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L’effondrement électoral du PASOK au Pirée et au plan national

Partie I. Le choc électoral de 2012 : L’effondrement du PASOK et la fin du bipartisme traditionnel

Section 1. L’effondrement électoral du PASOK au Pirée et au plan national

Les doubles élections de 2012 constituent pour le PASOK une défaite électorale de premier ordre. Entre 2009 et mai 2012 le PASOK perd plus de deux millions d’électeurs. La performance électorale du parti semble encore s’aggraver lors des élections organisées un mois plus tard, consécutivement à l’incapacité des partis arrivés en tête à former un gouvernement.

Encadré 1 : Notes sur le système électoral

Les élections législatives désignent les 300 députés siégeant au Parlement. Selon la loi électorale, modifiée en 2008, parmi les 300 députés, 250 sont élus à la proportionnelle dans les différentes circonscriptions électorales, alors que 50 sièges sont attribués automatiquement au parti arrivant en tête des suffrages au niveau national135. Le pays est divisé en 56 circonscriptions électorales, chacune élisant un nombre défini de députés en fonction de sa population. La répartition des sièges est fonction des suffrages rassemblés par les candidats et leurs partis respectifs tant au niveau de la circonscription qu’au niveau national. Un seuil de 3% des suffrages exprimés au niveau national est nécessaire pour qu’un parti puisse entrer au Parlement. Les sièges sont repartis entre les différents partis selon un système par quotient136. La Constitution (article 54) prévoit qu’une partie du Parlement, inférieure d’un vingtième de

l’ensemble des effectifs, est élue dans l’ensemble du pays, en fonction de la force électorale de chaque parti dans l’ensemble du territoire. À côté des 56 circonscriptions électorales, nous pouvons supposer qu’il existe une circonscription nationale qui élit 12 députés, repartis en fonction du nombre total des suffrages obtenus par chaque parti. On dénomme ce type de députés « députés d’État », suivant le terme hellénique « βουλευτές Επικρατείας ». Au niveau pratique du vote, chaque parti présente son propre bulletin de vote où s’inscrivent les noms des candidats. Nous retrouvons ainsi un système proche du scrutin plurinominal avec un vote préférentiel : l’électeur peut déposer dans l’urne un seul bulletin qui correspond à un seul parti. L’électeur peut choisir parmi les candidats celui de son choix en opposant une croix à droite du nom du député choisi. En fonction de la taille de la circonscription et du nombre des députés élus, les électeurs peuvent choisir parmi plusieurs candidats en mettant une ou plusieurs croix, sans pouvoir mettre plusieurs croix à un seul candidat. De cette façon, lors de ce type de scrutin, les électeurs votent tant pour le parti, que pour le candidat souhaité. Dans des cas, où les élections ont lieu avant l’achèvement de dix-huit mois depuis les élections précédentes, comme celui du juin 2012, les listes

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PARLEMENT HELLÉNIQUE, Εκλογή βουλευτών [Élection de députés] Loi 3231/2004, 2004 ; PARLEMENT HELLÉNIQUE, Τροποποίηση του ν. 3231/2004 «εκλογή βουλευτών» [Modification de la loi 3231/2004 « Élection de députés »] Loi 3636/2008, 2008.

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des candidats sont bloquées, c’est-à-dire que les électeurs ne votent pas pour les candidats mais pour une liste137, et l’élection des députés s’effectue sur la base de l’ordre de présentation dans le bulletin.

Lors de la consultation électorale du 17 juin 2012, le PASOK recule à 12,28 % des suffrages exprimés soit 756 024 voix favorables. Le PASOK continue, néanmoins, à se trouver en troisième position en termes d’influence électorale derrière la Nouvelle Démocratie et SYRIZA.

Figure 1 : Évolution électorale du PASOK 1981-2012 (en % des suffrages exprimés).

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

Comme conséquence de sa chute électorale, le parti perd en même temps l’essentiel de ses effectifs au Parlement. En mai 2012, le PASOK réussit à faire élire 41 députés. Le recul du parti aux élections de juin engendre une réduction supplémentaire des sièges obtenus. Le parti se retrouve en juin 2012 avec 33 députés, c’est-à-dire avec une équipe parlementaire qui ne représente que 20,6 % de sa force parlementaire de 2009 où les socialistes avaient obtenu 160 sièges.

