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CHAPITRE III CADRE MÉTHODOLOGIQUE

3.1. Posture épistémologique, enjeu et type de recherche

3.1.1. Posture épistémologique: une recherche contextualiste

La posture épistémologique entretient sur la visée de la recherche. Celle-ci consiste à décrire la manière dont les universités se transforment avec l’utilisation des TIC en enseignement, et ce, à travers une recherche en contexte, in situ.

Il y a cinq catégories épistémologiques possibles dans lesquelles nous pouvons inscrire cette recherche pourvu qu’elle satisfasse aux critères caractéristiques de l’obédience épistémologique d’appartenance. Ce sont le positivisme et le radical empirisme, le formalisme et l’hypothético- déductivisme, le réalisme et l’essentialisme, le structuralisme et le contextualisme, le post-structuralisme et le postmodernisme (Fitzgerald & Cunningham, 2002).

En analysant notre recherche à l’aune de la grille épistémologique de Fitzgerald & Cunningham (2002), nous nous apercevons d’avoir emprunté une perspective épistémologique d’obédience contextualiste, une constatation qui s’est faite au fur et à mesure que nous répondions aux sept questions mises en relief par ladite grille. Ci-dessous le tableau indiquant les réponses aux questions de la grille épistémologique de Fitzgerald & Cunningham (2002) :

Tableau 1: Justification de l’obédience épistémologique contextualiste de la recherche

Les questions relatives aux catégories épistémologiques (Fitzgerald & Cunningham, 2002)

Justification de l’obédience épistémologique contextualiste de la recherche.

Can we have knowledge of a single reality indepedent of the knower?

Non. Les réponses des participants ont été dépendantes de leurs expériences et sont tributaires de leurs connaissances au sujet de l’influence de ces nouveaux outils sur la transformation et l’évolution des universités.

Is there such a thing as a truth? Oui. La certitude de la « vérité » est qu’il y a déjà une transformation des pratiques à l’université avec les nouvelles technologies, un changement qui se poursuivra dans le temps. Nous estimons à ce propos qu’il y a une forme ou des formes qui vont dominer à moyen et à long terme.

What primary test must proposed knowledge pass in order to be true?

Nous considérons que la réponse ou les différents points de vue à recueillir réfèrent à ce qui se fait actuellement dans les universités (pragmatisme). Ces points de vue sont donc « cohérents » avec les pratiques actuelles des TIC dans les universités.

Is it a particular or an universal knowledge?

Les résultats que nous obtiendrons de cette recherche auront un caractère tendant vers l’universel, même s’il est à imaginer que cette transformation des universités ne se fera pas partout unanimement dans un premier temps.

Where is knowledge located relative to the knower

Les réponses à nos questions se situent dans une pluralité de points de vue provenant des personnes-ressources interrogées.

What are the relative contributions of sense data and mental activity to knowing?

C’est de l’interprétation des données et des indices des changements en cours soulignés par plusieurs acteurs (community

of minds) que ressortiront les réponses « vraies » à la question

principale et aux sous-questions de recherche.

To what degree is knowledge discovered versus created?

La recherche s’inscrit à la fois dans le sens de la création et de la découverte, mais plus de la création (à travers une mise ensemble contrastée des points de vue organisés et analysés) que de la découverte.

En examinant la première question (Can we have knowledge of a single reality indepedent of the

knower?), nous avons répondu par la négative parce que pour trouver une réponse à notre principale

question de recherche, à savoir quelles sont les formes probables que prendra l’institution universitaire avec l’émergence des nouvelles technologies et d’Internet en particulier, de même qu’aux autres sous- questions de recherche reliées, toutes les personnes-ressources interrogées n’ont pas eu à répondre de manière identique. Leurs réponses ont été dépendantes de leurs expériences et sont tributaires de leurs connaissances au sujet de l’influence de ces nouveaux outils sur la transformation et l’évolution des universités. En ce sens, la réponse dépend plutôt de chaque sujet connaissant, en l’espèce de chaque répondant. Ceci étant, ce n’est pas non plus une recherche appartenant au post-

structuralisme/modernisme qui postule qu’il y a autant de réalités que de sujets connaissants. Car les points de vue sur les différentes formes probables que prendra l’institution universitaire se sont beaucoup entrecoupés. Le groupe épistémologique structuralisme/contextualisme est celui qui sied à cette conception de la réalité telle qu’induite par nos questions de recherche.

