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Les propriétés de l'eau, des alliées pour le traitement de lombalgie chronique 45 !

Section 3 : L’efficacité de l’hydrothérapie dans le traitement des

4.3 Les propriétés de l'eau, des alliées pour le traitement de lombalgie chronique 45 !

Chez les personnes souffrant de LCNS, la douleur et les incapacités provoquent souvent un cercle vicieux entretenant un état psychologique non-favorable à la guérison. Pour faire face à ces problèmes psychologiques, une approche active est recommandée par les récents guides de pratique et revues de littérature ((104) cité dans (105) et (101, 103)). Dans le même ordre d'idées, les revues de littérature soulignent l'effet positif d'un entrainement supervisé en groupe comme l'hydrothérapie pour ses bienfaits sur l'état psychologique des patients (106, 107). Cette supervision est décrite comme un facteur clef améliorant le pronostic pour les cas lombaires (105). En plus d'être une approche active de traitement et des bienfaits psychologiques de l'activité supervisée en groupe, l'hydrothérapie, grâce à son environnement particulier, apporte d'autres avantages uniques.

D'abord, abordons la gestion de la douleur. Un des principes de l'eau, celui de la flottabilité affirme que tout corps immergé se retrouve poussé par l'eau vers la surface. Cette poussée ascendante est directement opposée à la gravité et permet donc en supportant le corps de réduire la compression au niveau des articulations, des os et de tout autre tissu. Cette atténuation de la gravité pourrait permettre à un individu présentant une douleur reliée aux forces de compression, une lombalgie chronique reliée à une douleur discale par exemple, de faire des mouvements et de l'exercice qu'il ne pourrait pas autrement faire sur la terre ferme (12, 108). La température de l'eau a aussi son rôle à jouer dans les bienfaits de l'hydrothérapie sur la douleur. En effet, les effets du principe de flottabilité couplé à la chaleur de l'eau provoquent une sollicitation accrue des mécanorécepteurs et des thermorécepteurs. Cette sollicitation, selon le phénomène de facilitation segmentaire, pourrait entraîner une diminution de douleur (109). En plus de solliciter les thermorécepteurs, la température de l'eau possède aussi un effet spécifique au niveau des spasmes musculaires. La chaleur de l'eau tend à augmenter la circulation sanguine et favorise la relaxation musculaire, ce qui peut entraîner une diminution de douleur ((110) cité dans (31)). Plusieurs études cliniques randomisées ont obtenu des résultats statistiquement significatifs suite à un programme d'hydrothérapie pour la mesure de la douleur

avec l'échelle visuelle analogue (EVA) (108, 111-113). Par exemple, le groupe recevant un traitement d'hydrothérapie à l'occurrence de 5 séances par semaine pour 4 semaines dans l'étude de Dundar et al. ((108); (voir annexe 8) a démontré une amélioration significative entre le temps 0 et quatre semaines pour : la douleur au repos sur l'EVA (4,72 ± 2,05 à 1,68 ± 1,12), la douleur au mouvement (7.25 ± 1.66 à 3.56 ± 1.05) et la douleur nocturne (4.75 ± 2.7 à 1.71 ± 1.3). De plus, une amélioration entre la 4e semaine et la 12e semaine a été notée pour ces trois mesures. La récente revue de littérature de Kamioka et coll. confirme que les exercices aquatiques sont significativement inversement corrélés avec la douleur (114).

Bien que moins fréquent dans les cas chroniques, de l'œdème peut être présent chez les sujets souffrant de douleurs lombaires chroniques. C'est ici que le principe de pression hydrostatique intervient : la pression de l'eau exercée sur un corps immergé est proportionnelle à la profondeur d'immersion et est égale dans toute direction. Cette pression sur les tissus mous encourage le retour veineux et peut ainsi aider à contrôler l'inflammation ((12) et (110) cité dans (31)). La pression hydrostatique pourrait aussi agir en inhibant le système nerveux sympathique central (109), aidant ainsi à la relaxation musculaire, une particularité beaucoup plus intéressante lorsqu'il s'agit de douleur chronique puisque les tensions musculaires sont souvent associées aux douleurs. Malheureusement, cette hypothèse intéressante devra être validée par de futurs essais cliniques randomisés avec de bonnes qualités méthodologiques.

L'amplitude de mouvement actif au tronc est un autre construit qui revient souvent dans les études cliniques randomisées. À ce jour, aucune évidence ne supporte l'efficacité d'un programme d'hydrothérapie pour améliorer l'amplitude lombaire (107, 115). Une étude parue en 2011 de Cuesta-Vargas A. et coll. combinant thérapie manuelle, course en eau profonde et éducation a eu des résultats positifs sur l'amplitude lombaire suite à un programme de 15 semaines à l'occurrence de 3x/semaine. Cependant, cette amélioration était aussi significative dans le groupe contrôle qui ne faisait aucun exercice en piscine (112).

Sachant que la qualité de vie, les limitations aux activités et le niveau de participation sociale sont reliés aux déficiences (116) comme la présence de douleur et la limitation de l'amplitude au tronc, il est possible de comprendre pourquoi la littérature s'intéresse aussi à cet aspect. Plusieurs études portant sur le traitement des lombalgies chroniques ont démontré une amélioration significative de la qualité de vie ou du niveau de participation suite à un programme intégrant des exercices en milieu aquatique (108, 111, 112). En effet, dans l'étude de Dundar et coll., suite à un programme d'hydrothérapie de 12 semaines, le groupe de patients souffrant de lombalgie chronique a présenté une diminution significative de leur niveau d'incapacité (108).

L'efficacité des programmes actifs d'hydrothérapie pour diminuer les incapacités a été rapportée dans les dernières revues de littérature (106, 107, 114, 115). En plus d'avoir utilisé le "Modified Oswestry low back disability questionnaire" (MOLBDQ), Dundar et coll. ont aussi utilisé le "Short-Form 36 health survey" (SF-36) pour évaluer l'évolution de la qualité de vie chez leur groupe expérimental. Après 4 et 12 semaines, lorsque comparés avec le groupe contrôle recevant un programme d'exercices au sol, les deux groupes ont présenté des résultats intragroupe statistiquement améliorés pour tous les paramètres mesurés, l'hydrothérapie présentant toutefois un avantage pour les scores obtenus au MOLBDQ et au SF-36 comparativement au programme d'exercices au sol (voir annexe 9).

Puisque le rôle principal du physiothérapeute est de maximiser la capacité fonctionnelle de son patient, le milieu dans lequel les exercices sont faits devrait être choisi en conséquence, d'où l'importance d'accorder de l'intérêt à développer des programmes d'hydrothérapie et de trouver les paramètres optimaux pour ceux-ci.