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Librairies traditionnelles

Dans le document Le livre 010101 (1998-2003) (Page 46-48)

4. La librairie web se diversifie

4.1. Librairies traditionnelles

4.2. Librairies en ligne 4.3. Librairies numériques

Trois sortes de librairies cohabitent sur le web : les librairies établies en complément d’une librairie traditionnelle ou d’une chaîne de librairies, les librairies en ligne créées directement sur le réseau et dont la totalité des transactions s’effectue via l’internet, et enfin, apparues courant 2000, les librairies numériques, qui vendent uniquement des livres en version numérisée, le plus souvent par téléchargement.

4.1. Librairies traditionnelles

A la fin des années 1990, les chaînes de librairies ont toutes une librairie en ligne à côté de leur réseau de librairies « en dur ». C’est le cas notamment de la Fnac, Virgin, France Loisirs, ou encore Le Furet du Nord (qui dessert le Nord de la France) et Decitre (qui dessert la région Rhône-Alpes). Mais la vente à distance n’est pas l’apanage des grandes librairies, comme le montrent les deux exemples pris ici, les librairies de voyage et les librairies d’ancien.

Librairies de voyage

Fondée en 1985 par Hélène Larroche, Itinéraires est une librairie de voyages située au cœur de Paris, dans l’ancien quartier des Halles. Dès les débuts de la librairie, le personnel crée une base de données informatique avec classement des livres par pays et par sujets. Dix ans après, en 1995, la consultation du catalogue est possible sur minitel. Trois ans plus tard, la librairie est présente sur le web. En juin 1998, Hélène Larroche relate : « Nous effectuons près de 10% de notre chiffre d’affaires avec la vente à distance. Passer du minitel à internet nous semblait intéressant pour atteindre la clientèle de l’étranger, les expatriés désireux de garder par les livres un contact avec la France et à la recherche d’une librairie qui "livre à domicile" et bien sûr les "surfeurs sur le net", non minitélistes. La vente à distance est encore trop peu utilisée sur internet pour avoir modifié notre chiffre d’affaires de façon significative. Internet a cependant eu une incidence sur le catalogue de notre librairie, avec la création d’une rubrique sur le web, spécialement destinée aux expatriés, dans laquelle nous mettons des livres, tous sujets confondus, qui font partie des meilleures ventes du moment ou/et pour lesquels la critique s’emballe. Nous avons toutefois décidé de limiter cette rubrique à 60 titres quand notre base en compte 13.000. Un changement non négligeable, c’est le temps qu’il faut dégager ne serait-ce que pour répondre au courrier que génèrent les consultations du site. Outre le bénéfice pour l’image de la librairie qu’internet peut apporter (et dont nous ressentons déjà les effets), nous espérons pouvoir capter une nouvelle clientèle dans notre spécialité (la connaissance des pays étrangers), atteindre et intéresser les expatriés et augmenter nos ventes à l’étranger. »

Un an et demi après, en janvier 2000, Hélène Larroche ajoute : « Un net regain de personnes viennent à notre librairie après nous avoir découvert sur le web. C’est plutôt une clientèle parisienne ou une clientèle venue de province pour pouvoir feuilleter sur place ce que l’on a découvert sur le web. Mais l’expérience est très intéressante et nous conduit à poursuivre. »

D’autres librairies se débrouillent au mieux avec des moyens limités, comme la librairie

Ulysse, sise à Paris dans l’île Saint-Louis. Fondée en 1971 par Catherine Domain, Ulysse est à l’époque la première librairie au monde uniquement consacrée au voyage. Ses 20.000 livres, cartes et revues neufs et d’occasion recèlent des documents souvent introuvables ailleurs. A la fois libraire et grande voyageuse, Catherine Domain est membre du SLAM (Syndicat national de la librairie ancienne et moderne), du Club des explorateurs et du Club international des grands voyageurs. En 1999, elle décide de se lancer dans un voyage virtuel autrement plus ingrat, à savoir la réalisation d’un site web en autodidacte. « Mon site est embryonnaire et en construction, raconte-t-elle en

novembre 2000. Il se veut à l’image de ma librairie, un lieu de rencontre avant d’être un lieu commercial. Il sera toujours en perpétuel devenir ! Internet me prend la tête, me bouffe mon temps et ne me rapporte presque rien, mais cela ne m’ennuie pas... » Elle est toutefois assez pessimiste sur l’avenir des librairies comme la sienne. « Internet tue les librairies spécialisées. En attendant d’être dévorée, je l’utilise comme un moyen d’attirer les clients chez moi, et aussi de trouver des livres pour ceux qui n’ont pas encore internet chez eux ! Mais j’ai peu d’espoir... »

