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Profil des élus et sources de promotion : traits de stabilité

Partie I. Le choc électoral de 2012 : L’effondrement du PASOK et la fin du bipartisme traditionnel

Section 3. Profil des élus et sources de promotion : traits de stabilité

Examiné sous l’angle de la composition sociale et des types de carrière, le profil du personnel politique manifeste une grande stabilité au cours de la Troisième République. Le champ politique présente, alors, de fortes modalités de reproduction, au sein desquelles les partis politiques jouent un rôle primordial. Cette image n’est que partiellement remise en cause en 2012, fait qui nous incite à mieux saisir l’ampleur et les limites du séisme électoral de 2012.

Pour ce qui est de la région du Pirée, les doubles élections de 2012 marquent un renouvellement des personnes élues, dans la mesure où l’effondrement du PASOK et la montée de nouveaux partis ont écarté les députés traditionnels en faveur de nouveaux élus, et cela dans les deux circonscriptions électorales. En ce qui concerne la ville du Pirée, on trouve, en mai 2012, trois nouveaux entrants sur un total de six sièges disputés. Lors des élections de juin 2012, le nombre total des députés élus pour la première fois en 2012 est de quatre sur six, puisque le seul changement par rapport à mai est l’obtention d’un siège par un nouveau candidat de ND aux dépens du siège occupé par le représentant du KKE. Par conséquent, lors des deux

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élections, les six sièges sont partagés au total entre sept différents élus, dont quatre pour la première fois en 2012. Nous observons, alors, que dans la ville du Pirée le taux de renouvellement des députés par rapport à 2009 approche les 60 %. Il est alors intéressant d’observer le parti d’origine de ces nouveaux députés. La moitié d’entre eux est issue de ND et les autres se répartissent entre DIMAR et Aube Dorée. Au contraire, SYRIZA et KKE réélisent des députés sortants, alors que le député d’ANEL est un ex-député de la ND au Pirée. Cela nous montre que le morcellement opéré au niveau de la représentation des partis n’est pas suivi d’un bouleversement total des personnes qui briguent les postes en jeu.

Pour ce qui est du Pirée B', on retrouve, en mai, trois nouveaux entrants sur un total de huit sièges disputés. Lors des élections suivantes, le nombre des députés élus pour la première fois en 2012 reste le même, on décompte alors les mêmes trois nouveaux députés. Le seul changement entre les élections de mai et de juin est l’attribution d’un siège supplémentaire à ND, aux dépens du siège obtenu par le représentant du PASOK. Par conséquent, lors des deux élections, les sept sièges sont partagés par un nombre total de neuf personnes différentes, dont trois sont élues pour la première fois en 2012. Le taux de renouvellement au Pirée B' par rapport aux élections de 2009 est alors de 33,3 %, inférieur à la moitié des effectifs. Ces trois nouveaux entrants appartiennent respectivement à SYRIZA (qui fait élire aussi un député sortant), Aube Dorée et DIMAR respectivement. Le PASOK (en mai), ND et le KKE voient réélire des députés sortants lors des deux élections, alors que le député d’ANEL est un ex-député de ND, ce qui relativise l’ampleur du renouvellement dans cette circonscription.

Les données issues de l’ensemble du Pirée sont indicatives de l’image observée au niveau national, où les députés qui sont élus pour la première fois en 2012, représentent la moitié des effectifs parlementaires en juin 2012. La chute du PASOK marque une diminution générale du nombre des députés socialistes occupant un poste depuis 2009. À titre indicatif, les socialistes obtiennent, en 2009, cinq des quatorze sièges de l’ensemble du Pirée, à savoir 35,7 % des sièges en jeu, et se retrouvent sans représentation parlementaire en juin 2012.

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a) Vers un renouvellement des élus politiques au lendemain des

élections ?