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La chute brutale des scores électoraux du PASOK en mai et juin 2012 soutient l’idée que ces élections prennent un caractère référendaire pour les socialistes. Le PASOK, au pouvoir depuis 2009 et introducteur du programme d’ajustement économique et structurel se trouve ainsi sanctionné par l’électorat, ce qui a comme résultat le recul profond de sa force électorale. Nous retrouvons ici l’approche du vote économique selon laquelle les années d’austérité et de récession économique influencent directement le parti au pouvoir. Cependant, si le cas du PASOK est spectaculaire, nous observons que l’ensemble des partis soutenant les programmes d’ajustement, en d’autres termes, l’ensemble des partis qui se positionnent pro-mémorandum trouvent leurs forces diminuées.

Néanmoins, derrière l’effondrement généralisé du PASOK, nous observons des phénomènes quant à la géographie électorale émergente qui méritent d’être analysés. L’effondrement du PASOK ne s’effectue pas de manière homogène, au contraire, nous observons des tendances différentes en fonction de l’espace et de la catégorie sociale de l’électorat. D’une part, le PASOK recule davantage dans l’espace urbain et les quartiers populaires qui constituent traditionnellement des bastions traditionnels. En même temps, le déplacement d’électeurs ne s’effectue pas sur la base de l’axe gauche - droite, mais davantage sur l’axe pro ou contre mémorandum. On trouve ici une clé pour la compréhension de la configuration émergente. Si la question du vote économique pose un cadre général, des traditions d’analyse électorale axées sur les propriétés sociales de la base électorale du parti se relèvent nécessaires pour la compréhension des bouleversements survenus en 2012.

a) Aspects de l’effondrement socialiste au plan national : les

ruptures dans le vote socialiste

L’effondrement électoral du PASOK en 2012 révèle deux mouvements électoraux principaux au niveau national. Le premier est que la chute du PASOK apparaît plus forte dans les centres urbains que dans l’espace rural. Dans ce cadre, malgré le caractère global et spectaculaire de la chute du PASOK, il est intéressant de voir que le parti subit des pertes plus importantes dans le bassin de l'Attique (8,84 %) que dans le reste du pays (15,1 %)138

. Plus largement, le parti

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KOUSTENIS P., « Αποδόμηση και αναδόμηση των εκλογικών ταυτίσεων [Déstructuration et restructuration des identifications électorales] », G. VOULGARIS, I. NIKOLAKOPOULOS (dir.), 2012 le double séisme électoral, Athènes, Themelio, 2014, p. 86.

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subit des pertes importantes dans les grands centres urbains comme l’Attique, Thessalonique et les villes peuplées de plus de 50 000 habitants selon le recensement de 2011139. Dans ces centres urbains, son influence fluctue entre 9 % et 11,8 %. Au contraire, lors des élections de mai 2012, le parti obtient dans l’espace urbain des résultats qui varient entre 11,4 % dans les petits et moyens centres urbains (10 000-49 000 habitants), de 14 % dans les régions semi-urbaines (2 000 à 9 999 habitants) et 17,7 % dans les régions agricoles (moins de 2 000 habitants)140

. Le deuxième mouvement, observé déjà au Pirée et en Attique, se réfère à l'effondrement du PASOK à l’intérieur de l’espace urbain. Nos recherches montrent que le recul du PASOK est plus important dans les villes populaires que dans les banlieues de classes moyennes et supérieures. La sanction du parti dans l’espace urbain de la capitale paraît être plus forte de la part des catégories sociales semblant être plus exposées aux répercussions de l’austérité. En ce sens, l’effondrement du parti dans l’espace urbain de l’Attique, même généralisé, illustre d’abord la rupture du parti avec son électorat privilégié141. Ce phénomène nous incite à postuler que l’introduction du programme d’ajustement dans le pays par les socialistes a contribué à l’effondrement de sa performance électorale et notamment dans les couches de la population qui disposaient déjà d’un capital économique et social plus faible : le PASOK recule davantage dans les lieux de référence du vote socialiste dans l’espace urbain, à savoir les quartiers populaires.

La chute du parti est survenue de manière plus sensible dans les villes populaires de l’Attique que dans les zones bourgeoises où le pourcentage des voix socialistes se trouve plus résiliant, pourtant c’est dans les premières que le PASOK obtenait traditionnellement ses scores les plus élevés. Cela se manifeste tant dans le cadre de l’Attique que dans le cas du Pirée, où nous avons la possibilité d’examiner le sort d’un bastion électoral socialiste dans l’espace urbain. En Attique, l’appartenance socio-économique se conjugue avec la distribution géographique de la population. Cela signifie que les différentes catégories sociales, dans ce cas-là les catégories supérieures et les classes populaires, sont majoritairement concentrées dans leurs propres quartiers. Comme le souligne T. Maloutas, « À Athènes, le taux de catégories

socioprofessionnelles moyennes et élevées habitant dans ses « propres » quartiers est plus que

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Enquêtes basées sur le recensement de 2011, http://www.statistics.gr/el/2011-census-pop-hous, dernière consultation le 08.06.2017.

