• Aucun résultat trouvé

3.7 Le soja, Glycine max Merrill, famille des Fabaceae

3.7.2 Protéines et isoflavones de soja

La communauté scientifique suspecte depuis longtemps le fait que le remplacement dans l’alimentation des protéines animales par des protéines de soja pourrait être associé à une diminution du risque de MCV, reflet de la diminution de la cholestérolémie (93). Elle s’est aussi interrogée sur la nature des substances impliquées et notamment sur le rôle des isoflavones (phytoestrogène) dans l’amélioration du bilan lipidique et la prévention des MCV (93).

HMPC Aucune monographie n’est publiée à ce jour ESCOP Aucune monographie n’est publiée à ce jour Commission E Aucune monographie n’est publiée à ce jour IESV Aucune monographie n’est publiée à ce jour

Posologie (94) La dose utile conseillée est d’au minimum 25 g par jour, pouvant aller jusqu’à 50 g.

CI (94)

Les protéines de soja sont contre-indiquées aux personnes allergiques au soja. De plus, du fait de leur concentration en isoflavones, ces produits sont contre-indiqués chez les enfants, les femmes enceintes ou celles qui allaitent, ainsi que celles qui ont des ATCD personnels ou familiaux de cancers du sein, de l’utérus ou de l’ovaire. Parce que les isoflavones ont une activité estrogénique, la consommation régulière de protéines de soja pourrait favoriser l’apparition ou le développement de cancers sensibles aux estrogènes (cancer du sein, de l’utérus ou de l’ovaire par exemple).

EI (94) Leurs éventuels effets indésirables sont la constipation, les ballonnements et les nausées.

Précaution (94)

Du fait de leur concentration en isoflavones, les protéines de soja pourraient avoir un effet négatif sur la fertilité masculine. Les hommes qui présentent des troubles de la prostate doivent s’abstenir de consommer ce type de compléments.

Attention, une consommation excessive de protéines de soja peut diminuer l'absorption intestinale du fer contenu dans les végétaux, ainsi que celle du calcium, du magnésium, du zinc, du manganèse et du cuivre.

Interactions diverse et IM (94)

Les protéines de soja peuvent interagir avec de nombreux médicaments : les anticoagulants, les hormones thyroïdiennes, les traitements de l’ostéoporose, ou encore la chimiothérapie des cancers du sein, de l’utérus ou de l’ovaire.

3.7.2.1 Réduction des taux de lipides sanguins

De nombreuses études ont évoqué une possible efficacité des protéines de soja (associées à un régime adapté) dans le contrôle des taux sanguins de cholestérol et la prévention des MCV.

 Une première méta-analyse était publiée en 1995 (95). Elle est disponible dans la DARE.

Description. Des ECR évaluant les effets des protéines de soja sur les concentrations de cholestérol sérique chez les humains ont été recherchées dans la littérature médicale. 29 publications ont été sélectionnées, représentant 38 études (n=743). Sur ces dernières, 34 étaient croisées, contre 4 parallèles, et 29 étaient randomisées, contre 9 qui ne l’étaient pas. Les auteurs ne précisent pas comment les documents ont été sélectionnés pour l'analyse, ni le nombre d'auteurs ayant procédé à cette sélection. Les auteurs ne déclarent pas la méthode utilisée pour évaluer la qualité, ou comment l'évaluation de la qualité a été réalisée. Les auteurs ne précisent pas comment les données ont été extraites de l'examen, ou combien d'auteurs ayant procédé à l'extraction des données.

Ont été mesurés pendant les interventions les variations des bilans lipidiques, les changements de poids, la consommation de graisses alimentaires et l'apport de cholestérol. Aucun critère particulier d’inclusion pour les patients n’a été mentionné. On a donc des sujets des deux sexes, normolipidémiques ou hyperlipidémiques, végétarien ou omnivore, etc. La dose moyenne de protéines de soja dans les différentes interventions était de 47 g (17 - 124 g).

Des essais préliminaires d'homogénéité ont indiqué une variabilité importante. Des analyse de sous-groupe ont alors été appliquées pour examiner les effets des variables suivantes par rapport à l'évolution des bilan lipidiques : bilan lipidiques de référence, le type de protéine de soja utilisée, la quantité de protéines de soja ingérée, le type de régime alimentaire, le groupe d'âge des participants, et la similitude des régimes alimentaires dans les groupes contrôles et intervention.

