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Chaque âge saccage sa cage8

Étudier la sexualité invite à réfléchir les catégorisations, à les problématiser dans leurs mouvements. La sexualité a fait l’objet de travaux dans la médecine, la psychiatrie, la sexologie et la psychanalyse. On la retrouve dans la littérature comme dans les sciences humaines. La sexualité est per se transdisciplinaire : construite entre différentes disciplines académiques et sans cesse renouvelée par les institutions et les acteures sociaux. Ce chapitre vise à décrire mes ancrages théoriques, ceux qui m'ont conduite à cette recherche, comme ceux qui m'ont permis de la réaliser. Mes approches disciplinaires sont multiples, et ce sera mon premier point.

Au cours des deux derniers siècles, les « humanités », ou sciences humaines, ont été construites sur un large schéma de classification qui dessine deux flux distincts du savoir universitaire. Le premier est un flux centripète qui va de sites périphériques vers divers centres métropolitains. Ce flux de données factuelles fourni par les périphéries n’est toutefois pas immédiatement compréhensible pour les lecteurs non familiarisés avec les contextes locaux. Au plan conceptuel, on impute souvent aux cultures particulières ces entraves à une communication transparente. On fait l’hypothèse que ces connaissances périphériques sont trop « brutes » ou trop particularistes pour être comprises par des lecteurs métropolitains non spécialistes, en raison de leur contenu empirique trop dense ; elles exigent d’être traduites dans un langage théorique plus général, l’anglais dans la plupart des cas. Le second est un flux centrifuge d’informations portant sur la manière d’organiser les domaines du savoir, sur le mode d’évaluation de données empiriques particulières, la conciliation entre la diversité et l’incommensurabilité inhérentes aux données empiriques de la périphérie avec la généralité internationale, enfin sur la manière de rendre les détails et les informations variées provenant de sites périphériques particuliers intelligibles pour un ‘public occidental’. Le savoir universitaire de cette deuxième catégorie est généralement appelé « théorie » et sa production a eu lieu pour une bonne part selon une division du travail intellectuel historique spécifique, dans laquelle la « théorie » est associée à l’Occident – une construction historique et mythique – et part de lui pour se diffuser au Reste du monde. Ce schéma général a été globalement admis et institutionnalisé en tant que système de disciplines, dans les institutions gouvernementales et

8 Phrase lue sur un patch, petite pièce de tissu sur laquelle est sérigraphié un slogan ou une image. Cette décoration vestimentaire est commune dans les réseaux punks, queers, libertaire, alternatifs…

industrielles, et celles qui sont chargées de l’éducation, de la recherche et de la protection sociale.9

À partir de ces critiques, et en généralisant aux savoirs minoritaires, je pars du parti pris que les disciplines universitaires sont des formes de cloisonnement du savoir qui produisent du sens, mais enferment aussi dans des mécanismes de pensée répétitifs et dans des approches qui limitent largement l'imaginaire scientifique. Je prends donc le risque de proposer un ancrage théorique peu orthodoxe : sans m'inscrire dans des cadres sociologiques prédéfinis, je rendrai compte des théoricien-nes qui ont marqué mon travail et l'ont fait devenir ce qu'il est.

C'est là une des qualités première des études de genre et de sexualité : quel que soit l'estampillage disciplinaire de nos approches, travailler sur le genre et la sexualité est une invitation à déplacer les frontières communément admises des savoirs.10

Mon approche théorique s'ancre dans trois directions principales. Elle part des travaux de Michel Foucault. Elle passe par se situer, les questions de l'imaginaire, celles du point de vue situé et celles des déplacements avec Wittig et Haraway. Elle est enfin traversée par les articulations, recoupements et travaux de Stoler, de McClintock et de Simmel, lier, relier.

