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Entre les procédures et les procès, un acteur de premier rang : la prise de parole des témoins

société française

Chapitre 4. Un appareil judiciaire adapté au crime milicien ?

C. Entre les procédures et les procès, un acteur de premier rang : la prise de parole des témoins

L anal e de l gani a i n e du déroulement des procédures en cour de justice amène galemen in e ge la lace cc e a celle e ce i, par leurs prises de paroles ou leurs lettres, jouent un rôle dans le jugement des miliciennes et miliciens. En effet, l in e en i n de ce acteurs, en sortie de guerre, doit être analysée pour comprendre dans quelles conditions ces interventions se déroulent et quelle place leur est faite dans ces procès. En outre, les témoignages des Français contre les collaborateurs mobilisent un ensemble de

63 AN, Z/6/474 : dossier n°4545. 64 Idem.

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représentations et discours, sur lesquels il est intéressant de se questionner pour comprendre comment se construit la dénonciation de la collaboration milicienne et quels imaginaires propres à cette collaboration particulièrement sont repris. Ces interventions de témoins d nnen n id c n id able la ci ci ile dan la me e l a i n e al perçue comme un processus auquel peut participer la société française, au sein de laquelle se m l i lien le d n ncia i n e eje d n i in d ne c nnai ance d n e e l adh i n a id e ich e e / la c llab a i n. La ci ci ile n e l s uniquement un juge moral, à travers la presse et les tracts, mais elle pénètre le cadre judiciaire et entend faire acte de justice contre les traîtres de la nation. Cependant, cela ne signifie pas pour autant que ces acteurs sont valorisés et que leurs paroles sont considérées dans l a ib i n de anc i n a c llab a e , a c de c m a i n .

a. Témoig e e c e e d a : un acte de bon Français contre un traître ?

Au cours des procédures judiciaires, la population qui se trouve en dehors du cadre judiciaire c e -à-di e i n e en cha ge ni de l en e ni d j gemen peut jouer un rôle, a c de l en e e d an le c , soit dans la dénonciation, soit dans le témoignage. Ces deux procédures distinctes font de ceux ou celles qui y prennent part des acteurs essentiels et pleinement intégrés aux procédures, donc à cette épuration légale et à la production de représentations concernant les miliciens et miliciennes. Ainsi, le témoin dans le c de l a i n e n ac e a en i e et l de d le i l i e a ign a les responsables politiques et judiciaires et du poids de ses déclarations sont essentielles65.

Le témoin oculaire étant cens e cel i i ai a ce il a e e al me e ce savoir au service de la justice66, il cc e d e e d j ne f nc i n im an e dan

l en e e le procès. Les témoins occupent des fonctions diverses dans les procédures judiciaires et ne sont pas nécessairement liés l en i d ne le e de dénonciation à la police, a a e ac e en cha ge de l en e d c . Ce endan , il convient de replacer la participation de ces acteurs extra-judiciaires dans un contexte plus large afin de comprendre ce que signifie leur présence au cours de ces procédures. Les appels à dénonciation précèdent la c a i n d ne j ice d a i n afin d in i e celles et ceux qui auraient connaissance de

65 ALLINNE, Jean-Pierre, « Le m ignage dan l hi i e de la j ice f an ai e, en e acralité et méfiance »,

Histoire de la justice, n° 24, 2014, p. 65-79.

66 DULONG, Renaud, Le témoin oculaire : les conditions sociales de l attestation personnelle, Paris, Editions

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collaborateurs et collaboratrices à les signale a C mi d a i n, a in ance lici e a i an , le f ce f an ai e de l in ie (FFI)67. L ac e de d n ncia i n

e en e al n m en de end e le de , de affi me c n e n indi id ,

collaborateur, et de comprome e ain i n a eni , en fai an en e ne c d e j diciai e i en am e afin de j ge de n ca . Ce e a i e de la d n ncia i n affi me dan le m de l a i n galemen c mme n m en de e a d n ncia i n commises par le c llab a e , a emie ang de el le milicien , i l ili aien c ammen e e ce i emen c n e indi id il nnaien che de la résistance68. Ain i, c e dan un cadre d affi ma i n d ne n elle a i l gi ime, c n e

les mauvais Français, e in c i en le d n ncia i n effec e dan le c an de procédures judiciaires visant à démarrer une procédure ou advenant au cours de celle-ci.