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KOUSTENIS P., « Déstructuration et restructuration des identifications partisanes », op. cit., p. 86.

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Inspirés des travaux d’analyse électorale grecs, nous prenons le bassin d’Attique comme un point de référence supplémentaire, puisqu’il représente environ l’un tiers du corps électoral national et il constitue un centre urbain de première taille. VOULGARIS G. et I. NIKOLAKOPOULOS (dir.), 2012 le double séisme électoral, op. cit., p. 85–91.

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doublé par rapport à leur taux d’habitation dans la ville (53 % contre 24,5 %) ; le taux des ouvriers - artisans habitant dans les quartiers ouvriers est presque le double du taux d’habitation dans la ville (51 % contre 31 %)142

», fait qui a comme résultat le chevauchement de la division géographique de l’espace avec une ségrégation sociale.

Cela nous donne un découpage de l’Attique en zones différenciées en fonction de la stratification sociale de leurs habitants, découpage qui coincide dans ses grandes lignes avec le découpage administratif de l’Unité Périphérique de l’Attique (ancienne région) qui est presenté dans la carte suivante. Schématiquement, en suivant les travaux des géographes et des politistes, mis à part les villes peu homogènes d’Athènes et du Pirée, nous distinguons, dans un premier temps, les banlieues de la zone nord-est où se trouvent concentrées majoritairement des catégories socioprofessionnelles élevées, aux revenus les plus hauts du bassin d’Attique143

. Puis, nous pouvons distinguer les quartiers de la zone côtière qui sont majoritairement peuplés par des catégories moyennes et élevées. La zone sud-est est classifiée comme une région à forte concentration de classes moyennes et de petite bourgeoisie. Aux antipodes de cette situation nous trouvons la zone ouest de l’Attique, foyer de concentration des couches salariales à faibles revenus. Pirée B’, situé au sud-ouest de l’Attique, suit la stratification sociale de la zone ouest avec une forte concentration de couches salariales.

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MALOUTAS T. (dir.), Κοινωνικός και οικονομικός άτλας της Ελλάδας [Atlas social et économique de la Grèce], Athènes - Volos, EKKE - Centre National de Recherches Sociales - Presses Universitaires de Thessalie, 2000, p. 47.

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Carte 4 : Unité Prériphérique de l’Attique (ancienne région) et secteurs administratifs.

Source : http://www.patt.gov.gr. En jaune : Athènes-centre, Rouge : zone Nord-est, violet : Pirée et banlieues, rose foncé : zone ouest, vert : zone côtière (sud).

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La différence des résultats entre la zone ouest du Pirée et Athènes ainsi que les quartiers de classes moyennes et supérieures illustre les aspects de l’effondrement socialiste que l'on peut lire dans l’analyse du score électoral du PASOK dans différentes municipalités qui représentent des ensembles socialement différenciés. Dans les municipalités du nord et nord-est, marquées par la surreprésentation des classes supérieures, le parti obtient 9,1 % des suffrages exprimés. Il maintient ainsi environ un tiers de son influence traditionnelle dans cet espace qui constitue historiquement un espace privilégié de la ND. Puis, dans les villes du sud-est il obtient cumulativement un des scores les plus élevés dans l’espace de l’Attique, à savoir 9,6 %. Dans la zone côtière, le parti obtient une représentation de 8,6 % équivalente à son influence dans la zone ouest (8,6 %) où la force électorale du parti est diminuée par trois quarts par rapport à 2009144

. Dans ce cadre, nous comprenons dans quelle mesure le pourcentage de 8,1 % obtenu comme moyenne du parti au Pirée B’ doit être conçu comme la perte d’un bastion socialiste en Attique.

Tableau 3 : Évolution de l’influence électorale du PASOK en Attique, 1993-2012.

Source : Koustenis P., « Déstructuration et restructuration des identifications partisanes », op. cit., p. 93 et 113.

Les caractéristiques de l’effondrement socialiste dans l’espace urbain, à savoir des scores variables selon la composition sociale de l’électorat, sont illustrées dans le cas du Pirée. En général, la géographie électorale du PASOK au Pirée exprime et parfois multiplie les propriétés du vote socialiste et souligne la rupture avec le passé et les ancrages traditionnels du vote socialiste. Le PASOK non seulement perd sa place prédominante dans l’ensemble du Pirée, mais les élections font ajuster les scores du parti dans les deux circonscriptions du Pirée145 : ceci

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KOUSTENIS P., « Déstructuration et restructuration des identifications partisanes », op. cit., p. 93.

