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Partie I Introduction générale

I.5 Facteurs de virulence de M. bovis

4 Prophylaxie et traitements médicaux

4 Prophylaxie et traitements médicaux

4.1 Vaccination et prévention

La vaccination est un des moyens de lutte contre les mycoplasmoses des ruminants. Toutefois, leur étiologie multiple complique la validation clinique de l’efficacité des vaccins. En effet, les conditions environnementales des essais cliniques ne sont pas toujours maitrisées. Les essais cliniques sur les troupeaux sont couteux et peu représentatifs, vu le nombre restreint d’animaux testés.

Une multiplication des essais cliniques est nécessaire pour pouvoir apprécier l’efficacité d’un vaccin in vivo. Aux États-Unis, plusieurs vaccins sont commercialisés pour la prévention des infections respiratoires à M. bovis (Maunsell et al., 2011). Jusqu’à présent, la vaccination contre M. bovis n’a pas montré d’efficacité avérée en conditions non contrôlées, telles que celles rencontrées sur le terrain. La particularité des souches de M. bovis complique le développement d’une approche vaccinale optimale. En effet M. bovis possède la capacité de modifier la composition et l’architecture de sa membrane (Citti et al., 2005a). Cette variabilité antigénique se caractérise par des modifications rapides, spontanées et réversibles des protéines exposées à la surface du mycoplasme permettant de maintenir en permanence une population phénotypiquement hétérogène. Grâce à ce système, les mycoplasmes arrivent à échapper au système immunitaire de leur hôte. Par conséquent, jusqu’à présent, aucun essai clinique vaccinal contre M. bovis n’a été concluant. La raison principale de ces échecs était la non maitrise des réponses immunitaires des bovins vis-à-vis de cette espèce et des différentes réactions des animaux vis-à-vis des vaccins (Prysliak and Perez-Casal, 2016).

Des vaccins développés contre d’autres mycoplasmoses respiratoires (M. dispar (Howard et al., 1987) ont montré une certaine efficacité, avec une expression des signes cliniques plus modérées chez les animaux vaccinés. Par contre les tentatives de vaccination contre les affections mammaires ou articulaires à mycoplasmes sont plus infructueuses (Nicholas and Ayling, 2003).

44 La méthode actuelle utilisée pour le contrôle de la PPCB en Afrique repose sur une vaccination avec une souche vivante de Mmm dont la virulence a été atténuée par passage in vitro en laboratoire (T1/44). Bien que conférant un certain degré d’immunité, ce vaccin comporte plusieurs inconvénients tels qu’une efficacité faible (Thiaucourt et al., 2000b) et une faible persistance de l’immunité au cours du temps. De plus cette vaccination entraine des effets secondaires dans la zone inoculée entrainant une méfiance des agriculteurs à l’égard de l’utilisation du vaccin (Kusiluka and Sudi, 2003; Teshale, 2005). Il a aussi été évoqué la possibilité d’une réversion de la virulence de cette souche vaccinale atténuée (Mbulu et al., 2004). Le dernier inconvénient de ce vaccin, et pas des moindres, est la difficulté de conservation d’un vaccin de qualité sur le terrain. En effet son utilisation nécessite une chaine de froid rigoureusement respectée, ce qui est bien sûr très difficile à mettre en place et à vérifier sur le terrain (Rweyemamu et al., 1995). C’est pour toutes ces raisons que le développement d’un vaccin de nouvelle génération plus efficace comme, par exemple, un vaccin sous-unitaire basé sur un choix raisonné, est nécessaire pour un meilleur contrôle et l’éradication de la maladie.

Les méthodes de lutte contre la PPCC sont similaires à celles de la PPCB. La seule exception notable se trouve au niveau de la formulation qui contient des mycoplasmes Mccp inactivés et adjuvés à la saponine. Cette formulation a été utilisée avec succès chez des chèvres pour les protéger de la PPCC pour une durée d’un an (Rurangirwa et al., 1987) mais la séroconversion peut interférer avec le dépistage sérologique (Peyraud et al., 2014). Ces vaccins sont encore commercialisés aujourd’hui pour le contrôle de la PPCC en Afrique et en Asie mais leur production est trop couteuse. Leur coût élevé compromet leur qualité et diminue la fréquence d’utilisation sur le terrain. Des essais similaires ont été menés contre la PPCB avec le développement d’un vaccin inactivé adjuvé avec de la saponine (Nicholas et al., 2003) ainsi qu’un autre essai avec un complexe immunostimulant (ISCOM) (Hübschle et al., 2003), mais malheureusement ces essais n’ont pas apporté les résultats escomptés. Les paramètres qui varient comme la méthode d’inactivation et la quantité de mycoplasmes injectés doivent jouer un rôle important dans la réponse immunitaire post vaccination. C’est pour cela qu’une étude a été réalisée en 2016 en comparant plusieurs méthodes d’inactivation (Mwirigi et al., 2016). Dans cette étude les auteurs ont utilisé une quantité identique de mycoplasmes inactivés, soit par la formaline, soit par la chaleur, et adjuvé avec

45 l’adjuvant de Freund. L’inactivation par la chaleur a donné des résultats de protection des animaux similaires à la souche vivante atténuée. Ces résultats suggèrent que l’on peut utiliser ce vaccin inactivé à la place du vaccin atténué pour s’affranchir du problème de conservation sur le terrain. Un essai de vaccin sous unitaire a été réalisé en utilisant l’enzyme membranaire l-α-glycerol-3-phosphate oxidase (GlpO) de Mmm, qui est possiblement impliquée dans la sécrétion d’H2O2 par les cellules de l’hôte au cours de l’infection (Mulongo et al., 2013). Cet essai vaccinal n’a pas fonctionné puisqu’il n’a pas permis une protection suffisante contre l’infection par une souche virulente. De plus, les anticorps produits contre la GlpO, bien que capables de reconnaitre la protéine recombinante et la protéine native, ne sont malheureusement pas neutralisants.

