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Discours et représentations sur les miliciens et les

Chapitre 1. Miliciens et miliciennes dans la presse : discours sur une collaboration haïe et condamnée

A. La presse de la Libération

En 1944, du fait des pénuries de papier et du contexte difficile, les journaux autorisés à paraitre, ne peuvent le faire que sur une feuille simple qui coûte alors un franc8. Dans ces

j na , l inf ma i n d i al e l c nden e e e c ncen e l ac ali na i nale de la Libération. En cette période, la presse connait une situation complexe de déchirement, entre les différents périodiques et les différentes voix i che chen affi me . Cependant, cette presse de la Libération a un intérêt commun : e n i i de c d e d a i n et mobilise l ini n celle -ci. C e n nemen a end e la e e e en e c mme l n de inci a elai de cette période et des procédures encourues contre les c llab a e e c llab a ice . Le memb e de la Milice n a c de ce a en e , et dan l a en e de l e e de c d e j diciai e l in de la e e e e ce hommes et ce femme an c m mi dan la c llab a i n e la ahi n.

a. Une situation exceptionnelle

L d nnance d 22 j in 1944 fixe le cad e de l gani a i n de la e e n elle avec la en i n de i di e d n la blica i n e i ie l Occ a i n. La presse de la Libération se définit en rupture avec une presse qui a trahi en se soumettant aux lois de cen e de Vich e de l cc an na i. Ain i, ne a i n de g ande en e g e gani e contre les périodiques, mais aussi et surtout contre les journalistes. Cette presse est vue par Albert Camus comme « la honte de ce pays »9. La presse nouvelle qui se met alors en place

l en emble d e i i e na i nal a pour vocation de faire le récit des évènements de la Libération et de la progressive sortie de guerre au niveau régional, national mais également mondial a j le j e d inf me le lec e de ce e i a i n de fa n g li e. Dans le contexte de la Libération et des affrontements sur le territoire, entre miliciens et résistants n ammen , n en emble d image e de e en a i n e m bili afin de igma i e e de juger les trahisons commises par ces miliciens et miliciennes. Le jugement opéré prend place a ein de di c dan le el l image i e de la Milice e celle d ne gani a i n honnie de la société française, « haïe par les quatre cinquièmes de la population »10.

8 Idem, p. 299.

9 Combat, 31 août 1944.

10 ROUSSO, Henri, Pétain et la fin de la collaboration. Sigmaringen 1944-1945, Bruxelles, Complexe, 1984,

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Ce endan , le ai emen e e de fa n différenciée entre les périodiques. En fonction de l igine d j nal de e e e de la a le il e cen e en e le di c e prendre des formes différentes, malgré un ralliement général à la nécessaire condamnation des miliciens et milicienne i e la i i , l 1944, n e a de e de circonstances atténuantes aux collaborateurs11.

A la Libération la situation de la presse est particulière. En effet, un nombre important de j na e alli en 1940 la R l i n na i nale dans une forme de conformisme12. La

Croix est interdit à la Libération puisque le périodique avait continué d inf me la contrainte endan l Occ a i n et avait ainsi accepté de participer, en partie, à la propagande du régime de Vichy, avec notamment des publications soutenant la Milice. Pour prendre un e em le d a icle ela an la agande ich e e milicienne, dan l édition du 27 mars 1944, le journal La Croix comprend un article présent dans la rubrique « Le banditisme », qui indi e « un détachement de dix francs-gardes de la Milice, se rendant aux obsèques de Mme Denoix, femme du chef départemental de la Dordogne, lâchement assassiné, a été attaqué par des terroriste ( ). Le ag e e ( ) le a a en la g enade »13. Cette

rubrique sur le « banditisme fai d ci d a a e en e milicien e i an , ces derniers portant alors le nom de « bandits » ou de « terroristes », une de ses spécialités, reprenant le discours employé dans la propagande milicienne sur les résistants14. La presse contribue alors

à façonner les imaginaires du régime de Vichy. Ce a icle elaien l inf ma i n a e le joug vichyste et bien que les engagements en faveur de la collaboration aient été marginaux a ein de l i e di igean e d j nal i e e e c i i e en e la politique de collaboration, le a ail d a i n e e d nc galemen a c ndamna i n15.

