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La chute du PASOK et la recomposition asymétrique de la gauche grecque

Partie I. Le choc électoral de 2012 : L’effondrement du PASOK et la fin du bipartisme traditionnel

Section 2. La chute du PASOK et la recomposition asymétrique de la gauche grecque

L’effondrement du PASOK entraîne une recomposition au sein de la gauche grecque au sens élargie, une recomposition qui est marquée par l’augmentation électorale spectaculaire de SYRIZA, une augmentation qui lui procure désormais une place prédominante au sein des partis de gauche. Cependant, nous soutenons l’idée que cette recomposition ne constitue pas uniquement un déplacement d’électeurs d’un parti de gauche à un autre. Nous soutenons que le facteur explicatif à la percée de SYRIZA est son inscription dans le camp anti-mémorandum. Ce phénomène lui permet à la fois de profiter du recul du PASOK et de devancer le KKE qui, traditionnellement, prédomine au sein de la gauche procommuniste. Plus largement, la recomposition survenue au sein de la gauche grecque, à la suite de la chute électorale du PASOK, ne peut pas être appréhendée, uniquement, sur la base d’un vote sanction contre le gouvernement socialiste. L’influence différenciée de SYRIZA, du KKE et de DIMAR en fonction de l’espace urbain et de la composition sociale des électorats nous démontre que le désalignement électoral de la base socialiste, même s’il peut être conçu comme un déplacement à l’intérieur du pôle de la gauche, ne peut être clairement déchiffré sans l’introduction du mémorandum comme facteur explicatif. Cette reconfiguration est renforcée lors des élections de juin où la question du mémorandum semble polariser davantage les prises de position.

a) L’influence du mémorandum sur la recomposition des forces

électorales de gauche

Nous soutenons la thèse que la recomposition de la gauche à la suite de l’effondrement socialiste doit être lue comme un déplacement effectué sur la base de la division autour du Mémorandum. Au moment où le PASOK perd ses électorats privilégiés, c’est SYRIZA qui reprend la géographie électorale traditionnelle du PASOK et se trouve plus renforcé dans les quartiers populaires d’Attique que dans les quartiers bourgeois. Ce double déplacement, à savoir le recul du PASOK dans les quartiers populaires suivi d’un ancrage impressionnant de SYRIZA

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et la stagnation du KKE, trouve son origine aux dynamiques du mémorandum. Comme le soulignent K. Lamprinou et G. Mpalabanidis dans leur étude sur les transformations du centre- gauche en 2012, « La rupture de clivages établis et la revendication politique pour former de

nouveaux (clivages) est une condition de ce désalignement électoral total152

». Dans ce cadre, les partis de gauche se situant pro-mémorandum, le PASOK en tête et puis DIMAR, reculent, tandis que SYRIZA, se présentant comme le parti anti-mémorandum par excellence, multiplie ses scores et domine au sein de la gauche.

Nous observons alors que dans un premier temps, l’opposition autour du mémorandum explique la recomposition asymétrique de la gauche, à savoir la chute du PASOK et la montée de SYRIZA. Puis, nous observons que cette recomposition reste asymétrique quant à la base électorale des partis : SYRIZA, en opposition avec son histoire électorale qui lui procure une image assez homogène dans l’espace urbain, se renforce davantage vers les quartiers populaires, anciens bastions du PASOK et du KKE. Au contraire, PASOK et DIMAR, à savoir les partis de gauche soutenant le mémorandum, reculent davantage dans les quartiers populaires du Pirée et d’Athènes et réalisent une meilleure performance dans les quartiers bourgeois. La division autour du mémorandum prend ainsi des caractéristiques de division sociale dans l’espace urbain dans la mesure où les partis se positionnant contre le programme d’ajustement sont davantage ancrés dans les couches populaires. Ce phénomène procure à SYRIZA une base électorale davantage populaire, qui se renforce lors des élections de juin où l’opposition autour du mémorandum semble diviser la géographie électorale des partis de gauche et bouleverser leurs schémas traditionnels de répartition électorale.