Les appels à la dénonciation visent ce que représente alors la Milice : le fléau de ces années noires et de la logique de répression vichyste69. La dénonciation était elle-même une

ac i i a main de la Milice en e 1943 e 1944, d ab d c n e le j if en i a i n irrégulière, puis contre les réfractaires au travail obligatoire, mais également les gaullistes70.

La i e de a le de m in in c i d ne a dan le processus de dénonciation des membres de la Milice, très important et encouragé par les milieux résistants ; e d a e a dans un processus judiciaire stricto sensu dans lequel la collecte de détails sur la situation de l inc l l Occ a i n est nécessaire. Puisque les miliciens sont perçus comme des mauvais Français, ceux qui font le choix de les dénoncer et de témoigner contre eux intègrent la catégorie des héros. Dans la France de la Libération, « arrêter ou faire arrêter un « collabo » c e al e la lib a i n de la Pa ie »71. Ce e m i a i n d e la a ie

se retrouve énoncer de cette manière : « je ignale le ca d ne famille de milicien le père, la mère et le fils ce de nie en cemmen dan le FFI. Il agi de la famille Tisseau »72. Ce e le e de d n ncia i n en e a C mi a i ien de la Lib a i n appuie

sur le fait que certains miliciens se cachent dans les organisations résistantes en

67 BAUDOT, Marcel, « La R i ance f an ai e face a bl me de e i n e d a i n », Revue

d histoire de la Deuxi me guerre mondiale, n° 81, 1971, p. 23-47

68 Ces dénonciations pouvaient concerner la simple écoute de la radio anglaise ou la proximité avec des individus

affichant leurs sentiments gaullistes.

69 AZEMA, Jean-Pierre, « Vichy face au modèle républicain », BERSTEIN, Serge (dir.), Le modèle

républicain, Paris, Presses Universitaires de France, 1992, p. 337-356.

70 AZEMA, Jean-Pierre, « La Milice », op. cit., p. 89.

71 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises , op. cit., p. 111. 72 AN, Z/6/497 : dossier n° 4646.

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l cc ence, les FFI. En effet, au cours de la Libération, « la cooptation fonctionne à plein »73

et il est aisé pour des miliciens de se cacher dans des organisations issues de la Résistance. L id e de ignale le c llab a e e al n ac e c en a e l en i de le e a c mi i an cha g l 1944 de ec eilli de informations sur les c m emen de c llab a e d an la i de de l Occ a i n e ain i de d b e le a ail d en e , d a e a i n e de mi e en d en i n i i e . Cet acte c en e al i la Lib a i n, d a an l l que cela permet de repérer des traîtres au sein des organisations résistantes. Le man e de e e accen e l 1944 la n ce i de fai e a el l en age e nnel e a i inage de e nne ec e de collaboration pour procéder à une forme d « épuration de proximité »74.

Dans les sources issues du fonds de la cour de justice de la Seine (Z/6), deux cas de fig e la lace de m in dan le c e en : d ab d, l e le in e en i n ien dan le cad e d ne d n nciation. Il agi al d n ce visant à d n nce n indi id le el n a ai la e e il a a a en la Milice75. Dans ce

emie ca de fig e, i l in e en i n se limite à cette dénonciation, soit si cela est nécessaire , la justice fait de nouveau appel aux témoins concernés a c de l in c i n pour mener des interrogatoires, puis au cours du procès comme témoin. Le deuxième cas de fig e c nce ne le m in i n e a a a l ac e de dénonciation et intervient au cours de l en e, di ec emen f me d in e ga i e ; il e galemen e e en c mme témoin dans le cadre du procès lui-même. Il convient dès lors de se demander en quoi ces deux catégories définissent des conceptions différentes du témoin en justice. La différence fondamentale réside dans le fait que ceux appartenant à la première témoignent toujours en d fa e de l acc , i il le d n ncen , andi e la ec nde ca g ie regroupe à la fois des témoins à charge et à décharge, ces derniers étant toujours membres du cercle intime (familial, amical, fe i nnel) de l acc . Il e en en effe m igne de n inn cence, a n e l acc a i n mi e n ga d a la men i n de fai a i i e le concernant.