Principaux résultats. Par rapport aux contrôles, l'ingestion des protéines de soja a été accompagnée par une réduction significative des concentrations sériques de cholestérol total, des LDL et des triglycérides. La concentration sérique de cholestérol total (38 études avec 743 participants) a diminué de 9,3%, la concentration sérique de LDL (31 études avec 564 participants) a diminué de 12,9%, et la concentration de triglycérides (30 études

L'apport en protéines de soja n'a pas affecté significativement les concentrations de HDL ou de VLDL.

La concentration initiale de cholestérol sérique a été le seul facteur prédictif significatif de l'effet du traitement (p <0,001) : l’effet hypocholestérolémiant était d’autant plus marqué que la taux de cholestérol total initial était élevé. Par contre, lorsque le taux de cholestérol total initial était normal (<2 g /l) ou modérément élevé (<2,55 g/l), la réduction constaté n’était pas significative. La même constatation est valable pour le taux de LDL : celui-ci ne réduit que de 7% lorsque le taux de cholestérol total est normale et de 24% lorsqu’elle est >3,35 g/l.

Conclusion. Selon les auteurs, la consommation des protéines de soja est associée à une diminution significative des taux sériques de cholestérol, de LDL et de triglycérides. Ces diminutions étaient fortement liées bilans lipidiques initiaux des sujets.

Évaluation. Les informations relatives à la recherche de la littérature sont très limitées. Il n'est pas fait mention d'une tentative pour localiser la documentation non publiée. Aucun détail n’est présenté sur la façon dont les études ont été sélectionnées, sur la façon dont leur qualité a été évaluée ou sur la façon dont les données ont été extraites. En outre, les études étaient souvent de petite dimension.

Tout ceci limite grandement l’interprétation des résultats de cette publication pourtant prometteuse.

 En 1999, suite à cette publication, la FDA (Food and Drug Administration) a autorisé les fabricants de protéines de soja à afficher sur leurs produits la mention suivante :

« Une alimentation pauvre en AGS et en cholestérol, et comprenant 25 g de protéines de soja par jour, peut réduire le risque de MCV. » Toujours selon cette agence, cette efficacité ne peut pas s’expliquer par la seule action des isoflavones, ni par celle des seules protéines de soja. C’est l’association de ces substances qui semble responsable de ces effets.

 En 2006, le comité de nutrition de l'American Heart Association a évalué 22 ECR publiés depuis 1999 (96). Parmi eux, 19 ECR ont été menées avec des sujets hyperlipidémiques. 3 études seulement ont démontré une réduction significative du LDL, et l'effet moyen pondéré pour les 19 études était de 0 %, tout comme l'effet

 Une méta-analyse (97) publiée en 2008, depuis la revue de l'American Heart

Association, ayant mis l'accent spécifiquement sur la complémentation en extraits

d'isoflavones de soya, n'a également montré aucun effet significatif sur les lipides plasmatiques.

 Bien que les États-Unis disposent, à l'heure actuelle, d'une allégation santé alimentaire approuvée pour les protéines de soja, en 2008, l’agence Santé Canada a suivi les conclusions d’une étude publiée la même année dans the Journal of

Nutrition (98) et a conclu que :

« Dans l'ensemble, les données existantes sont contradictoires ou ne permettent pas de confirmer la plupart des suggestions de bienfaits pour la santé associés à la consommation de protéines de soya ou d'isoflavones de soya ».

 En 2012, les autorités de santé européennes (European Food Safety Authority et Commission européenne) se sont prononcées sur certaines allégations santé des produits contenant des protéines de soja (92).

Après examen des données scientifiques, elles ont estimé que ces produits ne peuvent pas prétendre contribuer à réduire les taux sanguins de cholestérol, ni protéger les cellules des radicaux libres (effet antioxydant).

3.7.2.2 Notre avis

En général, à l'heure actuelle, les preuves permettant de confirmer les allégations santé quant à l'effet des isoflavones sur la santé cardiovasculaire sont insuffisantes (présomption scientifique). La diversité des ECR mis en œuvre et leurs éventuelles insuffisances méthodologiques expliquent sans doute en partie les contradictions et les interrogations que suscite encore l’évaluation du soja.