Le j na i an ennen le de e d minen l 1944 le a age m dia i e de la presse écrite. Au premier rang de ces journaux, le périodique Combat affi me comme le périodique de référence pour une frange importante de la population résistante et se en e c mme e en a if d ne a le i an e, l in ellec elle. Il affi me également comme un journal relayant des informations légitimes car les risques pris par la

11 SCHOR, Ralph, « La presse niçoise de la Libération et le problème de l'épuration en 1944 », Cahiers de la

Méditerranée, n° 12,1976, p. 71-100, p. 79.

12 LENA, Mathieu, Le gouvernement de Vichy et les rapports franco-allemands vus par Le Figaro (1940-1942),

mémoire de maîtrise, Rennes, 1994, p. 83.

13 La Croix, 27 mars 1944.

14 LAURENS, And , Le h n m ne milicien en A i ge e l l i n de ses représentations dans

l ini n , Revue d histoire de la Deuxi me guerre mondiale et des conflits contemporains, n° 131, juillet 1983, p. 3-23, p. 20.

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blica i n dan la clande ini l Occ a i n l gi ime le discours résistant qui y est employé16. La e e clande ine l Occ a i n e , en ie de g e e, ab ndan e e

pluraliste avec « plus de 1 000 titres »17 l 1944. Le i di e Combat présente sa ligne

éditoriale comme la « célébration d n e le en résistance »18. A travers cette ligne

éditoriale, l bjec if est d in e e la i de de l Occ a i n e la c llab a i n el n le évènements présents, c e -à-dire les mesures punitives et épuratoires contre les collaborateurs, comme la Libération des territoires. Combat a une valeur et une légitimité maje e i e le i di e e i i nne i e en elai inci al de l inf ma i n i an e e c n e le c llab a i nni me, il a elle l a i n a ide. Les publications du journal La Croix étant suspendues et Le Monde pas encore créé, Combat offre un point de vue immédiat sur les évènements de la Libération et de cette situation de transition exceptionnelle. Le graphique ci-dessous illustre la répartition des thèmes abordés par les journalistes de

Combat dans les articles retenus, entre août et décembre 1944, période à laquelle Combat

di e d n lec a im an an i a i emen e i di e d ne ale majeure, en lien a ec l affi ma i n a i de i an .

16 WIEVIORKA, Olivier, « La presse clandestine », Mélanges de l Ecole française de Rome. Italie et

Méditerranée, n° 1, 1996, p. 125-136, p. 133.

17 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, les Français et l Epuration, Paris, Gallimard, 2018,

p. 109-111.

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Fig. 2 Répartition des thèmes abordés par Combat, par mois, entre août et décembre 1944, en pourcentage du total.

Les thèmes « jugement/condamnation » et « actions de la Milice » dominent nettement ce graphique, de même que « arrestation ». Les arrestations et condamnations de collaborateurs sont mentionnées de façon récurrente dans les lignes de Combat, d a an l dans cette i de d a i n, nemen f emen a end e clam che le j nali e de C mba comme au sein de son lectorat. En outre, à cette période particulièrement tendue entre la fin de c mba e le abli emen d n gime blicain table, les arrestations sont massives chez les collaborateurs suspects et notamment chez les miliciens. La mention des actions de la Milice e galemen maje e l 1944 e e me de e eni le fai e ch a miliciens arrêtés et / ou condamnés, mais également de faire un traitement particulier des m fai e ac e c mmi a le milicien d an l ann e 1944 inci alemen . Pa mi ce fai e ch , le g a hi e m n e l im ance de h me maquis », « arme », mais aussi « assassinats ». Ces thèmes sont mentionnés dans le cadre de la condamnation de certains ac e ec d a i a ici a ein de la Milice ce c ime e e ac i n .

Combat représente le périodique qui accorde le plus de crédit à la situation nationale et

propose un récit des évènements au jour le jour. Ainsi, le premier numéro de Combat composant notre corpus contient une rubrique intitulée « heure par heure. Deux jours

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% trahison propagande maquis jugement/condamnation internement incidents épur dénonciations collab assassinat arrestation arr patriotes arme actions de la Milice

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d in ec i n dan la ca i ale »19, dans laquelle sont recensés les évènements les plus récents

liés à la Libération de Paris. A la Libération, la Résistance se trouve en possession du pouvoir a a e ann e d h milia i n l Occ a i n. La l n de e anche e d affi ma i n d n i i de la R i ance a e galemen a ne e e, tel Combat, qui se veut le efle de a en e de l ini n dan le em enc e ince ain e cel i de la Lib a i n20.

