• Aucun résultat trouvé

Produit mixte et produit vectoriel

avec B = (bi,j)1≤i,j≤k ∈ Mk(R) une matrice bidiagonale supérieure (c’est-à-dire triangulaire supé-rieure et vérifiant bi,j = 0 si j > i+ 1). Montrer que les valeurs singulières de A et de B sont égales.

(2) Si C=

0 B

tB 0

∈M2k(R), montrer que les valeurs propres strictement positives de C sont les valeurs singulières de B, et qu’il existe un algorithme transformant toute telle matrice C en une matrice T = (ti,j)1≤i,j≤k∈M2k(R) tridiagonale de diagonale nulle (c’est-à-dire vérifiant ti,i= 0 etti,j = 0 si |i−j|>1), ayant les mêmes valeurs propres.

(3) Donner un algorithme donnant les valeurs propres d’une matrice tridiagonale de diagonale nulle.

1.11 Produit mixte et produit vectoriel

Soientn∈NetE un espace vectoriel réel de dimension finien.

Rappelons que l’espace vectoriel réelΛnE des formesn-linéaires alternées43 surE est de dimension 1, engendré, pour toute base B de E, par l’application déterminant detB dans la base B des n-uplets de vecteurs de E : pour tous les x1, . . . , xj, . . . , xn dans E, de coordonnées (x1,1, . . . , xn,1), . . . ,(xi,j)1≤i≤n, . . . ,(x1,n, . . . , xn,n) respectivement dans la base B, nous avons

detB(x1, . . . , xn) = det (xi,j)1≤i,j≤n .

De plus, soit P =PB,B0 la matrice de passage de la baseB à une autre baseB0 (dont les colonnes sont les vecteurs colonnes des coordonnées des éléments de B0 dans la base B).

Alors

detP = detPB,B0 = detBB0

et X = P X0 où X et X0 sont les vecteurs colonnes des coordonnées d’un vecteur x ∈E dans les bases B etB0 respectivement. Donc44

detB = (detBB0) detB0 . (21) Si B est la base canonique de Rn, nous notons detB = det : (Rn)n → R. Remarquons que six1, . . . , xn sontnvecteurs linéairement indépendants deRn, alors le volume pour la mesure de Lebesgue deRn du parallélépipède

P(x1, . . . , xn) = nXn

i=1

λixi: ∀i= 1, . . . , n, λi ∈[0,1]

o

43. SiKest un corps commutatif et siE1, . . . , En+1sontn+ 1espaces vectoriels surK, une application f :E1× · · · ×EnEn+1 est ditemultilinéairesi elle est linéaire en chacune des nvariables, etalternée si elle s’annule sur les n-uplets d’éléments dont deux au moins sont égaux. C’est uneformemultilinéaire alternée si de plusEn+1=K.

44. En effet, pour tous lesx1, . . . , xn dansE, dont les colonnes des coordonnées sontX1, . . . , Xndans B etX10, . . . , Xn0 dansB0, nous avons, en écrivant les matrices comme juxtapositions de leurs colonnes,

detB(x1, . . . , xn) = det(X1. . . Xn) = det(P X10. . . P Xn0) = (detP) det(X10. . . Xn0)

= (detBB0) detB0(x1, . . . , xn).

défini parx1, . . . , xn vérifie (voir par exemple la formule (24)) vol(P(x1, . . . , xn)) =|detB(x1, . . . , xn)|.

Rappelons qu’uneorientation deE est une classe d’équivalence de bases deE pour la relation B ∼ B0 si et seulement si le déterminant de la matrice de passage de B à B0 est (strictement) positif, qu’il y a deux orientations possibles, et queE estorienté s’il est muni d’une orientation. Une base de E est alors dite directe (ou parfois positive) si elle appartient à l’orientation choisie.

Exemples. (1) L’espace euclidien orienté usuel Rn est l’espace euclidien usuelRn muni de l’orientation rendant directe la base canonique de Rn.

(2) SiE est un espace euclidien ou hermitien, siB0 est la base obtenue par le procédé d’orthonormalisation de Gram-Schmidt à partir d’une base B, alors B etB0 définissent la même orientation. En effet, si f : [0,1] → En est un chemin continu de bases entre B etB0 (voir le commentaire qui suit l’énoncé de la proposition1.10), alors l’application t7→detB(f(t)), qui vaut1ent= 0et qui ne s’annule pas, est, par le théorème des valeurs intermédiaires, positive en f(1) = detB(B0).

(3) Tout espace vectoriel complexe de dimension finie E, considéré comme un espace vectoriel réel, est muni d’une orientation canonique, de la manière suivante.

