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2 MATÉRIELS ET MÉTHODES

2.2 Procédure générale

Notre étude inclue deux tests principaux à savoir un test de reconnaissance des émotions et un test d’intelligibilité pour deux populations différentes, l’une normo-entendante et l’autre malentendante. Pour commencer, nous allons présenter chacun des deux principaux tests puis nous les détaillerons en fonction des différents paramètres à tester pour chacune des deux po-pulations. Nous expliquerons ensuite les réglages appliqués pour chaque paramètre.

2.2.1 Présentation générale des deux principaux tests 2.2.1.1 Test d’intelligibilité

Nous avons procédé à des tests d’intelligibilité en utilisant les listes cochléaires de La-fon. Elles sont composées de 20 listes comportant chacune 17 mots de 3 phonèmes. Notre choix se porte sur ces listes dans la mesure où elles sont phonétiquement équilibrées et qu’elles nous permettent d’évaluer le nombre d’erreurs phonémiques. De plus, elles disposent de suffisam-ment de mots pour tester chacun de nos paramètres en ayant un intervalle de confiance fiable sachant qu’un minimum de 50 mots est nécessaire pour chacun d’eux (Lafon, J. C., Morgon, A., & Gauthier, J. (1965)).

2.2.1.2 Test de reconnaissance des émotions

Pour le test de reconnaissance des émotions, nous avons utilisé les enregistrements d’émotions réalisés pour l’étude d’Hugo Fillol en 2018. Ces émotions ont été choisies parmi les 7 émotions primaires (Ekman, P. (1992)) : la peur, la tristesse, le dégoût, le mépris, la colère, la surprise, la joie. En définitive, seules 5 émotions ont été retenues : la peur, la tristesse, la colère, la surprise et la joie. La création des stimuli a été réalisée par un acteur professionnel capable de transmettre, pour un même texte (Annexe 6) ces différentes émotions. Deux d’entre elles n’ont pas été retenues dans le choix final, à savoir le mépris et le dégoût, car trop difficiles à simuler par l’acteur et par conséquent trop difficiles à identifier pour les auditeurs (Hugo Fillol, (2018)).

2.2.2 Objectif 1 : Impact de la compression sur les normo-entendants

Expérience 1 :

Afin d’évaluer l’impact de la compression sur l’intelligibilité et l’identification des émo-tions, nous avons compressé les listes cochléaires de Lafon et les enregistrements des émotions.

Cette compression a été réalisée par bandes de fréquences à l’aide du logiciel Izotope Ozone 9 (Brickhill, T. (2013)). Nous avons opté pour une bande Basse Fréquence BF (de 0 à 250Hz) et une bande Haute Fréquence HF (de 2000 Hz à 20 kHz).

Cette compression a été appliquée successivement pour une bande Basse Fréquence (com-prise entre 0Hz et 250Hz) et une bande Haute Fréquence (com(com-prise entre 2000Hz et 20000Hz).

Les effets, s’ils existent, pourront alors être associés à un domaine de fréquence. Nous parlons de HF à partir du 2000Hz car un certain nombre d’études (Foucher, M., Galleco, S., & Truy, E.

(2011) ; Volcler, J. (2011)) désignent cette valeur comme la limite inférieure des aigus. Quant aux bandes de fréquences graves, nous avons opté pour des valeurs inférieures à 250 Hz. Ce choix se justifie par le fait que la fréquence fondamentale ainsi qu’un premier harmonique peu-vent se situer entre 0 Hz et 250Hz pour des voix parlées d’hommes et de femmes (I.R Murray et J.L Arnott, 1993). De plus, nous savons qu’il existe une évolution temporelle de la fréquence fondamentale différente pour chaque émotion et qui permet la reconnaissance de chacune d’entre elle (Menahem, R. (1983) ; Bänziger, T., Grandjean, D., Bernard, P. J., Klasmeyer, G.,

& Scherer, K. R. (2001)). Nous avons pris le parti de ne prendre que deux bandes de fréquences (aigües et graves) pour ne pas multiplier le nombre de paramètres à tester afin de conserver une durée acceptable de test.

