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De la chute du PASOK à la remise en cause du bipartisme

Partie I. Le choc électoral de 2012 : L’effondrement du PASOK et la fin du bipartisme traditionnel

Section 3. De la chute du PASOK à la remise en cause du bipartisme

Les doubles élections de 2012 manifestent une dynamique centrifuge qui, s’appuyant sur la division autour du mémorandum, fait voler en éclats la disposition classique des forces électorales entre gauche et droite et bouleverse tant l’offre politique que la répartition géographique et sociale traditionnelle du vote. Nous observons ainsi que les performances électorales sont liées au positionnement des partis sur la question du programme d’ajustement ; de sorte que les deux blocs émergents remettent en question les identifications classiques entre gauche et droite qui structurent depuis la fondation de la Troisième République le système de partis grec. Dans cette première phase, observée lors des élections de mai 2012, les partis s’identifiant au mémorandum, tant de la gauche que de la droite, subissent des pertes considérables, alors que les partis exprimant une offre alternative au programme d’ajustement réussissent à renforcer leur position.

La remise en cause du clivage gauche – droite est le premier mouvement observé qui donne la tonalité aux élections de 2012. Néanmoins, de manière conjointe, comme nous l’avons

DIMAR mai 2012 juin 2012

Pirée 6.07 6.53

Pirée B' 5.87 5.73

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déjà évoqué, la nouvelle disposition des forces électorales se croise avec un autre déplacement effectué par rapport au bipartisme traditionnel, un déplacement qui se réfère aux déterminants sociaux du vote : alors que le bipartisme traditionnel présente depuis le milieu des années 1990 une homogénéisation accrue de sa base électorale, la nouvelle configuration reste marquée par une division géographique et sociale du vote entre les deux camps. Le bloc anti-mémorandum émergent, avec SYRIZA en tête, acquiert un ancrage fort dans l’espace urbain et notamment, chez les catégories populaires des centres urbains. Ce mouvement est accompagné par une meilleure performance du PASOK et de la ND chez les catégories sociales supérieures.

Ceci est davantage illustré lors des élections de juin. Lors de la consultation électorale de juin, la polarisation entre SYRIZA et ND, au-delà d’une concurrence pro ou contre mémorandum, manifeste aussi une polarisation sociale. Une polarisation sociale illustrée clairement dans l’ensemble de l’Attique, où, la comparaison des scores électoraux renvoie à des divisions sociales qui traversent les électorats correspondants. Dans ce cadre, partant du plan national, nous nous focalisons par la suite sur l’espace d’Attique, où ces phénomènes prennent une ampleur considérable étant donnée la centralité de l’Attique dans les rapports électoraux, avant d’examiner les modalités du bouleversement électoral au Pirée, en analysant la manière dont nous passons d’une hégémonie socialiste à la perte des bastions du PASOK et à l’apparition d’un paysage électoral, d’abord éclaté, et puis polarisé entre SYRIZA et ND.

a) Du bipartisme à la multiplication des forces politiques au plan

national

Pour ce qui est du bipartisme traditionnel, celui-ci se trouve profondément désagrégé au niveau national à l'issue du scrutin. Les doubles élections présentent un désalignement électoral profond et un éclatement des forces politiques. La disposition traditionnelle des forces politiques se trouve largement bouleversée à la suite de la chute du PASOK, du recul de la ND, du renforcement de SYRIZA et de l’apparition des nouveaux partis qui arrivent à entrer au Parlement. Le bouleversement électoral touche prioritairement les deux partis qui alternent traditionnellement au pouvoir. Le PASOK (13,2 %) et la ND (18,8 %) obtiennent ensemble, en mai 2012, 32 % des suffrages exprimés, un pourcentage qui constitue un seuil bas historique pour le bipartisme consolidé tout au long de la Troisième République. Le score du PASOK n’est

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comparable qu’avec son score de 1974 atteint à quelques semaines après sa création156

. Le score de la ND, en mai, équivaut presque à la moitié de sa pire performance jusque-là, à savoir les 33,47 % obtenus aux élections de 2009.