Au niveau national, les doubles élections de 2012 consacrent SYRIZA à la tête des partis de gauche au détriment du PASOK et du KKE. Comme nous pouvons le voir dans le tableau suivant, SYRIZA augmente ses scores tant en mai qu’en juin 2012. Par conséquent, occupant la dernière position parmi les partis de gauche en 2009, il se trouve désormais à la tête de cette nouvelle configuration concernant les partis de gauche. Nous observons déjà la direction de la mutation électorale : le PASOK suit une trajectoire en baisse lors des deux élections ; KKE de sa part, parvient dans en premier temps, en mai 2012, à maintenir et même à augmenter relativement sa force électorale mais il se trouve déjà depuis mai 2012 derrière SYRIZA, ce qui

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LAMPRINOU K. et G. MPALABANIDIS, « Ο ασταθής μετασχηματισμός της ελληνικής κεντροαριστεράς [La transformation instable du centre-gauche grec] », G. VOULGARIS, I. NIKOLAKOPOULOS (dir.), 2012 le double séisme électoral, Athènes, Themelio, 2014, p. 129.

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confirme la rentabilité de l’investissement de SYRIZA sur l’opposition au mémorandum. Ce facteur s’illustre de manière très claire lors des élections de juin : la question du mémorandum structure la concurrence et SYRIZA augmente davantage ses scores en intégrant des électeurs tant du PASOK que du KKE, de sorte que ces derniers, subissent des pertes électorales supplémentaires, notamment le KKE qui perd la moitié de sa base électorale d’une échéance électorale à l’autre. Le renforcement électoral se traduit aussi par une augmentation du nombre des députés de SYRIZA : 52 députés élus en mai et 72 en juin, ce qui signifie que dans la nouvelle configuration, SYRIZA dispose désormais le groupe parlementaire le plus élargi au sein des partis de gauche.

Tableau 8 : Résultats électoraux et représentation parlementaire des principaux partis de gauche 2009-2012.

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

L’évolution électorale au plan national s’accompagne de deux mouvements électoraux qui renforcent l’idée de la recomposition asymétrique survenue au sein de la gauche pendant les doubles élections de 2012. En observant la géographie électorale du PASOK et de SYRIZA, nous constatons que celles-ci suivent en mai une trajectoire opposée en fonction de l’espace étudié : SYRIZA prédomine dans l’espace urbain où PASOK recule davantage, alors qu’il se trouve plus affaibli dans l’espace rural (il y améliore ses scores en juin dans un cadre d’augmentation électorale globale). De plus, au sein de l’espace urbain, SYRIZA reprend les anciens schémas de géographie électorale socialiste et dispose des bastions électoraux dans les quartiers populaires d’Athènes et du Priée, là où le recul du PASOK est plus prononcé, phénomène qui s’illustre en mai et qui se renforce lors des élections polarisées de juin.

Le recul du PASOK étudié auparavant s’accompagne d’une implantation plus prononcée de SYRIZA dans les centres urbains par rapport à la périphérie où les pourcentages de SYRIZA diminuent au fur et à mesure que nous nous approchons de l’espace rural. La force de SYRIZA s’impose davantage dans le bassin de l’Attique, à Thessalonique et dans les villes de plus de 50 000 habitants où son score varie entre 18,2 % et 21,5 %153

. Au contraire, son influence

153

KOUSTENIS P., « Déstructuration et restructuration des identifications partisanes », op. cit., p. 86.

Voix % Sièges Voix % Sièges Voix % Sièges

PASOK 3.012.542 43.92 160 833.452 13.18 41 756.024 12.28 33

KKE 517.249 7.54 21 536.105 8.48 26 277.227 4.5 12

SYRIZA 315.665 4.6 13 1.061.928 16.79 52 1.655.022 26.89 71

DIMAR 386.394 6.11 19 384.986 6.25 17

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diminue dans l’espace semi-urbain (15,1 %) et il obtient les pourcentages les plus bas dans les bourgs de moins de 2 000 habitants avec 12,9 % où il se positionne derrière le PASOK. Lors des élections de juin l’écart entre l’espace urbain et l’espace rural semble se réduire pour SYRIZA. Le parti arrive à augmenter sensiblement sa base électorale dans l’espace semi-urbain et rural en augmentant ses pourcentages 10 points par rapport aux élections de mai. Le vote rural en faveur de SYRIZA lui procure ainsi une image plus homogène au niveau national.