Expérience 2 :

Nous avons réalisé une seconde expérience dans laquelle nous avons présenté les listes d’intelligibilité et les enregistrements des émotions filtrés Passe-Bas. Avec ce filtrage, nous avons tenté de nous approcher de la déficience spectrale d’une « presbyacousie» légère (Annexe 1) (Tardieu, J., Fontan, L., Magnen, C., & Gaillard, P. (2014)). La finalité de cette passation est d’observer si la « perte » d’informations dans les HF provoquée par le filtrage Passe-Bas dégrade la reconnaissance des émotions tout comme elle détériore l’intelligibilité chez un pres-byacousique.

En résumé, à partir des fichiers Témoins (émotions enregistrées et listes de Lafon), nous avons créé de nouveaux fichiers qui sont constitués des signaux sources compressés dans les graves, des signaux sources compressés dans les aigus, et des signaux sources filtrés Passe-Bas.

Les fichiers Témoins seront les fichiers contrôles de notre étude. Ce test a créé les conditions expérimentales pour observer et quantifier l’impact de la compression sur la perception des émotions par des auditeurs normo-entendants.

Figure 3 : Schéma récapitulatif des deux expériences, en plus du test Témoin, de la passa-tion du test sur les normo-entendants

2.2.3 Objectif 2 : Impact du gain sur les presbyacousiques (avec et sans ACA)

Expérience 3:

Cette expérience permet de déterminer l’impact du gain sur des presbyacousiques (perte légère à moyenne, sans ACA). L’intérêt de cette opération est d’identifier si le gain, élément principal dans les ACA, assure une meilleure reconnaissance des émotions. Pour ce faire, les listes cochléaires de Lafon et les enregistrements des émotions ont, cette fois-ci, été modifiés en introduisant un gain sur les mêmes bandes de fréquences que les tests avec les normo-enten-dants, à savoir entre 0 Hz et 250 Hz et entre 2000Hz et 20kHz. Nous avons fait le choix, pour cette expérience, de prendre un gain identique pour chaque malentendant et par conséquence de ne pas prêter attention à la perte d’audition de chacun. Ce gain peut-être insuffisant ou trop élevé par rapport au degré de surdité de chaque sujet. En conclusion, il se peut que pour certains d’entre eux ce gain n’apporte pas des résultats d’intelligibilité optimaux mais nous souhaitons

NORMO-ENTENDANTS

non modifiés Fichiers sources COMPRESSÉS - TEST 1 : Intelligibilité à Listes cochléaires de lafon

- TEST 2 : Reconnaissance des émotions à Enregistrements des 5 émotions + 1 neutre

Expérience 4 :

Avec cette dernière expérience, nous avons souhaité analyser si une amplification à l’aide des ACA, sans aucun traitement du signal (sans réducteurs de bruits, anti-larsen, directivité microphonique, compression (TC=1), etc..), améliore les scores d’intelligibilité et/ou de recon-naissance des émotions. Grâce aux ACA, nous compensons la perte d’audition en dB propre à la surdité de chaque sujet, fréquence par fréquence. Pour ce faire, nous avons placé des ACA préréglés avec la méthode NAL-NL2 (100 % de la cible). Les listes et les enregistrements pré-sentés lors de ce test sont les fichiers sources Témoins.

En résumé, à partir des fichiers Témoins (émotions enregistrées et listes de Lafon), nous avons créé de nouveaux fichiers qui sont constitués des signaux sources avec un gain dans les graves, des signaux sources avec un gain dans les aigus, et d’autres non modifiés, écoutés à travers des ACA. Les fichiers Témoins seront les fichiers contrôles de notre étude. Ce test a créé les conditions expérimentales pour observer et quantifier si le gain améliore la perception des émotions par des auditeurs malentendants.

Figure 4 : Schéma récapitulatif des deux expériences, en plus du test Témoin, de la passa-tion du test sur les malentendants