Parmi les différents problèmes que ces prises de parole dénonciatrices entrainent on note le problème des rumeurs, des dénonciations revanchardes, ou de la défense de certains collaborateurs à travers des lettres de soutiens ou des témoignages à décharge, qui obligent à

73 BERLIERE, Jean-Marc, LE GOARANT DE TROMELIN, François, Liaisons dangereuses : miliciens,

truands, résistants. Paris, 1944, Paris, Perrin, 2013, p. 209.

74 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, op. cit., p. 106.

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in e ge l iden i d m in e n a l acc , afin de c m end e le motivations guidant sa prise de parole76. Dan ce ain d ie d acc a i n, e afin de

prendre des précautions vis-à-vis des témoignages, la police qualifie les faits reprochés à l acc de me . Ain i, l e de fai l en c de j ice l d c d milicien Marcel Touron, condamné pour ses différents engagements collaborationnistes et pour des d n ncia i n il a ai c mmi e , men i nne la « rumeur publique » qui le soupçonne d a e a i n e aj e e l acc « se fit remarquer par son zèle et ses violences de langage l ga d de ga lli e . Il f en ai a id men e le ni n de milicien m me and il n ai a de e ice ; il était fort redouté, constamment armé, il exhibait volontiers son pistolet en un geste de bravade »77. Ain i, l ili a i n dan ce d ie d e me de me

illustre que la fiabilité de ce type de dénonciations peut être questionnée, mais elle semble dan ce ca alid e a la j ice, i e l e de fai e ien le fai e la « rumeur publique e che l acc . Diff en c d ff en d nc la ci ci ile pour faire acte de bons Français et participer aux jugements des collaborateurs, non plus ni emen d n in de e m al, mai en in g an di ec emen le c d e j diciaires intentées contre eux.

b. La valeur donnée au témoignage : une preuve ou un appui ?

Q elle e la lace d m in dan la j ice d a i n ? L bjec if de fai e in e eni le témoin est-il d b eni da an age de e e ? Q elle ale e d nn e a di c d i par le témoin ? Au final, la question concerne la valeur donnée par la justice à la participation d ne la i n e a-judiciaire au cours de ces procès. Puisque les preuves sur les échelles d a a enance e d ac i n a ein de la Milice n man an e , le m ignage e en apporter davantage de détails et permettre de fai e a ance l en e. Le d n ncia i n constituent un exemple de témoignage pouvant amener à accélérer la procédure et à obtenir de nouvelles informations sur des accusés ou sur des individus à arrêter. Ainsi, on remarque notamment que, lorsque des miliciens sont interrogés, il arrive que ceux-ci soient amenés à d n nce d a e memb e de l gani a i n a c de le m ignage. Ces dénonciations peuvent alors certainement apparaître plus fiables dans le sens où ce sont des discours portés par un memb e de l gani a i n m me. L ac e de d n ncia i n e en e l acc n

76 DULONG, Renaud, « Rumeurs et témoignages », PROCHASSON, Christophe (dir.), Vrai et faux dans la

Grande Guerre, Paris, La Découverte, 2004, p. 327-349, p. 337.

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moyen d b eni de ci c n ance a n an e , mais sa dénonciation peut également être un moyen pour se défausser lui-même des faits qui lui sont reprochés. Dans les dossiers d en e, différents exemples de dénonciations illustrent cette dénonciation par des membres m me de l gani a i n milicienne. Dan celle -ci, l acc ec nnai a c de n premier interrogatoire avoir fait partie des francs-gardes puis dénonce d a e memb e de la Milice78. T ef i , il e c ndamn 20 an de a a f c , 20 an d in e dic i n de j

et à la dégradation nationale. La justice est la seule à même de décider la valeur de la dénonciation. Dans ce cas, celle-ci n a a d e ec nn e ffi ammen im tante pour c ndamne m in emen l acc .

