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Il faut sans doute être nominaliste : le pouvoir, ce n'est pas une institution, et ce n'est pas une structure, ce n'est pas une certaine puissance dont certains seraient dotés : c'est le nom complexe qu'on prête à une situation donnée. (Foucault, 1976, p. 123)

Construire un fond de carte de la sexualité suppose une analyse précise des territoires sociaux investis par la notion même de sexualité et des techniques de pouvoir qui permettent son élaboration tout au long du 19e siècle. Pour cela il s'agit, en premier lieu, de se défaire de présupposés actuels et de bien comprendre qu'il faut considérer la sexualité comme un champ social nouveau, en construction dans cette époque.

La définition d'un dictionnaire historique atteste de l'émergence du terme et résume rapidement deux de ses emplois principaux : « sexualité : n. f. désigne (1838) en biologie le caractère de ce qui est sexué et l'ensemble des caractères propres à chaque sexe. Le mot a pris son sens courant de « vie sexuelle » (1884) et, en psychanalyse (1924) s'emploie au sens étendu de sexuel. » (Rey, 1998). Une étude sociologique ne peut pas s'arrêter à cette simple définition et il faut voir au plus près comment cet objet « sexualité » s’échafaude et devient un « régime de vérité », c'est-à-dire un champ au croisement entre des techniques de pouvoir et de la production de savoir. La définition étymologique renvoie au domaine de la biologie, et il sera effectivement mobilisé dans l'élaboration de cette « sexualité »80. Aucun élément dans cette définition ne permet de comprendre comment le terme se met à prendre « le sens courant de vie sexuelle » (ni son usage psychanalytique), et ce sera exactement l'objet de ce chapitre.

Dans une première partie, à partir des travaux de Tissot et de ceux de Tardieu, il s'agira de décrire la constitution au 19e siècle d'un « champ de l'anormalité », qui se déploie sur les corps individualisés et dans les familles. Cette étude donnera à comprendre comment ces travaux médicaux ou médico-légaux se déploient autour de la sexualité et mettent en place un quadrillage serré du social. Une rapide cartographie des médecins et scientifiques du 19e siècle qui ont travaillé sur la sexualité, montrera l'importance stratégico-politique de ce champ émergent.

Dans une seconde partie, la constitution de la science de la sexualité sera étudiée. À travers l'étude des Psychopathia sexualis de Kaan et de celles de Krafft-Ebing, il sera alors question de la laïcisation de la sexualité, du changement épistémologique qui s'opère dans la « morale » de la sexualité, de son passage du domaine moral au domaine médico-biologique. Ce déplacement s'opère avec comme modèle les classifications « naturelles » des plantes, des minéraux et des animaux. Comprendre le rôle d'étalon de

80 Le domaine du biologique est aussi en structuration tout au long du 19e siècle, les disciplines scientifiques que nous connaissons maintenant ont été dans leur ensemble structurées tout au long de ce siècle, (Foucault, 1966). Elles ne sont pas des champs extérieurs aux rapports sociaux mais les alimentent tout en s'en alimentant.

l'instinct sexuel, puis les descriptions que Krafft-Ebing donne du « sens sexuel » permettra de mettre à jour les ancrages scientifiques de la science de la sexualité.

Ensuite, dans une troisième partie, la réflexion portera sur la politique sous-tendant la production des Psychopathia sexualis énoncée par Krafft-Ebing : « la perpétuation de la race ». J'analyserai comment les théories évolutionnistes (récapitulationnistes), les classifications raciales et les théories de la dégénérescence s'enchâssent dans les classifications sexuelles et en permettent la production.

La dernière partie sera consacrée à la dissémination de la science de la sexualité, à ses relais de dispersion dans la société. Le domaine littéraire, et particulièrement l'écriture fictionnelle est essentiel pour comprendre comment la sexualité se construit et s'installe dans la société. La fiction et la science s'entre-alimentent dans un jeu d'allers-retours justifiant de la véracité de leurs discours. Le rôle des pervers est aussi clef dans la dispersion de la science de la sexualité. Ils sont utilisés comme point d'ancrage des théories médicales notamment par le biais des observations. Ils reprennent les théories à leur compte et les répandent à leur tour, développant la pratique de l'autobiographie, ceci, dans l'optique d'obtenir un meilleur traitement social. Enfin, ce sont aussi les sciences sociales qui s'emparent de la sexualité : sexologie, psychanalyse et sociologie deviendront des domaines majeurs de diffusion de la science de la sexualité.

