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Ce n'est pas un fantasme, c'est un programme. (Deleuze, Guattari, 1980, p. 188)

Ce chapitre est consacré à la description des matériaux sur lesquels je m'appuie pour construire ma thèse. Ce corpus n'est pas tout à fait conventionnel si on s'en tient aux standards sociologiques, raison pour laquelle je préfère le nommer « matrice documentaire ». Il s'est construit au fil de mes questionnements, c'est-à-dire que je n'ai pas par avance défini un champ d'investigation précis, un terrain, mais que j'ai progressé dans la construction de mon corpus au fur et à mesure que je travaillais à l'analyse des documents et rencontrais de nouvelles interrogations.

Pour comprendre la mise en place de cette recherche, il faut reprendre son déroulement à partir de mes travaux de Master 1 et 245. Mon Master 1, La sexualité sm comme repolitisation de la sphère sexuelle : sexe, pouvoir et identité, portait sur les femmes qui pratiquent la sm46. Mon Master 2, Questions de sexualité, entre pouvoirs et résistances…, s'intéressait toujours à une partie de ces femmes, mais aussi plus largement, aux personnes qui pratiquent la sm et, à partir de là, construisent un discours politique, lisent leurs pratiques sm comme politiques. Ces deux recherches, bien que basées sur des terrains sociologiques, n'étaient pas motivées par une volonté de comprendre jusque dans les moindres détails ce qu'est la sm et comment elle est pratiquée, mais plutôt, par les questionnements qui les articulaient : Comment comprendre les liens entre sexualité et pouvoir ? Comment déjouer les descriptions hégémoniques de la sexualité ? Comment arriver à construire une approche des sexualités minoritaires qui rende compte de leur politique sans les folkloriser ? Comment sortir des idéaux-types que construisent par défaut les catégories sociologiques et rendre compte du social d'une manière plus dynamique ? Mon travail de thèse est le simple

45 Mon premier travail de recherche en Licence 3, Des femmes qui se travaillent au corps, informe aussi ce travail de thèse. Il portait sur les femmes qui font des modifications corporelles importantes. Ce mémoire était basé sur un travail d'observation participante mené pendant un an dans un salon de piercing-tatouage parisien dans lequel j'étais employée comme pierceuse. Ce travail n'est pas assez abouti, mais il m'a quand même apporté des connaissances et des pistes de recherche sur le rapport au corps, la construction sociale du corps et sa réappropriation subversive.

46 J’ai choisi de me conformer à un des usages des pratiquant-e-s en utilisant « la » sm au féminin, ce qui renvoie plus à « la sexualité sm » qu’au « sadomasochisme ». La sm n’admet pas de définition stricte. Dans ses appellations, toutes sortes de terminologies apparaissent : sadisme, masochisme, sadomasochisme (abrégé en sado-maso), s/m ou sm (actualisé par un déterminant masculin ou féminin). L’usage de l’un ou l’autre de ces mots n’est pas sans signification.

Les mots sadisme et masochisme renvoient à l’usage médical et classificatoire des pratiques.

Sadomasochisme est le substantif utilisé majoritairement par les adeptes hétérosexuels, mais aussi par le sens commun pour parler de ce type de pratique. Son abréviation prend un sens péjoratif qui pourrait le rapprocher de l’ancien sens médical. Par contre, « par paradigme sm, il faut entendre pratiques sado-masochistes et

culture sado-masochiste telles qu’elles ont été recodifiées par la culture gaie et lesbienne dans les années quatre-vingt et plus largement tout ce qui est susceptible de renvoyer à une érotisation revendiquée et consensuelle des rapports de pouvoir. » (Bourcier, 2001, p. 63). Les trois différents substantifs renverraient

donc à différentes étapes d’appropriation d’un certain type de pratique et/ou de culture. Un dernier terme d’origine états-unienne s’ajoute à cette liste, celui de BDSM : Bondage-Discipline, Domination-Submission, Sadism-Masochism. Cet acronyme anglo-saxon est assez fréquemment utilisé puisqu’il permet de décrire une plus grande variété de pratiques qui n’impliquent pas forcément la douleur, mais aussi des jeux de pouvoir.