Librairies d’ancien

Les librairies d’ancien sont parmi les premières à utiliser l’internet pour étendre leur champ d’activité. Dans un domaine où la vente par correspondance à partir d’un catalogue a toujours été primordiale, l’internet vient à point nommé pour faciliter les transactions. Courrier électronique, listes de diffusion, bases de données sur le web et commerce électronique prennent le relais des méthodes traditionnelles.

Dès novembre 1995, Pascal Chartier, gérant de la librairie du Bât d’Argent (Lyon), crée

Livre-rare-book, un site professionnel de livres d’occasion, anciens et modernes. En juin 1998, il définit l’internet comme « peut-être la pire et la meilleure des choses. La pire parce qu’il peut générer un travail constant sans limite et la dépendance totale. La meilleure parce qu’il peut s’élargir encore et permettre surtout un travail intelligent ! » En août 2003, Livre-rare-book propose un catalogue de plus d’un million de livres émanant de quelque 320 librairies, et un annuaire électronique international recensant près de 4.000 librairies.

Autre réalisation, celle du Syndicat national de la librairie ancienne et moderne

(SLAM), un syndicat professionnel regroupant 220 librairies françaises. Le SLAM met en ligne un premier site web en 1997, puis le remplace en juillet 1999 par un deuxième site d’une conception plus dynamique. Alain Marchiset, président du SLAM, explique en juillet 2000 : « Ce site intègre une architecture de type "base de données", et donc un véritable moteur de recherche, qui permet de faire des recherches spécifiques (auteur, titre, éditeur, et bientôt sujet) dans les catalogues en ligne des différents libraires. Le site contient l’annuaire des libraires avec leurs spécialités, des catalogues en ligne de livres anciens avec illustrations, un petit guide du livre ancien avec des conseils et les termes

techniques employés par les professionnels, et aussi un service de recherche de livres rares. De plus, l’association organise chaque année en novembre une foire virtuelle du livre ancien sur le site, et en mai une véritable foire internationale du livre ancien qui a lieu à Paris et dont le catalogue officiel est visible aussi sur le site. (…)

Les libraires membres proposent sur le site du SLAM des livres anciens que l’on peut commander directement par courrier électronique et régler par carte de crédit. Les livres sont expédiés dans le monde entier. Les libraires de livres anciens vendaient déjà par correspondance depuis très longtemps au moyen de catalogues imprimés adressés régulièrement à leurs clients. Ce nouveau moyen de vente n’a donc pas été pour nous vraiment révolutionnaire, étant donné que le principe de la vente par correspondance était déjà maîtrisé par ces libraires. C’est simplement une adaptation dans la forme de présentation des catalogues de vente qui a été ainsi réalisée. Dans l’ensemble, la profession envisage assez sereinement ce nouveau moyen de vente. »

Résolument optimiste en 1999 et 2000, la profession revoit ensuite ses espérances à la baisse. En juin 2001, Alain Marchiset écrit : « Après une expérience de près de cinq années sur le net, je pense que la révolution électronique annoncée est moins évidente que prévue, et sans doute plus "virtuelle" que réelle pour le moment. Les nouvelles technologies n’ont pas actuellement révolutionné le commerce du livre ancien. Nous assistons surtout à une série de faillites, de rachats et de concentrations de sociétés de services (principalement américaines) autour du commerce en ligne du livre, chacun essayant d’avoir le monopole, ce qui bien entendu est dangereux à la fois pour les libraires et pour les clients qui risquent à la longue de ne plus avoir de choix concurrentiel possible. Les associations professionnelles de libraires des 29 pays fédérées autour de la Ligue internationale de la librairie ancienne (LILA) ont décidé de réagir et de se regrouper autour d’un gigantesque moteur de recherche mondial sous l’égide de la LILA. Cette fédération représente un potentiel de 2.000 libraires indépendants dans le monde, mais offrant des garanties de sécurité et de respect de règles commerciales strictes. Ce nouveau moteur de recherche de la LILA (en anglais ILAB) en pleine expansion est déjà référencé par AddALL et BookFinder.com. »

Dans le document Le livre 010101 (1998-2003) (Page 46-48)