Le bouleversement électoral se manifeste, aussi, par le fait qu’aucun parti ne dépasse 20 % des suffrages exprimés en mai 2012. Parallèlement, les votes en faveur des partis qui se trouvent hors du Parlement atteignent 19 % des suffrages exprimés. On retrouve ainsi vingt partis en mai et douze partis en juin qui dépassent le seuil hypothétique de 0,33 % qui leur procurerait un siège, dans le cas de l’application d’une proportionnelle simple, à savoir une distribution sans l’existence du seuil national de 3 % pour la représentation parlementaire157

. La composition du Parlement se trouve modifiée à la suite de la multiplication des partis qui dépassent le seuil national de représentation. La concurrence bipolaire entre le PASOK et la ND et la survie marginale des autres partis de gauche est désormais disparue. On assiste parallèlement à l’éclatement des blocs traditionnels. Le Parlement est composé de sept partis qui dépassent le seuil national de 3 % tant en mai qu’en juin 2012. Parmi eux, comme le note G. Stathopoulos, trois partis font leur apparition, pour la première fois au parlement, face aux trois seuls partis qui ont une présence stable au Parlement depuis 1974, à savoir le PASOK, la ND et le KKE158.

156

CLOGG R., Parties and elections in Greece: the search for legitimacy, London, Hurst, 1987.

157

DIAMANTOPOULOS T., Les systèmes électoraux aux présidentielles et aux législatives, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2004, p. 64.

158

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Tableau 13 : Évolution des résultats électoraux, niveau national 2009-2012 (en % des suffrages exprimés).

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

Figure 4 : Évolution du bipartisme au niveau national pendant la Troisième République.

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

Voix % Voix % Voix %

PASOK 3.012.542 43.92 19.624 13.18 756.024 12.28 ND 2.295.719 33.47 1.192.103 18.85 1.825.497 29.66 KKE 517.249 7.54 536.105 8.48 277.227 4.5 LAOS 386.205 5.63 182.925 2.89 97.099 1.58 SYRIZA 315.665 4.6 1.061.928 16.79 1.655.022 26.89 Aube Dorée 19.624 0.29 440.966 6.97 426.025 6.92 ANEL 671.324 10.62 462.406 7.51 DIMAR 386.394 6.11 384.986 6.52 Abstention 29.1 34.9 37.6 2009 mai 2012 juin 2012

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Figure 5 : Résultats des élections nationales 2009 (en % des suffrages exprimés).

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

Figure 6 : Résultats des élections nationales mai 2012 (en % des suffrages exprimés).

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Figure 7 : Résultats élections nationales juin 2012 (en % des suffrages exprimés).

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

Les élections de juin confirment la chute de la configuration antérieure et les tendances de recomposition multipartite du paysage politique. À la chute du bipartisme traditionnel, en mai, succède, lors des élections suivantes, une polarisation exprimée, cette fois, entre la ND et SYRIZA qui constituent, désormais, les deux partis arrivant en tête des suffrages. Les élections de juin ont lieu dans un contexte de polarisation intense, concernant les plans d’ajustement et la place du pays dans l’architecture européenne. Cette polarisation s'exprime dans le dilemme « euro ou drachme » dont l'intensité est comparable avec celle des élections de 1981 qui ont marqué la fin de la domination électorale de la ND en faveur du PASOK159. L’augmentation

spectaculaire des pourcentages de SYRIZA (26,89 %) et le renforcement de la ND (29,66 %) valide la polarisation du scrutin de juin et la tendance au ralliement du corps électoral autour de ces deux partis qui rassemblent au total 56,55 % des votes. Par conséquent, après la profonde fragmentation des élections de mai, nous observons en juin la tendance à l'établissement d’une nouvelle concurrence bipolaire pour le pouvoir, entre la ND et SYRIZA.

