• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE III CADRE MÉTHODOLOGIQUE

4.1. ARTICLE 1: Modèles émergents de transformation des universités conventionnelles

4.1.1. Problématique: revue de la littérature et pertinences scientifique et sociale de la

La littérature fait état de plusieurs termes, concepts et expressions qui expriment la situation de transformation que connaissent les universités conventionnelles dans leur rapport aux modes d’enseignement et d’offres de cours, sous l’effet de l’intégration de plus en plus croissante des TIC. « Université sans murs », « enseignement non traditionnel », « cours hybrides » et « universités bimodales » font tous référence à un décloisonnement en perspective des universités actuelles sous l’effet des technologies de l’Internet.

Cet effet de décloisonnement est attribuable au développement de l’enseignement à distance et du e-learning dans les universités comme le montrent les travaux de Brown (2002), Samarawickrema et Stacey (2007), Kerr, Rynearson et Kerr (2006), Olapiriyakul et Scher (2006), Shulman (2005), Motiwalla et Tello (2000); mais aussi à l’avènement des cours hybrides dans les universités conventionnelles ainsi que le montrent les recherches de Olapiriyakul et Scher (2006), Marchand et Loisier (2003), Paquette (2002), Guri-Rosenblit (2001) et Baer (1998).

Au sujet précisément des modèles d’universités pouvant émerger avec l’avènement du e- learning et l’intégration des TIC à l’université, les recherches sont quasi inexistantes, comme le mentionne White (2007) qui reconnait que la perspective institutionnelle de la transformation que l’utilisation des TIC produit sur les universités conventionnelles est la moins documentée dans les recherches sur l’intégration des TIC à l’université. Ce problème de recherche justifie l’axe institutionnel de cette étude.

Quelques chercheurs soulignent toutefois que les technologies changent la ligne d’évolution des universités. Les recherches de Hannah (1998) en ce sens débouchent sur de nouveaux modèles d’universités et rapportent qu’il y a l’enseignement supérieur de masse (Mass Higher Education ou

Mass-Ed) favorisé par l’Internet qui accroît grandement la quantité de cours offerts par les

universités, mais aussi une segmentation de l’enseignement universitaire conduisant aux cours sur campus (on campus), ceux sur les sites hors campus (off campus sites), les cours à distance délivrés au moyen d’outils divers tels que la vidéo, l’audio/vidéo, ou entièrement par le biais d’Internet.

Nworie (2007) dont les travaux s’inscrivent également dans la perspective organisationnelle de l’institution universitaire à l’heure de l’intégration des nouvelles technologies, considère qu’il revient aux universités d’instituer ou de réorganiser les services de soutien à la technologie éducative (Academic Technology Support Services) qui à leur tour seront amenés à prendre en charge la vision, la mission et les objectifs institutionnels d’enseignement et d’apprentissage des universités. Cette perspective apparaît d’autant plus importante, soutient Nworie (2007), qu’il n’existe que très peu de modèles et de littérature sur comment organiser au mieux la technologie éducative dans les universités. C’est également le point de vue de Fullan (2007) qui insiste sur l’importance de réorganiser l’université, de transformer la culture universitaire.

De ces travaux, nous retenons que les universités conventionnelles sont désormais inscrites sur un axe d’évolution, un changement institutionnel sous l’effet des TIC. La perspective précise de notre recherche est de mieux explorer cette dimension, en découvrant les modèles probables d’universités pouvant émerger de cette transformation des universités conventionnelles sur le continuum. En somme, nous vérifierons auprès des répondants les tendances d’évolution de l’université dans sa forme institutionnelle et organisationnelle, croiserons ensuite les réponses pour en dégager les formes émergentes les plus évoquées.

La pertinence scientifique de cette recherche trouve sa justification dans le fait que les universités relient dorénavant leur développement à long terme à l’avènement des cours en ligne (Allen & Seaman, 2007). Entreprendre donc cette recherche en se préoccupant également des formes émergentes d’enseignement au niveau des universités ainsi en transformation sous l’influence des TIC nous apparaît compatible avec ce souci de planifier le développement à long terme des universités.

Pour la pertinence sociale, le débat actuel dans l’arène universitaire au sujet de l’université a souvent rapport avec l’université “tour d’ivoire” versus une université d’“utilité sociale”. Sans nous engager sur le terrain des choix axiologiques qui sous-tendent ces deux conceptions de l’institution universitaire, nous remarquerons que la pertinence sociale de cette étude a trait au décloisonnement de l’institution. En d’autres termes, par le truchement de l’intégration des technologies au service de l’enseignement, nous estimons que l’université pourra renforcer et développer son rapprochement avec la société. D’une institution culturelle pour des individus membres d’une élite, l’université décloisonnée institutionnellement par l’utilisation des TIC, avec notamment ses formations ouvertes et à distance, devient un espace et un outil de développement social pour les individus, les citoyens,

qui peuvent ainsi suivre les cours sans contrainte de temps ni de lieu.

4.1.2. L’évolution des universités: une approche théorique

Pour mener cette recherche, nous avons choisi le modèle du Open System Communications

Net de Kershaw et Safford (1998, 2001). La raison du choix de ce modèle est que, de tous les

modèles considérés, il est le seul qui postule que la convergence des TIC change la nature des universités conventionnelles. De plus, le modèle place ce changement sur un axe pouvant aller du local à l’international illustrant parfaitement comment l’Internet et les TIC en général peuvent donner naissance à des modèles d’universités, au regard de la possibilité et de l’étendue des offres de cours.

Le modèle réfère en outre aux relations entre ces institutions, de même que leur rapport avec la société et le secteur privé. Cette perspective théorique indique en outre que l’actuel état toujours prévisible des relations interinstitutionnelles cède le pas à un ordre de rapports de changement perpétuel. C’est un modèle qui s’inspirant de la central place theory de Christaller et de la théorie du chaos, et pose la question de la manière dont les institutions pourront fonctionner dans un environnement caractérisé par la complexité et le flux constant à l’ère de la culture numérique. Dans le même sens, Dirckinck-Holmfeld et Lorentsen (2003) soulignent que nous sommes à l’ère des universités interactives, et que les universités auront à jouer un rôle clef dans le développement régional et de la société par le truchement d’une interaction active entre elles, mais aussi avec le secteur privé et les institutions publiques en vue de la recherche, l’éducation et l’apprentissage continu.

Des apports théoriques de Kershaw et Safford (1998, 2001) et de Dirckinck-Holmfeld et Lorentsen (2003), il ressort que les TIC, Internet en particulier, font des universités conventionnelles des institutions plus ouvertes que jamais sur la société, avec des rapports plus diversifiés sur les plans local, régional, national et international.

Cependant, si ces approches théoriques insistent sur de nouveaux rapports émergeant entre l’université plus ouverte et la société, il importe avant tout de faire ressortir les nouvelles entités universitaires (les formes d’universités en émergence) dont l’apparition préexisterait aux rapports dont elles seront au centre.