Les bouleversements électoraux survenus lors des doubles élections ne conduisent pas directement à un renouvellement profond des élus politiques. L’effondrement du bipartisme traditionnel et l’apparition des nouveaux acteurs dans le Parlement sont accompagnés par deux mouvements parallèles qui donnent la tonalité concernant les tendances de renouvellement des élites politiques. Sans doute, le recul électoral des partis établis, l’entrée des nouveaux partis, ainsi que le renforcement de SYRIZA, laissent entendre une augmentation du nombre des nouveaux entrants au Parlement. À l’opposé, des facteurs importants pèsent sur la relativisation du renouvellement des élites : d’abord, chez les partis établis en recul électoral, les sièges sont davantage occupés par des élus sortants, ce qui contribue à une faible variation des profils. En outre, le fait qu’une série des nouveaux partis sont des scissions partisanes conduit à un certain recyclage de députés sous d’autres étiquettes partisanes, une deuxième raison pour laquelle le séisme électoral n’est pas forcément accompagné d’un renouvellement profond du profil des élites politiques.

(1) Nouveaux entrants et renouvellement du Parlement

Pour ce qui est du taux des nouveaux entrants en 2012, l’image reste partagée. Lors des élections de mai 2012, 45,6 % des députés entrés au Parlement en mai 2012 sont des nouveaux entrants. Pour les élections de juin 2012, le pourcentage des députés qui obtiennent pour la première fois un siège en 2012, mai et juin confondus, est de 52,6 %. Nous constatons alors que la proportion des nouveaux entrants en 2012 reste élevée en comparaison avec les élections des deux décennies précédentes. Le changement n’est comparable qu’avec les premières élections de la Troisième République en 1974 et celles de 1981, toutes les deux marquées par un renouvellement profond du personnel politique.

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Figure 21 : Distribution des nouveaux entrants entre les partis politiques, mai 2012.

Sources : Centre National de Recherches Sociales, Caléidoscope des données sociales http://www.socioscope.gr/#datasets/deputies, notre élaboration.

Envisagée sous l’angle des bouleversements intrapartisans, la question du renouvellement touche de manière différente les partis politiques comme indiqué dans la figure ci-dessus. Globalement, les partis qui reculent électoralement, comme le PASOK, tendent à présenter des bas taux de renouvellement. Au contraire, les partis qui augmentent le nombre des sièges obtenus, créent, naturellement, plus de places aux nouveaux entrants. Les nouveaux élus socialistes représentent 20 % des effectifs totaux en mai 2012 puis, suite au recul supplémentaire du parti en juin 2012 les nouveaux députés représentent 15 % des parlementaires. Néanmoins, le très faible renouvellement des effectifs du PASOK observé en mai et en juin 2012, ne peut pas peser sérieusement sur la composition globale du Parlement, étant donné le nombre réduit de ses députés. L’image qui s’impose dans la composition du Parlement c’est le passage de l’équipe parlementaire socialiste de 160 députés en 2009 à 33 en juin 2012. Une image similaire est observée dans la composition du groupe parlementaire communiste. Le pourcentage des nouveaux entrants représente 40 % des effectifs totaux des députés communistes, lors de l’augmentation de l’influence électorale du parti en mai 2012, mais il chute à 27 % en juin 2012, ce qui montre que les élus déjà établis résistent mieux à la chute électorale.

Au contraire, la multiplication des sièges obtenus par SYRIZA et bien évidemment, l’obtention des sièges par des partis sans présence parlementaire antérieure, comme DIMAR, ANEL ou Aube Dorée, contribuent largement à l’augmentation des nouveaux entrants. SYRIZA

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présente un groupe parlementaire dont 74 % des députés sont élus pour la première fois en 2012. Cependant, comme le parti dispose déjà d’un passé parlementaire, les députés sortants du parti semblent maintenir leurs postes, de sorte que le taux de renouvellement dépend aussi de la taille de la circonscription et du nombre total des sièges disputés. Le pourcentage des nouveaux entrants atteint 60 % pour DIMAR et ANEL, puisque parmi leurs élus, certains avaient déjà obtenu un mandant auparavant, sous le sigle de SYRIZA ou de ND respectivement. Pour ce qui est d’Aube Dorée, le parti obtient des sièges pour la première fois en 2012.

La ND d’autre part se trouve dans une position intermédiaire. La victoire aux élections et l’augmentation du nombre des élus sont accompagnées d’un taux de renouvellement qui représente un tiers de son groupe parlementaire de juin 2012. Au-delà de l’effet de la victoire électorale, le taux de renouvellement démontre aussi l’influence que peuvent exercer les sortants du parti au sein de leurs circonscriptions, puisqu’ils continuent à représenter la partie majoritaire du nouveau groupe parlementaire. Les deux partis qui se trouvent au cœur de la nouvelle configuration bipolaire, à savoir SYRIZA et ND influencent ainsi largement le bilan final de la composition du Parlement puisque le renouvellement de la part de SYRIZA est contrebalancé par la stabilité relative de la ND.

