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1.2

Propriétés des Polluants Organiques Persistants

1.2.1 Toxicité

L’effet néfaste des POPs sur l’environnement a été observé très tôt. Dès 1962, dans son livre “Silent Spring”, Rachel Carson décrit comment les pesticides détériorent l’environnement et notamment la santé des oiseaux. De nombreuses études ont ensuite montré l’impact des POPs sur les mammifères marins et les oiseaux de proie.

L’homme peut quant à lui être exposé aux POPs par inhalation ou ingestion d’aliments. La relation de cause à effet entre une exposition à des polluants et des maladies sur l’homme ou la faune n’est généralement pas aisée à mettre en évidence. Cette difficulté est accentuée pour les POPs qui s’accumulent dans les tissus adipeux jusqu’à atteindre des concentrations toxiques alors que l’exposition peut sembler initialement limitée. De plus, les POPs sont rarement trouvés seuls et il n’est alors pas évident de déterminer lequel des POPs a un effet sur la santé.

L’exposition aigüe à certains POPs dans le cadre du travail ou d’incidents est préoccupante pour les travailleurs et peut causer la mort. On peut citer par exemple le cas d’intoxications à l’endosulfan chez les producteurs de riz de subsistance et les applicateurs de pesticides sur les mangues aux Philippines en 1990. L’exposition chronique aux POPs à de moindres concentrations peut aussi affecter la santé humaine. On peut ainsi mentionner une épidémie de 4000 cas de porphyrie cutanée survenue en Turquie entre 1955 et 1959 suite à la contamination de céréales traitées avec de l’hexachlorobenzène, les symptômes s’étant manifestés après une longue période d’exposition.

Des recherches ont associé les POPs à la perturbation du système endocrinien, au dérèglement de la fonction de reproduction et du système immunitaire, à des troubles neurocomportementaux et au cancer. Plus récemment, certains POPs ont également été liés à une baisse de l’immunité chez les enfants et à une augmentation concomitante des infections, à des anomalies du développement, à des troubles neurocomportementaux, ainsi qu’au cancer et à l’induction ou à la promotion de tumeurs.

1.2.2 Persistance

Les polluants peuvent être dégradés dans l’environnement sous l’action de divers proces- sus (biotransformation, oxydation abiotique, hydrolyse et photolyse), les transformant en des substances potentiellement moins dangereuses. Les POPs sont très résistants à ces différentes transformations du fait de leurs propriétés chimiques. La persistance d’un polluant dans un mi- lieu est décrite par son temps de demi-vie dans ce milieu, ce qui correspond au temps nécessaire pour que la moitié du polluant disparaisse. Selon la Convention de Stockholm, une condition nécessaire pour qu’un polluant soit considéré comme un POP est que son temps de demi-vie dans l’eau soit supérieur à deux mois dans l’eau ou que son temps de demi-vie dans le sol ou les sédiments soit supérieur à six mois.

La persistance dans l’environnement est une propriété importante des POPs car elle aggrave leur bioaccumulation et augmente le rayon d’exposition bien au-delà du lieu d’émission.

1.2.3 Bioaccumulation

Les POPs sont lipophiles : ils ont tendance à se fixer sur les tissus adipeux et s’accumulent dans les organismes vivants. Ainsi, la concentration augmente le long de la chaîne alimentaire. Par exemple, comme illustré sur la figure 1.1, on peut trouver de fortes concentrations de PCBs dans les mammifères marins malgré une contamination initiale de l’eau de mer relativement faible. On comprend aisément la menace pour la santé humaine du fait de l’alimentation très variée de l’homme (voir figure 1.2). Les POPs peuvent même être transmis à la descendance

Figure 1.1 – Bioaccumulation des PCBs dans la chaîne alimentaire marine. @maribus (after Böhlmann, 1991) air sol plantes animaux eau poissons

L'homme peut être contaminé par l'air, l'eau et la nourriture. Les bébés peuvent être contaminés par le lait maternel.

Figure 1.2 – Modes de contamination des POPs chez l’homme.

pendant la grossesse (Verhulst et al., 2009) ou par le lait maternel (Ulaszewska et al., 2012), engendrant des problèmes de santé chez l’enfant.

1.2. PROPRIÉTÉS DES POLLUANTS ORGANIQUES PERSISTANTS 31 1.2.4 Transport longue distance

Les POPs sont des polluants multiphasiques : ils peuvent être présents dans les différents milieux sous forme liquide, gazeuse ou particulaire. Ils ont des comportements de transport très différents : certains sont très volatils (“flyers”) tandis que d’autres ont plus d’affinité avec l’eau (“swimmers”). Ceci s’explique par la très large gamme de valeurs prises par les coefficients de partition entre les différentes phases (Wania, 2003).

Une fois émis dans l’atmosphère, les POPs sont transportés par le vent puis se déposent au sol (ou dans l’eau) par lessivage ou dépôt sec (gazeux et particulaire). Du fait de leur persistance dans le sol, ils peuvent être réémis vers l’atmosphère par un procédé de volatilisation. Les POPs peuvent ainsi être transportés sur de longues distances par une série de phases successives de dépôt- réémissions-transport. Ce processus est appelé “effet saut de sauterelle” (“grasshopper effect” en anglais, Wania and Mackay (1996)). Bien entendu, plus les polluants sont volatils plus ces “sauts” vont couvrir de longues distances (voir figure 1.3).

Le processus de réémission est gouverné par la température : plus il fait chaud et plus les POPs se volatilisent. On observe par conséquent un transport global des POPs depuis les régions équatoriales vers les zones polaires où l’on constate une accumulation de POPs (Dalla Valle et al., 2004). La matière organique contenue dans le sol, fixant les POPs dans les sols, est un autre facteur influençant les échanges entre le sol et l’atmosphère (Dalla Valle et al., 2004; Sweetman et al., 2005).

1.3

Évolution de la teneur en Polluants Organiques Persistants