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Les activités aérobiques, la marche et la course en eau profonde 51 !

Section 3 : L’efficacité de l’hydrothérapie dans le traitement des

4.4 Les paramètres d'entrainement en milieu aquatique 47 !

4.4.4 Type (T) 50 !

4.4.4.1 Les activités aérobiques, la marche et la course en eau profonde 51 !

La majorité des ECR retenues pour ce travail intégrant un programme d'exercices en piscine (5/6) contenaient une description d'exercices aérobique ou un enchainement d'exercices amenant les patients dans une zone d'entrainement cardio-vasculaire. La marche est l'un de ceux-ci et est facilement intégrable dans un programme d'hydrothérapie (108, 113, 120-122). Lorsque décrite dans un article, elle est exécutée dans une profondeur d'eau s'approchant des mamelons des patients (75% de la charge du corps supportée par l'eau) (120) ou à l'appendice xyphoÏde (122, 123), mais cette variable peut être différente selon l'importance que le clinicien accorde à la flottabilité et à la viscosité. En effet, plus la profondeur de l'eau est importante, plus la flottabilité supportera le corps et diminuera la compression articulaire au niveau du rachis, mais la viscosité de l'eau sera supérieure à vaincre pour le sujet lors de la marche. La marche peut être effectuée de côté, vers l'avant, ou à reculons selon le recrutement musculaire désiré.

À l'aide d'EMG obtenus à l'effort sur tapis roulant submersible, Masumoto et coll. (124) ont démontré qu'il y a un recrutement supérieur des muscles paraspinaux lors de la marche à reculons en milieu aquatique comparativement à la marche traditionnelle dans l'eau, à basse, moyenne ou haute vitesse (p<0,01). À haute vitesse, par exemple, le recrutement des muscles paraspinaux était de 10,4 ± 8.2 % de la contraction musculaire maximale pour la marche vers l'avant et de 17,7 ± 8.0 % de la contraction musculaire maximale à reculons. Le même groupe de chercheurs a aussi démontré que l'ajout d'un courant à contrer lors de la marche augmentait le recrutement des paraspinaux (125). La marche à reculons avec courant obtenait même un pourcentage de recrutement supérieur à la marche à reculons hors de l'eau (p<0,05), ce qui pourrait théoriquement être intéressant pour les cas lombaires. Le recrutement des muscles paraspinaux était de l'ordre de 17,8 à 20,5% de la contraction musculaire maximale lors de la marche à reculons contre un courant pour des vitesses de basse à élevée, comparativement à 12 à 15,8% pour la marche à reculons hors de l'eau et 12 à 15,4% pour la marche à reculons dans l'eau sans courant. Plus la vitesse était élevée, plus la contraction musculaire des muscles paraspinaux était importante. (122). You-Sin et coll. (126) ont, quant à eux, démontré avec un groupe de 30 hommes ayant subi une ablation de disque intervertébral entre L3-L4 à L5-S1 selon le sujet, qu'un programme d'exercices aquatiques de marche à reculons de 12 semaines produit une augmentation significative par rapport à un groupe contrôle et similaire à un programme d'entrainement en résistance progressif de la force isométrique d'extension lombaire.

Finalement, s’il est impossible de faire de la marche à reculons contre un courant, la marche à reculons dans l'eau en augmentant progressivement la vitesse demeure tout de même intéressante. En effet, elle a été prouvée efficace pour augmenter la force des extenseurs lombaires par You-Sin et coll.(126). Masumoto et coll. (125) ont aussi démontré qu'il y a un recrutement équivalent à l'EMG des muscles paraspinaux lors de la marche à reculons dans l'eau et celle hors de l'eau, contrairement aux autres masses musculaires étudiées (tibial antérieur, moyen fessier, droit fémoral, vaste médial, biceps fémoral, tibial antérieur, gastrocnémien) dû à la moins grande influence de la gravité en milieu aquatique.

La course en eau profonde, en plus d'être une activité principalement aérobique, permet de travailler sur la mobilité, la force et l'endurance musculaire, et a la capacité de diminuer la douleur et les incapacités ((127) cité dans (128)). Durant la course en eau profonde, la compression axiale sur la colonne vertébrale est inférieure à celle retrouvée lors de la course sur tapis roulant submersible ou lors de la course en eau peu profonde ce qui s'avère un aspect intéressant pour les cas de lombalgies chroniques ((129) cité dans (128)). La course en eau profonde nécessite une veste de type ''Aquajogger'' qui est enfilée par le patient pour le supporter dans de l'eau assez profonde pour l'empêcher de toucher le sol. Ainsi supporté, l'exercice consiste à demander au patient d'effectuer un mouvement cyclique des membres inférieurs afin de faire de la course sur place se rapprochant le plus possible d'un patron de course régulier (127). Une étude récente de Cuesta-Varga et coll. (128) (voir annexe 8) a démontré les effets d'un programme de course en eau profonde associé à une prise en charge par un omnipraticien sur les douleurs et la fonction pour des patients souffrants de LCNS comparativement à un groupe contrôle étant uniquement pris en charge par un omnipraticien (consultation et livret éducatif). Après 15 semaines, à raison de 3 sessions de course en eau profonde de 30 minutes par semaine, le groupe expérimental a su démontrer une amélioration significative de la douleur à l'EVA, de la fonction au Roland Morris Disability Questionnaire (24- RMDQ) et de la qualité de vie au Short-Form 12 Health Survey (SF-12). Cette amélioration a su persister dans le temps et demeurer significativement supérieure à celle du groupe contrôle jusqu'à un an. Les détails de ces résultats vous sont présentés à l'annexe 12.

En conclusion, non seulement l'efficacité de la course en eau profonde a-t-elle été cliniquement démontrée, mais elle s'avère aussi un exercice aérobique de choix à utiliser en piscine avec les patients souffrants de lombalgie chronique de toute sévérité. En effet, puisque le patient se retrouve submergé jusqu'au cou, l'influence de la gravité sur la colonne lombaire devient ainsi quasi nulle et inférieure à la marche à reculons. Le choix d'exercice entre la

marche à reculons ou la course en eau profonde devrait donc se faire principalement selon la sévérité de la condition du patient, selon l'accès au matériel nécessaire et selon la profondeur de la piscine disponible.