, il peut déplacer les accents parmi eux de bien des manières, ou encore faire varier le centre et les limites. » (Simmel, 1988, p. 239). Le paysage déploie une dispersion pas un centre unique (Foucault, 1969, p. 20). Le paysage est enfin un lieu possible de déplacement pour changer de point de vue, pour voir différemment, selon d'autres éclairages. Ainsi, cet essai cartographique ne vise ni à faire système, ni à élaborer un modèle scientifique permettant de dresser un panorama de la sexualité. Cartographier est plutôt une manière de faire des liens, de re/créer du sens, des résistances, des possibles.

La sexualité sera alors décrite en termes spatiaux. Elle n'est pas un lieu (ma sexualité est un lieu : elle a une latitude, une longitude et une profondeur au sein d'un plus grand espace social) mais un espace dans lequel on prend des places et on se déplace.

Si la métaphore spatiale se retrouve dans les termes sociologiques de champ, de terrain (chapitre 2), ces descriptions restent insatisfaisantes puisque la sexualité n'a pas qu'un seul plan, qu'elle est difficilement limitable, concrètement discernable : qu'est-ce qui relève du champ de la sexualité ? quel est le terrain de la sexualité ?

Une description en terme de champ suppose que de n'importe quel horizon on voit le même champ, avec les mêmes frontières et les mêmes dynamiques de pouvoir. C'est une approche à la fois surplombante et globalisante. Mon postulat de départ est qu'en ce qui concerne les questions de sexualité, les points de vue ne peuvent pas être les mêmes selon qu'on relève, dans l'ordre de la sexualité, du neutre (orthosexiste) ou du singulier (pervers). « S'il est vrai que la “sexualité”, c'est l'ensemble des effets produits dans les corps, les comportements, les rapports sociaux par un certain dispositif relevant d'une technologie politique complexe, il faut reconnaître que ce dispositif ne joue pas de façon symétrique ici et là, qu'il n'y produit donc pas les mêmes effets. » (Foucault, 1976, p. 168). C'est tout autant un postulat théorique que sensible. Selon les parcours de vie, des questions se posent ou ne se posent pas, des événements se vivent ou ne se vivent pas, se vivent ainsi ou autrement. Ces questions posées ou ces vécus font parfois voir ce qu'on aurait pu croire invisible pour les unes, ou rendent incompréhensible ce qui pourrait paraître évident pour d'autres. Les évidences ne sont pas les mêmes pour toutes comme le souligne une blague lesbienne en interrogeant la neutralité de la norme : « Comment votre famille a t-elle réagi quand vous leur avez annoncé votre hétérosexualité ? » Mon travail cherche à déplacer le champ sociologique neutre ou neutralisé de la sexualité vers des cartographies sexuelles plus politiques. Pour cela, j'essaie de partir d'un point de vue spécifique, celui des minorités sexuelles, de repenser la sexualité telle qu'elle a été scientifiquement constituée et socialement disséminée à partir de la deuxième partie du 19e siècle. Ce travail consiste plutôt à reformuler les cadres de pensée habituellement mobilisés pour appréhender la sexualité afin de déplacer l'existence charnelle et discursive de lesbienne, de minorités sexuelles du spécifique au général.

La sexualité a besoin d'un espace social parce que ses mécanismes sont invisibilisés. Des études en sociologie de la sexualité (Bajos, Bozon, Beltzer, 2008), (Chetcuti, 2010) affirment en étudiant des lesbiennes qu'elles sont invisibles socialement. Cette idée de visibilité, d'invisibilité, de visibiliser et d'invisibiliser doit être creusée. Le Puits de solitude de Radclyffe Hall paru en Angleterre en 1928 a été censuré pour obscénité pendant de nombreuses années. Il a été traduit en français en 1932. Ce roman plus ou moins autobiographique décrit la vie de l'inverti-e Stephen.

En tout cas on la jugeait singulière, ce qui, dans ce milieu, équivalait à de la réprobation. Stephen acquit ainsi la conviction qu'il n'y avait pour elle aucun séjour souhaitable au-delà des vieilles grilles de Morton [c'est le nom de la vieille demeure bourgeoise dans laquelle elle grandit], amicales et fortes, et elle s'attacha de plus en plus à son foyer et à son père. Troublée, malheureuse, elle avait recours à son père à toutes les occasions mondaines et s'asseyait auprès de lui. Comme un tout petit enfant, cette large créature musclée s'asseyait auprès de lui parce qu'elle se sentait seule et que la jeunesse ressent plus durement l'isolement et parce qu'elle n'avait pas encore appris cette dure leçon : elle n'avait pas encore appris que la place la plus solitaire en ce monde est réservée aux sans-patrie du sexe. (Hall, 1928, p. 105)