NotonsERl’espace vectoriel réel, dit obtenu deE parrestriction des scalairesàR, qui est le groupe additif sous-jacent à E muni de la restriction à R×E de la multiplication externe deE. SiB= (e1, . . . , en)est une base deE(en tant qu’espace vectoriel complexe), alorsBR= (e1, . . . , en, i e1, . . . , i en,)est une base deER(en tant qu’espace vectoriel réel).

L’orientation deER définie parBRest indépendante du choix de la base B. En effet, soit B0 une autre base, soit P ∈Mn(C) la matrice de passage de la base B à la base B0, et soient A ∈ Mn(R) et B ∈ Mn(R) les parties réelles et imaginaires de P (de sorte que P = A+iB ). Alors PR =

A −B

B A

est la matrice de passage de BR à B0R, et son déterminant, égal à

det(PR) =|detP|2

par le lemme suivant, est strictement positif, ce qui montre le résultat.

Lemme 1.22. Pour tous lesA, B ∈Mn(R), nous avons det

A −B

B A

=

det(A+iB)

2 .

Démonstration. En multipliant par iles ndernières lignes puis lesndernières colonnes, en ajoutant la première ligne par blocs à la dernière ligne par blocs, puis la dernière colonne par blocs à la première colonne par blocs, et en utilisant la formule des déterminants des

matrices triangulaires supérieures par blocs,45 nous avons

Jusqu’à la fin de la partie 1.11, nous supposons queE est un espace euclidien orienté de dimension n. Il découle des rappels ci-dessus et du fait que la matrice de passage P d’une base orthonormée à une autre base orthonormée est une matrice orthogonale, donc de déterminant ±1, que si B et B0 sont deux bases orthonormées directes de E, si P est la matrice de passage de B à B0, alors P ∈ SO(n) et detB = detB0 : l’application detB :En→Rdans une base orthonormée directeB ne dépend pas de son choix. Elle est appelée laforme volume deE, et notéeωE. Si Eop est l’espace vectoriel euclidien E muni de l’orientation opposée, alors

ωEop =−ωE .

Le choix indifférent d’une base orthonormée directe B de espace euclidien orienté E de dimension n permet ainsi d’associer à tout n-uplet (x1, . . . , xn) de vecteurs de E un scalaire réel

x1∧ · · · ∧xnE(x1, . . . , xn) = detB(x1, . . . , xn)∈R

appelé le produit mixtede(x1, . . . , xn). La notation x1∧ · · · ∧xn pour ce nombre réel n’est pas standard (voir l’exerciceE.18, avec certes un danger de confusion de notation, qui donne une explication profonde à la notation). Il ne faut pas confondre le scalaire réel associé à un n-uplet avec le vecteur associé à un (n−1)-uplet, voir ci-dessous. Ce produit mixte dépend de manière n-linéaire alternée de(x1, . . . , xn) et vérifie les propriétés élémentaires suivantes (qui sont immédiates).

Proposition 1.23. Soit (x1, . . . , xn)∈En.

(1) Le produit mixte ωE(x1, . . . , xn) est non nul si et seulement si(x1, . . . , xn)est une base de E.

(2) Le produit mixte ωE(x1, . . . , xn) est strictement positif si et seulement si (x1, . . . , xn) est une base directe de E.

45. Celle-ci dit que pour tous les n, m N− {0}, pour tout corps commutatif k0 et pour tous les

Pour démontrer cette formule, nous pouvons supposer que A est inversible (sinon les deux termes sont nuls, celui de gauche car son rang, vu comme le rang de l’espace vectoriel engendré par les colonnes, est strictement inférieur àn+m) ; nous écrivons

et nous calculons les deux derniers déterminants en développant respectivement par rapport auxndernières lignes dans l’ordre décroissant et par rapport auxmpremières colonnes dans l’ordre croissant.

(3) Si (x1, . . . , xn)est une base orthonormée de E, alors son produit mixteωE(x1, . . . , xn)

vaut +1 si cette base est directe, et−1 sinon.

Remarque. Par l’exercice E.36, pour tout(x1, . . . , xn)∈En, nous avons particulier, dans un espace euclidien, le volume d’un parallélépipède de longueurs de côtés données est maximal lorsque ce parallélépipède est à angles droits.

Dans la proposition suivante, nous associons, à tout (n−1)-uplet (x1, . . . , xn−1) de De plus, les propriétés suivantes sont vérifiées :

(i) l’application (x1, . . . , xn−1) 7→ x1 ∧ · · · ∧xn−1 de En−1 dans E est (n−1)-linéaire base B est (−1)n−i fois le déterminant de la matrice Ai obtenue en enlevant lai-ème ligne de A : non seulement de la structure euclidienne de E, mais aussi de l’orientation deE : changer

l’orientation change son signe. La propriété (23) du produit vectoriel s’appelle en dimension 3 larègle des trois doigts de la main droite. Les propriétés (i), (iii) et (iv) caractérisent le produit vectoriel.