prolongement de ces questionnements. Ainsi, j'ai interrogé des espaces sociaux distincts et des temporalités différentes : la deuxième partie du 19e siècle, les travaux médico-légaux de cette même époque, les approches en sociologie de la sexualité du 20e et 21e

siècles, les pratiques sm contemporaines. Mon approche n'est pas pour autant comparative. Je n'ai pas cherché à retracer une ontologie de la sexualité ni à en brosser un tableau évolutif. L'importance n'est pas quel mot est apparu à quelle époque ni qui l'a forgé en premier lieu. Mais plutôt de voir peu à peu s'échafaudent une sexualité, une science de la sexualité, un champ de la sexualité, avec son hégémonie et ses minoritaires, son « régime de vérité » et ses marges. « Insistence on the link between what counts as knowledge and who is in power to record their versions of it has since become a founding principle of colonial ethnography. Such analyses invite other, more challenging pursuits. In treating archival documents not as the historical ballast to ethnography, but as a charged site of it, I see the call for an emergent methodological shift: to move away from treatment of the archives as an extractive exercise to an ethnographic one. » (Stoler, 2008, p. 47). C'est un travail qui part d'archives mais qui conserve une dimension ethnographique.

Dans une première partie, je décris le corpus de mes Master 1 et 2, comme premier terrain de recherche, ensuite j'exposerai le problème même du terrain en ce qui concerne la sexualité. Ceci amènera à la deuxième partie, dans laquelle je justifierai d'un choix documentaire inattendu en sociologie puisque mon corpus de thèse repose largement sur des archives du 19e siècle. Une dernière partie rendra finalement compte de tous les documents, observations et pratiques minoritaires qui informent cette recherche.

21- LESTERRAINSSM

Les terrains sm tels que je les ai abordés dans mes Master 1 et 2 était déjà faits de plusieurs volets : des études documentaires, ainsi qu'un certain nombre d'entretiens avec des personnes engagées dans les pratiques sm.

Au niveau documentaire, j'ai suivi, en tant qu’observatrice, une partie47 des cours de sexologie première année à l’université Lyon 1, Claude Bernard. Cette envie était née d'une lecture des textes fondateurs de la sexologie, comme ceux de Krafft-Ebing et d’Havelock Ellis. Je pensais qu’il pouvait être intéressant pour comprendre les enjeux liés à mon terrain de voir les discours actuels des sciences exactes sur la sexualité. Ce terrain informe directement, dans ce travail de thèse, la partie sur les prolongements de la

47 Cet enseignement s’adressant à des médecins ou à des professions paramédicales (sage-femme, psycho-motricienne, conseillère conjugale), les responsables ne souhaitaient pas que j’assiste aux cours de physiologie. J’aurais pu utiliser un autre biais pour accéder à cette formation (ma formation d’animatrice de prévention et mon expérience au Planning Familial), mais je préférais ne pas mélanger plusieurs champs d’activité et, très pragmatiquement, ne pas m’acquitter des frais très élevés de cette formation. La formation se déroule sur trois ans et donne droit à un DIU, la validation du diplôme final qui permet d’accéder au titre de sexologue n’est accessible qu’aux médecins.

science de la sexualité par la sexologie. Il a ouvert chez moi une grande suspicion sur ce qui fait vérité et ce qui est pathologique en terme de sexualité, ainsi qu'une large volonté de mieux comprendre la mise en place de la sexologie et ses rapports avec les débuts des analyses scientifiques de la sexualité.

Ensuite, j'ai pu faire de l’observation participante dans des soirées sm48 ou des réunions plus ou moins formelles de groupes sm. Ainsi, j'ai étudié deux émissions télévisées sur Zalea TV49, l’une sur le bdsm, l’autre sur les transidentités, qui, réalisées par les intéressé-es, se rapprochaient de conditions d’observation directe. J’ai également participé à un colloque à la Freie Universität de Berlin Performing and Queering Sadomasochism50. La densité et la variété du programme montrent toute la diversité du terrain sm51, ainsi que l’ouverture progressive de l’université à ces travaux inter/transdisciplinaires. Les interventions étaient principalement faites par des intervenant-es « appartenant » à leur terrain. J’avais aussi eu accès à des entretiens réalisés à San Francisco par une militante queer bdsm :

