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PARTIE 3. CADRE OPÉRATOIRE

3.2. Stratégie de recherche

3.2.4. Déroulement réel du processus de la recherche

3.2.4.3. Le processus d’analyse des données

Il s’agit ici de montrer comment l’analyse des données, tel qu’elle s’est réellement déroulée, s’inscrit dans la stratégie de la théorisation enracinée, en se référant à la description des étapes d’opération telles que présentées par Corbin et Strauss (1998, 2008, 2015), (Locke (2001) et Charmaz (2014). Cet exposé couvre les étapes suivantes : la comparaison constante, le codage et le développement de catégories, l’échantillonnage théorique, la saturation théorique, l’écriture de mémos. Cette

présentation a pour but de donner des indications sur la façon dont l’analyse des données s’est réellement effectuée. Toutefois, elle sera reprise de manière plus détaillée dans la partie consacrée à la présentation des résultats (partie 4 du document).

La comparaison constante. Cette opération consiste à une analyse comparative systématique des données ou groupes de données, afin de leur trouver une signification commune et de développer des concepts (Locke, 2001; Charmaz, 2014). Elle suppose à la base un processus itératif entre la collecte de données et leur analyse.

Dans cette recherche, l’analyse a débuté après la collecte des données issues de la première ronde de sept entrevues. Une fois que les enregistrements de ces entrevues ont été intégralement transcrits, on a procédé à faire ressortir les données, soit des mots ou groupes de mots pour saisir les actions qu’ils décrivent (Charmaz, 2014). Ces actions sont ensuite comparées les unes aux autres afin d’en dégager une signification commune.

Le codage. Il s’agit de donner un nom pour désigner ce qui se passe dans les données. Le nom, ainsi formulé, dénote l’interprétation de l’investigateur, de ce qui a lieu dans les données (Locke, 2001), ou en d’autres termes, l’interprétation donnée aux actions observées dans les données (Charmaz, 2014).

Dans cette recherche, cette opération s’est faite en deux temps, par un codage initial suivi d’un codage centralisé (Charmaz, 2014). Dans le codage initial, en nommant ce qui se passe dans les données, on entre dans le travail de conceptualisation de ce que l’on observe comme actions implicites dans ces données. Les concepts ainsi développés à partir des données collectées sont inductifs car ne reposant pas, a priori, sur des théories qui existent déjà. En effet, ils émergent de l’analyse comparative des

données. Les concepts ainsi émergés sont par la suite comparés entre eux et les concepts de même ordre sont regroupés en catégories, dans le codage centralisé. Les codes centralisés ou catégories synthétisent les idées d’analyse des données et élèvent le degré d’abstraction des codes initiaux (Charmaz, 2014). Dans cette opération de codage et en se référant à Charmaz (2014), on est resté le plus proche possible des données dans l’attribution de nom ou concept, pour signifier les actions qui y sont observées. Dans cette optique, les concepts développés visent à décrire directement les actions implicites observées dans les données.

L’échantillonnage théorique. On rappelle que ce type d’échantillonnage indique que les participants à l’étude sont sélectionnés en fonction des besoins liés au développement des concepts théoriques (Locke, 2001).

Dans cette recherche, l’échantillonnage théorique a été utilisé pour les deuxième et troisième rondes d’entrevues. En effet, l’analyse comparative de la première ronde d’entrevues a rapidement fait émerger le concept « d’engagement par l’action » et celui de « processus organisé ». On a recouru à une deuxième ronde d’entrevues afin de creuser les propriétés de ces deux concepts. En d’autres termes, on voulait comprendre davantage, d’un côté, comment l’engagement de l’entreprise pour la durabilité est connu et partagé par les différentes personnes qui interviennent dans le processus et de l’autre côté, comment leurs propres activités concourent au déploiement efficace du processus stratégique. Pour étayer le développement des concepts théoriques émergeant de l’analyse, il a donc fallu rencontrer d’autres participants, afin de recueillir des données additionnelles. Ce parcours en rondes successives faisant appel à l’échantillonnage théorique peut se voir comme suit :

Figure 3.4.

Rondes de collecte des données et échantillonnage théorique

La saturation théorique. Ce point dans le processus itératif entre collecte et analyse des données est atteint lorsque de nouvelles données n’induisent pas d’émergence de nouvelles propriétés au niveau des concepts ou des catégories développées (Charmaz, 2014).

Dans cette recherche, la saturation théorique est intervenue avec la complétion des quatre dernières entrevues. En effet, les données récoltées à ce niveau, sont venues confirmer en quelque sorte les aspects déjà dégagés, relativement aux concepts émergents d’engagement par l’action et de processus organisé. Ces données additionnelles n’ont donc pas apporté de nouvelles propriétés aux concepts développés par l’analyse comparative jusque-là.

1ère ronde de 7 entrevues Analyse comparative et codage initial Concepts émergents 2ème ronde de 11 entrevues (échantillonnage théorique) Raffinement des concepts émergents 3ème ronde de 4 entrevues (échantillonnage théorique)

L’écriture de mémos. Cette opération permet de mettre des mots sur le cheminement de la pensée du chercheur dans le travail de conceptualisation. Pour Locke (2001), l’acte d’écrire dans le processus de comparaison analytique et de codage, rend les idées de l’auteur, visibles et concrètes.

Dans cette recherche, l’écriture de mémos a débuté dès les premières entrevues et s’est poursuivi jusqu’à la modélisation du phénomène étudié. Elle a ainsi permis de mettre sur papier les idées naissant de l’analyse des données. La lecture, à maintes reprises, de ces mémos a été utile pour retracer le cheminement de la pensée et l’évolution des idées vers le développement du modèle conceptuel proposé pour comprendre le processus de formation des stratégies de durabilité.