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5. Quasi-caractères

5.7. Un premier théorème

Théorème. — L’image de l’application DG : D(G) → I(G) est formée de quasi-caractères de niveau0 sur G(F).

Démonstration. — En vertu du (ii) du lemme 5.4, il suffit de prouver que, pour tout élémentf ∈Dcusp(G),DfGest un quasi-caractère de niveau0 surG(F). La famillef peut être infinie mais la définition des quasi-caractères de niveau 0 est locale et, localement, seuls un nombre fini de fonctions de la famillef interviennent. On peut donc aussi bien supposer qu’il y a une seule fonction. C’est-à-dire que l’on peut fixer

(F, ν)∈ Facmax(G)et f ∈ Ccusp(GνF)et supposer que f est réduit à l’unique fonc-tionf. On a alorsDGf =DGf

F. C’est un quasi-caractère d’après 5.2 (6). On noteθsa fonction localement intégrable associée. Soitεun élément deG(F)qui estp0-compact modZ(G). On doit calculerθ(εexp(X))pour toutX ∈gε,tn(F)tel queεexp(X)soit fortement régulier. On peut évidemment supposerν =wG(ε), sinon cette fonction est nulle. FixonsX. NotonsT le commutant deX dansGε, qui est aussi le commutant de εexp(X) dans G. Notons M le commutant de AT dans G. C’est un Levi de G contenantεetexp(X)par construction. On poseMε=Gε∩M. C’est un Levi deGε

et on aX∈mε(F). L’élémentX est elliptique dansmε(F)et εexp(X)est elliptique dansM(F). Notons que AT =AMε=AM. D’après 5.2 (7), on a

(1) θ(εexp(X)) = (−1)aM−aGDG(εexp(X))−1/2m(AM)m(AG)−1JMG(εexp(X), fF)

= (−1)aM−aGm(AM)m(AG)−1 Z

AM(F)\G(F)

fF(g−1εexp(X)g)vM(g)dg.

Pourg∈G(F), on a

(2) g−1εexp(X)g∈KFν si et seulement sig−1εg∈KFν et g−1exp(X)g∈KF0. En effet, soit c > 1 un entier premier à p tel que εc ∈ Z(G)(F). Supposons g−1εexp(X)g∈KFν. Alorsg−1εcexp(cX)g∈KF. On a aussi

g−1εcg∈Z(G)(F)⊂KF.

Donc g−1exp(cX)g ∈ KF. Il en résulte que g−1exp(X)g ∈ KF et, puisque c’est un élément topologiquement unipotent, on a forcément g−1exp(X)g ∈KF0. Puisque g−1εexp(X)g∈KFν, cela entraîneg−1εg∈KFν. La réciproque est évidente. D’où (2).

On a aussi :

(3) la classe de conjugaison parG(F)deεcoupeKFν en un nombre fini de classes de conjugaison parKF0.

En effet, notonsCl(ε)cette classe de conjugaison parG(F). C’est un sous-ensemble fermé deG(F), donc son intersection avecKFν est compacte. L’application

ZG(ε)(F)\G(F)−→Cl(ε) g7−→g−1εg

est un homéomorphisme. Puisque les orbites de l’action de KF0 sur l’ensemble de départ sont ouvertes, il en est de même de celles sur l’ensemble d’arrivée. Puisque Cl(ε)∩KFν est compact, il n’y a donc qu’un nombre fini de telles orbites, d’où (3).

NotonsΓεl’ensemble des g∈G(F)tels queg−1εg∈KFν. En conséquence de (3), l’ensemble Gε(F)\Γε/KF0 est fini. Fixons-en un ensemble de représentants γ. Pour toutγ∈γ, définissons comme en 3.4 la facetteγFet posons

mγ = mes(Gε(F)∩Kγ0F)−1,

la mesure étant calculée relativement à la mesure implicitement fixée sur Gε(F).

pour toute fonction intégrableϕsurAM(F)\Γε. On applique cela à la fonction ϕ(g) =fF(g−1εexp(X)g)vM(g).

La fonctionfF est invariante par conjugaison parKF0. On voit que fF(k−1γ−1g−1εexp(X)gγk) = (γf)γF(εexp(g−1Xg))

Mais, si y est topologiquement unipotent, on peut remplacer dans cette relation le groupe (GF)ε par sa composante neutreGε,F0. De plus cette réductiony est unipo-tente. En appliquant cela à y= exp(g−1Xg), on en déduit le (i) de l’énoncé.

Notons AF0 le plus grand sous-tore central et déployé deGε,F0. Notons M0 son commutant dansGF, qui est un Levi de ce groupe. Fixons un élémentx∈X(AF0) en position générale, notons P0 le sous-groupe de GF engendré par M0 et par les groupes radiciels relatifs à l’action deAF0associés aux racinesαtelles quehα, xi>0.

C’est un élément deP(M0). Le toreAF0 est contenu dans l’ensemble des points fixes de l’action de ε sur GF. Il en résulte que cette action conserve M0 et P0. Alors

P = εP0 est un espace parabolique de GνF d’espace de Levi M = εM0. Sur la clôture algébrique kF, les valeurs propres de l’action de εdans uP0 sont des racines de l’unité, puisque ε est p0-compact modZ(G). L’espace des points fixes de l’action deεdansgF estgε,F0, qui est inclus dansm0 par définition deM0. Donc les valeurs propres de l’action deεdans uP0 sont toutes différentes de1. Il en résulte aisément que, pour tout élément unipotentn∈M0(kF), l’action 1−ad(εn)dansuP0(kF)est un isomorphisme. Pour un tel élémentn, il s’en déduit l’égalité

X

u∈UP0(kF)

f(εnu) = X

u∈UP0(kF)

f(u−1εnu).