La d n ncia i n e n ce a c de l id e de m ignage, mai en c n e e de ie de g e e e d a i n elle n e a e e c mme e memen fiable ca elle peut être soumise à des volontés de revanche et de vengeance sur les individus accusés. La question de la fiabilité de la parole du témoin et de son témoignage est donc très importante pour la justice79. Les dénonciations portent le plus souvent sur des a priori, peu précis. Ces

déclarations comprennent de nombreux « vagues ouï-dire stéréotypés. »80 Les lettres de

dénonciation apparaissent plus virulentes et plus dénonciatrices que les dépositions de témoin effectuées en présence de l acc e des in ance cha g e de l en e. Dans ces dernières, le témoin fait davantage preuve de réserve, des propos plus mesurés et plus nuancés sur les actions dénoncées e le c m emen de l indi id acc . Ce n ance n d a an l visibles que le plus souvent les dépositions se réfèrent à des faits observés par des témoins oculaires. Ces derniers ne d nnen a n ce ai emen d inf ma i n d aill e le ac e perpétrés par ce milicien ou cette milicienne en particulier, mais sur un moment où ils ont vu l acc . L im ci i n de moignages conduit à une importante méfiance de la justice et l n e c ncl e la faible fiabili de m in , dan la me e le n limités sur les faits reprochés aux accusés sur lesquels ils sont interrogés81. Cette fiabilité est

notamment remise en cause lorsque les témoins se rétractent ou changent leurs témoignages en cours de procédures.

Les témoins sont réinterrogés plusieurs fois dans la procédure judiciaire et notamment en ence de l acc . Ce in e ga i e de c nf ontation sont disponibles dans les

78 AN, Z/6/83 : dossier n° 1267.

79 GARNOT, Benoît, « Les témoins sont-ils fiables ? », GARNOT, Benoît (dir.), Les témoins devant la justice :

une histoire des statuts et des comportements, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 429-435.

80 ALLINNE, Jean-Pierre, op. cit., p. 65. 81 GARNOT, Benoît, op. cit., p. 434-435.

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dossiers de justice et apportent des informations précieuses sur la place des témoins dans les en e c nce nan le milicien i e c e a c de ce -ci que cette parole est c nf n e celle de l acc , i, le l en , eme en ca e l e ac i de de fai dénoncés par le ou les témoins82. Les témoins peuvent également revenir sur leurs propos afin

de les modifier, ou même, de nie alemen a i c nnai ance de l ac i i e de c m emen d milicien acc , l Occ a i n. C e le ca d dossier du milicien Aimé Siebold dans lequel, au cours de la procédure, des lettres ont été envoyées par des témoins qui dénonçaien n c m emen l Occ a i n, ainsi que sa collaboration avec la Milice. Ce endan , a c de l en e, ces témoins qui avaient pourtant signé une i i n claman n ch imen d ciden de e ac e e d cla en en ali il ne connai aien ien la i a i n de l acc milicien a c de l Occ a i n. L acc e j g e c ndamn n engagemen dan la Milice mai il e ec nn e l acc « parait être victime de dénonciation de personnes jalouses de la situation assez aisée dans laquelle il se trouve »83. Dans ce cas et en rétablissant la vérité donc en condamnant le

témoignage mensonger , cela « igma i e im lici emen la c d li de ce i l n e e et colportée »84 et entraîne nécessairement la remise en cause de la fiabilité de ces différentes

prises de parole. Le le e ancha d de l a i n e ab i de elle d n ncia i n d n les raisons peuvent relever davantage de règlements de compte ou de conflits de voisinage, que de collaboration et de participation à une organisation vichyste85. Le climat de la

Lib a i n c n ib e d nne n en imen d im ni ce i, an en i l e h mili l Occ a i n, e en end e le e anche i -à-vis des mauvais Français86.

En outre, dans ce c n e e e face l affl de d n ncia i n , le indi id acc d a a enance la Milice d i en nd e de acc a i n i le n fai e a le

m in cha ge e le d n ncia i n d i e . Ain i, l ne de ac i n e l n e e généralement au cours de la procédure, est celle de nier en bloc la d n ncia i n e d acc e le d n ncia e de men i d fai de c nfli d in de jal ie. A i e d e em le, n retrouvons un milicien qui face à la dénonciation envoyée à la justice y répond et « déclare

e ic ime de d n ncia i n enan d ne jal ie c mme ciale »87. Dans ce cas, c e

82 Dans les archives du fonds Z/6 (AN, Pierrefitte-sur-Seine), de la cour de justice de la Seine, les dossiers

d en e e de j gemen c n iennen le c - e ba d in e ga i e e de c nf n a i n, a c desquels les accusés sont interrogés face aux témoins.