Le second mouvement qui caractérise la recomposition de la gauche se réfère à la prédominance électorale de SYRIZA dans les quartiers populaires de la capitale, accompagnée du recul non seulement du PASOK, mais de l’ensemble des forces pro-mémorandum dans cet espace. Le démantèlement du PASOK se manifeste différemment dans l’espace urbain, ce qui contribue à la différenciation des rapports de force entre les organisations émergentes qui revendiquent une part de sa base électorale. L’augmentation des pourcentages obtenus par SYRIZA montre que la répartition de sa force électorale suit un schéma inverse à celui du PASOK en Attique et au plan national. Loin d’une augmentation généralisée de sa force électorale (plus de 12 % par rapport aux élections de 2009), SYRIZA obtient son score le plus élevé en Attique (21 %) où il arrive en tête dans toutes les circonscriptions. De plus, il arrive en tête dans tous les grands centres urbains. Cependant, SYRIZA voit ses scores diminuer au fur et à mesure que l’on s’élève dans les catégories socio-économiques, même s’il reste toujours en tête des autres partis de gauche. Le cas du Pirée reste illustratif de ces mouvements qui donnent la tonalité à la montée électorale du SYRIZA et au bouleversement des rapports établis. Au plan local, comme au national, la reconfiguration de la gauche s’effectue au croisement de deux phénomènes, à savoir l’impact du mémorandum et l’ancrage, socialement différé, des deux camps émergents opposés.

b) Plan local : déplacements sur l’axe pro - contre mémorandum

et ruptures dans la base électorale

L’analyse de ces phénomènes au niveau local vient soutenir notre thèse sur la recomposition asymétrique de la gauche et le rôle central du mémorandum dans ces mutations électorales. L’éclatement des socialistes et la perte de la primauté du PASOK au Pirée entraînent une recomposition des forces électorales au sein de la gauche au niveau local. Lors des doubles

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élections de 2012, SYRIZA, bénéficiaire principal des pertes électorales du PASOK, arrive en tête des deux circonscriptions électorales du Pirée en dépassant tant le PASOK que le KKE. Les grandes lignes de la recomposition électorale suivent en ce sens les fluctuations nationales : SYRIZA, porteur principal de l’opposition au mémorandum multiplie sa force électorale en mai 2012 en dépassant dans l’ensemble du Pirée, tant le PASOK, situé au camp adversaire du clivage autour du mémorandum, que le KKE qui dispose traditionnellement d’un ancrage électoral fort dans le Pirée. Lors des élections de juin, la structuration des forces de gauche à travers du dipôle de mémorandum devient encore plus prononcée : SYRIZA renforce sa performance électorale, fait qui est accompagné d’une chute supplémentaire de la part du PASOK et d’une perte importante dans l’influence électorale du KKE qui d’une certaine manière, est absorbé par la montée de SYRIZA.

Dans le Pirée A’, SYRIZA obtient 20,6 % des suffrages exprimés, taux qui exprime une différence de 12,5 points par rapport au PASOK. Dans le Pirée B’ SYRIZA obtient 23,8 % des suffrages exprimés et inscrit un écart de plus de quinze points par rapport au PASOK. Cette augmentation spectaculaire devient encore plus nette lors des élections de juin où SYRIZA obtient des scores de 29,7 % et 36,3 % respectivement au Pirée et au Pirée B’. Ces résultats montrent un bouleversement profond des forces électorales au sein du Pirée. SYRIZA, qui occupait traditionnellement une position mineure dans les rapports électoraux locaux, parvient à multiplier par cinq ou même six fois son influence électorale entre 2009 et juin 2012.

78 Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

Figure 3 : Évolution comparée des résultats du PASOK et de SYRIZA au Pirée B’ (% des suffrages exprimés).