11- POINTSDEDÉPART

111- Foucault, l'Histoire de la sexualité

En 1976, Michel Foucault publie le premier tome d'une histoire de la sexualité qu'il prévoit d'étudier et de raconter en six tomes : 1. La volonté de savoir, 2. La chair et le corps, 3. La croisade des enfants, 4. La femme, la mère et l'hystérique, 5. Les pervers, 6. Populations et races. Ce programme est annoncé sur la quatrième de couverture du premier tome. Cet ouvrage en tant qu'introduction au recueil, dresse un constat, propose une méthodologie et expose un certain nombre d'hypothèses.

Celle-ci [la sexualité], il ne faut pas la concevoir comme une sorte de donnée de nature que le pouvoir essaierait de mater, ou comme un domaine obscur que le savoir tenterait, peu à peu, de dévoiler. C'est le nom qu'on peut donner à un

9 Naoki Sakai, La théorie et l'Occident, sur le problème de Humanitas et Anthropos, trad. Didier Renault, in

Transeuropéennes, Revue internationale de pensée critique, 2012,

http://www.transeuropeennes.eu/fr/articles/voir_pdf/316

10 Elsa Dorlin, Eric Fassin, et Collectif, Genres et sexualités (Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou, 2009), p. 15.

dispositif historique : non pas réalité d'en dessous sur laquelle on exercerait des prises difficiles, mais grand réseau de surface où la stimulation des corps, l'intensification des plaisirs, l'incitation au discours, la formation des connaissances, le renforcement des contrôles et des résistances, s'enchaînent les uns avec les autres, selon quelques grandes stratégies de savoir et de pouvoir. (Foucault, 1976, p. 139)

Le constat premier avancé par l'auteur est que la sexualité n'est pas un champ qui préexiste à sa constitution « donnée de nature ». Il reconnaît que la sexualité est objet d'interdits :

Ensuite que les interdits existent nombreux, et forts. Mais ils font partie d’une économie complexe où ils côtoient des incitations, des manifestations, des valorisations. Ce sont les prohibitions que l’on souligne toujours. Je voudrai un peu faire le tour du décor ; saisir en tout cas l’ensemble des dispositifs. (Foucault, 2001, p. 257)

Il propose, à contre-courant du sens commun, de ne pas la lire seulement à cette lumière, mais de voir comment elle est produite et ce qu'elle produit en retour. L'hypothèse est novatrice dans son approche même de la sexualité, mais aussi pour sa compréhension du pouvoir et de ses circulations.

En gros : plutôt que de rapporter à la forme unique du grand Pouvoir, toutes les violences infinitésimales qui s'exercent sur le sexe, tous les regards troubles qu'on porte sur lui et tous les caches dont on en oblitère la connaissance possible, il s'agit d'immerger la production foisonnante des discours sur le sexe dans le champ des relations de pouvoir multiples et mobiles. (Foucault, 1976, p. 129)

Peut-être est-il important de rappeler que les travaux de Michel Foucault ont cherché à comprendre les fonctionnements du pouvoir au travers des discours11 et des « institutions12 » sociales peu étudiés, relégués au statut de mineurs tels que la folie, la prison, la sexualité. Son travail s'est centré sur la compréhension de discours qui font vérité et par là même légitiment ou non différents types de pouvoir :

11 Foucault utilise le terme « épistémè » pour renvoyer à un ensemble de discours à une époque donnée dans un espace défini : « L'épistémè, c'est un dispositif spécifiquement discursif, à la différence du dispositif qui est,

lui, discursif et non discursif, ses éléments étant beaucoup plus hétérogènes. » (Foucault, 2001, p. 301)

12 « Ce qu'on appelle généralement « institution », c'est tout comportement plus ou moins contraint, appris.

Tout ce qui, dans une société, fonctionne comme système de contrainte, sans être un énoncé, bref, tout le social non discursif, c'est l'institution. » (Ibid., p. 301)

La vérité est liée circulairement à des systèmes de pouvoir qui la produisent et qui la soutiennent, et à des effets de pouvoir qu'elle induit et qui la reconduisent. Régime de vérité. (Foucault, 1994, p. 160)

Les discours ne doivent pas être compris comme simple langage, Foucault ne fait pas, ou pas que de la linguistique, mais comme le langage dans ses effets de production de réalité, de vérité.