Démonstration. Puisque l’applicationy 7→ωE(x1, . . . , xn−1, y)est une forme linéaire sur E par multilinéarité du déterminant, l’existence et l’unicité de x1 ∧ · · · ∧xn−1 vient de l’isomorphisme de dualité E→E défini parx7→ {y7→ hx, yi}.

Les propriétés (i), (ii), (iii), (iv) et (v) découlent de la définition et du fait que le déterminant est multilinéaire alterné.

Montrons la propriété (vi). Par développement d’un déterminant par rapport à sa dernière colonne, pour tous les y ∈ E de coordonnées (y1, . . . , yn) dans la base B, en

Exercice E.12. Dans l’espace euclidien orienté usuel R3, considérons des vecteurs a, bet c.

(1) Montrer que si E est de dimension n et si B est une base orthonormée de E, alors Gram(x1, . . . , xn) = (detB(x1, . . . , xn))2 .

Montrer queGram(x1, . . . , xn)≥0avec égalité si et seulement si les vecteursx1, . . . , xn sont linéairement dépendants. En calculant le déterminant de Gram de deux vecteurs, en déduire l’inégalité de Cauchy-Schwarz, avec cas d’égalité, dans tout espace préhil-bertien.

(2) Soientx1, . . . , xn∈Eetr ∈N. Montrer que les conditions suivantes sont équivalentes : (i) le rang du système {x1, . . . , xn} est inférieur ou égal à r,

(ii) pour toute partie {xi1, . . . , xir+1} de {x1, . . . , xn} de cardinal r + 1, nous avons Gram(xi1, . . . , xir+1) = 0,

(iii) le rang de la matrice de Gram de (x1, . . . , xn) est inférieur ou égal à r.

(3) Si E est de dimension finie, et si B et B0 sont deux bases de E, quelle est la relation entre les matrices de Gram de B et de B0?

(4) Soit (x1, . . . , xn) une base d’un sous-espace vectoriel F de E. Montrer que pour tout x∈E,

d(x, F)2 = Gram(x, x1, . . . , xn) Gram(x1, . . . , xn) En déduire par exemple la valeur de

A= min

(6) Montrer que si E est un espace euclidien orienté de dimension n, alors pour tous les x1, . . . , xn−1 ∈E, nous avons

kx1∧ · · · ∧xn−1k2 = Gram(x1, . . . , xn−1).

(7) Pour toutn∈N−{0}, ledéterminant de Cayley-MengerΓn∈Z[Xi,j : 0≤i < j≤n]

est le polynôme à coefficients entier, en n(n+1)2 indéterminées Xi,j, défini, en posant Xi,i= 0 etX−1,i= 1 pour 0≤i≤n etXi,j =Xj,i pour −1≤i, j≤n, par

Γn= det (Xi,j2 )−1≤i,j≤n .

(i) Montrer queΓnest un polynôme symétrique en les indéterminéesXi,j pour0≤i <

j≤n, et que

(ii) Dans la suite de cette question (7), notons E0 un espace affine euclidien orienté, x0, . . . , xn des points de E0, et di,j =d(xi, xj) la distance entre xi et xj. Montrer que

Gram(−−→x0x1, . . . ,−−→x0xn) = (−1)n+1

2n Γn(di,j : 0≤i < j≤n).

(iii) Montrer que x0, . . . , xn appartiennent à un même sous-espace affine de E0 de di-mension n−1 si et seulement si Γn(di,j : 0 ≤ i < j ≤ n) = 0. En déduire que trois points x, y, z d’un espace affine euclidien sont alignés si et seulement si d(y, z) =|d(x, y)−d(x, z)|ou d(y, z) =d(x, y) +d(x, z).

(iv) Si E0 est de dimension n, montrer que le volume V du simplexe46 de sommets x0, . . . , xn vérifie

V2 = (−1)n+1

2n(n!)2 Γn(di,j : 0≤i < j≤n).

(v) Soit ABC un triangle d’un plan affine euclidien, de longueurs des côtés a, b, c, et d’aire A. Montrer laformule de Héron

A = 1 4

p(a+b+c)(b+c−a)(a+c−b)(a+b−c).

(8) Considérons un tétraèdre T de R3 ayant un sommet A telle que la longueur des trois arêtes ayant A pour sommet soit 1, et les angles en A des trois faces ayant A pour sommet soient πp,πq,πr, où p, q, r ∈ N− {0,1} vérifient 1p + πq + πr > 1. Calculer le volume de T.