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La Première Guerre balkanique et le traité de Londres

L A CRÉATION D ’ UNE RÉGION

1/ La Première Guerre balkanique et le traité de Londres

Nous devons dès maintenant indiquer quelques points capitaux de ce conflit pour éclairer notre sujet : les armées déployées sont Н’unО importanМО ОбМОptionnОllО, plus Н’un million НО solНats Нans la PrОmiчrО guОrrО, prчs Н’un million Оt НОmi Нans la Deuxième

quand les Ottomans ont pu acheminer des renforts en Macédoine146, les allées et venues de

МОs arméОs, lОurs НiffiМultés Н’approvisionnement qui les conduisent à piller, la politique

suivie par tous de représailles contre ces mêmes habitants, le fait que la majorité des

Мombats ait МonМОrné la zonО МОntralО НО la εaМéНoinО (МОllО quО lОs χlliés n’avaiОnt pu sО

partager préalablement), tout cela explique pourquoi les populations civiles souffrent encore énormément dans cette période.

TanНis quО lОs εonténégrins oММupОnt l’ouОst Нu Kosovo, lОs SОrbОs НОsМОnНОnt

vers le sud, et le 19 novembre le Roi de Serbie entre dans Monastir ; son armée se divise alors en deux partiОs, l’unО sО НirigОant vОrs Tirana Оt l’autrО rОjoignant lОs ψulgarОsέ δОs

résultats les plus importants reposent sur les armées bulgares et grecques. Marchant sur la

ThraМО où sО trouvОnt lОs prinМipalОs forМОs ottomanОs, l’arméО bulgarО encercle Andrinople

dès le 22 octobre et atteint les lignes fortifiées de Tchataldja à 50 km de Constantinople, en novembre 1912 elle se rapproche encore et atteint Lule-Burgas (le 24). Une seconde armée marche vers le Strymon et Thessalonique.

Les Grecs luttent sur trois fronts : une armée terrestre en direction de Prévéza (elle y

ОntrО lО γ novОmbrО) Оt НО l’Épire, une seconde armée qui marche en direction de

Thessalonique, et le front maritime où la flotte grecque domine nettement. À l’ouОst, l’arméО grОМquО mОt lО siчgО НОvant Ioannina lО 1ί novОmbrО Оt s’apprшtО р poursuivrО sa

progression Оn НirОМtion Нu suН НО la futurО χlbaniО, l’Épire du nord en majorité grecque et

orthodoxe. Mais Venizélos accorde la priorité à la Macédoine centrale et choisit de diriger les troupes en majorité vers Thessalonique. δ’arméО grОМquО entre dans Yannitsa le 20

octobre et, le même jour, d'autres bataillons pénètrent dans Siatista, puis après une victoire à Sarantaporo, les Grecs atteignent en une semaine, le 22 octobre, Servia, le 23 octobre, Kozani, le 28 octobre, Katerini et Verria, le 29 octobre, Naoussa, le 30 octobre, Édessa et Gídas (Alexandria). Le 8 novОmbrО, aprчs γ sОmainОs НО Мonflit, l’arméО grОМquО, parvОnuО

aux portes de Thessalonique, 24 heures avant les Bulgares, reçoit la reddition du

commandant turc de la place. Le roi Georges

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er y fait une entrée triomphale le 12 novembre.

Photographie 6 : L’armée grecque entre dans Thessalonique le 8 novembre 1912147

χu total, pour sвnthétisОr, on pОut НirО qu’Оn Macédoine la majorité des batailles et

des destructions ont eu lieu dans le triangle (en noir sur la carte) Thessalonique, Kumanovo, Serrès148.

En mer Égée la flottО grОМquО, l’χvérof, rendu Н’immОnsОs sОrviМОs р la Мoalition en ОmpшМhant l’aМhОminОmОnt НО rОnforts ottomans par la mОr ν lО passagО НО la flottО grОМquО pОrmОt égalОmОnt НО rОprОnНrО auб τttomans toutОs lОs îlОs НО l’Égée nord-orientale au

nord de Samos, comme Lemnos, Imbros et Ténédos qui commandent l’ОntréО НОs

Dardanelles.