Je suis partie à San Francisco l’année dernière [2005] pour faire des entretiens filmés avec des lesbiennes enfin, avec des personnes s’identifiant comme femme et comme lesbienne et qui ont des pratiques sm en fait, plutôt comme queer, c’était des personnes plutôt politisées même si elles n’appartenaient pas à une organisation. (Brenda)

Ces différents échanges et supports ont enrichi la compréhension que j’avais de mon terrain et l’analyse que je pouvais produire des entretiens que j’avais moi-même réalisé.

J'avais choisi de mener des entretiens semi-directifs pour laisser le plus possible les interviewé-es libres de s'exprimer et d'établir les connections qu'illes souhaitaient entre leurs pratiques et les réflexions qu'illes ont sur ces dernières. J’ai mené ces entretiens à l’aide d’une grille préalablement élaborée et jointe en annexe. Elle me servait de piste pour réorienter les propos lorsqu’ils s’éloignaient trop du sujet. La plupart de mes entretiens ont bien fonctionné, je n’avais qu’à relancer la parole de temps en temps, éventuellement à recadrer les discours dans le thème proposé. Une des interviewé-es était très mal à l’aise, elle attendait des questions précises de ma part. Malgré ma

48 Les Nuits élastiques et Démonia à Paris, le Bal des supplices à Lyon, d'autres soirées plus petites, plus informelles sont organisées dans des rencontres LGBT, queer ou transpédégouines en France, en Allemagne, en Hollande.

49 Zaléa TV se définissait comme une « chaîne associative nationale contre l'oppression et l'aliénation

télévisuelles, pour la défense et la liberté d'expression et de création ». Elle émettait dans quelques villes, mais

pouvait aussi être regardée en différé sur internet. Cette chaîne de télévision existait depuis 2000 et s'est dissoute en Assemblée Générale du 23 septembre 2007, parce qu'elle « n’était plus du tout adaptée au

contexte politique et technologique actuel », http://www.zalea.org/spip.php?article1063. Les émissions sur le BDSM et les transidentités qui étaient en ligne ne sont malheureusement plus disponibles.

50 Le programme se trouve en ligne : http://www.sfb-performativ.de/pdf/performingsadomasochism.pdf.

51 Extrait de la présentation du colloque Performing and Queering (bd)sm : « The objectives of the

interdisciplinary perspective on [BD]SM are: analysing the different dimensions of [BD]SM (fetishism, bodily control, pain and submission), understanding and criticising the performativity of power, violence, gender, community, heteronormativity, and the subject, as well as investigating the fascination with violence and authority as the society‘s collective imaginary. »

volonté d’être peu intrusive dans mes entretiens, il m’est, parfois, apparu nécessaire pour pouvoir analyser les discours, de demander des précisions supplémentaires.

Ci-dessous se trouve un tableau récapitulatif des personnes avec qui j’ai mené des entretiens. J’ai systématiquement utilisé des surnoms. Le tableau reprend les précisions d’âge, de lieu de naissance, de longs séjours et de résidence actuelle, de manière assez classique. Dans l’optique d’un va-et-vient entre mes réflexions et la réflexivité de mon terrain, j’ai ajouté aux catégories socio-économiques traditionnelles en sociologie, les précisions qui étaient apportées par les interviewé-es sur leur milieu d’origine. Ceci permet de nuancer les catégories de classes sociales. Dans le prolongement de cette idée et pour avoir une idée plus précise des parcours des individus, j’ai aussi consigné leurs parcours socio-économiques personnels et leurs situations actuelles. Je n’avais pas précisé le sexe/genre des interviewé-es, cela étant ensuite discuté dans les entretiens et souvent plus complexe que ce que permettent de décrire les catégories homme-femme habituelles.