L'ensemble de cette analyse trace les contours d'un fond de carte de la science de la sexualité. Elle met en valeur les investissements sociaux de la sexualité dans sa production moderne.

41- DELAMASTURBATION ÀLASEXUALITÉFIN-DE-SIÈCLE : CORPS, HUMEURS, FAMILLEETCADREMÉDICO-LÉGAL

Tout au long des 18e et 19e siècles, nombre de scientifiques européens se consacrèrent à l’étude de la sexualité et de ses déviances. Les objets d'étude varient (masturbation, hystérie, pédérastie...) mais tous en arrivent aux mêmes conclusions : les corps doivent être observés individuellement en ce qu'ils constituent des marqueurs des pratiques sexuelles déviantes. Les mauvais usages de la sexualité ou ses « défections » naturelles, comme la pratique de la masturbation ou la taille surdimensionnée du clitoris entraînent des dysfonctionnements physiques, mais surtout mettent à mal les hiérarchies sociales. La famille doit être garante des pratiques sexuelles de ses membres. La sphère du médico-légale se chargera de décrire ces dysfonctionnements, d'aider à les guérir ou à les punir. Il en va de la santé de chaque sujet comme de celles des familles ou des nations.

Dès le 18e siècle, les travaux de Samuel Tissot sur la masturbation sont diffusés dans toute l'Europe. Le texte principal de ce médecin, De l'onanisme, essai sur les maladies produites par la masturbation (1759) sera traduit en vingt-cinq langues, et connaîtra plus de soixante rééditions. Ce texte est annonciateur de l'importance que va prendre la sexualité pour la médecine.

Il s'agit pour l'auteur de mettre en garde contre les méfaits de la masturbation aussi appelée manustupration ou onanisme81 :

Je me suis proposé d'écrire des maladies produites par la masturbation, et non point du crime de la masturbation ; n'est-ce pas d'ailleurs assez en prouver le crime, que de démontrer qu'elle est un acte de suicide ? (Tissot, 1759, p. V)

Son intention s'affirme comme médicale « des maladies produites par la masturbation », pourtant elle prend une tournure évidemment sociale par la comparaison qu'il fait avec le suicide. Les dommages résultants de la masturbation ne relèvent pas uniquement de la responsabilité collective (la masturbation comme crime), mais ils reposent sur la responsabilité de chacun-e (la masturbation comme suicide). Ce n'est plus la loi qui garantit l'intégrité du corps social, mais chaque corps qui se doit de rester en bonne santé. Le texte décrit avec force détails les effets physiques de la masturbation : affaiblissement intellectuel, affaiblissement des sens surtout celui de la vue, perte de qualité du sommeil, affaiblissement physique, douleurs physiques aiguës, apparition de boutons et tous types d'excroissances, problèmes sur les organes génitaux, problèmes de digestion. Les conséquences de la masturbation sont décrites comme visibles dans l'apparence physique :

Le visage, ce miroir fidèle de l'état de l'âme et du corps, est le premier à nous faire apercevoir des dérangements intérieurs. (Tissot, 1759, p. 23)

Si Tissot donne l'impression de construire une approche pathognonomique de la masturbation, les symptômes décrits sont vagues et peuvent servir de mode de dépistage à un ensemble de maladies bien plus large. Ses descriptions donnent à penser que de nombreux patients ont été soupçonnés ou accusés de masturbation alors qu'ils souffraient d'autres maux. « La sexualité va permettre d’expliquer tout ce qui autrement n’est pas explicable. C’est également une causalité additionnelle, puisqu’elle superpose aux causes visibles, assignables dans le corps, une sorte d’étiologie historique, avec