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Pour ce qui est de la dénomination des deux circonscriptions, nous suivons le paradigme du Ministère de l’Intérieur : nous nous référons à la circonscription Pirée A’ (Πειραιώς Α΄) et Pirée B’ (Πειραιώς Β’). Le Pirée A’ comprend la ville de Pirée et les îles voisines du golfe de Saronique. La tradition d’analyse électorale grecque prend la municipalité du Pirée comme point de référence de la circonscription, puisque les résultats des îles exercent une influence quasi-inexistante dans les résultats finaux. De cette manière, dans l’analyse des résultats électoraux, la municipalité du Pirée coïncide avec la circonscription du Pirée A’. Pour ce qui est du Pirée B’ nous n’analysons pas de manière séparée les résultats issus de l’île de Salamina, en suivant aussi la tradition d’analyse électorale grecque, qui prend les villes du tissu urbain comme point de référence de la circonscription, et non l’île afférente, dont les résultats n’influencent pas les résultats finaux. MAKRIDIS G., Λαϊκές τάξεις και πολιτική στην Ελλάδα. Η περίπτωση του Πειραιά και της ευρύτερης περιφέρειας [Classes populaires et politique en Grèce. Le cas du Pirée et de sa banlieue], Thèse de doctorat, Université Panteion Athènes, Athènes, 2008.

PASOK 1993 1996 2000 2004 2007 2009 mai 2012 juin 2012

Zone nord-est 37.7 34.7 40.7 34.4 28.8 35 9.1 8.2

Zone côtière 39.9 35.5 41.7 35.5 30.3 36.8 8.6 7.9

Zone sud-est 46 39.5 44.2 39.9 34.9 40.8 9.6 9.1

Zone ouest 51 40.8 45.8 41.8 37.5 43.8 8.8 8.5

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souligne non seulement la perte d’un bastion électoral, à savoir le Pirée B’, mais aussi une rupture du parti avec des électorats privilégiés que traditionnellement constituent les couches populaires de la capitale.

b) Le PASOK dans le Pirée : ruptures et continuités du vote

socialiste

En ce qui concerne le Pirée, dès le début de notre enquête, nous faisons face à une situation inédite : dans les deux circonscriptions électorales, à savoir le Pirée A’ et le Pirée B’, le PASOK n'obtient aucun député. Pour retrouver un résultat similaire, historiquement, il faut se référer aux élections nationales de 1974, ayant eu lieu deux mois après la fondation du PASOK.

La diminution des votes socialistes au Pirée va de pair avec le recul national. Pour ce qui est de la ville du Pirée, le PASOK rassemble 8 079 votes, à savoir 8,19 % des suffrages exprimés. Ce résultat positionne le PASOK à la cinquième place au Pirée. Ce résultat, combiné au système électoral de proportionnelle renforcée aux distributions successives, prive les socialistes de l’opportunité de décrocher l'un des six mandats de députés en jeu.

La situation semble légèrement différente dans la seconde circonscription du Pirée. Dans les villes de la périphérie du Pirée, le PASOK rassemble en sa faveur 14 745 suffrages, un score qui se traduit par 8,16 % des suffrages exprimés. Le parti occupe, ici, la sixième position et parvient à faire élire un député sur un total de huit sièges en jeu. Lors des élections de juin 2012,

le parti rassemble au Pirée 7 686 voix (8,44 %) et il se place en quatrième position, mais sans pouvoir faire élire de députés. Au Pirée B’, le PASOK obtient 13 841 voix qui correspondent à 7,94 % des suffrages exprimés. Ce score électoral positionne le parti à la cinquième place sans lui procurer, non plus, de siège.

Le contraste avec les élections précédentes semble radical. Lors des élections nationales de 2009, le PASOK a remporté la victoire en rassemblant au niveau national 3 012 542 voix, à savoir 43,92 % des suffrages exprimés. En ce qui concerne le Pirée, les socialistes rassemblaient 40 308 voix en leur faveur, soit 38,85 % des suffrages exprimés. Ce score permettait au PASOK d'avoir deux représentants au Parlement. Dans la deuxième circonscription du Pirée, la victoire du parti semblait encore plus nette. Le PASOK arrivait en première place avec 82 637 voix, soit 44,34 % des suffrages exprimés, et obtenait trois députés élus au Pirée B’. Entre 2009 et 2012, le

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parti subit une perte de 40 500 électeurs au Pirée et le déficit dépasse les 68 000 électeurs au Pirée B’. La contre-performance électorale du parti, en 2012, est en rupture totale avec toute une tradition de prépondérance, tant au niveau des voix que des sièges obtenus. Pour la première fois dans son histoire, le parti se retrouve sans représentants au niveau législatif dans l’ensemble des territoires du Pirée.

