Chapitre 3 : FORMATION DES TARIFS SUR LE MARCHE DES
3.3. Proposition d’une méthode de calcul des tarifs de référence
Présentation du problème
Les opérateurs de télécommunication en Côte d’Ivoire proposent de nombreux services diversifiés et complexes dans leur construction. Pour un même service, on distingue une offre principale et de nombreuses offres bonus ou promotionnelles associées. La problématique réside dans la détermination d’un tarif de référence qui reflète au mieux le tarif d’un service à l’échelle de l’opérateur, et à l’échelle nationale.
Aujourd’hui, pour la détermination du tarif de référence, l’ARTCI procède par le calcul de la moyenne arithmétique simple des prix des offres de base des opérateurs. La principale limite de cette approche est la non prise en compte de tous les offres promotionnelles. Il est donc important de proposer une méthode de calcul des tarifs de référence permettant de prendre en compte tous les offres bonus et l’intensité de leur utilisation par les abonnés.
Détermination du tarif de référence pour un opérateur
Dans notre approche, pour un service donné, le tarif de référence est déterminé par le calcul de la moyenne pondérée du prix de l’offre principale et des prix des offres bonus ou promotionnelles. Le prix de chaque offre est pondéré par l’intensité relative de son utilisation par les abonnés. La formulation mathématique est présentée ci-dessous :
Soit un service S proposé par un opérateur de télécoms 𝑗,
Le service S fait l’objet d’une offre principale 𝑂𝑝et des offres bonus 𝑂𝑏 Soient 𝑃𝑝 le prix de l’offre principale et 𝑃𝑏,𝑖 le prix de l’offre bonus 𝑖,
Soient 𝑄𝑝 le quantité de service S consommée en offre principal et 𝑄𝑏,𝑖 la quantité de service S consommée en offre bonus 𝑖,
Notons 𝑇𝑗 le tarif de référence du service S (proposé par un opérateur de télécoms 𝑗), Alors 𝑇𝑗est donné par la formule:
𝑇𝑗 =𝑄𝑝∗ 𝑃𝑝+ ∑ (𝑄𝑖 𝑏,𝑖∗ 𝑃𝑏,𝑖) 𝑄𝑝+ ∑ 𝑄𝑏,𝑖 𝑇𝑗 peut encore s’écrire sous la forme:
𝑇𝑗 = 𝛼 ∗ 𝑃𝑝+ ∑ 𝛽𝑖∗ 𝑃𝑏,𝑖
𝑖
Avec 𝛼 = 𝑄𝑝
𝑄𝑝+∑ 𝑄𝑏,𝑖 et 𝛽𝑖 = 𝑄𝑏,𝑖
𝑄𝑝+∑ 𝑄𝑏,𝑖
• 𝛼 est le poids du tarif de l’offre principal dans le tarif de référence
• 𝛽𝑖 est le poids du tarif de l’offre bonus 𝑖 dans le tarif de référence.
• Ce tarif de référence reflète le tarif moyen payé par l’utilisateur pour consommer le service S proposé par l’opérateur 𝑗.
Détermination du tarif de référence sur le marché
Supposons qu’il y a n opérateurs sur le marché (numéroté de 1 à n) qui proposent le service S, Soit 𝑇 le tarif de référence du service S sur le marché
𝑇 est donné par la formule:
𝑇 = ∑ 𝑝𝑗∗ 𝑇𝑗
𝑛
𝑗=1
Où 𝑝𝑗 est la part de marché (en terme de parc d’abonnés) de l’opérateur 𝑗 et 𝑇𝑗 est le tarif de référence du service S proposé par l’opérateur 𝑗.
T est un tarif qui reflète au mieux la dépense moyenne engagée par les clients pour consommer le service S,
Son calcul est relativement simple, mais il nécessite les données sur le trafic des offres promotionnelles; ces données sont difficilement accessibles car, à ce jour, ce trafic n’est pas disponible.
La connaissance de ces tarifs (Tj et T) permettrait d’apprécier de façon raisonnable les tarifs pratiqués par les opérateurs de télécoms et permettre ainsi un meilleur suivi de l’évolution des tarifs sur le marché des télécommunications/TIC.
CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
Le secteur des télécommunications est un secteur en pleine croissance en Afrique et plus particulièrement en Côte d’ivoire ; l’importante évolution observée dans ce secteur et sa transversalité sur les autres secteurs nécessite une régulation adaptée. Notre étude qui a pour thème « analyse des facteurs déterminant les tarifs des services de télécommunications en Côte d’Ivoire », avait pour objectif d’évaluer et d’apprécier raisonnablement les tarifs de référence des services de télécommunications pratiqués par les opérateurs en Côte d’Ivoire.
Pour mieux aborder notre analyse, nous avons débuté par faire un état des lieux du secteur des télécommunications en Côte d’Ivoire qui compte comme principaux acteurs Orange, MTN et Moov. S’appuyant sur la revue de littérature, les facteurs principaux déterminant les tarifs des services de télécommunications sont : l’investissement, le nombre d’abonnés et le nombre d’emplois net. En utilisant les données transmis à l’ARTCI de façon mensuelle par les opérateurs de télécommunications, nous avons mesuré, grâce à une modélisation sur les données de panel, l’effet de ces facteurs sur les tarifs des services voix on-net et services voix off-net prépayés. Une hausse de l’investissement et le nombre d’emplois net provoque une hausse du tarif des services voix on-net et des services voix off-net ; par contre, une hausse du nombre d’abonnés provoque une baisse du tarif des services voix on-net et des services voix off-net. En outre, face au problème du calcul des tarifs de référence, nous avons proposé une méthode basée sur une moyenne pondérée. Il est à noter que notre travail comporte plusieurs limites.
La principale limite de notre travail réside dans la non prise en compte, lors de la modélisation économétrique, des variables telles que le chiffre d’affaire, le trafic, la topologie du réseau etc. qui pourraient également influencer la formation des tarifs. Aussi, la méthode de calcul des tarifs utilisés pour la modélisation économétrique ne prend pas en compte toutes les offres bonus ou promotionnelles, ce qui peut détériorer la précision de nos estimateurs. Par ailleurs, notre travail nous amène à formuler des recommandations à l’égard de l’ARTCI.
Les recommandations à l’égard de l’ARTCI portent principalement sur trois points :
L’ARTCI doit exiger des opérateurs de télécommunications des données plus détaillées sur leurs opérations commerciales ; notamment les données sur les trafics et les tarifs des offres présentes sur le marché.
L’ARTCI doit suivre de façon particulière les investissements de chaque opérateur de télécommunications en fixant un plafond du montant des investissements pour chaque
opérateur chaque année (pour un opérateur, ce montant devra être fixé en fonction de son poids sur le marché) afin de maîtriser l’effet positif de l’investissement sur les tarifs des services voix on-net et services voix off-net.
L’ARTCI doit enfin mettre en place une base de données relationnelle comportant entre autre les tables TARIFS, TRAFICS, INVESTISSEMENTS, NOMBRE_ABONNE permettant une meilleure structuration et un meilleur stockage des données du secteur des télécommunications.
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