Malgré l’apparition de cette nouvelle concurrence bipartite pour le pouvoir, la dispersion des forces politiques continue à constituer la caractéristique centrale des élections de 2012, par

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rapport au passé. Les caractéristiques d’une configuration multipartite s’esquissent lors des élections de mai et elles se maintiennent en juin, malgré le renforcement simultané de SYRIZA et de la ND. Ce multipartisme émergent semble correspondre aux deux critères posés par G. Sartori concernant les systèmes multipartites. On y trouve, d’une part, le critère quantitatif : le morcellement du système augmente le nombre total des partis pertinents, à savoir les partis qui peuvent potentiellement influencer la formation d’un gouvernement par leur collaboration ou par leurs marges de chantage160. D’autre part, outre le nombre de partis, c’est aussi la distance

idéologique qui se trouve affirmée dans cette nouvelle composition parlementaire, distance qui se trouve en liaison avec le critère qualitatif proposé par G. Sartori afin de mieux appréhender la fragmentation éventuelle du système de partis. Dans notre cas, le poids spécifique de SYRIZA et la consolidation d’Aube Dorée lors des deux scrutins permettent de concevoir la configuration naissante comme une configuration pluraliste polarisée161.

Tableau 14 : Composition du Parlement en mai et juin 2012.

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

La chute spectaculaire du PASOK, et par là même du bipartisme, ne doit pas occulter les différenciations observées dans le comportement électoral selon les différents registres d’analyse. Le PASOK et la ND obtiennent en mai de manière cumulée leurs scores les plus bas en Attique (environ 22 %), alors que leurs scores restent, dans les centres urbains, durablement inférieurs à ceux de leur moyenne nationale. C’est seulement dans l’espace semi-urbain et rural où le pourcentage cumulé du bipartisme traditionnel varie entre 35 % et 40 % parce que la ND a pu maintenir des scores supérieurs à 20 %162

.

Ce phénomène rappelle, dans un premier temps, que la variable géographique et sociale peut être retenue pour la compréhension de l’effet différencié du choc électoral en fonction de l’espace. Depuis le travail pionnier d’A. Siegfried, on admet que l’espace géographique urbain

160

SARTORI G., Partis et systèmes de partis: un cadre d’analyse, traduit par Paul-Louis VAN BERG, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1976, p. 404–410.

161 Sur le pluralisme polarisé voir Ibid., p. 194–206. 162

KOUSTENIS P., « Déstructuration et restructuration des identifications partisanes », op. cit., p. 86.

ND SYRIZA PASOK ANEL KKE Aube Dorée DIMAR

108 52 41 33 26 21 19

ND SYRIZA PASOK ANEL Aube Dorée DIMAR KKE

129 71 33 20 18 17 12

Distribution des sièges mai 2012

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ou rural est porteur d’une série de propriétés sociales distinctes qui doivent être prises en considération dans l’analyse du comportement électoral163

. Lors des élections de mai, une opposition entre espace urbain et espace rural se manifeste sur la distribution géographique des votes en faveur des deux partis du pouvoir. Cette opposition, malgré le recul général des deux partis établis, vient prolonger et même aggraver une tendance déjà manifestée lors des élections de 2009 où les deux partis ont aussi obtenu dans les centres urbains et notamment en Attique, des scores inférieurs à leur performance nationale. D’autre part, la persistance de cet écart géographique semble défier l'homogénéisation géographique de l’influence électorale du PASOK et de la ND, un phénomène qui constituait une référence stable dans la géographie électorale du système de partis grec depuis les années 1980, en rupture avec la tradition électorale de l’après-guerre164

.

Lors des élections polarisées de juin nous observons deux mouvements parallèles au niveau de la distribution électorale concernant la nouvelle configuration. D’abord, nous observons la diminution de l’écart entre espace rural et urbain. Ceci est largement dû au recul supplémentaire du PASOK dans l’espace rural, un recul qui se réalise majoritairement en faveur de SYRIZA. En effet, SYRIZA arrive à accroître son influence dans l’espace semi-urbain et rural pendant les élections de juin et à enregistrer une augmentation qui se stabilise autour de 10 % par rapport à l’échéance électorale de mai. D’autre part, le renforcement important de la ND dans les centres urbains a pesé gravement sur l’homogénéisation des résultats au niveau national. L’augmentation de l’influence électorale de la ND dans les grands centres urbains et notamment en Attique lui procure finalement la première position aux élections de juin.

Ces constatations se retrouvent plus largement dans l’espace urbain de l’Attique. Les élections de mai 2012 marquent la fin du bipartisme traditionnel dans l’ensemble du bassin de l’Attique, à la suite de l’effondrement du PASOK (8,7 %), de la chute de la ND (13,07 %) et de la multiplication de la force électorale des autres partis. Puis, en juin, nous observons en Attique une tendance à la concentration des voix entre SYRIZA et la ND. Ces deux partis obtiennent ensemble 57 % des suffrages exprimés dans les circonscriptions électorales d’Athènes et du

163

SIEGFRIED A., Tableau politique de la France de l’Ouest sous la Troisième République, 2ème édition., Paris, L’Harmattan, 1964.

