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PROMOUVOIR LE TOURISME DURABLE DANS LES OUTRE-MER

Rapport

présenté au nom de la délégation à l'Outre-mer

PROMOUVOIR LE TOURISME DURABLE

Rapport

Introduction

Pour l’Organisation mondiale du tourisme1 (OMT), « le tourisme est un phénomène social, culturel et économique qui implique le déplacement de personnes vers des pays ou des endroits situés en dehors de leur environnement habituel à des fins personnelles ou professionnelles ou pour affaires. Ces personnes sont appelées des visiteurs (et peuvent être des touristes2 ou des excursionnistes3 [présence inférieure à 24 heures], des résidents ou des non-résidents) et le tourisme se rapporte à leurs activités, qui supposent pour certaines des dépenses touristiques.

Le tourisme a donc des répercussions sur l’économie, sur l’environnement naturel et bâti, sur la population locale de la destination et sur les touristes eux-mêmes.4 » Le tourisme apparaît donc comme une activité qui favorise la création d’emplois et le développement local. Il repose sur la promotion et la valorisation des ressources naturelles, historiques, culturelles et sociales. Dans les outre-mer, le tourisme représente un secteur particulier tant en termes d’image que par les leviers de développement qu’il représente.

Dans les Outre-mer, le tourisme connaît une situation paradoxale : alors que l’on vante les atouts exceptionnels, les populations et les cultures plurielles, la qualité des ressources naturelles, la richesse de la biodiversité, la diversité et la singularité des patrimoines de chacun de ces territoires, les résultats de l’activité touristique sont contrastés et insuffisants.

Le secteur touristique, qui est l’un des moteurs de la croissance les plus prometteurs pour les économies d’Outre-mer, ne contribue pas suffisamment à leur produit intérieur brut (PIB).

Cette situation est d’autant plus difficile à accepter dans une conjoncture où ces territoires sont confrontés à des réalités économiques difficiles.

Parmi les nombreux rapports, le Rapport public annuel 2014 de la Cour des comptes dans ses observations5 recommande pour le tourisme en Outre-mer « un indispensable sursaut ». Il fait le constat que le tourisme représente un levier de croissance pour les économies d’Outre-mer qui, le plus souvent, connaissent un taux de chômage élevé. Le secteur touristique est porteur de solutions pour les économies d’Outre-mer. Il est même qualifié d’atout fondamental dans ce rapport. Incontestablement, le tourisme devrait être au cœur des stratégies de développement de ces territoires et s’inscrire dans une perspective durable.

Or, la situation du secteur touristique dans les territoires d’Outre-mer est globalement insatisfaisante. Après avoir connu une croissance régulière lors des dernières décennies du XXe siècle, l’activité a commencé à marquer le pas à partir de la fin des années 1990 et du début des années 2000. Le modèle vieillissant est alors confronté à ses limites internes et à de vives concurrences internationales.

1 L’organisation mondiale du tourisme (en anglais World Tourism Organization [UNWTO]) est une institution spécialisée des Nations unies destinée à promouvoir et développer le tourisme.

2 Le.la touriste est un.e visiteur.euse qui passe au moins une nuit (et moins d’un an) hors de son environnement habituel, Mémento du tourisme, édition 2016, Direction générale des entreprises.

3 L’excursionniste est un.e visiteur.euse qui ne passe pas de nuit hors de son environnement habituel.

4 Comprendre le tourisme, glossaire de base, site internet de l’Organisation mondiale du tourisme.

5 Cour des comptes, Rapport public annuel 2014, tome I, Les observations, volume I-1, Les finances publiques, les

AVISDÉCLARATIONS/SCRUTINRAPPORTANNEXES D’où l’acuité de la réflexion qui s’ouvre : il est impératif de tenir compte du contexte

actuel, nouveau, complexe, dont il convient de prendre la mesure.

La concurrence des îles voisines, le plus souvent moins chères est souvent évoquée.

L’argument doit être pris en compte, mais l’explication n’est que partiellement valable  : certaines destinations voisines de nos territoires d’Outre-mer ont opté avec succès pour un tourisme de standing, avec des prestations plus élevées. D’autres facteurs explicatifs sont avancés comme la qualité des prestations dont le rapport qualité/prix est loin d’être optimal. Cet argument mérite également d’être examiné, mais sans doute est-il davantage la conséquence (que la cause) d’une dynamique qui s’essouffle, d’un modèle qui s’éteint.

Les regards se portent alors sur les « difficultés structurelles de l’outre-mer, en particulier des interventions peu dynamiques des collectivités et, de façon générale, une action publique souvent inefficace »6. Autant de pistes explicatives de la situation de crise du moment qui méritent d’être considérées, et qui en premier lieu, doivent nous interpeler sur les modèles de développement touristique des différents territoires d’Outre-mer, les cadres opérationnels, les accompagnements, la gouvernance, dans une perspective de durabilité.

Les derniers cyclones qui ont frappé les îles de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin nous rappellent la grande vulnérabilité de nos territoires d’Outre-mer face aux catastrophes naturelles et, subséquemment, l’importance d’inscrire les stratégies de développement de ces territoires dans la durabilité. Et, au premier rang des activités qui soutiennent ces économies, il faut repenser les modèles de développement touristique qui doivent être porteurs de croissance et de bien être pour les Outre-mer.

Dès le départ, nous insistons sur le postulat d’un développement touristique durable au service des territoires d’accueil, qui soutient le développement économique, social et environnemental des Outre-mer. Cette conception du développement touristique et durable doit pleinement impliquer les populations des Outre-mer pour que la valeur ajoutée, les emplois et les activités soient inscrits dans ces territoires et contribuent de façon pérenne à leur développement. Ainsi, par tourisme durable, il ne s’agit pas uniquement d’envisager un mode de développement touristique respectueux des milieux naturels et de la biodiversité des territoires d’accueil. Le tourisme durable est entendu comme un outil de développement au service des territoires et sociétés d’accueil.

Les Nations unies ont décrété que l’année 2017 serait l’Année internationale du tourisme durable pour le développement. Comme le soulignait Afonso Maria Dastis7 « le tourisme durable figure dans le Programme 2030 comme un vecteur du développement, de la création d’emplois et de la promotion de la culture et des produits locaux. Le tourisme, qui fait partie des objectifs de développement durable, contribue de manière décisive à la quasi-totalité des 17 objectifs de par ses effets dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, la promotion d’emplois décents, l’amélioration de l’égalité entre les sexes et des moyens de subsistance des jeunes ou encore la lutte contre les changements climatiques ».

6 Cour des comptes, Rapport public annuel 2014, tome I, Les observations, volume I-1, Les finances publiques, les politiques publiques, chapitre V – Tourisme, « Le tourisme en outre-mer : un indispensable sursaut », p. 401, février 2014.

7 Déclaration du ministre espagnol des Affaires étrangères et de la coopération lors du coup d’envoi de l’Année

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Ainsi, à la lumière des différents indicateurs tels que le réchauffement climatique, auquel les Outre-mer sont particulièrement exposés, et la crise du secteur que les politiques publiques n’arrivent pas à surmonter, comment ces territoires peuvent-ils repenser le tourisme pour relancer un modèle à bout de souffle.

Carte n° 1  Les territoires français d’Outre-mer

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I - ÉTAT DES LIEUX DU TOURISME