Puisque f est invariante par conjugaison, le membre de droite n’est autre que

|UP0(kF)|f(εn). Supposons queP soit un espace parabolique propre deGνF. Alors le membre de gauche est nul puisque f est cuspidale et invariante par conjugai-son. Dans ce cas f(εn) = 0. A fortiori, cela est vrai pour tout élément unipotent n ∈ Gε,F0(kF), auquel cas f(εn) = f0(n). D’où f0 = 0. Pour démontrer le (ii) de l’énoncé, il suffit de prouver que, sous les hypothèses de cette assertion, l’espace parabolique P est propre, ou encore que M0 6=GF. On démontre la contraposée de cette assertion. Supposons donc M0 = GF. Notons AF le plus grand sous-tore central déployé dans GF et notons AνF le plus grand sous-tore contenu dans l’en-semble des points fixes de l’action deεdansAF. L’hypothèseM0=GF signifie que AF0 ⊂AF. Puisqueεagit trivialement sur AF0, cela entraîneAF0 ⊂AνF d’où l’éga-lité AF0 = AνF car l’inclusion opposée est immédiate. Puisque (F, ν) ∈ Facmax(G), on a dim(AνF) = dim(AG). D’où dim(AF0) = dim(AG). Or on a évidemment dim(AF0)>dim(AGε)>dim(AG). Ces trois dimensions sont donc égales. L’égalité dim(AF0) = dim(AGε)équivaut à ce queF0 soit réduit à un point. L’égalité des trois dimensions précédentes est donc le contraire de l’hypothèse de (ii), ce qui achève la démonstration de cette assertion.

Supposons maintenant quedim(AGε) = dim(AG)et queF0 soit réduit à un point, prouvons quef0est cuspidale. Fixons un sous-groupe parabolique propreP0εdeGε,F0

de composante de LeviM0ε. NotonsA0 le plus grand sous-tore central déployé deM0ε etM0le commutant deA0dansGF. Fixons un élémentx∈X(A0)tel quehα, xi>0 pour toute racineαdeA0dansuP0

ε. On définit un sous-groupe paraboliqueP0deGF par la condition :uP0 est la somme des espaces radiciels associés aux racinesαdeA0 dans gF telles que hα, xi > 0. En supposant x en position générale, P0 a pour composante de LeviM0 et on aP0∩Gε,F0 =P0ε. De plusP0 est propre puisqueP0ε l’est. L’argument est maintenant similaire à celui de la preuve de (ii). L’ensemble P =εP0 est un espace parabolique deGνF d’espace de LeviM =εM0. Pour un

et cette dernière expression est nulle car f est cuspidale. La nullité de la première expression signifie quef0 l’est. Cela démontre le lemme.

Notons γmax le sous-ensemble des γ ∈ γ tels que F0γ soit réduit à un point. Si dim(AGε)>dim(AG), le (ii) du lemme et la formule (4) impliquent queθ(εexp(X)) = 0 et on a terminé. Supposons désormais dim(AGε) = dim(AG). Alors les assertions (i) et (ii) du lemme entraînent que la formule (4) se transforme en

(5) θ(εexp(X)) = (−1)a−aGm(AMε)m(AG)−1 grâce au choix d’un sous-groupe compact spécial deG(F). Fixons aussi un tel sous-groupe compactKεdu groupeGε(F), qui permet de définir un poidsvMε. Une formule d’Arthur, que l’on a reprise en [34, Lem. 3.3], dit que, pourg∈Gε(F),vM,γ(g)−vMε(g) est une somme finie de termesvQ0

ε(g), oùQε est un sous-groupe parabolique propre deGεcontenantMεetv0Q

εest une fonction localement intégrable surGε(F)invariante à gauche parMε(F)et parUQε(F). Pour de telles données, notonsLεla composante de Levi deQεcontenantMε. En utilisant la décomposition d’Iwasawa, on calcule

Z où c > 0 ne dépend que des mesures de Haar. Puisque X est régulier, l’intégrale intérieure enuse transforme en très cuspidale d’après le (iii) du lemme. Les fonctionsvQ0

ε ne contribuent donc pas à la formule (5) et on peut récrire cette formule

θ(εexp(X)) = (−1)a−aGm(AMε)m(AG)−1

Y 7→ θγ(exp(Y)), définie sur gε,tn(F), n’est autre que la fonction associée à la distributionDGϕγε surgε(F). Notons θϕγ cette fonction. On obtient la formule finale (6) θ(εexp(X)) = (−1)a−aGm(AGε)m(AG)−1 X

γ∈γmax

mγθϕγ(X).

On applique le (ii) de la proposition 5.5. Il entraîne que chaque fonction θϕγ est combinaison linéaire de fonctionsY 7→bj(O, Y)oùOparcourt les orbites nilpotentes de gε(F). Il en est donc de même de la fonction X 7→ θ(εexp(X)). Cela signifie

queDfG est un quasi-caractère de niveau0surG(F).

5.8. Restriction aux éléments elliptiques d’un quasi-caractère sur G(F) de