Le profil recherché pour le recrutement des navigateurs a été discuté en comité de pilotage et convergeait sur les points suivants :
• Avoir au moins 40 ans, pour être proche en âge des personnes ciblées par le dépistage
• Avoir un diplôme/ une formation : Niveau Bac à Bac +2 maximum
• Ou avoir des expériences professionnelles significatives de 3 à 5 ans : expérience dans le secteur social, l’aide à la personne, l’animation socioculturelle, etc.
• Sensibilité aux questions de prévention et de promotion de la santé
• Capacités à s’adapter à son interlocuteur (médecins, travailleurs sociaux, population âgée de 50 à 74 ans)
• Capacités d’écoute et de relation à la personne • Capacités à communiquer devant un groupe
• Connaissance des structures médico-sociales locales
• Connaissance des quartiers de l’intervention (compétence souhaitée) • Expérience de bénévolat (compétence souhaitée)
• Parler le Français et maîtriser une langue étrangère (Arabe, Turc, etc.)
Le droit du travail français ne permet pas de discrimination dans les critères de recrutement qui sont affichés. Il a donc été assez délicat de faire figurer toutes ces informations sur la fiche de poste utilisée pour le recrutement. On peut s’interroger par ailleurs sur la limite d’âge inférieure qui était recherchée, alors que le dépistage du cancer colorectal est organisé pour les plus de 50 ans. Dans les faits, peu de candidats de plus de 50 ans se sont présentés, et nous nous sommes interrogés sur une éventuelle « autocensure » des potentiels candidats de cette tranche d’âge, dans un contexte où cet âge semble constituer une barrière psychologique dans le monde du travail.
À l’analyse de ces points nous constatons que certains critères ressortent de nouveau concernant le profil du navigateur. Ces critères sont les compétences, la proximité avec la population cible, la proximité avec le système de santé et la personnalité du navigateur. Le navigateur recruté devait avoir au moins le bac et avoir 3 à 5 ans d’expérience dans le social, l’aide à la personne ou l’animation socioculturelle. Il devait aussi avoir des qualités relationnelles (savoir s’adapter à son interlocuteur, savoir écouter, savoir communiquer). Concernant le critère de proximité avec les populations cibles, il était souhaité que le navigateur ait au moins 40 ans et parle Français et maîtriser une langue étrangère (Arabe, Turc, etc.). La connaissance des quartiers de l’intervention est souhaitée également. Enfin, le critère de proximité avec le système de santé comporte deux caractéristiques, le fait d’être
49 sensible aux questions de prévention et de promotion de la santé et le fait de connaître les structures médico-sociales locales.
Retenant de la littérature américaine l’idée de proximité avec les populations ciblées par l’intervention, l’expérience COLONAV est partie a priori sur l’idée de recruter des navigateurs proches des personnes ciblées, ce qui conduisait à chercher pour au moins trois des cinq zones géographiques des candidats d’origine maghrébine, population estimée comme dominante dans ces trois zones. L’adaptation a été cependant difficile à réaliser. Le contexte français, outre les difficultés propres au droit du travail, ne se prête pas à une conception « communautariste » de populations. La question de la proximité a par ailleurs été discutée sur le plan de la maladie (Faut-il des gens ayant été dépistés, ayant survécu à un cancer dépisté à temps, etc. ?), de l’âge (le dépistage du cancer colorectal est organisé pour les personnes de 50 à 74 ans) et du statut socio-économique (Suffisait-il de comprendre les problèmes économiques et sociaux des personnes ciblées pour être à même de discuter avec eux ?), etc. Par ailleurs, l’acceptabilité des recrutés par les structures qui les accueillent a été évoquée lors des recrutements, et a conduit dans deux cas sur cinq à accepter le recrutement d’un navigateur proche de la structure qui allait l’accueillir et plus distant des populations visées. Les discussions qui ont eu lieu avec les navigateurs lors de journées d’échanges de pratiques, organisées dans le cadre du projet, ont confirmé le besoin d’être accepté par le système de soins avec lequel ils devaient travailler.
Enfin, les navigateurs ont été recrutés sur la base de « temps plein », plutôt que de deux « temps partiels » par zone. Ceci aurait, par exemple, permis de recruter un homme et une femme par zone. Cette solution a été soulevée en comité de pilotage, pour finalement être écartée. Ici, l’objectif était d’avoir des navigateurs concentrés sur une tâche bien précise et nous pensions qu’elle ne serait pas compatible avec un autre emploi, autre emploi nécessaire compte tenu de l’insuffisance d’une rémunération à « temps partiel ». Par ailleurs, une rémunération à « temps partiel » aurait créé pour cette expérience une situation de « travailleur pauvre », situation apparue comme gênante au sein du groupe.
2. Les navigateurs effectivement recrutés pour le projet et leur
vision sur le profil de ce poste
Le tableau ci-dessous présente sommairement les navigateurs recrutés à savoir, l’âge, le sexe, la formation (avec le niveau d’études) et la connaissance préalable de la population cible de chaque département (tableau 11).
50 Tableau 11 : description sommaire des navigateurs recrutés
Département Age Identifié par la suite par la lettre Sexe Langues parlées Formation Connaissance de la zone d'intervention et de la population Ardèche 49 A H Français/Arabe Maîtrise en
sciences économiques
Bonne connaissance Côte d'Or 49 C F Français/Arabe Professorat
d'Enseignement fondamental en langue Française (Bac +3) Très bonne connaissance
Rhône 38 R F Français/Arabe Niveau bac en sciences médico- sociales
Très bonne connaissance
Loire 44 L H Français/Arabe Infirmier en soins généraux
Bonne connaissance Val-de-Marne 25 V H Français Master en
Psychologie cognitivo comportementale et systémique Non connaissance
Nous décrivons ci-après de manière plus précise les personnes recrutées, à partir des données des recrutements et d’entretiens réalisés avec elles quelques mois après le début de leur travail.