Pseudo

nymes âge Lieu de vie

Milieu socio-économique des parents

Études, expériences

importantes Activité actuelle

Brenda 27 Paris Classe moyenne supérieure Sciences de l’information et de la communication Doctorante

Della 27 Londres et sud France

Classe moyenne, « très pris par le

travail » Cirque, danse, squats

52 Formation en électricité

Fred 23 Paris Classe moyenne supérieure Éducateur spécialisé Étudiant, « Je me définis comme précaire aisé » Jeff 28 Londreset Paris Classe moyenne53 Squats Régisseur son et lumière, SDF

Kora 29 Lyonet Paris Classe moyenne54 Histoire de l’art Squats

« classe aisée des

rmistes55 » Domination sm

Léïa 22 Lyon et Paris Classe moyenne intellectuelle56 Artistique Domination sm

Pascal 30 Paris Classe moyenne (travailleurs sociaux) « culture militante d’extrême gauche » Psychologie Squats Rmiste Souhil

a 28 Alger et Paris Classe moyenne57 Histoire du cinéma Étudiante

22- DESTERRAINSRÉFLEXIFSPRISDANSL'ACTUALITÉ

J'ai précisé tout au long de mes mémoires de Master 1 et 2 que j'étais moi-même impliquée dans mes terrains en tant que pratiquante, en tant que militante. Comme je le disais à ce moment-là, ma démarche sociologique n'était pas simplement une démarche d' « observation participante », mais plutôt une démarche « réflexive » : « une sur-réflexivité préférée pour l'occasion à toute forme orthodoxe d'objectivité » (Bourcier, 2001, p. 67). Cette sur-réflexivité ne doit pas être comprise dans le sens d’une élévation par rapport à mon terrain (surplomber : être au dessus), mais plutôt comme une série

52 « Je m’y suis investie en montant des centres sociaux, des maisons d’activités, en Angleterre. Des lieux où on

donnait pas mal d’ateliers, où y’avait pas mal de réunions, où on militait, on faisait des meetings. Donc de cette façon-là, puis en participant à des rassemblements comme queeruption, des trucs comme ça et en organisant des présences queer, comme des événements activistes, comme le G8 ou des lieux comme ça. ». Le

mouvement squat ou alternatif revendique la création de zones d’autonomies temporaires (Temporary

Autonomous Zone, Hakim Bey, 1984) dans la vie quotidienne. Il peut se rapprocher de certaines tendances

anarchistes dites quotidiénnistes.

53 « Y’a jamais eu d’argent, c’est pas des intellectuels bourgeois, enfin oui bourgeois au sens intellectuel mais

pas au sens de l’argent. […] Ma mère était féministe radicale dans les années soixante dix, trotskistes à l’époque. »

54 « Mes parents sont fonctionnaires, enfin étaient fonctionnaires, maintenant illes sont commerçants.

Politiquement de gauche depuis des années donc la vieille tradition de gauche. » « Ouais, mes parents on bossé en taule, ce qui fait que j’ai grandi à l’intérieur des murs, et en l’occurrence […], enfin des trucs, enfin tu connais les prisons de Lyon, elles sont glauques, ben moi, mes murs ils étaient de l’autre côté des miradors et quand j’ouvrais la fenêtre de ma chambre, je voyais les miradors, les barbelés, la cour d’enceinte, ça forge, je pense ça forge, clairement j’ai grandi de mes zéro à mes 11 ans je pense ça laisse pas indemne. »

55 Le Revenu Minimum d'Insertion, abrégé en « rmi », était une somme d'argent mensuelle allouée aux personnes de nationalité française, âgé-es de plus de vingt-cinq ans. Ce dispositif n'existe plus, il a été remplacé en 2007, par un autre dispositif plus ou moins équivalent le Revenu de Solidarité Active, « rsa ». Les personnes qui touchaient cette allocation s'appellaient « rmistes », pas d'équivalent rsa à ce jour.

56 « Mes parents ont eu l’occasion de faire de longues études, illes ont accumulés beaucoup de richesses ».