81 Néologisme formé sur le nom du personnage biblique Onan qui aurait préféré laisser couler son sperme dans la terre plutôt que, comme il devait le faire selon la tradition, de féconder la femme sans enfant de son frère décédé. Cette parabole biblique condamne la masturbation, le coïtus interruptus ou toute autre forme de contraception, selon les interprétations. Le titre reprend aussi celui d'un ouvrage anonyme anglais Onania. The

heinous sin of self pollution, publié en 1724, et dont Tissot se distancie « On ne peut lire que les observation ; toutes les réflexions de l'auteur ne sont que des trivialités théologiques et morales. » Samuel A. D. Tissot, L’ Onanisme Ou Dissertation Physique Sur Les Maladies produites par la Masturbation (Chapuis, 1759), p. 23.

responsabilité du malade lui-même vis-à-vis de sa propre maladie : Si tu es malade, c’est bien parce que tu l’as voulu ; si ton corps est atteint, c’est bien parce que tu l’as touché. » (Foucault, 1999, p. 227). Avec les campagnes contre la masturbation de Tissot, un tournant épistémologique s'annonce qui va se prolonger et s'ancrer tout au long du 19e siècle, chacun-e devient un sujet responsable de son corps, en même temps que le corps devient l'image des pensées et pratiques des personnes :

La démarche, l'aspect, l'habitus en un mot, décèlent le fou génésiaque, souvent même avant que son délire n'ait suffisamment éclaté pour motiver son internement dans un asile spécial. Un regard lubrique, une bouche voluptueuse, un teint pâle ou couperosé, des manières ou des paroles plus ou moins indécentes, une tournure provocante..., etc., suffisent pour faire reconnaître à l'observateur le moins exercé, l'homme livré aux excès de la débauche, celui que nous appellerons le génésiaque à l'état aigu. (Moreau, 1887, p. 157)

Les maladies sont alors des illustrations de mauvaises pratiques physiques et/ou de déficiences morales. Le corps devient le lieu qui marque les pratiques ou les déviances de chacun-e.

412- Équilibres « naturels » et hiérarchie des humeurs

Tissot ne se contente pas de parler de la masturbation et de ses conséquences. La masturbation est à maints égards un prétexte au développement d'une théorie des fonctionnements corporels. Ainsi, il explique les symptômes physiques produits par la masturbation selon une théorie des déséquilibres des humeurs corporelles :

La raison en est sensible : en vidant trop souvent les réservoirs destinés à recevoir quelque liqueur, on détermine les humeurs, par une suite nécessaire des lois de la machine, à y affluer en plus grande abondance : cette sécrétion y devient excessive ; toutes les autres en souffrent, surtout la nutrition qui n'est qu'une espèce de sécrétion ; l'animal languit et s'affaiblit. (Tissot, 1759, p. 59)

Le corps est envisagé comme une machine constituée de vases communicants, dans laquelle circulent des liquides aux fonctions et qualités différentes : les humeurs. Cette approche anatomo-médicale est courante au 18e siècle : « Le corps est composé de plusieurs humeurs qui ont chacune des qualités différentes (froide, chaude, humide et sèche) et qui sont de perfection variable. » (Dorlin, 2006, p. 22). Les humeurs corporelles se doivent de circuler, de s'épancher mais selon certaines règles. Le trop plein de certaines humeurs tout comme leur écoulement trop fréquent engendre des

dysfonctionnements corporels. De plus, Tissot établit une hiérarchie des humeurs : celles qui doivent être évacuées sans stockage telles que la transpiration, celles qui nécessitent d'être stockées dans le corps, telles que le sperme, l'urine... Considérant les humeurs qui sont stockées dans le corps, Tissot établit une échelle de valeur dans laquelle la liqueur séminale se situe au sommet, le lait maternel tout en bas :