Les journaux résistants de iennen le inci al m dia de l a i n. En effe , d la Libération sont annoncés dans ses lignes les premières arrestations et les premiers procès l il n lie , et en amont, des listes de suspects et les noms des premiers internés sont également indiqués21 .

b. Miliciens et miliciennes, les ennemis de la Libération

Dans son édition du 28 août 1944, alors que le territoire français est en pleine période de Libération, le journal Combat, a an l a i n imminen e, i e n a icle : « les miliciens et, en général tous les "collaborateurs" trouvés porteurs d'armes seront abattus »22.

Les miliciens qui ne portent pas les valeurs nationales et républicaines issues de la Résistance, recherchées dans le contexte de reconstruction nationale et étatique, doivent donc être sanctionnés pour leur déviance. A la Libération, la figure du milicien est celle du bouc- émissaire puisque son action aurait à elle-seule conduit la France dans le chaos du régime

ich e e de l Occ a i n 23. La presse se propose alors de refonder la communauté

nationale et son image, notamment à travers un discours performatif24. De l a a enance a

groupe des miliciens, découlent des points de vue et représentations, igma i an l ac i n milicienne25. Par ces stigmates, le but est notamment la légitimation de la mémoire résistante

et résistantialiste de l nemen . A a e la mi e en lace de ce imaginai e e d el an dans les opinions en sortie de guerre, il y a une l n de c ndamne l ac i n, la b ali e la violence des miliciens. Cette condamnation passe alors également par le vecteur de la e e. Le ce d im i i n d n imaginai e ni e en ie ce e Michel F ca l

19 Combat, 21 août 1944.

20 MICHEL, Henri, La Libération de Paris, Bruxelles, Complexe, 1980, 184 p. 21 ROUQUET, François, VIRGILI, Fabrice, Les Françaises, , op. cit., p. 109-111. 22 Combat, 28 août 1944.

23 GIRARD, René, Le bouc émissaire, Paris, Grasset, 1982, 313 p.

24 AGLAN, Alya, « La R i ance, le em , l e ace : fle i n ne hi i e en m emen »,

Histoire @ Politique, n° 9, 2009, p. 1-17, p. 3.

25 PLUMAUZILLE, Clyde, ROSSIGNEUX-MEHEUST, Mathilde, « Le igma e la diff ence c mme

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énonce à propos de la presse et des faits divers : « à cela s'ajoutait une longue entreprise pour imposer à la perception qu'on avait des délinquants une grille bien déterminée : les présenter c mme che , a en e a ed able . ( ) Le fai di e c iminel ( ) constitue le bulletin quotidien d'alarme ou de victoire. »26. Les mentions récurrentes dans la

e e de la Lib a i n de la i a i n de milicien e de ac i n men e a l gani a i n milicienne am nen ce e im i i n d ne e ce i n de an e a c m me d ce

a i e. L a i n n e a ni emen j diciaire, elle doit mener à bannir de la communauté nationale ceux qui ont collaboré.

Le milicien e milicienne h i en la Lib a i n de l image en an la Milice. A ce e i de, allan d m i d a a m i d c b e 1944, le f n i e en e poursuite de c mba de la Lib a i n e mi e en lace d ne j ice d a i n, n mince , le journal Combat est le seul parmi les trois périodiques retenus qui informe sur la situation, puisque les deux autres ne publient alors pas. Au cours de ce m i de l ann e 1944 la situation est tendue, le thème des miliciens est abordé au masculin dans la presse. Seul un a icle a lan de la Milice men i nne le ca d ne milicienne dan n n m d 24 septembre 1944, dans le journal Combat : « Une milicienne condamnée et exécutée dans le Vercors »27. Ainsi, la représentation fai e de l engagemen milicien dans la presse de la