164

NIKOLAKOPOULOS I., « Η εκλογική επιρροή των πολιτικών δυνάμεων [L’influence électorale des forces politiques] », C. LYRINTZIS, I. NIKOLAKOPOULOS (dir.), Élections et partis dans les années 1980, Athènes, Themelio, 1990, p. 203–237.

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Pirée. La polarisation autour de SYRIZA et de la ND présente ici des caractéristiques de découpage socioprofessionnel encore plus claires.

La polarisation autour de SYRIZA et de la ND constitue un des mouvements électoraux inscrits dans le corps électoral de l’Attique. Au-delà de cette première constatation, la performance des autres partis ne semble pas se structurer autour du clivage gauche – droite, au contraire, elle défie la distribution géographique classique du vote. L’étude des résultats sous l’angle de l’opposition pour ou contre le Mémorandum met en évidence des phénomènes de désalignement électoral comme l’attestent la forte présence des partis comme Aube Dorée ou ANEL dans la zone ouest de l’Attique, ou la meilleure performance du PASOK et de DIMAR dans la zone côtière bourgeoise du bassin et dans la zone nord-est par rapport aux couches populaires d’Attique.

Tableau 15 : Résultats électoraux (en %) en juin 2012 selon l’opposition pour /contre Mémorandum dans le bassin d’Attique.

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

Les trois principaux partis qui se positionnent pour le mémorandum et qui forment à la suite des élections de juin 2012 une coalition gouvernementale, à savoir la ND, le PASOK et DIMAR, présentent cumulativement une géographie électorale particulièrement déséquilibrée : leur domination réside principalement sur des scores majoritaires obtenus dans la zone des classes supérieures du nord-est ainsi que dans les quartiers bourgeois de la zone côtière. Au contraire, leur influence est sensiblement affaiblie chez les couches salariales d’Attique qui se trouvent principalement concentrées dans la zone ouest ainsi qu’au Pirée B’, des zones où la prédominance du bloc anti-Mémorandum se présente comme largement majoritaire.

Nous constatons alors que le renforcement mutuel de la ND et de SYRIZA dans l’espace urbain ne suit pas un schéma homogène, au contraire, il procède d’une dichotomie : dans l’Attique, SYRIZA domine dans les quartiers des couches populaires et moyennes en absorbant la plus large partie des pertes des socialistes, alors que la ND augmente ses scores davantage dans les quartiers des couches moyennes et supérieures. Ces élections révèlent ainsi une augmentation de l’écart socio-économique répandu au sein des centres urbains. Cela permet de revenir sur une autre variable explicative du comportement électoral, à savoir l’appartenance socio-économique qui est conçue depuis les travaux classiques de l’Université de Columbia

Athènes Pirée A' Zone nord-est Zone côtière Zone ouest Pirée B'

PASOK / ND / DIMAR 46.9 42 52.8 48.6 35.3 32.2

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comme prédictive de l’orientation électorale165

. Nous voyons ainsi à quel point la question du mémorandum recoupe de manière transversale la répartition sociale du vote, de sorte que l’écart entre les deux blocs émergents comprenne, non seulement une division politique, mais également sociale, voire de classe166

.

SYRIZA augmente davantage ses pourcentages dans la zone ouest de l’Attique où ses pourcentages atteignent ou dépassent 35 % des suffrages exprimés. Au contraire, sa force électorale se présente plus restreinte dans les zones de l’Attique aux revenus supérieurs, à savoir les banlieues de nord-est167

