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S ALONIQUE : SYMBOLE DE L ’ IMBROGLIO MACÉDONIEN

L A LUTTE POUR LA TERRE ET LA

III. S ALONIQUE : SYMBOLE DE L ’ IMBROGLIO MACÉDONIEN

Thessalonique ou Salonique, en grec Θ α (victoire en Thessalie), Selânik en turc, קי ל , en ladino et Solun dans les langues slaves, est une ville МhargéО Н’histoire, lО nנuН Оt lО sвmbolО НО l’imbroglio maМéНoniОn.

Elle a été fondée en 315 av. J.C par Cassandre, lieutenant d'Alexandre, qui lui a donné le nom de sa femme, Thessalonique (Θ α ), fille de Philippe II de Macédoine. Grâce à sa position géographique, la ville a dominé la région en tant que centre commercial pendant la période hellénistique, mais aussi romaine, byzantine et ottomane.

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La Déclaration de la Constitution - Leaders Arméniens, Grecs et Musulmans, Photo publié en 1909 T.F. Unwin, Source Charles Roden Buxton " Turkey in Revolution ".

EllО n’a jamais été МapitalО, mais ОllО a été pОnНant la périoНО bвzantinО la НОuбiчmО villО НО l’EmpirО avОМ un poiНs МulturОl Оt politiquО trчs importantέ Vidée de sa population à

plusieurs reprises par des guerres ou raids de pirates, elle a été repeuplée par différentes

populations originairОs НО l’EmpirО bвzantinέ

Photographie 3 : Vue générale de Salonique depuis le golfe Thermaique99

Au début du XXe siècle, c'est la ville dont rêve chaque nation en lutte pour la Macédoine, bulgare, serbe, grecque, ottomane, macédonienne qui la considère comme la « capitale » à intégrer dans une Grande Bulgarie, Grèce, Serbie... Parmi la mosaïque de populations qui la composent, la seule composante qui ne cherche pas à quitter l'Empire ottoman est le groupe majoritaire, celui des Juifs.

1/ La plus grande ville juive du monde

Par leur nombre, les Juifs marquent Thessalonique, ils sont les seuls - Turcs exceptés évidemment - à souhaiter le maintien des Ottomans dans la ville, ou éventuellement l'établissement d'une ville internationale qui leur éviterait l'incorporation à l'un des États voisins.

Saint Paul, au début de notre ère, avait déjà rencontré à Thessalonique une petite communauté juive. Mais c'est l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492 et la décision des

sultans de les accueillir puis, plus tard, les Juifs venus du Portugal, d'Allemagne et d'Italie, qui en fit la « Jérusalem des Balkans » 100. En 1519, les Juifs représentaient déjà 56 % des habitants de la ville et en 1613, 68 %. Ils sont dès lors indissociablement liés à l'histoire de la ville et le rayonnement de cette communauté tant au plan culturel qu'économique s'est fait sentir sur tout le monde sépharade. Leur présence est si nette que le port et les commerces ne fonctionnaient pas le samedi.

Les Juifs saloniciens se sont distingués dans un premier temps dans le tissage de la

lainО Нont ils ont apporté lОs tОМhniquОs Н’EspagnО101

où cet artisanat était très développé à Barcelone, à Tolède et Ségovie. Leurs draps, couvertures et tapis connaissaient une grande

notoriété Оt sО vОnНaiОnt Нans tout l’EmpirОέ δa НrapОriО juivО НОvint unО affairО Н'État

quand le sultan décida de vêtir les troupes de janissaires et les autres corps de ses palais de ces lainages chauds et imperméables. Des dispositions furent alors prises pour protéger l'approvisionnement par des règlements internes à la communauté et aussi par une législation étatique. Ainsi un firman de 1576 obligeait-il lОs élОvОurs НОs zonОs Н’élОvagО НО

Macédoine et de Bulgarie à fournir en exclusivité leur laine aux Juifs, tant que ceux-ci

n'avaiОnt pas aМquis la quantité НО lainО néМОssairО pour satisfairО lОs МommanНОs НО l’État.

Vers 1578, il fut décidé par les deux parties que l'approvisionnement en drap servirait de redevance au trésor de l'État et remplacerait le paiement en espèces. L'accroissement du nombre de janissaires contribua à l'augmentation continue des commandes : de 1 200 pièces à l'origine, elles passèrent à plus de 4 000 vers 1620. S'y ajouta également le travail du coton et une spécialisation dans l'approvisionnement des hammams en éponges et sorties de bain.