Libération reste très masculine et ne questionne pas la composition sociale, plus diversifiée, des adhérents à la Milice. Dans cet article, le traitement qui est fait de leur collaboration ne diffère pas de celui des adhérents masculins, mais il reste excessivement marginal. Cependant, puisque la presse mentionne majoritairement des miliciens condamnés à de lourdes peines principalement la peine de mort le milicienne , l a an m in e e le milicien , n galemen m in en e dan ce a icle . La e i n ciale n a a ai généralement pas dans ces articles où seuls le nom, les faits reprochés et la condamnation n men i nn , c n ai emen l igine ciale, g g a hi e l ge de l acc par m c nnai ance a man e d in . Le a icle an l a i n in e en principalement aux condamnations ou exécutions et l affi ma i n de la figure du traître milicien, comme dans n n m d octobre 1944, du périodique Combat, qui affiche en première page, « de nombreux traîtres ont été condamnés à mort par les tribunaux militaires »28. Ce e e abli ne li e d indi id c ndamn , a mi le el a e traîtres

miliciens sont mentionnés. A la Lib a i n, l in de ce e e e i an e e e la

26 FOUCAULT, Michel, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975, p. 292. 27 Combat, 24 septembre 1944.

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mi e en a an d n mb e im an d indi id a e c ndamn dan le cadre de l a i n.

L de dan le diff en i di e de n m de age a el e i en le a icle e en e me de ca ac i e le ligne di iale de ce i di e e l im ance que chacun accorde au traitement des collaborateurs en sortie de guerre. Les différents n m c n ign dan la ba e de d nn e ne n c m e d ne feuille, recto-verso, j l di i n d journal Le Monde du 24 janvier 1945, qui compte deux feuilles, soit quatre pages. Ainsi, puisque les numéros bli ce e i de ne n c n i e d ne feuille, les informations sont plus condensées. Les journaux affichent alors régulièrement l a i n c mme h ma i e en emi e age, h ma i e dan la elle la men i n de miliciens est très régulière i il n de ac e cen a d ce d a i n, mai aussi car ils sont érigés comme symboles de la collaboration et de la trahison, à la Libération29. Ainsi, sur les 104 occurrences de août à décembre 1944, 58 apparaissent en une,

soit 56% des articles. Dans la ligne éditoriale de Combat, le traitement des procédures menées contre les miliciens e d ne emi e im ance.

Le traitement de la Milice a a ai inci alemen en ne a c de l ann e 1944, a ec n ic a m i d c b e 1944. A l in e e, a c de l ann e 1945, la Milice fai m in l bje d ne mi e en idence dan la agina i n de i di e . Le j na n composés de plus de feuilles et les informations sont moins condensées. Le traitement de la Milice et du devenir de ses membres doit alors être mis en relation avec la nouvelle économie j nali i e e l a gmen a i n d n mb e de age im e. Le e i n a i e e la Milice sont alors davantage reléguées aux pages suivantes, sans que cela remette en cause l in ce e i n e la c ndamna i n de c llab a e . Combat demeure le périodique qui publie davantage en une, contrairement aux deux autres et principalement à La

Croix qui mentionne principalement en une des fai d ac ali nationaux et internationaux, an fai e ne cifici d ai emen de c llab a e e de l a i n.

Le di c ili ai e de la Milice n e a a ic li emen i len dénonciateur, les journalistes adoptant davantage la neutralité dans la description de l ac ali . Cependant, le périodique Combat se permet plus d effe de le d n ncia e d fait de sa ligne éditoriale et de son origine résistante. En 1944, le journal mentionne

29 SCHOR, Ralph, « La e e », op. cit.

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régulièrement dans ses pages les actions commises par les miliciens et notamment par ceux i e n f gi l E . Un a icle de novembre 1944 in i le alors : « Darnand chef politique des Waffen SS Charlemagne »30. Les points de suspension utilisés dans le titre

de l a icle n em l des fins critiques et dénonciatrices. En outre, ils sont de nouveau ili a le j nali e la fin de l a icle. En effe , l a icle, qui informe sur la situation des miliciens présents en Allemagne, se termine en aj an « une grande partie des francs- ga de , i l ie millie , la l a e de le a me , aien j in a

e allemande »31. Les points de suspension sont de nouveau employés, pour signifier

la critique et la dénonciation de ces hommes, ces miliciens, qui font le choix de continuer le combat en Allemagne. Cependant, au fur et à mesure le discours est moins dénonciateur et plus neutre dans la manière de traiter les questions liées à la collaboration milicienne et au collaborationnisme armé. Les articles publiés à cette période de Libération ne reviennent pas sur les origines de la Milice, sur les différentes exactions commises par ses membres sur le territoire. Ils informent davantage sur la situation actuelle de la Libération du territoire.

