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Profil de résistance aux antibiotiques des BGN les plus fréquentes :

Escherichia coli (%)

VII. Discussion des résultats :

5. Profil de résistance des bactéries aux antibiotiques :

5.1 Profil de résistance aux antibiotiques des BGN les plus fréquentes :

Les bacilles à Gram négatif les plus fréquents dans notre étude sont des entérobactéries, dont E.coli et Klebsiella sp les espèces responsables de la majorité des infections bactériennes traitées. Ces dernières sont caractérisées par une aptitude particulière à acquérir des

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mécanismes de résistance à des antibiotiques habituellement actifs, pouvant parfois survenir en cours d’antibiothérapie [43].

Les antibiotiques les plus utilisés appartiennent à la famille des bêtalactamines, en raison de leur faible toxicité et de leur pouvoir bactéricide et à la diversité des molécules [44].

La fragilité chimique des bêtalactamines se situe principalement au niveau du cycle bêtalactame, dont l’hydrolyse par des bêtalactamases est irréversible et génère un ou plusieurs produits inactifs. Le mode d’action des bêtalactamines sur une bactérie sensible consiste à entraîner une erreur des peptidases aboutissant à un défaut de synthèse du peptidoglycane ce qui provoque la mort bactérienne. Pour éviter que les peptidases ne se « trompent », la bactérie synthétise une bêtalactamase qui va hydrolyser le cycle bêtalactame. Son ouverture va empêcher sa reconnaissance par la peptidase et donc la synthèse du peptidoglycane est possible : la multiplication bactérienne n’est alors pas affectée.

Les classifications des bêtalactamases retenues actuellement sont :

– La classification d’Ambler qui est basée sur la séquence en acides aminés du site enzymatique.

– La classification de Bush, Jacoby et Medeiros qui repose sur la nature du substrat et le profil d’inhibition de la bêtalactamase.

Nous retiendrons la classification d’Ambler basée sur la structure moléculaire des enzymes, variant selon leur substrat préférentiel. Chez E coli, sont décrites essentiellement les classes suivantes [43] :

o classe A : pénicillinases o classe C : céphalosporinases o classe D : oxacillinases.

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L’étude de la résistance des entérobactéries communautaires aux antibiotiques testés dans la ville de Salé, nous a permis de dégager plusieurs points : un niveau de résistance élevé atteint pour la plupart des antibiotiques surtout les aminopenicillines, une émergence de la résistance aux C3G. Ces niveaux de résistance obtenus sont inquiétants et alarmants.

5.1.1 Profil de résistance des souches d’E.coli : 5.1.1.1. Résistance à l’AMX/AMC

Notre étude confirme le caractère inquiétant de l’évolution de la résistance d’E.coli aux aminopenicillines, ainsi il apparaît que 57,7% des souches de cette espèce sont résistantes à l’amoxicilline, 54,8% résistantes au complexe amoxicilline-acide clavulanique. Ceci concorde avec une étude réalisée à El Jadida [29] dont 61,2% des souches d’E.coli sont résistantes à AMX, par contre le taux de résistance au complexe amoxicilline-acide clavulanique n’est que 13,7%. Dans une étude réalisée à Rabat [42], le taux de résistance d’E.coli à l’amoxicilline a atteint 82,6%, une autre à Nouakchoutt a obtenu 82,1%. Par ailleurs, une étude réalisée en France a trouvé que plus de 50% de ces souches sont résistantes à l’amoxicilline [32].

On peut conclure que la résistance à Nouakchott et Rabat sont les plus inquiétantes, on est même très proche d’une impasse thérapeutique, et Salé enregistre la résistance la plus faible parmi ces études.

Ce taux de résistance élevé peut être expliqué par l’utilisation médicale abusive de cet antibiotique mais aussi par l’automédication.

5.1.1.2. Résistance aux C3G

L’émergence des souches résistantes à la céfixime, qui est l’un des antibiotiques les plus actifs sur les entérobactéries, est de plus en plus observée. Dans notre étude, le taux de résistance d’E.coli à cet antibiotique est de 31,2%, ce taux est supérieur à celui retrouvé à Nouakchoutt (18,4%) [32], ces taux sont trop élevés par rapport à ce qui a été démontré par d’autres études où on a trouvé un taux de résistance inférieur à 5%.