Tableau 4 : Nombre de députés du PASOK (entre parenthèses le nombre des sièges à pourvoir par circonscription électorale).

Source : http://www.hellenicparliament.gr , notre élaboration.

Tableau 5 : Évolution des résultats électoraux du PASOK dans les circonscriptions du Pirée, en % des suffrages exprimés.

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

La comparaison de l’évolution des scores du PASOK entre les deux circonscriptions montre un écart stable entre l’influence du parti au Pirée-centre et dans sa périphérie, comme nous pouvons le constater dans le tableau n° 4. Alors que la domination du parti dans la circonscription du Pirée B’ demeure incontestable, même lorsque le PASOK perd le pouvoir, le sort de la circonscription du Pirée-centre reste, en revanche, directement lié aux fluctuations des rapports de force nationaux. Même lors des élections où les socialistes subissent une défaite électorale au niveau national, comme c’était le cas en 1990 ou 2004, les pourcentages du parti au Pirée B’ atteignaient 42 % des suffrages exprimés, en lui conférant la première position. Au contraire, la performance du parti dans la ville du Pirée, lors de ces mêmes élections, suit la tendance nationale du vote socialiste, et elle reste inférieure par rapport au pourcentage national du parti.

Une analyse plus approfondie, effectuée cette fois-ci au niveau municipal, met en lumière la stabilité de la prédominance électorale du parti dans les villes du Pirée B’, toujours supérieure au score national du parti. À l’opposé, la force du parti dans la ville du Pirée reste traditionnellement sensiblement proche des pourcentages nationaux. Le tableau n° 3 montre la fluctuation différenciée du parti entre les deux circonscriptions. L'analyse de l’évolution de l’influence socialiste dans deux municipalités, celle du Pirée, aux catégories sociales

PASOK 1981 1985 1989 juin 1989 nov 1990 1993 1996 2000 2004 2007 2009 mai 2012 juin 2012

Pirée A' 4 (8) 4 (8) 3 (8) 3 (8) 3 (8) 5 (8) 3 (7) 3 (7) 1 (6) 1 (6) 2 (6) 0 (6) 0 (6)

Pirée B' 5 (8) 4 (8) 3 (8) 4 (8) 3 (8) 6 (8) 6 (8) 6 (8) 3 (8) 3 (8) 3 (8) 1 (8) 0 (8)

PASOK 1981 1985 1989 juin 1989 nov 1990 1993 1996 2000 2004 2007 2009 mai 2012 juin 2012

Pirée A' 49.36 44.73 36.33 39.03 36.69 44.77 38.24 42.35 37.68 32.91 38.85 8.19 8.02

Pirée B' 51.17 49.37 40.79 44.72 42.59 52.1 41.3 45.94 42.05 37.93 44.34 8.16 7.94

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principalement bourgeoises, et celle de Keratsini, ville du Pirée B’, majoritairement peuplée de classes populaires, illustre ces différences.

Tableau 6 : Évolution de l’influence électorale du PASOK.

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

La différence entre la ville du Pirée et les villes de sa périphérie renvoie à des phénomènes qui ont marqué la géographie sociale du vote socialiste dans l’ensemble des territoires du Pirée. L’écart observé dans les résultats du parti, entre les deux circonscriptions, reproduit la géographie électorale de la gauche, dans la région du Pirée, depuis la fin de la guerre civile146. Ce phénomène a comme résultat la surreprésentation du PASOK dans les villes populaires du Pirée. Dans ce cadre, les traditions historiques mobilisées pour l’explication de la base sociale et électorale du PASOK se conjuguent avec des variables socio-économiques. L’influence électorale du parti apparaît renforcée dans les villes qui sont majoritairement peuplées par des classes salariales aux revenus faibles. Donc, la mise en œuvre du programme d’ajustement entraîne dans un premier temps le recul du PASOK, un recul encore plus prononcé lors des élections de juin.

De plus, au caractère populaire de la base électorale s'ajoute un autre facteur, celui de l'origine géographique des habitants. On observe une forte implantation du parti dans les villes où la majorité des habitants sont des descendants des réfugiés d'Asie mineure. La comparaison des résultats du parti entre Drapetsona et Perama, deux municipalités du Pirée B’, illustre ce