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Une progression régulière

Dans le document Le livre 010101 (1998-2003) (Page 77-79)

7. Des livres en version numérisée

7.3. Une progression régulière

Comme on vient de le voir, si elle existe dès mai 1998 avec la commercialisation des premiers titres numériques par les éditions 00h00, la vente de livres numériques ne commence vraiment à se généraliser qu’à l’automne 2000. Elle est effectuée soit directement par les éditeurs, soit par le biais des libraires, avec impression à la demande grâce aux nouvelles technologies d’impression numérique développées notamment par les sociétés Xerox, Océ et IBM.

On voit apparaître aussi les premières librairies numériques, à savoir des librairies vendant exclusivement des livres numériques, le plus souvent par téléchargement, et dans plusieurs formats. L’étape suivante sera la vente de livres « en pièces détachées », à savoir un chapitre seul, ou une partie de livre, ou un article à l’unité, ou encore une carte ou un tableau statistique. En 2002, ce type de vente est déjà chose possible à titre expérimental, par exemple dans la librairie numérique Numilog, ou encore dans la librairie en ligne de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).

Le prix du livre numérique est en général inférieur de 30% à celui du livre imprimé. Sa commande et sa livraison sont quasi immédiates via l’internet. Quant à sa taille et son poids, ils sont nuls, bien qu’en pareil cas il faille bien sûr prendre en compte la taille et le poids de la machine nécessaire pour le lire. Un assistant personnel (PDA) de type Pocket PC ou Palm Pilot pesant environ 200 g permet d’emporter avec soi une quinzaine de romans de 200 pages, en plus des autres fonctionnalités présentes dans la machine. Un ordinateur ultra-portable disposant d’un disque dur de 6 Go (giga-octets), pesant moins de 1,5 kg et équipé des logiciels de bureautique standard permet de stocker environ 5.000 livres.

Quelle est la taille d’un livre numérique, et son temps de téléchargement ? Quelques exemples sont donnés à titre indicatif dans la FAQ (foire aux questions) de la librairie numérique Numilog. Une nouvelle de 50 pages représente un fichier de 150 Ko (kilo- octets). Le temps nécessaire à son téléchargement est de 37 secondes avec un modem 56 Kbps (56 kilobits par seconde) et de 3 à 6 secondes avec une connexion à haut débit (câble ou DSL – digital subscriber line). Un roman de 300 pages représente un fichier de 1 Mo (méga-octet). Son temps de téléchargement est de 4 minutes avec un modem 56 Kbps et de 20 à 40 secondes avec une connexion à haut débit. Un guide pratique de 200 pages incluant des tableaux représente un fichier de 1,5 Mo. Son temps de téléchargement est de 6 minutes avec un modem 56 Kbps et de 30 à 60 secondes avec une connexion à haut débit. Un livre illustré avec des photos représente un fichier de 10 Mo. Son temps de téléchargement est de 41 minutes avec un modem de 56 Kbps et de 3 à 6 minutes avec une connexion à haut débit.

Outre le fait qu’il faille une machine pour le lire – mais après tout c’est ce qui le caractérise, en attendant le papier électronique de demain - l’obstacle majeur à la diffusion du livre numérique reste le faible nombre de titres. « Le volume de titres disponibles en format de lecture à l’écran est ridicule par rapport aux quelque 600.000 titres existant en français », indique en février 2001 Denis Zwirn, PDG de Numilog. Nombre d’éditeurs sont maintenant en train de numériser - ou faire numériser - leurs fonds, à la perspective d’un marché naissant qui devrait connaître une forte expansion dans les prochaines années. Editeurs en ligne et libraires numériques négocient patiemment les droits auprès des éditeurs traditionnels, et ce non sans mal puisque, à tort ou à raison, la profession est encore très inquiète des risques de piratage.

Selon Zina Tucsnak, ingénieure d’études en informatique à l’ATILF (Analyse et traitement informatique de la langue française), interviewée en novembre 2000, « l’ebook offre une combinaison d’opportunités : la digitalisation et l’internet. Les éditeurs apportent leurs titres à tous les lecteurs du monde. C’est une nouvelle ère de la publication. » Mais le livre numérique est encore dans l’enfance. Comme l’explique en

janvier 2001 Bakayoko Bourahima, documentaliste à l’ENSEA (Ecole nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée) d’Abidjan, « il faut voir par la suite comment il se développera et quelles en seront surtout les incidences sur la production, la diffusion et la consommation du livre. A coup sûr cela va entraîner de profonds bouleversements dans l’industrie du livre, dans les métiers liés au livre, dans l’écriture, dans la lecture, etc. »

Chez les adeptes du livre numérique, l’enthousiasme des années 2000 et 2001 fait place à plus de mesure en 2002 et 2003. On ne parle plus du tout numérique pour le proche

avenir, mais plutôt de la publication simultanée d’un même titre en deux versions, numérique et imprimée. Pour mettre en place ce nouveau mode de distribution, la tâche est rude. Il faut constituer les collections, améliorer les logiciels de lecture, rendre le prix des appareils de lecture abordable et, plus difficile encore, habituer le grand public à lire un livre à l’écran. Alors que, en octobre 2000, l’ebook est l’une des vedettes de la

Foire internationale du livre de Francfort, il se fait beaucoup plus modeste les années suivantes. La même remarque vaut pour le Salon du livre de Paris qui, après avoir proposé un Village eBook en mars 2000, puis le premier sommet européen de l’édition numérique (eBook Europe 2001) en mars 2001, n’organise pas de grande manifestation spécifique les deux années suivantes.

Cependant, malgré le pessimisme relatif ayant succédé aux déclarations enthousiastes, le livre numérique poursuit patiemment son chemin. En 2001, le grand éditeur Random House vend deux fois plus de livres numériques qu’en 2000. Tous éditeurs confondus, les ventes de 2001 se chiffrent par milliers pour le New World College Dictionary de Webster, les ouvrages de fiction de Stephen King et Lisa Scottolini, les livres d’économie et les manuels pratiques. En mars 2002, Palm Digital Media, qui vend des titres pour Palm Pilot et Pocket PC, annonce la vente de 180.000 livres numériques pour l’année 2001, soit une augmentation de 40% par rapport à l’année précédente.

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