La prévention sanitaire reste donc le seul moyen efficace pour éviter les mycoplasmoses pour lesquelles la vaccination n’est pas efficace ou pas accessible. De nombreuses mesures préventives peuvent alors être prises pour éviter la propagation des infections respiratoires : 1) Séparer les animaux de classes d’âge différentes (avec l’âge, les animaux peuvent devenir plus résistants à certains germes, mais ils peuvent toujours contaminer les plus jeunes), 2) Prévoir une quarantaine lors de l’achat des animaux avant de les mélanger avec d’autres animaux déjà présents dans l’élevage, 3) Isoler les animaux malades et 4) Eviter les lots trop grands qui peuvent provoquer du stress ainsi qu’un contact trop étroit et donc une transmission plus importante et rapide des agents pathogènes. Toutes ces recommandations sont assez facilement applicables dans les pays d’Europe et d’Amérique du nord. Par contre elles sont difficilement réalisables dans les pays africains ou sévie la PPCB. En effet les troupeaux sont en contact avec la faune sauvage qui peut être porteuse de mycoplasmes et les mesures de quarantaine ne sont pas appliquées.

4.2 Traitements antibiotiques et résistances

Les traitements antibiotiques sont utilisés en amont de l’identification de l’agent pathogène en cause en se basant sur le diagnostic clinique (Nicholas and Ayling, 2003; Nicholas et al., 2008). Les traitements antibiotiques de première intention, non ciblés, comportent un risque d’échec important. Pour qu’il soit efficace, le traitement antibiotique doit être très précoce et mis en place pendant au moins cinq jours. Dans les pays du Sud, les traitements antibiotiques sont difficilement accessibles et leur utilisation ne se fait souvent

46 pas dans les conditions optimales (Mariner and Catley, 2004). De plus il a été montré que les traitements antibiotiques diminuaient les signes cliniques mais n’empêchaient pas la contagion et favorisaient l’apparition de maladies chroniques (Provost AP et al., 1987).

Différentes molécules d’antibiotiques peuvent être administrées aux animaux malades par différentes voies : orale, intramusculaire ou intraveineuse en fonction de leurs caractéristiques pharmacocinétiques. Les principales familles d’antibiotiques utilisables, c’est-à-dire ayant une bonne diffusion pulmonaire (extra et intracellulaire), sont les β- lactamines, les tétracyclines, les macrolides, les phénicolés et les quinolones. Pour rappel, les mycoplasmes sont insensibles aux β-lactamines puisqu’ils sont dépourvus de paroi cellulaire. Les tétracyclines ont été largement utilisées en médecine vétérinaire car elles ont un large spectre d’action et sont capables de pénétrer les cellules eucaryotes (efficaces contre les bactéries intracellulaires). Elles sont restées longtemps efficaces contre M. bovis (Ayling et al., 2000). Cependant, la grande majorité des souches actuelles de M. bovis testées in vitro est devenue résistante (Khalil, 2016). Par contre chez Mmm les souches testées in vitro sont très sensibles à l’oxytetracycline malgré quelques disparités selon les isolats cliniques étudiés (Ayling et al., 2005).

Les macrolides sont parmi les premières molécules à être prescrites (De Briyne et al., 2014). Parmi ces molécules, la tylosine (TYL), un antibiotique naturel, et la tilmicosine (TILM), semi-synthétique dérivée de la TYL. La TIL a été démontré comme un des antibiotiques les plus efficaces contre divers isolats cliniques de Mmm in vitro (Ayling et al., 2005). Cette étude n’a pas révélé de cas de résistance à la TIL chez Mmm, bien que les souches utilisées ne proviennent pas de localités éloignées. Par contre on peut noter chez M. bovis l’émergence d’isolats cliniques résistants aux macrolides in vitro (Gautier-Bouchardon et al., 2014). Les résultats des traitements in vivo restent satisfaisants, d’autant plus que les macrolides ciblent aussi d’autres agents intervenant dans les affections respiratoires, notamment les pasteurelles et Histophilus (Apley and Coetzee, 2013).

Les quinolones sont prescrites contre un large spectre de bactéries y compris les mycoplasmes (Giguère and Dowling, 2013). L’ensemble des souches de M. bovis isolées en France par exemple reste sensible à l'enrofloxacine avec de très bons résultats in vitro (Gautier-Bouchardon et al., 2014; Hannan et al., 1997) et sur le terrain, la danofloxacine et la marbofloxacine. Chez Mmm la danofloxacine est aussi très efficace in vitro (Ayling et al., 2005).

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