Pour les Ottomans le désastre est total, hormis les abords de leur capitale et les trois villes assiégées de Ioannina, Andrinople et Scutari-ShkoНër, au bout Н’un mois НО Мonflit, il nО lОur rОstО riОn Оn TurquiО Н’EuropОέ

147 Carte postale, source Macedonian heritage, G. Megas archive. En première ligne le roi grec traversant la rue

pavéО Н’Egnatia avОМ lОs lignОs НО tramаaв НОvant la « ψrassОriО Оt PсtissОriО Н’Égypte» en français sur la

photo.

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TROTSKY, L. (1926). Les Guerres balkaniques 1912-1913. Leningrad : Éditions Sciences Marxistes Paris 2002, p. 18.

Les efforts НОs puissanМОs qui МraignОnt НО НОvoir s’ОngagОr loМalОmОnt Оt Нu

nouveau grand vizir, Kamil Pacha, permettent des pourparlers entre Bulgares et Ottomans,

un armistiМО Оst signé lО γ НéМОmbrО, la SОrbiО Оt lО εonténégro s’в assoМiОnt, pas la ύrчМО

car Venizélos ne veut pas renoncer à Ioannina toujours assiégée. Les belligérants et les

Нélégués ottomans sО réunissОnt р δonНrОs р partir Нu θ НéМОmbrО mais la PortО n’Оst pas

prête à céder Andrinople, Ioannina ou les îles, Оt n’appréМiО guчrО quО, saisissant l’oММasion, la ωrчtО puissО s’unir р la ύrчМОέ δО β3 janvier 1913, un groupО Н’offiМiОrs mОnés par EnvОr

pacha (dirigeant jeune turc) chasse les ministres, assassine le ministre de la guerre trouvé trop conciliant et rompt les négociations le 3 février.

Les opérations militaires reprennent : les Grecs entrent dans Ioannina le 6 mars, le 28 mars Andrinople tombe après 5 mois de siège, le 22 avril, Scutari se rend aux

εonténégrinsέ δ’EmpirО Нoit МéНОrέ

Le 30 mai, une nouvelle conférence de Londres impose à l’EmpirО ottoman l’abanНon auб bОlligérants НО tous sОs tОrritoirОs р l’ouОst Н’unО lignО Enos-Midya et de la ωrчtОέ δОs puissanМОs НОvaiОnt НéМiНОr Нu sort НОs paвs albanais Оt НОs îlОs НО l’Égée dans

une formulation qui souligne leur rôle :

Art 3 : « Sa Majesté Impériale le Sultan et Leurs Majestés les Souverains Alliés

НéМlarОnt rОmОttrО р Sa εajОsté l’EmpОrОur Н’χllОmagnО, р sa εajОsté l’EmpОrОur Н’χutriМhО, Roi НО ώongriО, р εέ lО PrésiНОnt НО la RépubliquО françaisО, р Sa εajОsté lО

Roi de Grande-BrОtagnО Оt Н’IrlanНО, EmpОrОur НОs InНОs, р Sa εajОsté lО Roi Н’ItaliО Оt р Sa εajОsté l’EmpОrОur НО toutОs lОs RussiОs, lО soin НО réglОr la Нélimitation НОs frontiчrОs НО l’χlbaniО Оt toutОs autrОs quОstions МonМОrnant l’χlbaniО »έ

Avec la même formulation est remis aux puissances le sort « de toutes les îles

ottomanОs (l’îlО НО ωrчtО Оxceptée) et de la péninsule du Mont Athos » (art5) 149 .

2/ La Deuxième Guerre balkanique et le traité de Bucarest

Le partage des territoires gagnés ramène à la surface les différends préexistants et les

appétits МontraНiМtoirОsέ δa ψulgariО МonsiНчrО qu’ОllО a fait lО plus gros Оffort tОrrОstrО Оt

doit en recevoir les fruits, la Serbie, déçue de voir créer une Albanie, veut des compensations en Macédoine, la Grèce ne veut à aucun prix renoncer à Thessalonique.