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

Cependant, les mouvements de déplacement du corps électoral ne sont pas linéaires. Dans la dynamique du mémorandum, c’est SYRIZA qui devient le récepteur du vote socialiste et non le KKE, ce qui change d’abord la géographie de SYRIZA et puis, les rapports de force traditionnels. Le désalignement socialiste ne bénéficie pas au parti communiste qui dispose de forts ancrages au Pirée, le Pirée B’ constituant l’un de ses bastions électoraux historiques154

. Dans ce cadre, le renforcement de SYRIZA conjointement à l’affaiblissement du PASOK dans ses bastions historiques indique un déplacement électoral qui s’effectue au sein de la gauche. En effet, si on observe le renforcement relatif de SYRIZA au Pirée A’ et au Pirée B’, nous constatons que le parti de la gauche radicale obtient des scores plus élevés dans la périphérie du Pirée qu’au centre-ville. La différence entre le Pirée et les villes à sa périphérie varie en mai de 1,4 à 5,1 points. Elle s’accroît considérablement en juin où la différence entre le centre et la périphérie du Pirée varie entre 6 et 9,9 points selon la municipalité. Dans ce cadre, le vote pro SYRIZA semble reproduire les références du vote prosocialiste, à savoir une implantation plus prononcée dans les villes de couches populaires que dans la ville même du Pirée. Ainsi, SYRIZA

154

Voir pour la période pré-dictatoriale VERNARDAKIS C. et G. MAVRIS, Κόμματα και κοινωνικές συμμαχίες στην προδικτατορική Ελλάδα [Partis politiques et coalitions sociales dans la Grèce pré-dictatoriale], Athènes, Eksantas, 2012, p. 105, 209–214 ; Pour la période d’après 1974, MAKRIDIS G., Classes populaires et politique, op. cit., p. 190– 200.

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arrive à pénétrer le noyau dur de la base électorale socialiste même si ses scores représentent une base plus rétrécie de l’influence socialiste passée.

Cependant, cette nouvelle disposition de l’influence électorale de SYRIZA est loin de constituer une simple augmentation généralisée de ses pourcentages antérieurs. L’image électorale de SYRIZA comme elle est façonnée par les doubles élections de 2012 est en opposition avec la géographie électorale traditionnelle du parti au Pirée. L'augmentation de son influence électorale s'accompagne d’une rupture dans sa propre distribution du vote, un point qu’il faut retenir. SYRIZA obtient, de façon stable, jusqu’aux élections de 2009 des scores relativement similaires au Pirée et au Pirée B’. Le phénomène d’une influence électorale différenciée en fonction de l’appartenance sociale, qui apparaît en 2012, ne traverse pas l’histoire électorale du parti dans le plan étudié. En revanche, l’écart de 4,6 points en mai 2012 entre les deux circonscriptions électorales, un écart qui est presque doublé en juin, semble être spécifique de la conjoncture particulière de ces élections.

Tableau 9 : Écart dans la distribution du vote pro SYRIZA entre le Pirée et le Pirée B’ pendant la période 1993-2012.

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

Tableau 10 : Évolution électorale du KKE dans les deux circonscriptions électorales du Pirée, 1981-2012.

(* Le KKE fait partie de la coalition de Synaspismos Uni) Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

Tableau 11 : Évolution comparée des résultats électoraux (en % des suffrages exprimés) PASOK, KKE et SYRIZA.

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

SYN-SYRIZA 1993 1996 2000 2004 2007 2009 mai 2012 juin 2012

Pirée A' 3.76 6.56 4.01 3.92 6.76 5.83 19.16 28.15

Pirée B' 4.11 7.33 4.53 3.97 6.41 5.69 23.85 36.31

Ecart -0.35 -0.77 -0.52 -0.05 0.35 0.14 -4.69 -8.16

KKE 1981 1985 1989 juin* 1989 nov* 1990* 1993 1996 2000 2004 2007 2009 mai 2012 juin 2012

Pirée 13.72 10.62 15.06 12.54 12.01 4.76 5.96 6.13 6.67 10.18 9.11 8.5 4.4

Pirée B' 21.28 17.09 21.68 17.64 16.88 8.07 10.14 9.76 11.06 14.55 12.88 12.29 6.57