C'est pourquoi j'aimerai souligner que la sexualité n'est ici qu'un exemple d'un problème général que je poursuis depuis plus de quinze ans et qui me poursuit depuis plus de quinze ans. C'est le problème qui détermine presque tous mes livres : comment, dans les sociétés occidentales, la production de discours chargés (au moins pour un temps déterminé) d'une valeur de vérité est-elle liée aux différents mécanismes et institutions de pouvoir ? (Foucault, 2001, p. 137)

Ainsi, ses différentes recherches ne peuvent pas être isolées les unes des autres, elles constituent différents volets d'un travail qui s'est employé à comprendre les pouvoirs, pas entendu comme une entité globale, globalisante, mais plutôt comme un ensemble non homogène et pas forcément cohérent de foyers de pouvoir :

Pour mener l'analyse concrète des rapports de pouvoir, il faut abandonner le modèle juridique de la souveraineté. Celui-ci, en effet, présuppose l'individu comme sujet de droits naturels ou de pouvoirs primitifs ; il se donne pour objectif de rendre compte de la genèse idéale de l’État ; enfin, il fait de la loi la manifestation fondamentale du pouvoir. Il faudrait essayer d'étudier le pouvoir non pas à partir des termes primitifs de la relation, mais à partir de la relation elle-même en tant que c'est elle qui détermine les éléments sur lesquels elle porte : plutôt que de demander à des sujets idéaux ce qu'ils ont pu céder d'eux-mêmes ou de leur pouvoir pour se laisser assujettir, il faut chercher comment les relations d’assujettissement peuvent fabriquer des sujets. (Foucault, 2001, p. 124)

Le pouvoir ne doit donc pas être entendu comme une entité supérieure essentielle, il est forcément pris dans des dynamiques relationnelles, forcément mouvantes :

Les analyses que j'essaie de faire portent essentiellement sur les relations de pouvoir. J'entends par là quelque chose de différent des états de domination. Les relations de pouvoir ont une extension extrêmement grande dans les relations humaines. Or cela ne veut pas dire que le pouvoir politique est partout, mais que, dans les relations humaines, il y a tout un faisceau de relations de pouvoir, qui peuvent s'exercer entre des individus, au sein d'une famille, dans

une relation pédagogique, dans le corps politique. Cette analyse des relations de pouvoir constitue un champ extrêmement complexe ; elle rencontre parfois ce qu'on peut appeler des faits, ou des états de domination, dans lesquels les relations de pouvoir, au lieu d'être mobiles et de permettre aux différents partenaires une stratégie qui les modifie, se trouvent bloquées et figées. Lorsqu'un individu ou un groupe social arrivent à bloquer un champ de relations de pouvoir, à les rendre immobiles et fixes et à empêcher toute réversibilité du mouvement – par des instruments qui peuvent être aussi bien économiques que politiques ou militaires –, on est devant ce qu'on peut appeler un état de domination. (Foucault, 2001, p. 1530)

Foucault, par cette critique, met à distance les analyses trop structuralistes qui voient dans le pouvoir une puissance supérieure qui s'appuie sur des acteures pensés comme relativement passifs, comme les objets de ce pouvoir, l'exemple paradigmatique en est la classe bourgeoise qui domine la classe prolétaire. Les développements théoriques foucaldiens encouragent à lire les acteures comme des corps qui font circuler les pouvoirs, selon mes termes, qui catalysent, activent et sédimentent des flux, des vecteurs et des zones de circulation du pouvoir. Pour Foucault, il n'y a pas de pouvoir en tant que substance mais seulement du pouvoir en terme de relation. Il n'y a pas d'extérieur au pouvoir ; aucune libération n'est possible, seuls des foyers de résistance peuvent émerger.