c. La presse et la e e ace de a d c a e

Al e gani e l a i n j diciai e le e i i e na i nal, la e e e en an c mme le efle d ne ini n la elle ce c ndamna i n n la i i de ce e ie de guerre, relaye les évènements capitaux et les procédures majeures débutées dans cette i de de Lib a i n. Ain i, l ann e 1944, 24% des occurrences retenues ont pour thème « jugement / condamnation », soit le thème retenu pour traiter des procédures épuratoires. Ces occurrences concernent davantage des articles publiés à partir du mois d c b e 1944, al e e d el e l a i n l gale e n lie le emi e procédures contre les collaborateurs arrêtés sur le territoire national au moment de sa Libération. Dans ces procédures, le jugement des membres de la Milice est central, ce qui e li e l im ance de le men i n dan le a icle an l a i n. Ainsi, le thème de l a i n cc e ne lace cen ale dan les quotidiens de presse distribués sur l en emble d e i i e ce e i de, d fai de l in e im a le F an ai ce questions et sur les poursuites retenues contre les hommes de Vichy et les traîtres

30 Combat, 2 novembre 1944. 31 Idem.

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collaborateurs32. Ces mentions apparaissent également comme une démonstration de

l am le d a ail ali a le diff en e j idic i n e a galemen b de m igne de l efficaci de la j ice d a i n.

L a i n e a end e dan l ini n e clam e dan la e e, inci alemen résistante. Dans le périodique Combat, on retrouve ces appels à condamner les collaborateurs a e la e i e d n di c d A b ac33 prononcé le 29 novembre 1944 qui affirme que

« les traîtres, soyez-en convaincus, seront punis en proportion de leurs fautes. »34. La

c ence d h me de l a i n e de c ndamna i n dan la e e de la fin de l ann e 1944 est un moyen de répondre aux attentes, tout en exprimant alors le bon fonctionnement de cette justice. Les listes de noms de personnes arrêtées ou condamnées est un moyen de mettre l accen le n mb e e l efficaci . S l en emble de la i de, le h me jugement / condamnation » apparait 385 fois. La focalisation des articles de presse sur les enjeux épuratoires pour traiter de la collaboration et des collab a e ill e n ammen l im ac e les liens très forts entre les opinions, dont la presse se présente comme relais, et la situation en justice et dans les tribunaux35. Cette imbrication de la sphère publique et de la sphère

judiciaire place les collaborateurs dans une configuration particulière, où la condamnation de le ac i n ne e e fai e an l a ec l gal de le a age de an la j ice. A emen di , l ini n e i i nne c mme j ge dan le j idic i n de l a i n a le imaginaires e le e en a i n i n fai e de milicien e de l ac i n milicienne. L a i n e voulue et grandement attendue en 1944 et elle occupe différentes fonctions pour la population f an ai e de la Lib a i n. Ce e lace i e a l inion dans la construction des e en a i n de c llab a e e dan le a en e elle d el e i -à-vis des c d e en ie la f nc i n de a ia i n de l e ace blic, c nfi e par Vichy l Occ a i n, e la f nc i n iden i ai e de ef nda i n d ne lida i na i nale36. La

chasse aux traî e e a milicien dan ce cad e l gal e d nc cen ale e c e n h me extrêmement récurrent dans les pages des quotidiens, notamment en une.

32 SCHOR, Ralph, « La e e », op. cit., p. 71.

33 Raymond Aubrac est alors commissaire régional de la République à Marseille. 34 Combat, 30 novembre 1944.

35 SALAS, Denis, « Opinion publique et justice pénale. Une rencontre impossible ? », Le Temps des médias,

n° 15, 2010, p. 99-110.

36 LABORIE, Pierre, « Violence politique et imaginaire collectif : l e em le de l E a i n », BERTRAND

Michel, LAURENT Natacha, TAILLEFER Michel (dir.), Violences et pouvoirs politiques, Toulouse Presses universitaires du Mirail, 1996.

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Dans le quotidien La Croix, 74% des occurrence e en e l ann e 1945 n li e des articles compris dans la rubrique « Arrestations et condamnations » du journal. Cette