National 10.94 9.89 13.12 10.97 10.28 4.54 5.61 5.52 5.90 8.15 7.54 8.48 4.50

Pirée A' 1993 1996 2000 2004 2007 2009 mai 2012 juin 2012

PASOK 44.77 38.24 42.35 37.68 32.91 38.85 8.19 8.02

KKE 4.76 5.96 6.13 6.67 10.18 9.11 8.5 4.4

SYRIZA 4.16 7.18 4.4 4.37 7.31 6.36 20.67 29.79

Pirée B' 1993 1996 2000 2004 2007 2009 mai 2012 juin 2012

PASOK 52.1 41.3 45.94 42.05 37.93 44.34 8.16 7.94

KKE 8.07 10.14 9.76 11.06 14.55 12.88 12.29 6.57

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Le renforcement de SYRIZA comme conséquence de la chute socialiste n’a rien de naturel au Pirée. Au contraire, nous observons pour la première fois dans l’histoire électorale de la Troisième République que SYRIZA dépasse le KKE dans la concurrence atypique entre les deux organisations de la gauche communiste et cela, non seulement au niveau national mais aussi dans le bastion historique du KKE que constitue le Pirée B’. De cette manière la recomposition au sein de la gauche suit des schémas distincts. D’une part, la consolidation de SYRIZA dans les bastions de l’ancienne hégémonie du PASOK semble contribuer à la reproduction de la tendance historique du vote de gauche dans cette partie de la région capitale, malgré la rupture effectuée avec la chute du PASOK et du KKE.

Dans ce cadre, SYRIZA semble être davantage renforcé parce qu’il se présente comme le parti de la gauche qui se positionne par excellence dans le camp contre-Mémorandum, alors que le KKE, alors qu’il critique les politiques adoptées, ne converge pas avec les autres partis et ne suit pas la dynamique du camp contre-mémorandum155. C’est en profitant de la dynamique de cette division que SYRIZA pénètre la base électorale du PASOK et arrive à bouleverser les rapports de force établis dans le Pirée. Par conséquent, la polarisation du scrutin entre SYRIZA et ND semble amortir sensiblement la force électorale du KKE dans la mesure où c’est SYRIZA qui se présente en juin en tant que représentant principal du camp contre – Mémorandum et de l’alternative politique.

D’autre part, la recomposition survenue au sein des rapports de force ente les partis établis (PASOK, KKE) et les nouveaux entrants (DIMAR) ou jusqu’ici marginaux (SYRIZA) illustre encore une fois la centralité du positionnement des partis face à la question du mémorandum, puisque, DIMAR, scission de SYRIZA, partage une géographie électorale proche du PASOK et non du SYRIZA. En fait, DIMAR trouve ses pourcentages les plus élevés dans le Pirée A’ que dans le Pirée B’. Les pertes du PASOK en faveur de DIMAR renforcent ce dernier davantage dans les villes de catégories moyennes, alors que son avancement est plus lent dans les quartiers ouvriers. Le cas du Pirée exprime bien cette opposition où DIMAR obtient lors des deux échéances des pourcentages plus élevés dans la ville du Pirée par rapport à sa périphérie, phénomène qui se reproduit dans l’ensemble d’Attique où, même si la moyenne de son

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ELEFTHERIOU K., « Ρωγμές στον “Μονόλιθο”; Το ΚΚΕ στις εκλογές του 2012 [Brèches au sein du “menhir”? Le KKE lors des élections de 2012] », G. VOULGARIS, I. NIKOLAKOPOULOS (dir.), 2012 le double séisme électoral, Athènes, Themelio, 2014, p. 174–177.

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pourcentage se situe à 6,5 %, DIMAR obtient des scores plus élevés dans les zones à composition sociale moyenne et supérieure.

Tableau 12 : Résultats électoraux de DIMAR (en % des suffrages exprimés).

Source : Ministère de l’Intérieur, notre élaboration.

Ce phénomène nous indique que lors des élections de 2012, la division autour du mémorandum s’accompagne aussi d’une différenciation sociale des électorats dans la mesure où les partis de gauche pro-mémorandum reculent plus dans les quartiers populaires du tissu urbain que dans les quartiers bourgeois, alors que SYRIZA dispose d’une répartition inverse des forces électorales. Cette double dynamique contribue au rétrécissement de la base électorale socialiste et dispose d’une place centrale dans l’effondrement du bipartisme traditionnel puisqu’elle donne naissance à une nouvelle polarisation des forces politiques. Par conséquent, pour mieux appréhender les dynamiques émergentes, il s'agit de replacer l’effondrement du PASOK dans la dynamique du bipartisme éclaté.