Cette compréhension des pouvoirs donne à la fois une place plus grande aux acteures13, une marge de manœuvre plus importante : Qu'est-ce qui nous traverse ? Qu'est-ce qui est sédimenté ? Et, de quoi se fait-on le relais ? De même, cette compréhension des pouvoirs abolit la différence incommensurable entre les personnes et leurs environnements. En effet, les techniques de la vie quotidienne, les architectures qui nous entourent sont autant de lieux dans lesquels les pouvoirs se nichent et qui nous façonnent. L'appréhension du pouvoir construite par Foucault, requiert une plus grande complexité de l'approche du social. Alors que les théories structuralistes privilégient la cohérence d'un système, sa logique interne. L'approche foucaldienne permet plusieurs cheminements compréhensifs. Elle rend le social moins formaliste, moins pyramidal et plus dynamique. Les modes de résistance apparaissent alors aussi comme plus complexes, il devient impossible de parler d'un ennemi à combattre, d'une source d'oppression unique, les résistances se feront à l'intérieur même des flux de circulation des pouvoirs.

13 La citation précédente décrit les états de domination comme résultant de blocages, de fixation de flux de pouvoir. Foucault déresponsabilise peut-être un peu trop les acteures qui, à mon sens, mettent aussi en circulation des pratiques et discours de domination pas de manière figée, mais bien active. Je remercie Lucie Haling pour cette remarque.

Foucault pour décrire le « grand réseau de surface » que forme la sexualité définit un « dispositif de sexualité » (Foucault, 1976, p. 63). Plusieurs articles compilés dans Dits et écrits reviennent aussi sur les questions de sexualité et son approche comme « dispositif ».

Ce que j'essaie de repérer sous ce nom, c'est, premièrement, un ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref : du dit, aussi bien que du non-dit, voilà les éléments du dispositif. Le dispositif en lui-même, c'est le réseau qu'on peut établir entre ces éléments.

Deuxièmement, ce que je voudrais repérer dans le dispositif, c'est justement la nature du lien qui peut exister entre ces éléments hétérogènes. Ainsi, tel discours peut apparaître tantôt comme programme d'une institution, tantôt au contraire comme un élément qui permet de justifier et de masquer une pratique qui, elle, reste muette, ou fonctionner comme réinterprétation seconde de cette pratique, lui donner accès à un champ nouveau de rationalité. Bref, entre ces éléments, discursifs ou non, il y a comme un jeu, des changements de position, des modifications de fonctions, qui peuvent, eux aussi être très différents.

Troisièmement, par dispositif, j'entends une sorte – disons – de formation, qui, à un moment historique donné, a eu pour fonction majeure de répondre à une urgence. Le dispositif a donc une fonction stratégique dominante. (Foucault, 2001, p. 299)

Le dispositif est un cadre méthodologique interrogeant directement des questions de savoir et de pouvoir. Il permet ainsi de cerner les implications d'éléments hétérogènes, tant des discours que des institutions. Il ouvre la voie à une compréhension plus complexe puisqu'elle met en question aussi ce qui fait lien entre ces différentes hétérogénéités.

Une dernière hypothèse est avancée par Foucault pour justifier son étude de la sexualité :

Le sexe est à la charnière entre l'anatomo-politique et la bio-politique, il est au carrefour des disciplines et des régulations, et c'est dans cette fonction qu'il est devenu, à la fin du XIXe siècle, une pièce politique de première importance pour faire de la société une machine de production. (Foucault, 1981, p. 1013)

Foucault identifie un grand mode de fonctionnement du pouvoir qu'il nomme biopolitique et qui s'articule dans l'anatomo-politique et la gestion biopolitique des populations :

Si on peut parler de « bio-histoire » les pressions par lesquelles les mouvements de la vie et les processus de l’histoire interfèrent les uns avec les autres, il faudrait parler de « bio-politique » pour désigner ce qui fait entrer la vie et ses mécanismes dans le domaine des calculs explicites et fait du pouvoir-savoir un agent de transformation de la vie humaine. (Foucault, 1976, p. 188)