. Cet écart dans la distribution des voix en faveur de SYRIZA est complété par le positionnement de la ND qui connaît une distribution des voix aux antipodes de SYRIZA. La ND atteint et dépasse 30 % dans les couches moyennes et supérieures des quartiers du nord et nord-est de l’Attique, alors que son influence dans la zone ouest varie entre 15 % et 23 %. De cette façon, l’influence électorale de la ND entre la zone ouest et la zone nord-est présente un écart de 18,2 %, fait qui constitue un phénomène inédit dans son histoire électorale168. En ce sens, la distribution des voix en juin entre SYRIZA et la ND rappelle, même de manière moins nette, la polarisation sociopolitique des années 1980 entre le PASOK et la ND. Le cas du Pirée reste illustratif des phénomènes analysés jusqu’ici, à savoir de l’effondrement du bipartisme traditionnel et de l’émergence d’une nouvelle configuration politique qui articule la division concernant le mémorandum avec une implantation socialement polarisée des deux camps.

b) La désagrégation du bipartisme au Pirée : polarisation

politique et sociale autour du mémorandum

Les doubles élections de 2012 ne mettent pas seulement en évidence la fin de la domination socialiste au Pirée, elles marquent, aussi, une brèche dans la configuration bipartite observée au plan local. En effet, lors de ces élections, les deux piliers du bipartisme voient leurs pourcentages reculer dans l’ensemble de la région du Pirée. La chute du PASOK et de la ND, même si elle n’est pas équivalente pour les deux partis, semble conditionner le sort de la

165

LAZARSFELD P., B. BERELSON, et H. GAUDET, The People’s Choise, How the Voter makes up his Mind in a Presidential Campaign, 2ème., New York, Columbia University Press, 1948.

166

VERNARDAKIS C., « En Grèce, le retour du vote de classe ? », Savoir/Agir, 2012, vol. 22, no 4, p. 105–110.

167

KOUSTENIS P., « Déstructuration et restructuration des identifications partisanes », op. cit., p. 114.

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configuration bipartite au plan local. C'est pourquoi nous soutenons que la chute du bipartisme se double de la désagrégation du PASOK comme de la ND169. En effet, la chute du PASOK n’a pas engendré mécaniquement une hausse des pourcentages de la ND, ce qui n'a pas permis à la dynamique du bipartisme de se maintenir.

De manière parallèle au PASOK, la ND recule aussi au Pirée, ce qui provoque définitivement la fin de la configuration bipartite traditionnelle. Si la chute du PASOK est liée à une reconfiguration plus large des forces de gauche au Pirée, l’incapacité de la ND à attirer les électeurs socialistes qui se détournent du PASOK et la chute de ses propres pourcentages contribuent à la volatilité électorale et à l’entrée en scène d’autres partis. La chute de la ND semble ainsi importante dans la compréhension de la chute du bipartisme et de la nouvelle configuration naissante.

La ND subit en 2012 une diminution de son influence électorale. Les scores du parti lors des élections de mai 2012 représentent la force électorale la plus basse historiquement, depuis la fondation du parti en 1974. Dans la région du Pirée, les pourcentages de la ND représentent environ un tiers de sa force électorale de 2009. Pour ce qui est de la ville du Pirée, le parti obtient en mai 2012 14 330 voix. Ce résultat correspond à 14,5 % des suffrages exprimés et place ND en deuxième position derrière SYRIZA. Ce score représente cependant la moitié de son influence électorale de 2009 où le parti obtient 31 811 voix en sa faveur, correspondant à 30,6 % des suffrages exprimés. Le recul du parti est encore plus profond au Pirée B’ où il obtient, en mai 2012, 17 659 voix en sa faveur, ce qui correspond à 9,7 % des suffrages exprimés. La comparaison avec les élections précédentes illustre la baisse de la force électorale du parti. Lors des élections de 2009, la ND recueille au Pirée B’ 42 978 voix, obtenant ainsi 23 % des suffrages exprimés. Lors des élections de juin, la ND réussit à améliorer sa performance électorale, en obtenant 27,5 % des suffrages exprimés dans la ville du Pirée et 18,6 % des suffrages exprimés au Pirée B’.

Par conséquent, les scores cumulés du PASOK et de la ND représentent en mai 2012 22,7 % des suffrages exprimés dans la ville du Pirée et 17,9 % au Pirée B’. Lors de la consultation de juin, le taux des deux partis atteint 35,5 % des suffrages exprimés au Pirée et 26,5 % au Pirée B’. L’image de la chute généralisée du bipartisme se lit aussi au niveau

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municipal. Le tableau suivant nous fournit une image plus concrète du recul des partis établis