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L A CRÉATION D ’ UNE RÉGION

Carte 24 : Kazas/Provinces par langue majoritaire vers 1920 170

II. C OLONISATION DE L ’ ESPACE MACÉDONIEN

2/ Les colonies rurales

L’Office autonome pour l'établissement des réfugiés prit possession de trois sortes

de terres en Macédoine : les terres abandonnées par les populations musulmanes et les Bulgares de Macédoine, les terres achetées à la suite des lois de réforme agraire, les terres

appartenant à l'État et inexploitées jusque-là. Pour la population urbaine, l’τffiМО a prévu НО

construire des faubourgs dans les grandes villes, mais il donne la priorité aux installations rurales. Il a eu 5 directions indépendantes dont celle de la Macédoine avec pour siège Thessaloniqueέ QuinzО burОauб pour l’établissОmОnt НОs émigrés ОбistaiОnt pour la région

de la Macédoine : Thessalonique, Langada, Piérie, Kilkis, Florina, Kastoria, Eordaia, Verria, Yannitsa, Axioupolis, Chalcidique, Sintiki, Serrès, Édessa et Kozani190.

« Une fois en possession des terres, l'Office classe les immigrants par catégories, agriculteurs, ouvriers, commerçants, puis décide du groupe humain et du lieu où il va l'envoyer. Le nouveau village se constitue sur place. Les réfugiés, dont beaucoup viennent du même coin thrace ou asiatique, doivent légalement former un groupe, seul qualifié, après le décret du 6 juillet 1923, pour recevoir la terre. Le lot est fixé par famille, il dépend naturellement de la valeur de la terre et des nécessités de la culture191. Un lot de céréales en Macédoine est de 4 à 6 hectares, de vignobles entre 1,5 et 3 hectares, de culture maraîchère ou de tabac de 0,2 à 2 hectares, de chanvre ou de poivron (en Karadjova par exemple) de 0,6 à 0,7 ν l’étОnНuО НО pсturagОs pour lОs МoloniОs Н’élОvОurs Оst НО κ р 1ί hОМtarОs Оn

moyenne192 ». « δ’ОnsОmblО НОs tОrrОs attribué au nouvОau villagО, М’Оst l’assОmbléО

générale des réfugiés qui procède au tirage au sort. Ensuite, la famille prend possession de son champ193 ».

« Reste à НistribuОr lОs moвОns НО travailέ δ’offiМО autonomО a mis р la Нisposition

des colons macédoniens (de septembre 1922 au 31 décembre 1928) 48 987 bovins (dont

46 41κ bנufs НО labour), 1λ 712 chevaux et mulets (17 067 chevaux), 4 155 ânes, 65 477

moutons et chèvres. Il a fourni 49 824 charrues, 20 128 charrettes, 121 259 petits outils. Il faut encore y ajouter plus de 17 000 tonnes de semences, plus de 43 000 tonnes de fourrage, plus de 21 000 tonnes de vivres. Dans ces chiffres, ne sont pas compris animaux ou instruments appartenant en propre aux réfugiés (168 000 têtes de gros bétail, 405 000 têtes de petit, plus de 52 000 outils). Ces chiffres ס presque fabuleux ס donnent une idée de cet

immense effort Оt pourtant ils sont р pОinО suffisants quanН il s’agit de 600 000 personnes. Et, МОpОnНant, nО sont pas МomprisОs lОs Нistributions faitОs par l’État grec lui-même, en

190 PELAGIDIS, E. (1995). δ'installation en εacédoine de l’ouest des réfugiés grecs en provenance de l’Asie

Mineure, 1923-1930 (en grec). Thèse de doctorat -Université de Thessalonique ס Ecole de Philosophie ס ϊépartОmОnt НО l’histoirО Оt Н’arМhéologiО (295).