(2) L’âge des élus : vers un renouvellement générationnel ?

La moyenne d’âge au Parlement semble être aussi affectée par l’entrée du nouveau personnel politique au Parlement. La comparaison entre l’âge moyen des députés en 2009 et en juin 2012 nous montre que globalement, le renouvellement des effectifs s’accompagne d’un rajeunissement relatif au niveau générationnel.

141 Figure 22 : Évolution du profil des députés en fonction de l’âge, 2009-2012.

Sources : Centre National de Recherches Sociales, Caléidoscope des données sociales http://www.socioscope.gr/#datasets/deputies.

Une première différenciation des députés élus en 2012 par rapport à ceux élus en 2009 réside dans la diminution globale du nombre des députés nés avant 1950. En outre, la présence des députés nés à partir de 1970 est plus importante dans le Parlement de 2012 où nous observons d’ailleurs une situation inédite, à savoir l’existence d’élus nés après 1980. Cela nous montre alors que la Chambre de 2012 connaît une augmentation des élus qui sont nés pendant la Troisième République. Cependant, dans les deux cas, la plus forte concentration est observée dans les années 1950 et 1960. La tranche d’âge entre 50 et 65 ans continue à rassembler la majorité des élus politiques. Même chose pour la question de l’âge, le rajeunissement du Parlement à la suite des doubles élections suit une tendance déjà existante, sans constituer forcément un changement profond de l’âge moyen des députés. Encore une fois, le rôle des différents partis dans le bilan final semble être crucial. La prédominance des tranches d’âge entre 50 et 65 chez les différents partis esquisse en même temps les limites du changement générationnel survenu en 2012.

Le groupe parlementaire du PASOK connaît une forte concentration de députés nés entre 1950 et 1962, ce qui est conforme, d’ailleurs, avec la prédominance des élus sortants et déjà établis. ND connaît une plus grande dispersion de ses élus en fonction de leur date de naissance puisque les valeurs extrêmes vont de 1944 jusqu’en 1982. Cependant, la plus grande

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partie des élus de ND se trouve aussi concentrée entre les années 1953 et 1968. Pour ce qui est des partis qui ont connu une augmentation de leurs effectifs en 2012, SYRIZA, d’abord, malgré l’augmentation de son groupe parlementaire et l’existence d'élus nés après 1980, concentre une majorité de députés nés entre 1950 et 1965. Les députés du parti ANEL, sont aussi principalement nés entre 1950 et 1965, et, de plus, ils n’ont pas d’élus nés après 1975. Enfin, la composition parlementaire d’Aube Dorée et de DIMAR ne rompt pas avec la distribution classique au niveau de l’âge.

Figure 23 : Distribution des élus au parlement en juin 2012 selon la date de naissance (ND, PASOK, SYRIZA).

Sources : Centre National de Recherches Sociales, Caléidoscope des données sociales http://www.socioscope.gr/#datasets/deputies.

L’image interne des différents partis est assez équilibrée et conforme avec la distribution globale au sein du parlement, ce qui nous indique que l’apparition des nouveaux partis au Parlement, ou de nouveaux élus, ne se traduit pas forcément par l’entrée d’une nouvelle génération d’acteurs politiques. La diminution de l’âge moyen n’est donc pas directement liée à l’entrée au Parlement d’un parti spécifique favorisant les jeunes candidats. Au contraire, nous observons une tendance à la prédominance d'élus nés pendant les décennies 1950 et 1960, conjuguée à une augmentation du nombre des élus nés à partir du milieu des années 1970. Ces données confirment d’ailleurs une tendance plus générale, selon laquelle, les tranches d'âge entre

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45 et 64 ans représentent de façon constante, depuis les années 1990, plus de la moitié des effectifs parlementaires206.

(3) Une opportunité pour les femmes ?