Les activités se multiplient se diversifient au XIXe sièclО avОМ l’arrivéО НОs Juifs

venus, principalement, de Livourne, et la multiplication des contacts avec l'Europe occidentale et l'Empire d'Autriche (le chemin de fer). L'ouverture de l'École de l'Alliance Israélite Universelle contribue à ces changements et, à côté de Juifs plus traditionnalistes, se développe un groupe très occidentalisé parmi lequel se distingue la famille Allatini avec ses entreprises agroalimentaires, ses briqueteries, et ses usines de transformation du tabac. Avec des riches et des très pauvres, des patrons et des ouvriers, de savants rabbins et des élites au sommet de la culture française de l'époque, une diversité d'écoles et d'institutions communautaires, les Juifs, cas unique dans les Balkans, marquent la ville de leur empreinte

100 MAZOWER, M. (2005). Salonika : city of Ghosts. New York : Alfred A. Knopf.

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VEINSTEIN, G. (1992). Salonique 1850-1918, la " ville des Juifs " et le réveil des Balkans, (sous la

au point que certains puissent s'opposer aux sionistes naissants en déclarant qu'il n'est nul besoin d'un État en Palestine quand on a la chance d'habiter Thessalonique102.

Photographie 4 : Juifs de Salonique103

2/ Une mosaïque communautaire emblématique de la Macédoine

εais ThОssaloniquО n'Оst pas qu'unО villО juivО, ОllО possчНО unО mosaïquО МommunautairО parfaitОmОnt rОprésОntativО НО la εaМéНoinОέ Et qui plus Оst, lОs étuНОs НО εéropi χnastassiaНou104 Оt НО Régis ϊarquОs105 montrОnt qu'il в a unО réОllО МoОбistОnМО puisqu'auМun quartiОr n’Оst ОбМlusivОmОnt Оt uniquОmОnt habité par НОs pОrsonnОs appartОnant р unО sОulО Мommunauté ν НО plus, parmi la bourgОoisiО qui sО НévОloppО р la fin Нu XIXe siчМlО Нans НОs quartiОrs moНОrnОs sur moНчlО oММiНОntal, lОs moНОs soМiauб Оt urbanistiquОs sont plus liés au nivОau НО rОssourМОs НО la famillО qu'р son appartОnanМО

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DALÈGRE, J. (2012). « Le plus beau rêve réalisé : Le Journal de Salonique et les Jeunes-Turcs, 1er juillet 1908-30 juin 1909 », Cahiers Balkaniques, n°40.

103Photo Н’autОur inМonnu Нe juifs religieux de Thessalonique à la fin du XIXe siècle.

104 ANASTASSIADOU, M. (1997). Salonique, 1830-1912 : une ville ottomane à l'âge des Réformes. Leiden ; New York : Brill.

МommunautairОέ ωar la villО sО moНifiО rapiНОmОnt р la fin Нu XIXe siчМlО μ Нчs 1κθλ, ОllО Оst la prОmiчrО villО НО l’EmpirО р шtrО НotéО Н'unО aНministration muniМipalО avОМ un mairО nommé, issu НО la population musulmanО ou juivО МonvОrtiО, lО prОmiОr plan НО la villО Оst publié vОrs 1κκκ Оt l'inМОnНiО НО 1κλί aММélчrО lОs travauб Н'urbanismОέ δОs rОmparts НО la villО sont abattus, on Мonstruit un quai, НО nouvОllОs МonstruМtions néoМlassiquОs ou roМoМo rОmplaМОnt lОs bсtimОnts anМiОns, МonstruМtion Н’hôpitauб, Н'un palais Нu gouvОrnОur, НО МasОrnОs, un tramаaв (р МhОval) ОntrО Оn fonМtion Нчs 1κλγ ν pОu р pОu la mairiО s'oММupО НО l’éМlairagО, Нu nОttoвagО publiМ, НО l’ОnlчvОmОnt НОs orНurОsέ

Photographie 5 : Thessalonique en 1897106

Au début du XXe siècle, Thessalonique Оst l’unО НОs villОs НО l'EmpirО ottoman les

plus grandes et les plus modernes, une ville multiethnique avec environ, 80 000 Juifs, 15 000 Turcs, 15 000 Grecs, 5 000 Bulgares et 5 000 Occidentaux sur 120 000 habitants.

Le recensement (tabrit) ottoman de 1885 donnait le chiffre de 30 000 Musulmans soit environ 34 % de la population de la ville et 27 % au moment de la révolution des Jeunes-Turcs à comparer avec Smyrne et Constantinople/Istanbul où les musulmans constituaient respectivement 30 % et 45 % de la population107. Ce chiffre masque une distinction entre les Turcs et les Dönmé, il Оst trчs НiffiМilО Н’ОstimОr le nombre de ces Juifs МonvОrtis р l’Islam, évalué entre 10 000 et 18 000 pour le début du XXe

siècle, soit environ 11 % de la population de Thessalonique, davantage que les « Turcs », mais la communauté

106 Photo de Ernest De Witte Burton, « Notes on Thessaloniki » in The Biblical World (July 1896). On est au-delà des murs et du port (on voit la Tour Blanche) au début du quartier pas encore construit de Kalamaria et derrière le cyprès, le cimetière juif.

musulmanО s’Оst ОnsuitО aММruО avОМ l’arrivéО Н’émigrés НОs ψalkans, НО ψulgariО Оt НО

Bosnie.