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Chapitre 2 : Recension des écrits

2.6 Prise en charge de la CCG en physiothérapie par l’approche Mulligan

L’approche en physiothérapie combinant les exercices thérapeutiques ainsi que les techniques manuelles a été démontrée efficace pour diminuer les symptômes et les impacts fonctionnels de la CCG (Dunning et al., 2016; Hall et al., 2007; G. Jull et al., 2002; Kocjan, 2017; Mohamed et al., 2019; Put et al., 2016; Shin & Lee, 2014). Diverses approches ont été suggérées, incluant les mobilisations et manipulations passives aux régions cervicale et thoracique, les exercices de renforcements musculaires de la région cervicale et scapulo-thoracique ainsi que les exercices de mobilité globale (Dunning et al., 2016; G. Jull et al., 2002).

Une autre approche possible est l’utilisation de mobilisations avec mouvement, technique non douloureuse qui implique une participation plus active du patient lors des séances de physiothérapie. Selon plusieurs auteurs (Hall et al., 2007; Kocjan, 2017; Mohamed et al., 2019; Put et al., 2016; Shin & Lee, 2014), l’utilisation de mobilisations avec mouvement, par exemple, avec une technique de type SNAG, constitue une option de traitement très intéressante. La principale méthode répertoriée à ce jour est l’utilisation de la technique rotatoire de type SNAG au segment C1-C2. Cette mobilisation consiste à appliquer manuellement une force externe directement sur la vertèbre C1 pendant que le patient exécute une rotation active du cou. Plus précisément, le thérapeute effectue une pression sur l’arc postérieur de C1 du côté contralatéral à la rotation et demande au patient de tourner activement son cou. Le thérapeute maintient la pression sur l’atlas et suit le patient dans le mouvement afin d’obtenir un mouvement actif sans douleur. Le patient demeure en position de fin de rotation (non douloureuse) pendant 10 secondes, puis revient à la position de départ, toujours en étant supporté par le thérapeute. Cette technique manuelle doit être accompagnée d’exercices afin de maximiser les gains obtenus pendant la séance (auto-SNAG) (Mulligan, 2010). Dans le cas de l’utilisation des mobilisations de type SNAG au segment C1-C2 (figure 2), l’exercice à domicile consiste à répéter un mouvement similaire à l’aide d’une sangle placée sur la vertèbre C1. Le patient exécute lui-même une pression sur l’arc postérieur de C1 à l’aide de la sangle, puis exécute le mouvement de rotation en conservant une force dans le vecteur désiré. L’exercice, tout comme la

technique manuelle, doit permettre permettre un mouvement confortable et asymptomatique (figure 3). Ces mobilisations ont démontré un effet bénéfique chez les patients souffrant de CCGs (Kocjan, 2017; Mohamed et al., 2019; Put et al., 2016; Shin & Lee, 2014) et les exercices de rotation du segment C1-C2, soit les auto-SNAGs, ont démontré des résultats positifs immédiats, à court-terme et à long-terme (Hall et al., 2007). Les améliorations démontrées à ce jour concernent uniquement les symptômes douloureux, la perception de fonction physique et la mobilité cervicale (Hall et al., 2007; Kocjan, 2017; Mohamed et al., 2019; Put et al., 2016; Shin & Lee, 2014). Aucune étude ne s’est intéressée à l’effet la combinaison des mobilisations de type SNAG et des exercices d’auto-SNAG, ni à l’effet d’une approche en physiothérapie sur les facteurs cognitivo- affectifs reliés à la douleur chez les patients souffrant de CCG.

Bien que plusieurs études aient démontré des résultats prometteurs quant au traitement de la CCG en physiothérapie l’approche Mulligan, nous ne pouvons affirmer avec un niveau de confiance élevé que ce type d’approche est bénéfique chez cette population en raison du faible nombre d’études et de la qualité méthodologique de celles-ci. En ce sens, un plus grand nombre d’études est nécessaire afin de pouvoir transférer ces résultats dans la pratique clinique. De plus, il existe un vide dans la littérature actuelle quant à l’utilisation d’un traitement combinant les mobilisations SNAG et les exercices d’auto-SNAG. Dans la pratique clinique courante, cette combinaison est importante puisqu’elle permet une plus grande responsabilisation et auto-prise en charge du patient. De plus, l’influence des facteurs cognitivo-affectifs sur la douleur reliée à la CCG n’a été que très peu explorée. Bien que le rôle de ces facteurs dans la présentation clinique de la CCG soit inconnu, il est raisonnable de croire que ceux-ci peuvent jouer un certain rôle dans la symptomatologie

des patients souffrant de cette pathologie. Il devient donc intéressant de considérer l’effet d’une approche en physiothérapie sur ces facteurs.

Figure 2 : Mobilisation rotatoire de type SNAG au segment C1-C2

Figure 3 : Exercice de type auto-SNAG en rotation au segment C1-C2

En résumé : À la lumière des évidences actuelles, il apparait clair qu’une grande variété de déficits physiques peut être associée à la CCG et que la douleur musculosquelettique provenant d’une pathologie cervicale est influencée par des facteurs biologiques (par

exemples, les déficiences physiques), mais également par des facteurs émotifs, cognitifs, sociaux et contextuels. La complexité et le caractère multifactoriel de la douleur sont associés à une certaine hétérogénéité dans la présentation clinique de la CCG, ce qui explique partiellement la variété et le manque de précision des critères diagnostiques actuellement répertoriés dans la littérature. Cette hétérogénéité signifie également que la prise en charge clinique devrait considérer l’influence de toutes ces sphères.

Bien que les données probantes soient encore de faible niveau, la littérature actuelle semble supporter les bienfaits d’une approche en thérapie manuelle utilisant les mobilisations de type SNAG, mais aussi des exercices d’auto-SNAG dans la prise en charge des patients souffrant de CCG. Ces bénéfices ont été répertoriés sur des facteurs physiques (ex : amplitude de mouvement), tout comme sur les symptômes.

La pratique clinique habituelle en physiothérapie comprend la combinaison de plusieurs modalités, dont les techniques manuelles et les exercices à domicile. Ainsi nous avons vérifié l’effet à court-terme d’une intervention incluant une technique de mobilisation de type SNAG et un programme d’exercices d’auto-SNAG sur la douleur, la perception de la fonction physique et les facteurs cognitivo-affectifs reliés à la douleur chez les gens souffrant de CCG. Nous avons également exploré la valeur prédictive du TFRC à identifier les patients avec CCG pouvant bénéficier de mobilisations de type SNAG combinées à un programme d’exercice de type auto-SNAG.

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