Cet exemple est parlant sur la question de l'invisibilisation. Lorsqu'on parle d'invisibilisation, il faut bien comprendre qu'il ne s'agit pas d'un état mais d'un processus. Si on reste sur le sens commun : invisibiliser veut dire rendre invisible. Alors, à la lecture du court extrait cité, ce terme d'invisibilisation relève de l'incohérence. En effet, Stephen n'est pas invisible, au contraire, elle est trop visible, « singulière » nous dit l'auteur, « large créature musclée ». Cet exemple nous aide à comprendre le processus, Stephen n'est pas invisible, elle est invisibilisée parce que trop visible ou peut-être plutôt elle est invisibilisée parce qu'elle met à jour quelque chose qui est dérangeant. Alors, ce ne serait même pas vraiment Stephen qui fait problème, ni sa visibilité. C'est plutôt ce qu'elle donne à voir, ce qui se cache derrière cette visibilité qui pose problème et qui comme nous le dit l'auteur déclenche de la « réprobation » : « En tout cas on la jugeait singulière, ce qui, dans ce milieu, équivalait à de la réprobation. ». Stephen est jugée « singulière », mais finalement si on aborde cette question de sa singularité d'un point de vue sociologique, ce qui importe c'est que sa singularité met en valeur le cadre normatif dans lequel elle évolue. Il s'agit alors de montrer comment des dispositifs de pouvoir ont fait passer/font passer des personnes pour singulières afin de légitimer la naturalité, la normalité du cadre dans lequel ces personnes singulières évoluent.

On est là dans une situation minoritaire : comment réussir à décrire le cadre normatif qui nous constitue en s'échafaudant, comment le déplacer sans le naturaliser et en même temps continuer à tenir debout ? J'entends minoritaire non en terme quantitatif

mais en terme de « disproportion d'être » (Colette Guillaumin, 1972, p. 121). Minoritaire équivaut, dans l'exemple autour de Stephen, à singulière. Elle n'est pas singulière parce qu'elle est seule, mais parce qu'elle suscite de la réprobation. Pourquoi Stephen est tellement singulière ? Stephen a de grandes mains, dans son enfance elle aime se déguiser en soldat et jouer à la guerre, elle est amie avec une servante, elle monte à cheval, elle conduit une auto, elle gère sa (grande) fortune, elle est écrivaine, aime apprendre et, plus tard dans le récit de sa vie, elle est attirée par une femme puis amoureuse d'une femme avec qui elle a une sexualité charnelle. Si Stephen est singulière c'est parce qu'elle déroge aux normes de la féminité bourgeoise anglaise de son époque. Lorsque Stephen est nommée invertie et considérée comme singulière il ne s'agit pas seulement d'elle, mais aussi c'est par défaut l'énonciation d'une norme, si une femme se comporte comme elle, elle sera elle aussi victime de l’opprobre générale, elle deviendra, elle aussi singulière.

La figure de l'invertie, figure minoritaire, joue ainsi comme repoussoir. Elle est par défaut, en négatif investie d'un pouvoir normatif. Cartographier la sexualité permet de la faire sortir de l'invisible, de décrire son espace, de représenter ses relations : « Faire apparaître dans sa pureté l'espace où se déploient les événements discursifs, ce n'est pas entreprendre de le rétablir dans un isolement que rien ne saurait surmonter ; ce n'est pas le refermer sur lui-même ; c'est se rendre libre pour décrire en lui et hors de lui des jeux de relations. » (Foucault, 1969, p. 44).

32- UNEMÉTHODOLOGIE ENPRISEAVECLACIRCULATIONDUPOUVOIR

Je prends au pied de la lettre la proposition qui consiste à dire que la question n'est pas de savoir : qui a le pouvoir ? Mais : où est le pouvoir ? (Foucault, 1976, p. 10). Cette posture suppose de considérer le pouvoir comme un ensemble de stratégies en circulation entre les acteures avec des zones de sédimentation (dominations et résistances).

L'espace de la sexualité étant investi par différents types de pouvoir, ils en redessinent les territoires. Comme nous l'avons déjà vu dans le deuxième chapitre, l'investissement du pouvoir transforme un espace en territoire. La cartographie est une technique de pouvoir, elle précède et légitime l'accaparement d'un territoire. « Map making became the servant of colonial plunder, for the knowledge constituted by the map both preceded and legitimized the conquest of territory. The map is a technology of knowledge that professes to capture the truth about a place in pure, scientific form, operating under the guise of scientific exactitude and promising to retrieve and reproduce nature exactly how it is. As such it is also a technology of possession, promising that those with the capacity to make such perfect representations must also have the right of territorial control. » (McClintock, 1995, p. 27). Mon emploi de l'outil cartographique n'a pas de visées de

conquête, mais des intentions de réappropriation minoritaire. Si la sexualité est un espace de rapports de force, de pouvoir, la description de ses territoires est un préalable à toute forme de résistance : « Je pense que la résistance est un élément de ce rapport stratégique en quoi consiste le pouvoir. La résistance prend toujours appui, en réalité, sur la situation qu'elle combat. Dans le mouvement homosexuel, par exemple, la définition médicale de l'homosexualité a constitué un outil très important pour combattre l'oppression dont était victime l'homosexualité à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. » (Foucault, 2001, p. 1560).

Ma méthodologie est foucaldienne en ce qu'elle questionne les systèmes de savoir de la sexualité, les modalités de fonctionnement du pouvoir à partir de la sexualité et enfin, les circulations de ce rapport savoir-pouvoir entre les personnes. La cartographie de la

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