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3.7 Le soja, Glycine max Merrill, famille des Fabaceae

3.7.1 La lécithine de soja

L’opération de raffinage de l’huile de soja vierge permet de recueillir la lécithine de soja. C’est un mélange de phospholipides (phosphatidylcholines, phosphatidylétanolamines, phosphatidylsérines, phosphatidylinositols) combinés à d’autres substances. La lécithine de soja est néanmoins dépourvue de cholestérol.

le producteur, selon le Codex alimentarius (programme commun de l’OMS et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), de différents produits sous le nom d’E322 pour ses propriétés antioxydantes et émulsifiantes. Elles sont également ajoutées dans les cosmétiques, les pharmaceutiques, etc. (86).

La lécithine de soja est recommandée par certains comme un complément diététique pour réduire les taux de cholestérol dans le sang. Qu’en est-il réellement ?

Monographies Indication

OMS Aucune monographie n’est publiée à ce jour

HMPC Aucune monographie n’est publiée à ce jour

ESCOP Aucune monographie n’est publiée à ce jour

Commission E (59)

Perturbations modérées du métabolisme lipidique, et notamment les hypercholestérolémies si les mesures hygiéno-diététiques ne sont pas

suffisantes.

IESV Aucune monographie n’est publiée à ce jour

Posologie Commission E : dosage moyen quotidien correspondant à 3,5 g de choline

EI Elle peut causer des EI comme de la diarrhée, des nausées, des douleurs abdominales (87).

CI Aucune connue (59) Interactions

diverse et IM Aucune connue (59,87)

Grossesse et allaitement

Il n’y a pas assez de données sur l'utilisation de la lécithine de soja pendant la grossesse et l'allaitement. De ce fait, mieux vaut l’éviter pendant ces périodes (87).

Sécurité

La lécithine est probablement sécuritaire pour la plupart des gens (87).

 Quelques données sont contradictoires concernant le risque d’allergie.

Les allergies au soja seraient déclenchées par des protéines de soja. Autrement dit, la lécithine déclencherait une réaction allergique en fonction de sa teneur en protéines. Une analyse de six échantillons (consultation de l’extrait de la publication) de lécithine différents a

montré que quatre avaient suffisamment de protéines pour déclencher une réponse allergique chez les personnes prédisposées, tandis que deux ne contenaient pas de protéine détectable (88). Cependant, une autre étude (consultation de l’extrait de la publication) a effectué des tests similaires et a conclu que même si la protéine était présente, ce n'était pas un allergène important pour les personnes souffrant d'allergies de soja (89).

 Les auteurs d’une étude (consultation de l’extrait de la publication) ont découvert une activité oestrogénique significative dans la lécithine de soja (90).

Certaines personnes avec des cancers hormono-dépendant ou des problèmes de fertilité devraient, par mesure de sécurité, les éviter au maximum.

3.7.1.1 Réduction des taux de lipides sanguins

Nous n’avons pas trouvé de revue systématique et méta analyse (Pubmed et bibliothèque Cochrane) traitant de l’effet des lécithines de soja sur les hypercholestérolémies.

Dans Pubmed et dans la bibliothèque Cochrane, une recherche (24 juin 2014) avec les mots clef « soy, lecithin, cholesterol, lipids » nous a donné deux résultats.

 Nous détaillerons la plus récente publication, parue en 2010 dans la revue

Cholesterol (91). Nous discuterons plus brièvement de l’autre.

Description. Des études récentes chez le rat suggérant qu’une complémentation en lécithine pourrait modifier l'homéostasie du cholestérol et le métabolisme des lipoprotéines hépatique, les auteurs de cet essai ont voulu évaluer ces effets chez des patients hypercholestérolémiques.

Trente sujets hypercholestérolémiques (âgés de 58-70 ans) ont été choisi pour cette essai en double aveugle. Dans le groupe intervention (n=20), chaque volontaire a reçu une capsule de 500mg de lécithine de soja par jour et dans le groupe placebo (n=10), chaque sujet a reçu une capsule contenant 500 mg d'huile de soja. Dans le groupe d’intervention, des échantillons de sang ont été prélevés et le profil lipidique a été réalisé avant puis un et deux mois après le début de l’intervention. Dans le groupe contrôle, des échantillons de sang ont été prélevés et le profil lipidique a été réalisé avant puis deux mois après le début de l’étude.