57 « Mon père a toujours était considéré comme fonctionnaire, du coup je peux pas dire que je viens d’une

famille très riche. Au contraire, je viens d’une famille très populaire, mon père c’est vraiment quelqu’un des quartiers populaires qui a fait des études et qui a réussi un peu à avoir une sorte de statut, mais qui est toujours resté très très près de ses origines avec tout ce que ça inclut comme tradition. »

d’allers-retours entre des théories et les différents matériaux qui composent mon corpus (surexploiter : exploiter encore). En recourant à des travaux comme ceux de Jeanne Favret-Saada58 ou encore de Marie-Hélène Bourcier, j'argumentais alors que la proximité avec le terrain étudié n’est pas en soi partisane, mais plutôt que les conditions de production de connaissances, si elles sont clairement exposées, permettent d’opérer une translation épistémologique qui aide à comprendre certains terrains, les soustrait à leur rôle folklorique dans le paysage scientifique. La proximité peut donc être envisagée non comme un biais, mais comme un mode particulier de connaissance de certains objets sociologiques. J'avançais ensuite, dans un deuxième temps, que le terrain sur lequel je travaillais, les queers qui pratiquent le bdsm est un terrain réflexif :

Y’a un gros travail de réflexion par rapport aux pratiques bdsm. (Della)

Plusieurs raisons peuvent nous aider à comprendre. Tout d’abord, la sm a été et continue à être stigmatisée et décrite par les catégories médicales. Ces pratiques, si elles sont catégorisées comme paraphilies59 sont pourtant connues par tout un chacun, au moins dans leur dimension folklorique. Les personnes concernées doivent se formuler à elles-mêmes des motivations et des auto-validations de leurs pratiques pour pouvoir en avoir et en parler :

Y’a énormément de questions là-dedans qui sont très floues et qui nécessitent beaucoup, beaucoup de réflexions pour arriver à s’en dépatouiller. (Léïa)

Les questions dont parle cette adepte émergent peut-être de la sm (« là-dedans »), mais sont posées aussi par son environnement. Cette hypothèse pourrait être corroborée par un autre extrait d’entretien :

Ça m’a permis d’exprimer autre chose parce qu’il y avait une espèce de violence en moi, qui sortait d’une manière un peu anarchique, et que j’ai, entre parenthèses, intellectualisée en arrivant en France. (Souhila)

Souhila avait déjà des pratiques sm avant d’arriver en France et c’est pourtant dans ce cadre qu’elle a commencé à les conscientiser. Cette dimension réflexive, que j’avais déjà pu constater dans mon mémoire de Master 1, était encore renforcé dans mon master 2, les personnes avec qui j’ai mené des entretiens étant militantes. L’action politique entraîne une forme de réflexivité sur les expériences des acteures :

58 Jeanne Favret-Saada, Les Mots, la mort, les sorts : la sorcellerie dans le bocage, Gallimard, Paris, 1977. Cette anthropologue met en place une forme d’observation participante, mais elle n'arrive pas à garder la maîtrise et se retrouve littéralement prise par son terrain. Être prise dans le vocabulaire de la sorcellerie signifie être ensorcelée.

59 Ce terme rejoint le sens de perversion, n'a pas la même étymologie sociale. Il semble avoir été forgé dans les années 1920. Il est utilisé dans les DSM pour décrire des affinités sexuelles minoritaires.

Pour moi être queer, c’est déjà premièrement une déconstruction de qu’est-ce que le genre, déjà, avant que se pose la question d’une normalité, d’une extranormalité, c’est déjà ça, après c’est pas seulement y réfléchir, y penser comme ça, mais aussi faire des choses qui vont faire évoluer les choses dans ce sens-là. […] Voilà ce qui m’intéresse dans la sm, particulièrement, c’est les questions que ça fait poser, le fait de pouvoir changer un petit peu ces cadres fondamentaux que la société nous pose, et d’éducation. (Léïa)

Cette remarque permettait de voir le processus réflexif : réflexion, action, réflexion à nouveau, qui se mettait en place pour les acteures. Ce processus réflexif n’est pas le même pour tous les acteures comme le souligne Della :

Des personnes avaient des discours très très personnels, par rapport à leur pratiques sexuelles ou bdsm, d’autres avaient une réflexion politique par rapport à ça, et illes faisaient le lien entre le bdsm et la politique.

Della, lorsqu’elle parlait d’« acte politique », mettait l’accent sur la question des revendications qui émergent à partir des pratiques sexuelles et/ou bdsm. Pascal élargissait cette même dimension politique :

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