Le concept de biopolitique pose de nombreuses questions, spécialement dans son articulation ou non avec la production capitaliste. Je laisse de côté ces questions ici. Mais je reprendrai quand même à plusieurs reprises dans mon travail, le concept clef de la biopolitique, le territoire même de son exercice, à savoir la « population » :

La population, entendue au sens déjà traditionnel de nombre d'habitants en proportion de la surface habitable, mais au sens également d'un ensemble d'individus ayant entre eux des relations de coexistence et constituant à ce titre une réalité spécifique : la « population » a son taux de croissance ; elle a sa mortalité et sa morbidité ; elle a ses conditions d'existence – qu'il s'agisse des éléments nécessaires pour sa survie ou de ceux qui permettent son développement et son mieux-être. (Foucault, 2001, p. 731)

La population était définie comme un groupe d'individus vivants. Leurs caractéristiques étaient celles de tous les individus appartenant à la même espèce, vivant côte à côte. (Ainsi se caractérisaient-ils par des taux de mortalité et de fécondité ; ils étaient sujets à des épidémies et à des phénomènes de surpopulation ; ils présentaient un certain type de répartition territoriale.) Certes, de Lamare employait le mot de « vie » pour définir l'objet de la police, mais il n'y insistait pas outre mesure. Tout au long du XVIIIe siècle, et surtout en Allemagne, c'est la population – i. e. un groupe d'individus vivants dans une aire donnée – qui est définie comme l'objet de la police. (Foucault, 2001, p. 978)

La population ne renvoie pas à la matérialité d'un groupe de personnes vivant à un moment donné dans un espace donné14. Elle est un groupe investi par une ingénierie, dont les limites sont définies par cette même gestion. Il y a un intérieur et un extérieur à

14 Foucault explicite ceci dans son cours de 1977-1978, Sécurité, territoire et population, Gallimard, 2004. De plus, la critique d'Ann Stoler (1995) insiste sur l'importance de penser ce concept de population avec celui de peuple et de voir comment ils s'informent spécialement dans les espaces colonisés. Les dénominations de peuple, d'ethnie, de tribus renvoient aussi à des modes particulier de racialisation de « populations ».

la population, bien que ses limites soient toujours floues et poreuses. La population est une forme de corps social sur lequel s'exerce des disciplines et des régulations. Elle est le cadre sur et pour lequel la science de la sexualité va établir ses normes.

Foucault n'a finalement jamais réalisé le projet prévu dans le premier tome de l'Histoire de la sexualité. Plus de huit ans plus tard, il publie les deux tomes suivants l'Histoire de la sexualité, mais il ne correspondent plus du tout au plan de recherche initialement exposé :

En tout cas, il semblait difficile d'analyser la formation et le développement de l'expérience de la sexualité à partir du XVIIIe siècle, sans faire, à propos du désir et du sujet désirant, un travail historique et critique. Sans entreprendre, donc, une « généalogie ». Par là, je ne veux pas dire faire une histoire des conceptions successives du désir, de la concupiscence ou de la libido, mais analyser les pratiques par lesquelles les individus ont été amenés à porter attention à eux-mêmes, à se déchiffrer, à se reconnaître et à s'avouer comme sujets de désir, faisant jouer entre eux-mêmes et eux-mêmes un certain rapport qui leur permet de découvrir dans le désir la vérité de leur être, qu'il soit naturel ou déchu. […] En somme, pour comprendre comment l'individu moderne pouvait faire l'expérience de lui-même comme sujet d'une « sexualité », il était indispensable de dégager auparavant la façon dont, pendant des siècles, l'homme occidental avait été amené à se reconnaître comme sujet de désir. […] Mais il était clair qu'entreprendre cette généalogie m’entraînait très loin de mon projet primitif. Je

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