Pour ce qui est de la distribution des députés en fonction du sexe, nous observons une lente progression des élues, puisque lors des élections de juin 2012, les femmes représentent 21,5 % du total des députés élus. Ce pourcentage constitue une amélioration, tant par rapport à mai 2012 lorsque les femmes représentent 17,1 % des effectifs, que par rapport à 2009 où les femmes occupent 18,9 % des sièges. De cette façon, si les doubles élections de 2012 marquent une progression dans la féminisation du Parlement, l’image globale valide le maintien de la sous- représentation féminine que le séisme électoral ne remet pas en question.

La distribution des femmes au sein des différents partis résulte de tendances plus durables et des effets de la conjoncture électorale. La chute du PASOK et la réduction de son groupe parlementaire entraînent aussi une diminution du pourcentage des femmes. En effet, en juin 2012, les femmes représentent 10 % des députés socialistes, ce qui constitue une nette baisse par rapport à 2009 où les députées socialistes en représentaient 24,3 %. Plus largement, la défaite de 2012 inverse la tendance à la hausse que présentait l’évolution du nombre des femmes au sein du groupe parlementaire socialiste : entre 2000 et 2009, les élues socialistes multiplient par 2,4 points le nombre des sièges occupés. Au contraire, la victoire de ND en juin 2012 entraîne une augmentation sensible du pourcentage des élues qui représentent 15,5 % de leur groupe parlementaire. Ce pourcentage constitue la performance la plus élevée de l’ensemble de la décennie 2000, puisque lors des différentes élections depuis 2000, le pourcentage des députées de la ND varie entre 8,6 % et 11,5 % de l’ensemble des élus de la ND.

SYRIZA, d’autre part, constitue le parti avec la plus grande présence de femmes en juin 2012, puisque celles-ci représentent 36,3 % des effectifs parlementaires du parti. L’entrée au Parlement des nouveaux candidats s’accompagne d’une augmentation considérable du nombre des femmes. Néanmoins, il faut aussi noter que SYRIZA présente traditionnellement les

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KAROULAS G., « Η εξέλιξη του δημογραφικού προφίλ και των πηγών ανάδειξης των ελληνικών πολιτικών ελίτ την περίοδο 1989-2009. [L’évolution du profil démographique et des sources de recrutement des élites politiques grecques pendant les années 1989 - 2009] », Greek Elections, Public Opinion and Parties Groupe Conference, Thessalonique, 2013.

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meilleurs pourcentages d’élues au sein de son groupe parlementaire, des pourcentages qui varient entre 15,5 % et 25 % dans les années 2000. Les autres partis qui ont fait leur apparition pour la première fois en 2012 fournissent une image similaire, puisque les femmes occupent 35 % des sièges au sein du groupe parlementaire de ANEL et 26 % au sein de DIMAR. Au contraire, une seule femme est présente dans le groupe parlementaire d’Aube Dorée, l’épouse du fondateur et chef du parti, N. Michaloliakos. Ce phénomène peut être expliqué selon nous par la structure du parti, basée hiérarchiquement sur le modèle des milices207

et la prédominance d’un recrutement masculin208. Enfin, pour ce qui est du KKE, la chute électorale entraîne aussi une diminution du pourcentage des femmes qui représentent 27,3 % du groupe parlementaire en juin 2012. Ce résultat constitue une baisse relative par rapport en 2009 où les élues communistes représentaient 33 % du nombre total des élus communistes.

Une image similaire se reproduit au niveau du Pirée. Au plan local, les doubles élections de 2012 marquent une augmentation du nombre de femmes élues dans les deux circonscriptions du Pirée. Alors qu’en 2009, on ne retrouvait au total que deux femmes élues dans les deux circonscriptions, elles occupent cinq sièges sur quatorze en mai 2012 et quatre en juin.

Tableau 30 : Évolution du nombre des députés élus selon le genre, 2009-2012.

Sources : http://www.hellenicparliament.gr , notre élaboration.

Ces données montrent une tendance plus large qui caractérise le personnel politique moderne en Grèce, au sein duquel les femmes améliorent progressivement leur degré de représentation à des postes électifs, tout en restant cependant en minorité par rapport aux hommes. Si l’on prend en considération la représentation au sein du Parlement, nous observons une tendance à la sous-représentation féminine depuis le début de la Troisième République. Le nombre des femmes élues s'est maintenu autour de 5 % des parlementaires pendant les décennies

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DUVERGER M., Les partis politiques, op. cit., p. 86–91.