83 AN, Z/6/60 : dossier n° 963.

84 DULONG, Renaud, « Rumeurs », op. cit., p. 337.

85 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Histoire de l épuration, Paris, Larousse, 2010, p. 414. 86 JOLY, Laurent, La délation , op. cit.

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l d e fe i nnel i e en je e le d n ncia e e ai d a le milicien interrogé sur cette dénonciation, un individu jaloux, issu de son entourage professionnel. La connaissance a le a i d a i n de la ence de en imen de e anche e nnelle a ein de dénonciations conduit les accusés eux-mêmes à faire valoir ces sentiments pour retourner la situation. Le dénonciateur parait alors lui-même suspect et la cour attribue le bénéfice du d e l acc . Le a i de l a i n d i en galemen c de n j gemen de la fiabili de la d n ncia i n e d d n ncia e , e c ndamne l acc en f nc i n d j gement retenu88. Un autre exemple illustre la rhétorique employée par les accusés, amenant à

in e ge le id de ce d n ncia i n : « C mme je l ai d cla l de in e ga i e e j ai bi endan ma d en i n, e ce e affai e a , de outes pièces, montée par ma propre fille et non ma belle-fille, de la elle de e i n d in me séparent »89. Le e i n d d e familial e i in en dan la h e de la

d n ncia i n, c m li an le ce i en ca de man emen d a e e e c e l a i de l a i n d acc de d c di l ne l a e a le. Enfin, un accusé déclare être convaincu que les « inci a chef d acc a i n ( ) n li de en imen de vengeance personnelle. »90.

Ces discours produits par les accusés, notamment pour assurer leur propre défense, c nd i en in e ge la fiabilité des témoignages et des dénonciations, sans pour autant pouvoir y apporter une réponse arrêtée. En effet, c e ne e i n complexe car elle varie d n ca l a e. Cependant, on remarque que la justice reste méfiante vis-à-vis de ces d n ncia i n e l elle ne n a e , elle ne n a j e en e décharge au cours de la procédure et du procès. Si elles ne sont pas conf e a d a e m ignage , d a e e e , elle ne justifient pas la comparution devant la cour de justice. Le f nd de d ie d affai e e e c m e n n mb e im an de d ie e i e l en i d ne le e de d n ncia i n.. En effe , le 96 d ie d en e ouvertes i n n d nc a d nn lie de c m a i n 36 ont été ouverts suite à une lettre de dénonciation, soit 38%. Certains de ces dossiers ne sont même composés que d ne lettre de dénonciation. Cette de ni e a al c nd i l e e d n d ie mai , fa e de e e , l en e n a a donné lieu à une comparution. Finalement, les lettres de dénonciation ne constituent pas des preuves fiables, à elles seules, dans la plupart des dossiers

88 VERGEZ-CHAIGNON, Bénédicte, Histoire , op. cit., p. 414. 89 AN, Z/6/3420 : dossier n° SN9597.

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d acc a i n. Elle f n l bje d ne ci c n ec i n de a i de l a i n, c n ciencie de l a ec de e anche e nnelle e celle -ci peuvent représentées91.

c. Les discours du témoin : représentations et stigmatisations ?

Le en imen l enc n e de c llab a e n , la Lib a i n, e im de ai a ec la l n d e cl e de la c mm na na i nale ce i n ahi la na i n. Pa mi ce sentiments, la haine est particulièrement exprimée, pour qualifier les actes e m de miliciens. La haine c n id able e le F an ai e imaien l ga d de la Milice e de celles et ceux qui en faisaient partie en sortie de guerre se retrouve à travers un discours igma i an l gani a i n a amili ai e en elle-même, ses actes et actions, et ses acteurs. Les sentiments de haine fortement développé a ein de l ini n en ie de g e e, aien déjà accentués lors de l in alla i n de la Milice en ne n d d nc a i d m i de jan ie 1944. A cette date, la Milice di e d ne a i e l en emble d e i i e m li ain e diffuse une terreur de plus en plus importante, afin de traquer les « indésirables »92, el il

n e a le milicien . T cela d e mine le c n e e dan le el e le rôle joué a la la i n f an ai e a c de l a i n a e la igma i a i n d milicien. L change igma i an e d le al dan ne i i n de face-à-face entre le témoin et le milicien accusé, le témoin usant des représentations dominan e affi me c mme le