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I. Imagerie polarimétrique des tissus biologiques

I.3 Interaction lumière-tissus

I.3.2 Propriétés de la lumière polarisée

L’approche classique pour décrire la polarisation de la lumière passe par le formalisme électromagnétique. Les références principales de cette partie sont essentiellement (Boulvert 2006; Tuchin, Wang, and Zimnyakov 2006).

I.3.2.1 L’ellipse de polarisation : Formalisme de Jones

Le champ électrique peut être exprimé avec le vecteur dit de Jones décrivant la

exister un déphasage ϕ qui décrit le retard de la composante verticale par rapport à la composante horizontale du champ électrique (Figure I.9).

Figure I.9: Représentation du champ électrique avec sa composante horizontale (vert) et sa composante verticale (bleu). La résultante est en rouge.

La polarisation résultante peut donc être décrite par le vecteur de Jones qui est ici normalisé pour obtenir une intensité totale unitaire :



Quand on observe uniquement l’amplitude résultante des deux composantes, autrement dit quand on observe le champ électrique dans la direction de sa propagation, l’extrémité du vecteur de Jones décrit une ellipse. Un paramètre caractéristique de l’ellipse est l’angle ν qui est l’angle de la diagonale du rectangle dans le lequel s’inscrit l’ellipse. Il est lié aux amplitudes du champ électrique selon la relationtanν =E0y E0x . La Figure I.10 montre l’ellipse de polarisation avec les amplitudes E0x, E0y, l’angle diagonal ν , l’angle azimutal ou l’angle d’orientation α et l’angle décrivant l’ellipticité ε.

Figure I.10: Ellipse de polarisation (Boulvert 2006).

Tous les angles de l’ellipse de polarisation peuvent être reliés avec l’angle de déphasage ϕ par les relations suivantes :

Tous les angles de l’ellipse dépendent de la variation des amplitudes E0x et E0x ainsi que de la différence de phase ϕ. Comme les amplitudes dépendent de l’angle diagonal ν , on peut, par conséquent, décrire toutes les formes de polarisation en fonction de ces deux angles.

I.3.2.2 Le vecteur de Stokes

Le vecteur de Stokes S est très utile pour décrire des phénomènes comme la dépolarisation de la lumière ou la lumière partiellement polarisée. Il peut être exprimé par les amplitudes du champ électrique horizontal et vertical. Dans la littérature on trouve différentes notations pour le vecteur de Stokes et ses quatre composantes. Nous choisissons celle de Tuchin et al. (Tuchin, Wang, and Zimnyakov 2006) :



La signification physique des quatre composantes du vecteur de Stokes est : - I décrit l’intensité totale de l’onde optique,

- Q décrit la différence d’intensité entre la partie polarisée horizontalement (IH) et verticalement (IV),

- U décrit la différence d’intensité entre la partie polarisée linéairement à +45° (I+45°) et -45° (I-45°)

- et finalement V décrit la différence d’intensité entre la partie polarisée circulairement à droite (IR) et la partie polarisée circulairement à gauche (IL).

Les différentes polarisations résultent de la prise en compte du champ électrique horizontal et vertical ainsi que de leur déphasage comme le montre l’équation I.9. La Figure

leur résultante (vert). Les polarisations représentées dans cette figure sont : (a) linéaire horizontal, (b) linéaire à 45°, (c) elliptique droite (ε=0.25π) et (d) circulaire droite.

(a) (b)

(c) (d)

Figure I.11: Exemples de différentes polarisations en fonction des composantes du champ électrique horizontale (rouge) et verticale (bleue), avec leur résultante (vert). (a) polarisation linéaire horizontale, (b)

polarisation linéaire à 45°, (c) polarisation elliptique, (d) polarisation circulaire droite.