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5.1.1.3. Résistance à la gentamycine

Dans notre étude, le taux de résistance des souches d’E.coli isolées à la gentamicine atteint 37,5%, par contre dans l’étude d’El Jadida [29] ce taux était plus faible (13,5%), et celui à Nouakchoutt était de 14,1% [32].

5.1.1.4. Résistance aux fluoroquinolones

E.coli a montré une résistance de 25,8% à la ciprofloxacine, cette observation se conforme avec les autres études, notamment 28,6% à Nouakchoutt [32] et 20% montrée dans l’étude d’El Jadida [29].

En France, la résistance des souches d’E.coli aux fluoroquinolones est très variable : 3% à 25% selon la présentation clinique et le terrain [38]. En Allemagne, Espagne, Italie et Portugal la résistance d’E.coli à la ciprofloxacine est respectivement de 15%, 19%, 21% et 23% [45]. On note que ces valeur sont relativement rapprochées, donc il n y’a pas de différence flagrante dans la résistance à la ciprofloxacine entre les pays développés et ceux en voie de développement, mais cette résistance est assez élevée pour une famille nouvellement mise sur le marché.

5.1.1.5. Résistance au cotrimoxazole

Le taux de résistance d’E.coli au cotrimoxazole est de 41,4%, cette valeur est comprise entre celle observée à El Jadida [29] (33.7%) et celle observée à Nouakchoutt [32] (58.4%).

En France, la résistance au cotrimoxazole était de 22% et en était de 29% en Espagne à Madrid [46], ces valeurs sont moins élevées que les précédentes, on peut expliquer cette divergence par la diminution de la pression de sélection car on ne prescrit plus cette molécule comme traitement de choix.

5.1.2 Profil de résistance des souches de Klebsiella sp :

Cette bactérie est naturellement résistante à certains antibiotiques dont l’amoxicilline, l’ampicilline, pénicilline G, ticarcilline.

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5.1.2.1. Résistance à l’AMC

Dans notre étude, le taux de résistance marqué chez Klebsiella sp pour l’association amoxicilline-acide clavulanique est de 65,6%, à Rabat [42] il est de 58%, pourtant dans l’étude d’El Jadida, il n’est que de 30,7% [29]. Cette molécule est à éviter en première intention par nos praticiens, car son taux de résistance est assez élevé.

5.1.2.2. Résistance aux C3G

Le taux de résistance des souches de Klebsiella sp aux C3G est de 31,2%, ce taux est de 37,9% dans l’étude réalisée à Nouakchoutt et de 42% dans l’étude réalisée à Bamako par Tahirou [32]. Par ailleurs Klebsiella sp ne montre aucune résistance aux C3G dans l’étude menée à El Jadida [29]. En France, la proportion de souches résistantes aux C3G a beaucoup augmenté de 2005 à 2010 (4,9% à 19,3%) [47].

On remarque que la résistance aux C3G aux pays d’Afrique est trop élevée par rapport à celle en France malgré qu’elle ne cesse pas d’augmenter.

5.1.2.3. Résistance aux fluoroquionolones

Nous avons enregistré une résistance de 25,8% pour la ciprofloxacine à Salé, elle est de 33,6% dans l’étude de Nouakchoutt [32]. En France, la résistance globale aux fluoroquinolones par cette espèce a aussi beaucoup augmenté entre 2005 et 2010 (7% à 21,9%) [47]. En revanche, dans l’étude menée à Rabat [42] et à El Jadida [29], les souches isolées de Klebsiella sp ne montrent aucune résistance à la ciprofloxacine.

5.1.2.4. Résistance au cotrimoxazole

Il est à noter que 29% des souches de Klebsiella sp sont résistantes au cotrimoxazole, ce taux est plus élevé dans l’étude de Rabat (43%) [42], Nouakchoutt (44,6%) [32], El Jadida (46,1%) [29] et encore plus élevé en Tunisie qui a montré un taux de 57% [40].

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5.2 Profil de résistance des cocci à Gram positif :