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PROPOSITIONS DE GESTION DES NIVEAUX D'EAU ET D'AMÉNAGE- D'AMÉNAGE-MENT DE FRAYÈRES EN PROFONDEUR DANS LES RÉSERVOIRS À

TOULADI

Dans le district de Minden en Ontario, les niveaux d'eau des réservoirs du « Trent-Severn Waterway » sont gérés de façon à tenir compte des besoins des usagers et du touladi (T. Haxton et C. Brady, comm. pers.). L'amplitude du marnage sur certains de ces réservoirs peut atteindre jusqu'à quatre mètres, mais elle est généralement de l'ordre de deux mètres ou moins. L'entente stipule que les niveaux d'eau doivent être abaissés à leur minimum au plus tard le 15 septembre de chaque année, afin de permettre aux frayères d'être nettoyées par l'action des vagues avant la reproduction du touladi qui survient aux environs de la mi-octobre. Ainsi, dans ce cas précis, on suppose qu'une période d'un mois est suffisante pour nettoyer efficacement les frayères à touladi avant la reproduction. Aucune manipulation du niveau ne doit être effectuée entre le 15 septembre et la fin du mois de mai, soit jusqu'au moment de l'émergence des alevins.

Dans le lac Jacques-Cartier (région de Québec), la SÉPAQ et le MEF envisagent d'aménager des frayères à touladi sur des sites plus profonds que le niveau minimal de marnage prévisible, soit à plus de quatre mètres de profondeur (Anonyme, 1995). Ces frayères artificielles seront localisées à proximité de frayères existantes et ensemencées avec des oeufs. Il est prévu que le plan d'eau sera abaissé au niveau des frayères artificielles avant la fraie et qu'il sera maintenu à ce niveau jusqu'à la fin de la période de reproduction afin de permettre l'autonettoyage des frayères artificielles, tout en s'assurant que seules ces dernières frayères seront accessibles aux géniteurs (Anonyme, 1995). Par la suite, on prévoit que les précipitations seront suffisantes pour remplir le réservoir avant l'hiver (J.-G. Frenette, comm. pers.). La cote de niveau établie au moment de la fraie devra être respectée lors de la baisse hivernale du niveau d'eau.

Le plan de mise en valeur du lac Jacques-Cartier constitue probablement le modèle idéal pour les réservoirs aux prises avec des marnages hivernaux dont l'amplitude atteint plus de deux mètres. Cependant, un tel plan de gestion des niveaux d'eau pourrait être

inapplicable dans les régions où les précipitations automnales sont insuffisantes pour remplir les réservoirs entre la fin de la période de reproduction et le moment de la prise des glaces, ce qui serait d'autant plus critique dans les réservoirs où la réserve d'eau à reconstituer est élevée. Par ailleurs, le plan de mise en valeur du lac Jacques-Cartier ne mentionne pas à quelle date le niveau d'eau devrait être idéalement abaissé avant la fraie pour que l'autonettoyage des frayères artificielles soit effectif.

Dans le cas des réservoirs où l'amplitude du marnage est inférieure à deux mètres, l'expérience acquise dans les réservoirs ontariens suggère que l'aménagement de frayères artificielles en-dessous de la zone de marnage, sans gestion particulière du niveau d'eau, serait suffisante pour améliorer le recrutement du touladi, en respectant les conditions énoncées précédemment. Ces conditions sont les suivantes :

• perméabilité et épaisseur du substrat des frayères artificielles supérieures à celles des frayères naturelles.

• conditions de pente (> 20 %) et d'exposition à l'action des vagues (à déterminer pour une région donnée) suffisantes pour assurer l'autonettoyage du substrat des frayères artificielles, de façon à ce que leur propreté soit au moins équivalente à celle des frayères naturelles. Lorsque l'autonettoyage du substrat n'est pas assuré, il serait possible d'utiliser des jets d'eau à haute pression ou un moteur hors-bord afin d'enlever les sédiments fins, d'après les biologistes consultés en Ontario.

• localisation à proximité de frayères existantes (on peut aussi envisager d'ensemen-cer les frayères artificielles avec des oeufs pour augmenter leurs chances de succès; toutefois, la proximité de frayères existantes serait une mesure suffisante en soi dans la plupart des cas).

43 8. RECOMMANDATIONS

La présente étude a permis de déterminer que l'aménagement de fray ères artificielles pour le touladi, en-dessous de la zone de marnage, est une mesure d'atténuation qui pourrait être appliquée dans les réservoirs hydro-électriques du Québec. Cependant, puisque le potentiel de sédimentation apparaît comme le facteur le plus susceptible de limiter le succès de ces frayères artificielles, il serait pertinent de réaliser certaines études complémentaires à ce sujet. Ces études pourraient s'incrire dans le cadre du plan d'action conjoint du MEF et d'Hydro-Québec (1995). Ainsi, les actions suivantes seraient à prioriser :

• Premièrement, il serait pertinent de réaliser un suivi exhaustif de frayères récemment aménagées, afin de vérifier l'effet du taux de sédimentation sur le taux de déposition et de survie des oeufs, et de comparer les résultats obtenus avec ceux de frayères naturelles. Un tel suivi devrait s'échelonner sur quelques années afin de vérifier si le succès initial des frayères artificielles peut se dégrader avec le temps, au profit des frayères naturelles. À cet effet, le lac aux Sables en Mauricie apparaît comme un site d'étude idéal puisque les frayères artificielles ont été aménagées en-dessous des frayères naturelles, tout comme s'il s'agissait d'un réservoir dont le marnage serait d'environ 1,5 m.

L'étude du lac aux Sables pourrait être augmentée, en expérimentant le nettoyage de certaines frayères par différentes techniques utilisées en Ontario et en comparant les résultats obtenus sur ces frayères (taux de sédimentation, de déposition et de survie des oeufs) avec ceux obtenus sur d'autres sites de fraie non nettoyés.

• Deuxièmement, dans le cas des réservoirs où l'amplitude du marnage est supérieure à deux mètres, il serait nécessaire d'obtenir la collaboration de sédimentologues afin de préciser davantage les conditions requises pour assurer l'autonettoyage des frayères aménagées en profondeur, ainsi que pour évaluer la

période de temps requise pour que ce nettoyage soit effectif (dans l'éventualité où le niveau d'eau devrait être abaissé avant la période de reproduction). Un tel mandat devrait être réalisé cas par cas, puisque les conditions requises pour un réservoir ne sont pas nécessairement transposables à d'autres réservoirs.

Par ailleurs, le réservoir Mondonac en Haute Mauricie offre une autre possibilité d'étude intéressante. Dans ce réservoir, il serait possible de recouvrir expérimen-talement la principale frayère (île au Drapeau) avec un matériau imperméable quelconque (toile de plastique ou autre), à moins de deux mètres de profondeur, afin de forcer les géniteurs à utiliser la strate de deux et quatre mètres actuelle-ment inutilisée et à l'abri du marnage. Si l'expérience s'avérait concluante en terme d'amélioration du taux de survie des oeufs et des alevins, une telle mesure d'aménagement pourrait être reproduite dans d'autres réservoirs présentant des conditions similaires à celles du réservoir Mondonac.

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