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Artichaut, Cynara scolymus L., famille des Asteraceae

Origine (99). Depuis l’Antiquité, les bractées de l’artichaut sont utilisées et appréciées pour leurs qualités gastronomiques et les feuilles pour leur intérêt thérapeutique. À l’origine, l’artichaut était un chardon sauvage, qui sous l’influence de croisements, est devenu la plante que nous connaissons aujourd’hui.

Composition chimique (69,70,100). La cynarine est considéré comme l'un des principaux produits chimiques biologiquement actifs de l'artichaut. D'autres produits chimiques documentés actifs sont les flavonoïdes, des lactones sesquiterpéniques, les polyphénols et les acides caféoylquiniques. Néanmoins, à l'heure actuelle, le mécanisme d'action de l'artichaut et de ses principaux composés n’est pas élucidé.

Monographies Indication

OMS (100)

Utilisation appuyée par des données cliniques : traitement adjuvant en cas d’hypercholestérolémie légère à modérée

Utilisation décrite dans les pharmacopées et documents bien établis : traitement de l’athérosclérose

Utilisation décrite dans la médecine traditionnelle : traitement du DT2

HMPC (101) La monographie ne mentionne pas d’effet hypocholestérolémiant ESCOP (58) La monographie ne mentionne pas de propriété hypolipidémiante

ou hypoglycémiante.

Commission E (59) La monographie ne mentionne pas d’effet hypocholestérolémiant IESV (99) Hypercholestérolémie et/ou hypertriglycéridémie légère à

modérée dans le cadre d’un régime contrôlé

Pharmacopée européenne et française. La feuille séchée, entière ou coupée, de Cynara

cardunculus L. est inscrite à la Pharmacopée européenne. La Teneur en acide

chlorogénique doit être au minimum de 0,8% (drogue desséchée) (52). Les feuilles d’artichaut sont inscrites sur la liste A des plantes médicinales utilisées traditionnellement de la Pharmacopée française (60).

Posologie

OMS : Dose quotidienne moyenne par voie orale : pour l'hypercholestérolémie et la dyspepsie, 1-2 g d'un extrait aqueux séché ; 5-10 g de la drogue brute ; ou préparations équivalentes. ESCOP : 5-10 g de feuilles séchées en tant qu’extrait aqueux sec ou tisane ou préparation équivalente.

IESV : en mono-préparation, 1 à 2 càc/jour d’EPS

Association possible avec le curcuma + chardon marie, EPS 1 à 2 càc/jour pendant 3 mois à renouveler et/ou adapter selon la clinique CI Hypersensibilité à l’artichaut ou aux plantes de la même famille

Obstructions des voies biliaires, cholangite, calculs biliaires et d'autres maladies des voies biliaires et du foie.

EI

Une légère diarrhée avec des spasmes abdominaux, ou des plaintes épigastriques comme des nausées et des brûlures d'estomac ont été rapportés. Des réactions allergiques peuvent se produire également. Leur fréquence n'est pas connue.

Interactions

diverse et IM Interaction possible avec des anticoagulants coumariniques. Grossesse et

allaitement

En l'absence de données suffisantes, l'utilisation pendant la grossesse et l'allaitement n'est pas recommandée

Sécurité

La consommation d’artichaut semble n’avoir aucune toxicité aiguë ou subchronique. Des tests sur la mutagénicité, la génotoxicité, la

tératogénicité ou la cancérogénicité n’ont cependant pas été réalisés ou sont incomplets.

Les auteurs d’une revue systématique et méta analyse Cochrane (CDSR) publiée en 2013 (102) ont évalué l'efficacité et la sécurité des extraits de feuille d’artichaut dans le traitement de l'hypercholestérolémie.

Il s'agit d'une mise à jour d'un travail d'abord publié en 2002 et mis à jour une première fois en 2009.

Description. Les auteurs ont effectués des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE (de 1966 à la 2ème semaine de mai 2012) ; EMBASE (de 1980 à la 19ème semaine de l'année 2012) et CINAHL (1982 à mai 2012). Les dernières recherches dans CISCOM ont été effectuées jusqu'en juin 2001, et dans AMED jusqu' en juin 2008. Aucune restriction de langue n'a été appliquée. Ils ont inclus des ECR des mono-préparations d’extrait d’artichaut versus placebo ou versus médicament de référence pour les patients atteints d’hypercholestérolémie. Deux auteurs ont indépendamment effectué l'identification et la sélection des études, l'extraction des données et l'évaluation du risque de biais et les désaccords ont été résolus par discussion. Ils ont finalement inclus trois ECR impliquant 262 participants.

Résultats.

augmenté chez les patients recevant le placebo. Dans la deuxième, le taux de cholestérol total a été réduit significativement de 18,5 % après 42 ± 3 jours de traitement, alors que la réduction n’a été que de 8,6 % dans le groupe placebo. Le troisième essai, qui était disponible sous forme de résumé uniquement et fournissait des données limitées, indiquait que l’artichaut réduisait significativement le taux de cholestérol dans le sang par rapport à un placebo dans un sous-groupe de patients atteints au départ d'une cholestérolémie totale supérieure à 230 mg/dl. Les rapports des essais signalaient des événements indésirables légers, passagers et peu fréquents.

Discussion et conclusion. Les données des trois essais cliniques révèlent que les extraits d’artichaut peuvent avoir un potentiel dans le traitement de l'hypercholestérolémie, mais la preuve n’est, pour l'instant, pas convaincante. Les données sur la sécurité ne mentionnent que de rares, légers et transitoires EI avec l'utilisation à court terme des extraits.

Néanmoins, et bien que les études avaient une qualité méthodologique adéquate, les quelques lacunes ne permettent pas d’être formel sur l’activité hypocholestérolémiante des extraits d’artichaut. Un des trois essais était disponible sous forme de résumé uniquement et incluait un échantillon de petite taille. Le niveau d’aveuglement, ainsi que l’évaluation de l’observance n'étaient généralement pas clairs dans deux essais. En outre, les régimes alimentaires n'ont pas été rigoureusement contrôlés dans le plus grand essai, ce qui aurait joué un rôle important dans cet échantillon composé de patients en majorité en surpoids (IMC moyen de 28,2).

Évaluation. Les données ne sont donc pas suffisamment convaincantes pour recommander ces extraits comme une option de traitement dans l'hypercholestérolémie (faible niveau de preuve) et l'efficacité véritable de l’extrait d’artichaut dans ce contexte reste donc sujette à débat.

Les effets hypolipidémiants des extraits de feuilles d'artichaut sont supportés par des études sur les animaux et in vitro. Quelques ECR existent aussi mais ne permettent pas d’attester d’un effet chez l’homme. Ainsi, de meilleures ECR, évaluant des échantillons de patients plus importants et sur des périodes d'intervention plus longues sont nécessaires pour établir s'il s'agit d'une option de traitement efficace et sécuritaire pour les patients, qu’ils soient aux valeurs limites, ou bien sujets à une hypercholestérolémie légère, modérée ou forte.