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Chapitre 2 : Recension des écrits

2.4 Déficits physiques associés à la CCG

Au-delà du diagnostic clinique, les physiothérapeutes s’intéressent particulièrement aux différentes limitations et restrictions physiques pouvant jouer un rôle dans la symptomatologie des patients puisque leurs interventions ont pour objectif d’adresser ces différentes déficiences. La littérature actuelle a permis d’identifier plusieurs déficits et limitations physiques chez les patients souffrant de CCG, dont des changements de la fonction musculaire au niveau de la colonne cervicale (Dumas et al., 2001; Falla, 2004; G Jull et al., 1999; Park et al., 2017; Uthaikhup et al., 2017; D. H. Watson & Trott, 1993; Zito et al., 2006), des changements posturaux (D. H. Watson & Trott, 1993, p. 199) et des altérations de mobilité (Dumas et al., 2001; T Hall & Robinson, 2004; Ogince et al., 2007b; Zito et al., 2006; Zwart, 1997). Considérant la principale hypothèse physiopathologique de la CCG, il est fort possible que les différentes déficiences musculosquelettiques cervicales jouent un rôle dans le développement et/ou la persistance des symptômes reliés à ce sous- type de céphalées puisqu’elles peuvent contribuer à une surcharge physique des structures musculosquelettiques de la région cervicale haute.

2.4.1 Altérations posturales

Dans le contexte clinique, la posture avec un port antérieur de la tête (protraction cervicale) a été reliée au développement de douleur cervicale et de CCG. Toutefois, la présence de ce déficit postural, tel que mesuré par l’angle craniovertébral statique en position debout et assise, est controversée dans la littérature scientifique actuelle chez les gens atteints de CCG. (Dumas et al., 2001; Treleaven et al., 1994; D. H. Watson & Trott, 1993; Zito et al., 2006). Des études réalisées chez une population similaire, soit les patients souffrant de cervicalgie chronique, ont démontré une protraction cervicale plus importante dans la posture statique des patients en comparaison à des sujets asymptomatiques (Gwendolen Jull & Treleaven, 2016). D’autres auteurs ont également noté que les patients souffrant de cervicalgie chronique ont tendance à dériver vers une posture en protraction cervicale lorsqu’ils sont distraits par une tâche dactylographique (Gwendolen Jull & Treleaven, 2016). Bien que ces études aient été réalisées chez une population différente, il est possible que

les changements observés puissent également être présents, en partie ou en totalité, chez la population souffrant de CCG puisque l’origine du problème serait reliée aux structures cervicales, tout comme dans la cervicalgie.

2.4.2 Altérations musculaires

On note une croissance importante des données probantes concernant la présence de déficits musculaires dans divers désordres musculosquelettiques cervicaux, incluant la CCG, au cours des dernières décennies. Plusieurs changements structurels et fonctionnels de la musculature du cou ont été observés chez les patients souffrant de CCG.

Tout d’abord, on retrouve des données préliminaires documentant des altérations structurelles du muscle semiépineux de la tête. Jull et Amiri(Amiri et al., 2007; G Jull et al., 2007)ont noté une réduction de l’aire de surface de ce muscle à la hauteur de la vertèbre C2 chez les patients souffrant de CCG. Ce changement pourrait potentiellement être relié à une diminution de la performance de ce muscle. En second lieu, une diminution du recrutement musculaire et de l’endurance des muscles fléchisseurs cervicaux profonds (incluant les muscles longs de la tête et longs du cou) a été documentée via le test de flexion craniocervicale (CranioCervical Flexion Test, CCFT) (G Jull et al., 1999, 2007; D. H. Watson & Trott, 1993). Selon certains auteurs, cette déficience, en combinaison à d’autres tests cliniques, permettrait de différencier la CCG de la migraine et de la céphalée de tension (G Jull et al., 2007). En plus de la diminution d’activation des muscles fléchisseurs, les patients souffrant de CCG démontrent une hyperactivation des muscles sterno-cléido-mastoidiens lors de la progression des différentes étapes du test (G Jull et al., 2007; Zito et al., 2006). Troisièmement, une perte de force musculaire des extenseurs et fléchisseurs cervicaux a également été notée. Dumas (Dumas et al., 2001) a mis en lumière une diminution de la force des extenseurs en comparaison à une groupe de sujets sains alors que Jull (G Jull et al., 2007) a démontré une perte de force des fléchisseurs en comparaison à d’autres types de céphalées (migraine et céphalée de tension) ainsi qu’à un groupe contrôle. Une diminution de l’endurance des muscles fléchisseurs du cou a aussi été notée chez les

patients souffrant de CCG (Dumas et al., 2001; Treleaven et al., 1994; D. H. Watson & Trott, 1993).

2.4.3 Altérations de mobilité

Plusieurs observations ont été rapportées concernant la mobilité cervicale chez les patients souffrant de CCG. Dans un premier temps, une diminution d’amplitude globale du rachis cervical lors de l’évaluation des mouvements actifs a été notée par dans les trois plans, soit le plan sagittal (flexion-extension) (Dumas et al., 2001; Zito et al., 2006; Zwart, 1997), le plan coronal (flexion latérale) (Zwart, 1997) et le plan transverse (rotation) (Dumas et al., 2001; Zwart, 1997). Selon certains auteurs, cette observation permettrait même de discriminer les patients souffrant de CCG des patients victimes de céphalée primaire (Amiri et al., 2007; G Jull et al., 2007; Gwendolen Jull & Treleaven, 2016; Ogince et al., 2007b). Toutefois, une certaine controverse est présente dans la littérature puisque la perte de mobilité dans chacun des plans n’a pas été observée dans toutes les études (T Hall & Robinson, 2004; Zito et al., 2006). Cette discordance pourrait être expliquée par une certaine hétérogénéité dans la présentation clinique des patients souffrant de CCG, ou encore par le choix d’un test insuffisamment sensible, ce qui pourrait être le cas de l’évaluation du mouvement actif global du cou, alors que l’atteinte toucherait préférentiellement la région cervicale haute chez cette population. C’est d’ailleurs ce qui a mené à l’élaboration et la validation d’une procédure d’évaluation de la mobilité cervicale haute, soit le TFRC, visant à différencier une perte de mobilité rotatoire à la région cervicale haute d’une perte de mobilité provenant des segments cervicaux sous-jacents.

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