Á la seconde question (Is there such a thing as a truth?), notre réponse est à l’affirmative, car la certitude de la vérité est qu’il y a déjà une transformation des pratiques à l’université avec les nouvelles technologies, un changement qui se poursuivra dans le temps. Nous estimons à ce propos qu’il y a une forme ou des formes qui vont dominer à moyen et à long terme. La posture contextualiste répond à cette conception de la réalité à l’opposé du relativisme ou du scepticisme.

Pour répondre à la troisième question (What primary test must proposed knowledge pass in order

to be true?), nous considérons que la réponse ou les différents points de vue à recueillir réfèrent à ce qui

se fait actuellement dans les universités (pragmatisme). Ces points de vue sont donc « cohérents » avec les pratiques actuelles des TIC dans les universités. Le contextualisme/structuralisme répond encore à ce critère de vérité, fondé sur la « cohérence » et le « pragmatisme ».

S’agissant de la quatrième question, celle de savoir s’il s’agira d’une connaissance universelle ou particulière, nous dirons que les résultats que nous obtiendrons de cette recherche auront un caractère tendant vers l’universel, même s’il est à imaginer que cette transformation de l’université ne se fera pas partout unanimement dans un premier temps. Il ne serait donc pas question à notre sens de particularités mais d’une universalité dans un processus d’évolution sur le continuum. Cette réponse inscrit une fois de plus notre recherche dans le contextualisme.

Á la cinquième question, celle de savoir à quel endroit est localisée la connaissance par rapport au sujet connaissant, nous estimons que les réponses à nos questions se situent dans une pluralité de points de vue provenant des responsables, experts ou personnes-ressources interrogés.

La réponse à la sixième question place une fois de plus cette recherche dans la posture épistémologique contextualiste lorsque nous assumons que la vérité (la réponse à notre question de recherche) découlera d’une contribution égale entre données de l’expérience sensible et activité réflexive. C’est de l’interprétation des données et des indices des changements en cours soulignés par plusieurs acteurs (community of minds) que ressortiront les réponses « vraies » à la question principale et aux sous-questions de recherche.

Enfin, à la question sept, celle de savoir si les connaissances de notre recherche seront découvertes ou créées, notre réponse allant à la fois dans le sens de la création et de la découverte, mais

plus de la création (à travers une mise ensemble contrastée des points de vue organisés et analysés) que de la découverte, met une fois de plus notre recherche dans le courant épistémologique contextualiste. En définitive, c’est dans le contexte des initiatives actuelles relatives aux technologies de l'information et de la communication dans les universités que cette recherche s’entreprend, avec des approches théoriques et méthodologiques se fondant sur les pratiques et les changements en cours dans ce contexte.

3.1.2. Enjeu de la recherche: un enjeu nomothétique

Cette recherche vise avant tout la production de nouvelles connaissances sur la transformation des universités conventionnelles (appelées universités classiques, universités traditionnelles ou encore universités-campus), les conditions sur le plan technologique de cette transformation progressive et les changements d’ordre pédagogique qui devront accompagner cet avènement. De ce point de vue, consistant à apporter un éclairage sur cette thématique et à accroître ce faisant la somme de connaissances disponibles dans un champ de connaissances donné, cette recherche poursuit une visée ressortissant de l’enjeu nomothétique.

3.1.3. Type de recherche, justification du type de recherche et nature des données à recueillir.

Selon la typologie de De Ketele (1996), les recherches peuvent être de sept ordres: fondamental, appliqué, évaluatif ou opérationnel, exploratoire, descriptif, spéculatif ou une recherche-action. À considérer celle-ci à la lumière des critères de chacun des sept types de recherche, nous nous sommes aperçus qu’elle se rapproche à la fois d’une recherche exploratoire et d’une recherche de type descriptif. En effet, à s’en tenir à la grande part de nouveauté que renferme l’objet de la recherche, le projet a tout l’air d’une recherche exploratoire, un point de vue justifié par le peu de connaissances actuellement disponibles sur les réponses à la question de recherche. Ensuite, vu que le projet de recherche répond à plusieurs critères de la recherche descriptive définis par De Ketele (1996) dans sa taxinomie des différents types de recherche, nous soutenons que la recherche chevauche entre ces deux types exploratoire et descriptif.