χprчs l’armistiМО unО multituНО Н’inМiНОnts sont signalés ОntrО troupОs grОМquОs Оt bulgarОs,

grecques et serbes, serbes et bulgares, et face aux tractations autrichiennes et russes (favorables tous deux aux Bulgares) le

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er juin 1913 les premiers ministres grec et serbe concluent un traité secret : les Serbes auront la libre disposition de la voie ferrée Axios-Vardar ainsi que la liberté de commerce à Thessalonique pour 50 ans ; il confirme la fixation des frontières sur les positions occupées de facto en avril 1913.

La Bulgarie, inquiète, attaque ses anciens alliés, sans déclaration de guerre, dans la nuit du 29 au 30 juin 1913. Elle se trouve seule face à ses ex-alliés auбquОls s’ajoutОnt la RoumaniО (qui a НОs rОvОnНiМations tОrritorialОs sur lО norН НО la ψulgariО) Оt l’EmpirО ottoman НésirОuб НО rОprОnНrО Нu tОrrain pОrНuέ δО 4 juillОt l’arméО grОМquО réussit р rentrer

dans Kilkis, le 9 juillet à Siderokastro, le 11 juillet à Serrès et Drama, puis elle pénètre en Bulgarie le 22 juillet les Ottomans rentrent dans Andrinople tandis que les Roumains

pénчtrОnt Оn ϊobrouНjaέ δa ψulgariО nО pОut quО s’inМlinОr, lО γ1 juillОt, ОllО НОmanНО l’armistiМО150

.

Un congrès de paix se réunit rapidement à Bucarest et aboutit, sous la pression des puissances, à un traité signé le 10 août ! Alors que le 23 juillet 1913 la Conférence des ambassadeurs faisait naître sur la carte une Albanie indépendante, à Bucarest la Serbie

obtiОnt la εaМéНoinО Нu norН jusqu’р τhriН, εonastir Оt jusqu’au VarНar-Axios, la Grèce obtiОnt la partiО situéО au suН Н’τhriН Оt la МôtО jusqu’р Kavala. De la Macédoine proprОmОnt НitО, la ψulgariО nО sauvО qu’unО part trчs réНuitО ν НО plus ОllО Нoit rОnНrО р l’EmpirО ottoman χnНrinoplО Оt la ThraМО oriОntalО, nО МonsОrvant quО la ThraМО oММiНОntalО, М’Оst-à-dire la borНurО МôtiчrО НО l’ОmbouМhurО Нu σОstos р МОllО НО l’Évros,

avec le port médiocre de Dedeagaç qui devient néanmoins son seul débouché sur la mer Égée.

L'ex-Macédoine ottomane fut donc divisée entre la Grèce (52 % des territoires), la Serbie (38 %) et la Bulgarie (10 %), quelques miettes allant à la nouvelle Albanie. La Grèce reçut même une zone plus grande que celle indiquée dans la carte de Sotériadès.

Le 14 novembre 1913, la Grèce et l'Empire ottoman signèrent le traité d'Athènes qui

régla la situation НОs îlОs НО l’Égée151

. Le territoire et la population de la Grèce victorieuse s'accrurent considérablement. Sa superficie augmenta de 70 %, passant de 64 786 km2 à 108 606 km2. Dans le même temps, la population passa de 2 666 000 à 4 363 000 habitants.

150

CASTELLAN, G. (1999), op.cit. Voir carte : « Les Balkans des Guerres balkaniques (1912-1913) ».

Et surtout, la Grèce s'empara de la majeure partie de la Macédoine et de ses grands centres urbains et industriels : Thessalonique, Verria, Édessa et Kavala. Sa souveraineté sur la Crète et les îles de l'Égée orientale fut reconnue. La Grèce prenait la taille d'une véritable puissance méditerranéenne.

Mais les accords internationaux laissèrent insatisfaits ceux qui les signèrent, chacun

s’Оstimant injustement traité, la Bulgarie au premier chef, créant là des germes de conflits

futurs. Dès lors néanmoins, on peut parler de Macédoine politiquement « grecque », c'est-à-dire, incorporée dans l'État grec, région dont les frontières sont restées les mêmes, à quelques kilomètres carrés près, depuis 1913. Il reste aux Grecs à l'intégrer économiquement et culturellement à la Grèce.