Le lait est de toute les humeurs la moins travaillée ; c'est une humeur qui est presque encore étrangère, au lieu que le sang est une humeur essentielle. Il en est une autre, la liqueur séminale, qui influe si fort sur les forces du corps, et sur la perfection des digestions qui les réparent, que les médecins de tous les siècles ont cru unanimement que la perte d'une once de cette humeur affaiblissait plus que celle de quarante onces de sang. (Tissot, 1759, p. 2)

Tissot décrit le sperme comme le liquide le plus important du corps. Il justifie ainsi le danger à le voir gaspillé dans la masturbation. Ayant ainsi démontré le rôle prépondérant du sperme, il justifie, plus en avant, des dangers de la masturbation pour les deux sexes. En effet, les spasmes provoqués par les orgasmes sont aussi considérées par l'auteur comme des fragilisations du système nerveux. Les femmes, réputées plus fragiles nerveusement sont donc, elles aussi, malgré l'absence de sperme, sujettes aux conséquences néfastes de la masturbation. La démonstration médico-scientifique de Tissot est circulaire, auto-justificatrice : puisque les femmes sont plus fragiles nerveusement elles sont sensibles aux spasmes de volupté, les spasmes de volupté rendent les femmes plus fragiles nerveusement. « La santé est, dans la vie des femmes, étroitement liée au coït. L'injonction à l'hétérosexualité reproductrice relève ainsi de la prescription médicale. Ce n'est donc pas la maternité qui devient la marque de la santé et de la quintessence de la féminité, c'est aussi l'hétérosexualité. Le mariage et la maternité fonctionnent tous deux comme des antidotes, comme un contrepoison provisoire à la morbidité et à la faiblesse naturelle de la féminité. La sexualité est au centre de la nouvelle définition de la santé féminine. » (Dorlin, 2006, p. 135). La fragilité naturelle des femmes82 est l'argument majeur de Tissot comme des médecins du 18e

siècle. Cette fragilité justifie par les corps et leurs fonctionnements la position subalterne des femmes blanches dans la hiérarchie sociale métropolitaine. Par conséquent, derrière ces campagnes contre la masturbation se lit une vision des sexes à travers leurs humeurs et leurs différents rôles dans la société. En effet, si la masturbation est vue comme un

82 Il s'agit ici des femmes blanches vivant dans les métropoles, les femmes des colonies, les Africaines ne seront pas vues sous ce prisme par les médecins. Elles seront au contraire virilisées. « Autrement dit, ce qu'on a

coutume d'appréhender comme une opposition binaire, comme un dispositif duel (mâle/femelle,

homme/femme, santé/maladie, chaud/froid...) se révèle plus complexe, plus inventif. Aux côtés des catégories normatives, existent des catégories mutantes qui, loin de mettre à mal la cohérence générale du dispositif, lui permettent de se maintenir en englobant toutes les contradictions. » (Dorlin, 2006, p. 67). Plus loin dans le

même ouvrage, « Dans les colonies, ce processus de construction de la féminité est comme exacerbé, la femme

esclave est pensée comme la rivale de la femme blanche : diabolique et pathogène, elle est utilisée comme une figure repoussoir de la féminité. Ainsi, le culte de la féminité ne s'est pas tant construit comme l'envers de la masculinité que contre celui de la sexualité des femmes noires, prétendue sexualité qui a eu pour fonction de les exclure purement et simplement de la « féminité » et de la catégorie sociale des « mères ». », p. 260.

mal tellement dangereux, c'est aussi parce que le sperme est considéré comme le fluide de la puissance virile (chapitre six : « Importance de la liqueur séminale ») :

L'on comprend aisément, comment il y a un rapport si étroit entre le cerveau et les testicules ; puisque ces deux organes séparent, du sang, la lymphe la plus subtile et la plus exquise, qui est destinée à donner la force et le mouvement aux parties, et à servir même aux fonctions de l’âme. Aussi il est impossible, qu'une dissipation trop abondante de ces liqueurs ne détruisent pas les forces de l'âme et du corps. (Tissot, 1759, p. 58)

