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Profil d’entreprise des six principaux commerçants de grain

Chapitre 1 : Contextualisation géographique et scientifique pour le transport

1.1.5. Profil d’entreprise des six principaux commerçants de grain

Au Canada, six entreprises contrôlent la vaste majorité du commerce de grain en plus d’opérer la majorité du réseau canadien de silos. Ces entreprises sont, en ordre d’importance, Viterra, Richardson, Cargill, Parrish & Heimbecker, Louis Dreyfus Company et Paterson. Combinées ensemble, ces six entreprises détiennent 69% de la capacité totale du réseau pancanadien de silos, le reste de la capacité étant détenue par de plus petites entreprises (Commission canadienne des grains, 2017). Il importe de bien définir les trois types de silos qui composent ce même réseau. Au sens de la Loi sur les grains du Canada, on définit les silos primaires comme étant des silos destinés à recevoir puis à stocker du grain issu directement des agriculteurs en vue d’une expédition subséquente. Les silos de transformation servent à recevoir et à stocker du grain pour des usages liés à sa transformation et sa préparation en usine. Les silos terminaux accueillent du grain en provenance d’un ou de plusieurs autres silos afin de le nettoyer, de le traiter puis de le stocker en vue de l’expédier par bateau (Gouvernement du Canada, 2017a).

Premièrement, Viterra, à travers une série d’acquisitions successives, s’est imposée dans le contexte canadien pour devenir la plus importante entreprise de grain au Canada. Puisque Viterra est une division de Glencore, l’entreprise demeure spécialisée dans la mise en marché du grain et dans la transformation d’oléagineux contrairement aux multinationales du grain qui tendent à diversifier leurs activités commerciales et industrielles (Viterra, 2017). En plus de compter sur le réseau de silos primaires le plus vaste et le plus important au pays, avec 72 silos, Viterra est propriétaire et opérateur de

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trois terminaux portuaires soit deux à Thunder Bay et un à Montréal (voir tableau 7). Grâce à des coentreprises réalisées conjointement avec ses concurrents, Viterra est également copropriétaire de trois autres terminaux, dont deux à Vancouver et un à Prince-Rupert (Commission canadienne des grains, 2017).

Deuxièmement, Richardson est un conglomérat agroalimentaire qui compte le deuxième réseau le plus important de silos à grain au Canada avec 68 silos (voir tableau 7). À la différence de ses concurrents directs, Richardson a segmenté ses activités au sein de plusieurs divisions. La division Richardson Pioneer s’occupe de l’achat, la mise en marché et la distribution du grain qu’elle achète directement par l’entremise de contrats avec les producteurs. La division Richardson Oilseed est dédiée à la production d’huile de canola tandis que les divisions Richardson Milling et Richardson Farms sont respectivement dédiées à la transformation alimentaire et à l’expérimentation agricole (Richardson, 2017a). Richardson International, dernière division du conglomérat, opère directement un réseau de cinq terminaux céréaliers portuaires. Il s’agit de deux terminaux à Thunder Bay ainsi que des terminaux individuels à Hamilton, Sorel-Tracy et North Vancouver (Richardson, 2017b). À travers des coentreprises, Richardson détient partiellement le terminal Cascadia de Vancouver en plus d’être copropriétaire du Prince Rupert Grain Terminal (voir tableau 8 ; Commission canadienne des grains, 2017).

Troisièmement, Cargill, qui est la plus importante entreprise multinationale impliquée dans le commerce du grain (Cargill, 2017a), demeure un joueur important dans le contexte canadien avec un réseau logistique davantage axé sur l’exploitation de silos terminaux que primaires comme c’est le cas chez ses cinq autres concurrents canadiens. En effet, la capacité de son réseau de silos terminaux surpasse la capacité de son réseau primaire (voir tableau 7). Contrairement à Viterra et à Richardson qui n’ont pas d’activités en dehors des secteurs agricoles et agroalimentaires, Cargill est actif dans une diversité de domaines hors du commerce de grain comme la transformation alimentaire, l’énergie et la production de dégivrants et de sels à déglacer (Cargill, 2017c). Un des avantages comparatifs de Cargill demeure l’ampleur de son réseau de vente qui résulte de l’importance des activités de l’entreprise à l’international.

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Quatrièmement, Parrish & Heimbecker est une entreprise canadienne en croissance qui mène une expansion de son réseau logistique de grain. Cette croissance se traduit actuellement par des investissements importants au Port de Vancouver qui, réalisés conjointement avec Paterson Grain, permettront d’ajouter 77 000 tonnes de capacité au Fraser Grain Terminal existant (Dawson, 2016a). Cette augmentation de capacité s’ajoute au réseau logistique existant de l’entreprise qui compte 21 silos primaires concentrés dans les Prairies tandis que son réseau de silos terminaux compte cinq emplacements soit à Owen Sound, Goderich et Hamilton en Ontario ainsi qu’à Vancouver avec l’Alliance Grain Terminal et le Fraser Grain Terminal tous deux réalisés conjointement avec Paterson (voir tableaux 7 et 8 ; Commission canadienne des grains, 2017). L’élément distinctif de Parrish & Heimbecker par rapport à ses concurrents directs concerne l’importance des activités de transformation alimentaire de l’entreprise. En effet, l’entreprise compte deux divisions axées exclusivement sur la transformation du grain, soit P&H Milling Group et New Life Mills, qui comptent respectivement sur un réseau de huit et de cinq meuneries au Canada (P&H Milling Group, 2017 ; New-Life Mills, 2017). Cinquièmement, Louis Dreyfus Company, entreprise néerlandaise implantée dans douze pays, comprend une division canadienne spécialisée dans la mise en marché et la transformation du grain. Son réseau est constitué de dix silos primaires localisés dans les Prairies, un silo de transformation situé en Saskatchewan ainsi qu’un terminal céréalier portuaire privé à Port Cartier (voir tableaux 7 et 8 ; Louis Dreyfus Company, 2016a). Contrairement à tous ses autres concurrents canadiens, l’entreprise rend disponible publiquement les prix du marché pour le grain dans ses bureaux (Louis Dreyfus Company, 2016b).

Tableau 7. Capacité du réseau de silos à grain licenciés du Canada pour les six principales entreprises impliquées dans le commerce du grain, 2017

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Finalement, Paterson Grain, division canadienne de Paterson GlobalFoods Inc, opère un réseau composé de 26 silos primaires, deux silos de transformation et le Alliance Grain Terminal du Port de Vancouver opéré en coentreprise avec Parrish & Heimbecker (Commission canadienne des grains, 2017). Cependant, l’entreprise opère, parmi son réseau de silos primaires, dix points de transbordement dans les Prairies et qui sont dédiés à l’exportation directe vers les États-Unis par voie ferroviaire (Paterson Grain, 2016 ; Paterson Grain, 2017). En somme, les six entreprises opèrent des réseaux logistiques de diverses tailles et compositions selon des stratégies qui diffèrent.

Tableau 8. Classement des entreprises détentrices de licences pour l’exploitation de silos terminaux au Canada selon la capacité totale, 2017

La présente section a permis de définir les spécificités terminologiques, réglementaires, commerciales et corporatives qui permettent de mieux contextualiser les problèmes fondamentaux liés au transport du grain canadien. De plus, deux composantes introduites dans cette section, notamment par rapport au développement du réseau de terminaux

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céréaliers portuaires et à l’évolution du commerce mondial de grain, soulèvent des enjeux fondamentaux pour comprendre le problème au cœur de la présente recherche.