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Évolution des flux maritimes régionaux au Port de Vancouver

Chapitre 3 : Analyse de l’évolution des routes maritimes d’exportation du

3.1.2. Évolution des flux maritimes régionaux au Port de Vancouver

Le Port de Vancouver compte sur une grande diversité de marchés d’exportation pour expédier le grain qu’il manutentionne. À l’exception de l’Océanie, le grain expédié depuis le Port de Vancouver rejoint l’ensemble des grandes régions du monde. Cependant, la prédominance de l’Asie de l’Est, principal marché d’exportation du grain pour le Canada, est particulièrement forte lorsqu’on considère que la moitié des exportations de grain réalisées à partir de Vancouver sont à destination de l’Asie de l’Est, soit le marché naturel du Port de Vancouver (voir tableau 14). L’importance de l’Asie de l’Est pour le développement actuel et futur du Port de Vancouver ne doit pas être sous-estimée.

Tableau 14. Évolution régionale des flux maritimes de grain à partir du Port de Vancouver, 2012 – 2016

Les trois pays d’Asie de l’Est qui importent le plus grain de Vancouver sont, en ordre d’importance, la Chine, le Japon et la Corée du Sud. La Russie importe peu de grain canadien comparativement à ces pays puisque les ports russes desservis par les navires transportant du grain canadien, soit Nakhodka et Vostochnyy, sont situés sur la côte Pacifique du pays loin des grands centres de population situés dans la partie européenne de la Russie (voir figure 6). La tendance à moyen terme observée pour les exportations à destination de l’Asie de l’Est montre une augmentation du nombre de navires, plus spécifiquement de 25 navires entre 2012 et 2016, qui n’arrive pas à compenser la diminution relative et graduelle du poids de l’Asie de l’Est par rapport à la croissance des autres régions comme l’Asie du Sud, l’Afrique et, de manière moins significative, l’Europe (voir tableau 14). Le taux de croissance annuel moyen pour le nombre de navires ayant transporté du grain canadien en Asie de l’Est de 2012 à 2016 est de 2.6%.

L’Amérique latine, qui constituait le deuxième grand marché d’importation de grain canadien jusqu’en 2016, reçoit proportionnellement moins de flux maritimes de grain qu’en 2012. À l’instar de l’Asie de l’Est, l’Amérique latine connaît une croissance moins

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rapide que celle observée notamment en Asie du Sud, en Afrique et en Europe. Néanmoins, la Colombie et le Mexique constituent respectivement les deux principaux marchés d’exportation dans la région, même si leur importance relative tend à diminuer considérant la croissance des exportations vers le Bangladesh et l’Inde et l’importance du transport ferroviaire de grain vers le Mexique. Toutefois, l’Amérique latine demeure un marché crucial pour le Port de Vancouver et les exportateurs de grain canadien malgré son taux de croissance annuel moyen négatif de -2.1% observé entre 2012 et 2016. La situation de l’Asie du Sud, contrairement à celles qui caractérisent les autres régions asiatiques, ne montre pas de fluctuations annuelles tangibles puisque la croissance observée est quasi linéaire d’année en année. Or, l’importance proportionnelle de l’Asie du Sud a presque doublé, passant de 7.3% en 2012 à 13.8% en 2016 sur le plan du nombre de navires accueillis (voir tableau 14). Le taux de croissance annuel moyen, pour la région, est de 24%, ce qui constitue le deuxième taux le plus élevé observé pour les flux régionaux de grain issu du Port de Vancouver.

L’Asie du Sud-Est, quant à elle, tend à stagner davantage avec un nombre de navires qui fluctue d’une année à l’autre, mais qui, en moyenne, accueille 4% des flux d’exportation de grain à partir du Port de Vancouver. Le taux de croissance annuel moyen régional se chiffre à 6.5%, bien que le nombre relativement bas de navires doit être considéré dans l’interprétation de ce taux. L’augmentation du nombre de navires, de 2012 à 2016, est seulement de 4 navires. Cependant, il y a eu un pic significatif en 2015 avec 32 navires, ce qui représente 6% de la flotte de navires ayant transporté du grain de Vancouver au cours de la même année (voir tableau 14).

L’Afrique montre un tout autre portrait puisque la région connaît la croissance régionale la plus forte ayant été observée au cours de la période étudiée. La croissance observée provient essentiellement des pays du Maghreb comme l’Algérie et le Maroc. En proportion, le nombre de navires à destination de l’Afrique a plus que quadruplé au cours de la période de référence, passant de 6 navires en 2012 à 32 navires en 2016 (voir tableau 14). Le taux de croissance annuel moyen, qui se situe à 52%, est le double de celui observé en Asie du Sud en plus de révéler une croissance extrêmement rapide des mouvements de grain vers la région.

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À l’inverse, le cas du Moyen-Orient révèle une situation qui va directement à l’encontre de la tendance à la croissance observée ailleurs dans le monde. En effet, les mouvements de navires vers le Moyen-Orient affichent un déclin depuis 2012 puisque le nombre de navires est passé de 22 en 2012 à 16 en 2016 (voir tableau 14). En proportion, il s’agit d’une diminution de 2.3% du poids de la région au cours de la période étudiée. Ce déclin est encore plus prononcé dans le cas de l’Irak et des Émirats arabes unis qui ont tous les deux diminué considérablement leurs importations de grain canadien en provenance du Port de Vancouver. La situation particulière de pays comme l’Irak, aux prises avec plus d’une décennie de guerre en plus d’un conflit civil avec les groupes armés en insurrection dans la région, est partiellement en cause pour expliquer ce déclin compte tenu de l’instabilité économique et des migrations forcées vers d’autres pays qui, rappelons-le, sont d’une ampleur sans précédent à travers l’ensemble de la région (Doocy et al, 2011). Le taux de croissance annuel moyen, qui est négatif, se chiffre à -7.7% ce qui constitue le taux le plus bas observé pour les flux régionaux de grain à Vancouver.

L’Europe connaît des fluctuations annuelles qui s’expliquent par la concurrence des autres ports céréaliers canadiens et internationaux, notamment les ports de la côte Est et les ports ukrainiens, qui sont mieux localisés pour desservir, à moindre coût, le marché européen qui constitue leur marché naturel d’exportation. La région a connu des pics en 2013 et en 2016, accueillant respectivement 15 et 16 navires, tandis que certaines périodes creuses, notamment en 2012 et 2015, sont observables à travers les données (voir tableau 14). Les principaux marchés d’exportation de cette région, pour le Port de Vancouver, sont l’Italie et l’Espagne. Le taux de croissance annuel moyen se chiffre à 23%. Cependant, il est essentiel de tenir compte des fluctuations annuelles et du nombre proportionnellement bas de navires comparativement aux autres régions.

La dernière région étudiée, l’Océanie, est sporadiquement approvisionnée en grain issu de Vancouver. Cependant, il n’y a pas de croissance à noter puisque toutes les années, à l’exception des années 2013 et 2015 qui ont respectivement accueilli un et quatre navires à destination de l’Australie, n’ont pas reçu de navires chargés de grain à Vancouver (voir tableau 14). Ce constat résulte principalement de son rôle dans le commerce mondial du grain en tant que région exportatrice au même titre que le Canada.

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