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GEORGIADOU V., « Η εκλογική άνοδος της Χρυσής Αυγής. Ψήφος ρεβάνς των επισφαλών και νέες πολιτικές ευκαιρίες [La montée électorale de l’Aube Dorée. Vote - revanche des précaires et nouvelles opportunités politiques] », G. VOULGARIS, I. NIKOLAKOPOULOS (dir.), 2012 le double séisme électoral, Athènes, Themelio, 2014, p. 200–207.

Pirée A' 2009 mai 2012 juin 2012

Hommes 6 4 5

Femmes 1 2 1

Pirée B' 2009 mai 2012 juin 2012

Hommes 7 5 5

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de 1970 et 1980. C’est seulement à partir des années 1990 que la présence des femmes se stabilise autour de 6 % et il faudra attendre 26 ans après la fondation de la Troisième République pour que le taux des femmes atteigne 10 % des parlementaires lors des élections de 2000209.

La lente progression des femmes dans les affaires politiques témoigne à la fois de la persistance des facteurs structurels qui pèsent sur la division sexuée du travail (politique) et aussi des stratégies partisanes qui tendent à pérenniser les inégalités sociales. La monopolisation masculine du champ politique est loin de constituer une particularité nationale. La division sexuée du travail se trouve au cœur de la division entre l’espace public, qui reste largement attribué aux hommes, et l’espace privé qui reste le lieu privilégié des femmes. À titre indicatif, le droit de vote des femmes est accordé pleinement en 1952, tandis que le suffrage universel masculin est instauré depuis 1864210

.

Les facteurs sociaux et les barrières institutionnelles traduisent ainsi les inégalités sociales par une sous-politisation féminine. Les stratégies partisanes quant à la sélection des candidats semblent reproduire ces inégalités. D’une part, la pratique de l’investiture semble valider le plus souvent une position d’influence déjà acquise au sein de l’appareil partisan. La monopolisation masculine des postes d’influence intrapartisane conduit ainsi à la sous- représentation des femmes dans la sélection des candidats. Ces rapports de force sexués se manifestent aussi dans les échéances électorales effectuées sur la base d’un système de listes fermées, comme c’était le cas des élections de 1985 ou de juin 2012. Dans ces cas-là, où les partis politiques peuvent - a priori -privilégier un nombre élevé de femmes dans leurs listes, la tendance générale à la sous-représentation féminine reste immuable.

Les données présentées ci-dessus indiquent que les traits de renouvellement du personnel politique au lendemain du séisme électoral se conjuguent avec une tendance à la reproduction des élites politiques. Les traits les plus forts de reproduction se réfèrent surtout au profil sociodémographique des nouveaux élus. L’augmentation du nombre des femmes et des candidats plus jeunes ne semble pas bouleverser profondément le profil traditionnel des élus au Parlement. Cela nous incite à examiner un second aspect du profil des élus politiques de 2012, à savoir la catégorie professionnelle puisque, celle-ci constitue une variable stable chez les élites politiques

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DRETTAKIS M., Anatomie du Parlement, op. cit., p. 21 ; DRETTAKIS M., Élections parlementaires 1996 et 2000, op. cit., p. 106.

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SAMIOU D., Τα πολιτικά δικαιώματα των Ελληνίδων 1864-1952 Ιδιότητα του πολίτη και καθολική ψηφοφορία [Les droits politiques des Grecques, 1864-1952. Citoyenneté et suffrage universel], Athènes, Sakkoulas, 2013.

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de la Troisième République. Nous examinons alors dans quelle mesure les bouleversements électoraux marquent une rupture dans la reproduction des catégories socioprofessionnelles dominantes, en insistant surtout sur les professions libérales, professions historiquement majoritaires dans le champ politique grec.

b) Que deviennent les catégories professionnelles phares ?

Le Parlement hellénique est historiquement peuplé majoritairement par des professions libérales. Ce constat traverse toute la période de la Troisième République211

. Les professions libérales, avocats en tête, représentent historiquement plus de la moitié des effectifs parlementaires. Les données issues des élections de 2012 montrent que les professions libérales continuent à constituer la majorité parmi les professions présentes au sein du Parlement, même si cette majorité devient moins nette que dans le passé. Dans le tableau suivant nous examinons