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Prix d’équilibre et segmentation des consommateurs

4.3 Prix et couverture en duopole mixte

4.3.1 Prix d’équilibre et segmentation des consommateurs

Cette section présente les prix d’équilibre des firmes et la couverture de la firme privée choi- sie à l’étape 2. De ces prix et couvertures découlent la segmentation des consommateurs. Étant données les qualités qu, qprchoisies à l’étape 1, la firme privée fixe son prix et sa couverture afin

de maximiser son profit. La firme publique fixe son prix afin de maximiser le bien-être social. La maximisation du profit implique que la firme privée offre ses services uniquement si son profit marginal unitaire est positif et que son surplus sur le marché d’une zone couvre les coûts de transport associés à cette zone. Selon la part de consommateurs qui préfèrent s’adresser à la firme privée (ϕ( ˆv)) dans chaque zone θ (par hypothèse 1), la condition pour que la firme privée accède à leur demande est ϕ( ˆv)[ppr− c(qpr)] − θ ≥ 0. La firme privée couvre donc toutes les

zones θ ayant un coût d’accès inférieur à ˆθ(pu,ppr,qu,qpr), tel que :

ˆθ(pu,ppr,qu,qpr) = ϕ( ˆv)( ˆv(pu,ppr,qu,qpr)) [ppr− c(qpr)] (4.3.1)

Ainsi le surplus total de la firme privée est donnée par le produit de sa demande et de son profit marginal dans les zones qu’elle dessert, moins les coûts d’accès θ à chaque zone :

Π(ppr,pu,qpr,qu, ˆθ ) =

� ˆθ

0 ϕ( ˆv) [p pr

− c(qpr)] − θ dG(θ ) (4.3.2) L’objectif de la firme publique est de maximiser le bien être social définie précédemment en (4.2.6) si qu≥ qpr (ou en (4.7.1) sinon, voir Annexes A). Cependant les variables choisies ne

sont plus les mêmes et le statut de la firme n’ayant pas de contrainte d’ubiquité change. Ici nu est la firme privée. Ainsi, dans le problème décentralisé, à l’étape 2 la firme publique prend le prix, la qualité et la couverture de la firme privée, ppr,qpr, ˆθ comme donnés.

Si la firme privée couvre la zone θ, la demande de la firme privée est ϕ( ˆv) et la demande de la firme publique est 1 − ϕ( ˆv). La firme produisant la plus haute qualité sert les consommateurs ayant la plus grande préférence pour la qualité et la firme produisant la basse qualité sert les consommateurs ayant la plus faible préférence pour la qualité. Si la firme privée ne couvre pas

la zone θ , tous les consommateurs se tournent vers la firme publique. Le schéma 4.1 décrit l’allocation des consommateurs dans le cas où la firme publique produit la plus haute qualité.

FIGURE 4.1 – Segmentation des consommateurs avec qu≥ qpr:

Private Firm

Public Firm

ˆ

θ

ˆ

v

=

p u−ppr qu−qpr v v¯ θ ¯ θ

consumers’ valuation for quality, v

consumers’ lo cation typ e, θ

with USO

Le lemme 1 caractérise les meilleures réponses respectives en prix de la firme publique et de la firme privée. La firme publique fixe son prix de sorte que la segmentation des consommateurs à l’équilibre soit efficiente, ˆv = ˜v(qu,qpr). Plus précisément, la règle de fixation du prix de la

firme publique assure que la différence de prix entre firmes reflète leur différence de coûts à l’équilibre : ppr− pu= c(qpr) − c(qu). La stratégie de fixation du prix de la firme privée se

rapporte à la relation classique entre le profit marginal et l’inverse de l’élasticité prix de la demande.

Lemme 1. A l’équilibre, le profit marginal de la firme privée et la segmentation des consom- mateurs vérifient respectivement :

ppr− c(qpr) = |qu− qpr|ϕ( ˆv)

f( ˆv) (4.3.3) pu− c(qu) = ppr− c(qpr) , and ˆv = c(q

pr) − c(qu)

4.3. PRIX ET COUVERTURE EN DUOPOLE MIXTE 133 Nous observons que la firme publique et la firme privée ont un profit marginal positif à l’équilibre. Pour la firme publique qui ne peut pas choisir sa couverture, cela ne garantit pour- tant pas que sa contrainte globale de participation soit vérifiée. C’est le cas uniquement si le surplus retiré des zones les plus proches compense les pertes réalisées dans les zones les plus éloignées (si le prix d’équilibre permet de mutualiser les coûts de transport parmi les consom- mateurs de la firme publique). Nous ne traitons pas cette question ici. Nous considérons que le régulateur subventionne la firme publique si elle venait à subir des pertes en raison des coûts de transport d’équilibre. Cette simplification ne tient pas compte du coût supplémentaire induit par une éventuelle subvention (coût des fonds publics) et qui pourrait conduire à ce que la firme publique se retire du marché. Des travaux futurs pourraient essayer de modéliser cet arbitrage. Ce chapitre considère uniquement qu’il existe une contrainte de prix pour la firme publique : à l’équilibre elle ne doit pas être en déficit structurel, c’est à dire que pu≥ c(qu).

Étant données les remarques précédentes, les prix d’équilibre en (4.3.3) et (4.3.4) sont ob- tenues en réarrangeant les conditions de premier ordre respectives des firmes où la couverture vérifie (4.3.1). Ces conditions ne sont valables que si les deux firmes sont actives à l’équi- libre : ˜v(qu,qpr) ∈ [v

¯,¯v]. On peut montrer cependant qu’il s’agit du seul équilibre possible. La convexité des coûts unitaires implique que rester hors du marché n’est jamais une meilleure ré- ponse pour la firme publique. Quelle que soit la qualité de la firme privée qpr, il existe une offre

prix-qualité qui améliore le bien-être d’une partie des consommateurs. Cette offre est compa- tible avec la contrainte de participation tant que la firme privée ne réalise pas de perte. Ainsi, il n’y a pas d’équilibre tel que vqpr− c(qpr) > vqu− c(qu) pour tout v ∈ [v

¯,¯v].

De plus, il n’y a pas d’équilibre dans lequel la firme privée produit une qualité telle que vqpr− c(qpr) < vqu− c(qu) pour tout v ∈ [v

¯,¯v] et réalise des profits non négatifs. En effet, si la firme privée choisit une telle qualité, la meilleure réponse en prix de la firme publique est d’exclure la firme privée en fixant un prix tel que pu< ppr− v|qu− qpr|, pour tout v ∈ [v

¯,¯v], cela sans rompre la contrainte de participation pu≥ c(qu) puisqu’elle n’est valable que si la

firme privée ne fait pas de perte7. La firme privée ne réaliserait ainsi aucun profit : une situation

7. Si vqpr− c(qpr) < vqu− c(qu) pour tout v et ppr≥ c(qpr), alors fixer pu= c(qu) est suffisant pour vérifier que

dans laquelle la firme privée choisirait un niveau de qualité tel que ˜v ∈ [v

¯,¯v]. L’équilibre doit être tel que les deux firmes sont actives, et que les prix d’équilibre vérifient le lemme 1.

Nous observons également que plus les qualités des deux firmes sont proches, plus la firme privée réduit sa couverture. Le cas extrême qu= qpr qui implique un profit nul pour les deux

firmes ainsi qu’une couverture minimale de la firme privée (uniquement les zones telles que θ = 0), n’est jamais un équilibre du "jeu des qualités" pour la même raison que dans le cas du benchmark : les coûts sont convexes par rapport à la qualité.