Principaux résultats. Les profils lipidiques des patients du groupe placebo n'ont pas montré de différences significatives après deux mois. Pour les patients du groupe intervention, les résultats ont montré une réduction de 40,66% et 42,00% du cholestérol total et de 42,05% et 56,15% du LDL, respectivement après un et deux mois d’intervention. Par contre, les concentrations de triglycérides n’ont pas changé.

Discussion et conclusion. Cette importante diminution des concentrations de cholestérol total et de LDL les deux mois de l’intervention suggère que le temps d'administration n'a pas influencé les résultats.

Selon les auteurs, ce travail suggère qu’une complémentation à base de lécithine de soja peut être utilisée comme adjuvant dans le traitement de l'hypercholestérolémie.

 Un autre essai contrôlé par placebo et randomisé en double aveugle et de conception parallèle (n=26), publié en 2006 dans l’American journal of cardiology et disponible dans le CENTRAL, a testé l’action de l’association stérols/lécithines de soja sur le profil lipidique de patients hypercholestérolémiques traités par statine.

Après 3 semaines de traitement par placebo, les sujets ont été randomisés en deux groupe, un continuant le placebo et un autre recevant 1,8 g de complexe stanols/lécithine de soja pendant 6 semaines, en plus de leur statine habituelle. Dans le groupe d’intervention, le LDL à été réduit significativement de 9,1% et le cholestérol total a été réduit de 5,7% mais de manière non significative. Selon les auteurs, le complexe pourrait fournir un traitement adjuvant potentiel pour les patients qui n'ont pas atteint leur objectif de LDL cible sous statine (114).

Selon nous, les conclusions des auteurs devraient être considérées avec prudence étant donné la faiblesse de l’échantillon. D’autres études sur une population plus large devraient être entreprises. De plus, les auteurs testent un complexe de deux substances et on ne peut donc pas savoir si c’est tel ou tel composant qui est pondérant, s’il y a une synergie d’action ou un antagonisme, etc.

3.7.1.2 Notre avis

Compte tenu de l’absence de revue systématique et de méta analyse et bien que les études semblent bien menées, les échantillons de patients sont très faibles. Ainsi, des ECR avec un échantillon de patient plus grand devraient être conduits en vue de renforcer le niveau de preuve qui reste aujourd’hui faible, et pour trouver le cas échéant la dose-

intéressant de savoir si la lécithine de soja est aussi efficace chez le sujet normolipidémique et chez le sujet hyperlipidémique sous traitement médicamenteux conventionnel. Enfin des études à plus long terme sont nécessaire afin d’évaluer l’impact de cette complémentation sur la morbimortalité cardiovasculaire afin de justifier son emploi en clinique.

Note : En 2012, les autorités de santé européennes (European Food Safety

Authority et Commission européenne) se sont prononcées sur certaines allégations

santé des produits contenant de la phosphatidylcholine (lécithine). Après examen des données scientifiques, elles ont estimé que ces produits ne peuvent pas prétendre contribuer à maintenir des taux de cholestérol normaux, ou soutenir le fonctionnement normal du cœur et des vaisseaux sanguins, ou contribuer au métabolisme normal des lipides (92).

Au niveau de la sécurité, si le patient à une allergie au soja, nous pensons qu’il sera préférable par précaution d’éviter au maximum la consommation de lécithine de soja. On a également vu que la lécithine de soja pouvait contenir une dose non négligeable de phytoestrogène. Le risque semble faible mais néanmoins, il est important de le souligner car certaines personnes avec des problèmes de cancer hormono-dépendant ou de fertilité pourraient vouloir les éviter strictement. Mais pour la plupart des personnes en bonne santé, les petites quantités de phytoestrogène contenus dans la lécithine de soja ne devraient pas être un problème.

Au total, ces patients à risque peuvent quand même tirer tous les avantages de la complémentation en phosphatidylcholine en augmentant leur consommation d'aliments riches en choline comme les jaunes d'oeufs ou le foie par exemple.