Le vecteur de Stokes est généralement normalisé par l’intensité totale I. Par conséquent, la composante I du vecteur de Stokes est égale 1, les quatre composantes peuvent avoir des valeurs entre -1 et 1 pour représenter l’état de polarisation correspondant. Pour les états de polarisation « purs », on obtient les vecteurs de stokes suivants (Tableau I.2) :

Vecteur de Stokes

Etat de polarisation S=(1,0,0,0)T Sans polarisation S=(1,1,0,0)T Linéaire horizontale S=(1,-1,0,0)T Linéaire verticale

S=(1,0,1,0)T Linéaire à 45°

S=(1,0,-1,0)T Linéaire à -45°

S=(1,0,0,1)T Circulaire droite S=(1,0,0,-1)T Circulaire gauche

Tableau I.2: Différents vecteurs de Stokes en fonction de la polarisation.

Pour décrire les états de polarisation elliptiques (les états entre linéaire et circulaire), il est plus simple d’exprimer le vecteur de Stokes en fonction des angles de l’ellipse de polarisation introduits précédemment (I.8):

I.3.2.3 Le degré de polarisation

Pour quantifier la polarisation, on utilise le degré de polarisation (DOP pour Degree Of Polarization en Anglais) qui dépend de la polarisation utilisée, autrement dit de l’azimut α et de l’ellipticité ε. traversée d’un milieu diffusant, avec un nombre croissant d’événements de diffusion, le DOP est transformé, il diminue en fonction de la distance traversée dans le tissu biologique. La valeur du DOP est ainsi porteuse d’information sur le trajet parcouru par les photons.

A titre d’exemple, nous présentons une mesure de DOP effectuée en rétrodiffusion sur un milieu diffusant homogène au départ, dans lequel est insérée une perturbation, ici un barreau totalement absorbant. En combinant les équations I.9 et I.11 le DOP de la polarisation initiale peut être calculé. Le fantôme (milieu diffusant) choisi, ayant les propriétés optiques similaires aux tissus biologiques, est composé d’eau, d’intralipide® et d’encre de Chine. Les composants sont mélangés afin d’obtenir un coefficient d’absorption µa=0.17 cm-1 à 785 nm, ce qui est raisonnable pour les tissus biologiques examinés dans la fenêtre thérapeutique

cm-1 à 27 cm-1. Le banc d’expérimentation est composé d’une source halogène filtrée à 785 nm, polarisée linéairement, d’une barre totalement absorbante dont la profondeur dans le milieu est réglable ainsi que d’une caméra avec un analyseur linéaire devant l’objectif Figure I.12 (a). Les deux images obtenues en co-polarisé et contre-polarisé permettent de calculer l’image du DOP. La barre absorbante est placée à différentes profondeurs pour l’évaluation de la perturbation du DOP (∆DOP) suite à la présence de la barre Figure I.12 (b). Les résultats pour des coefficients de diffusion réduits µs’=5 cm-1, µs’=12 cm-1, µs’=14 cm-1 et µs’=27 cm-1, montrent la forte dépendance de la polarisation linéaire en fonction du coefficient de diffusion réduit ainsi que de l’influence de la barre absorbante (Figure I.13). Notamment, on peut observer grâce à ces expérimentations préliminaires que la polarisation diminue d’autant plus fortement en fonction de la profondeur, la pente de la courbe devient plus raide, que le coefficient de diffusion réduit µs’ augmente. Par conséquent, le degré de polarisation relatif (∆DOP) devient rapidement très faible pour une profondeur élevée de la barre. Une variation du coefficient d’absorption n’entrainera qu’un changement d’intensité, mais pas de la pente puisque la dépolarisation dépend uniquement de nombre d’événements de diffusion.

(a) (b)

Figure I.12: Mesure de la perturbation du DOP linéaire rétrodiffusé.

0.00 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30 0.35 0.40

0 500 1000 1500 2000

Depth (in µm)

DOP

Figure I.13: Mesure de la perturbation du DOP linéaire à différentes profondeurs. Le coefficient d’absorption est pour toutes les mesures µa=0.17 cm-1. Le coefficient de diffusion réduit varie : µs’= 5 cm

-1(bleu pointillé), µs’= 12 cm-1(trait vert), µs’= 14 cm-1(trait-point marron) et µs’= 27 cm-1(traits rose).