Ce liquide symbole de la puissance virile doit être économisé, il doit être utilisé à bon escient et surtout pas gaspillé dans la masturbation. Dans cette deuxième partie du 18e

siècle et tout au long du 19e siècle, la médecine déploie une codification des corps. Les corps se retrouvent investis de significations sociales, leurs fonctionnements sains ou malsains sont des gages de bon ou de mauvais fonctionnements sociaux. Les corps qui ne rentrent pas dans ce système de pensée, décrit comme le seul possible, deviennent des exceptions, des « problèmes de programmation » (Haraway, 2012). Les personnes considérées comme des monstres deviennent des dangers sociaux :

La nature, dans ses jeux, donne à quelques femmes une demi ressemblance aux hommes, qui, mal examinée, a fait croire pendant bien des siècles à la chimère des hermaphrodites. La taille surnaturelle d'une partie très petite à l'ordinaire, et sur laquelle M. Tronchin a donné une savante dissertation, opère tout le miracle, et l'abus odieux de cette partie tout le mal. Glorieuses peut-être de cette espèce de ressemblance, il s'est trouvé de ces femmes imparfaites qui se sont emparées des fonctions viriles. La Grèce les appelle Tribades, nom qu'on renvoie en français à celui de frotteuses ; c'est une espèce de monstre qui se reproduit souvent, et qui séduisant le jeune sexe avec d'autant plus de facilité, qu'il a en sa faveur la raisons des Eunucophiles de Juvenat quod abortivo non est opus, qu'on n'a point à craindre avec lui ces suites, qui ne pouvant se cacher, décèlent les faiblesses ; entraîne dans le crime, sans que les innocentes complices décèlent même le danger. (Tissot, 1759, p. 51)

Dans cette citation, Tissot donne à voir le changement de régime épistémologique puisque penser les hermaphrodites met à mal le découpage binaire des sexes. Ici, il décrit les femmes qui auraient été pensées par le passé comme hermaphrodites, comme des femmes, mais comme de mauvaises femmes, monstrueuses et dangereuses pour les autres femmes, correspondant à ses descriptions, « innocentes ». La masturbation des femmes est traitée, par Tissot, dans un double mouvement : d'un côté, les femmes qui se masturbent sont dotées d'un plus gros clitoris que la moyenne, leurs corps seraient donc

naturellement prédisposés aux pratiques néfastes de la masturbation. D'un autre côté, la masturbation renforce l'aspect sexuel des femmes – elle fait, éventuellement, grossir leur clitoris. En cela, les femmes qui sont déjà le sexe, sont encore plus sexualisées, la masturbation leur confère un pouvoir de virilisation :

Le mal paraît avoir plus d'activité dans le sexe que chez les hommes. (Tissot, 1759, p. 46)

En cela, la masturbation est construite comme un danger de première importance, un risque de désordre social dans la hiérarchie des sexes. Ce n'est pas l'interdit de la masturbation en soi qu'il est intéressant de comprendre, mais plutôt en quoi et pourquoi la masturbation est un « problème de programmation ». Les investissements socio-médicaux de la masturbation, tels qu'ils se mettent en place à partir des travaux de Tissot, confèrent à chacun-e la responsabilité de maintenir son corps en bonne santé et pour cela d'avoir des pratiques adéquates. Les corps et leurs humeurs sont construits comme des lieux d'inscription des hiérarchies sociales. L'argumentation est circulaire puisque les hiérarchies sociales informent les fonctionnements corporels, notamment la théorie des humeurs, mais un bon fonctionnement des corps garanti aussi la prospérité d'une société. Les campagnes contre la masturbation, renforcent et réaffirment une différence sexuelle hiérarchique inscrite au sein même des corps et de leurs fonctionnements, avec Tissot, les corps deviennent des marqueurs individualisés des hiérarchies sociales. La masturbation se doit d'être lue non comme une pratique moralement condamnée (un pêché de la chair), mais comme un programme socio-politique à l'inscription médico-scientifique.

413- De la responsabilité sexuelle : contrôler son entourage, surveiller sa famille

Ce texte de Tissot illustre les prémices d'un changement épistémologique majeur. La masturbation, qui était vue par la religion chrétienne comme une faiblesse de l'âme

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