191 ANCEL, J. (1930), op.cit., figure 26. On peut consulter la carte « χННuМtions Н’Оau Нans lОs МoloniОs НО

réfugiés en Macédoine » Нans l’χnnОбО γωέ

192

Rappelons que la propriété rurale moyenne en France est de 12 hectares р l’époquО.

particulier entre septembre 1922 et janvier 1923, encore 57 000 bêtes de labour et de trait, 53 000 moutons et chèvres, 38 000 instruments de culture, 17 563 charrues. Ainsi fut rénové

l’outillagОέ δa moto МulturО vint Оnfin aiНОr lОs labourОurs établis sur lОs friМhОs μ l’État

prêta aux colonies 45 tracteurs de 50 CV, qui défrichèrent plus de 1 000 hectares. Peu après, les coopératives agricoles, qui se fondaient, achetaient des machines194 ».

« Les 113 216 familles de colons agricoles de Macédoine ont reçu soit les 53 476 maisons laissées par les Turcs ou les Bulgares échangés (dont 13 500 furent réparées), soit les 39 ίιι maisons ОntiчrОmОnt МonstruitОs par l’τffiМО autonomО (plus НО γ 095 bâties par l’État grec195

». « Le plus grand nombre le fut naturellement dans la Macédoine orientale où Turcs et Bulgares abandonnèrent 23 412 maisons, où furent dressées 14 540 habitations neuves, puis dans la circonscription de Salonique (6 693 demeures nouvelles). Tantôt on eut recours à des entrepreneurs, tantôt ס le plus souvent ס aux réfugiés eux-mшmОs, р qui l’on

fournissait du matériel venu de loin, des avances en argent, mais à qui on demandait le transport et la main-Н’נuvrО sous la МonНuitО НО maçons Оt НО mОnuisiОrs196

». Mais là aussi l'avancée des travaux est lente, НО l’avis des réfugiés, dans une région très froide en hiver et

humide où des familles restent plusieurs années sous la tente ou dans des hangars de fortune réquisitionnés avant d'avoir l'une de ces maisons !

« La maison est simple. Tantôt elle est construite par les autorités sur un modèle « standard », tantôt, elle est plus variée car on a donné à la famille terrain et matériaux en la laissant effectuer elle-même les travaux. La maison pour une seule famille, type le plus simple, fut souvent doublée pour eux par raison Н’éМonomiО, НОuб famillОs aММoléОs в vivОnt

alors. Enfin, le type change évidement avec le genrО НО viО НО qui l’habitОέ δ’agriМultОur НО МéréalОs a bОsoin Н’unО éМuriО pour son bנuf ou son МhОval Оt Н’un grОniОr pour sa réМoltОέ χu pшМhОur Нu littoral, qui n’utilisО ni établО ni grangО, il faut un vastО hangar pour ses

ustensiles et son poissonέ δ’élОvОur НО vОr р soiО Нoit posséНОr unО МhambrО pour étalОr les

feuilles de mûriОrέ δО МultivatОur НО tabaМ réМlamО un séМhoir р l’abri НО la pluiО, au solОil,

etc.197 ».

194 ANCEL, J. (1930), op.cit., p. 154-156.

195 Chiffres arrêtés au 31 décembre 1928.

196

ANCEL, J. (1930), op.cit., p. 156.

Photographie 7 : Maisons rurales pour colons198

ωОt affluб Н’agriМultОurs a profonНémОnt moНifié l’aspОМt НО la εaМéНoinО

hellénique, Jacques Ancel ОstimО qu’à la fin de 1927 la répartition de la population par

profession est la suivante (en personnes) : 343 000 agriculteurs (en céréales), 69 000 cultivateurs en tabac, 15 000 viticulteurs, 18 500 éleveurs (de bétail), 380 arboriculteurs, 9 300 pêcheurs ou marins et 9 000 marchands (divers)199. Il ajoute que par rapport à 1920, le

198

ANCEL, J. (1930), op.cit., p. 245.

nombrО Н’agriМultОurs (Оn céréales) a doublé, celui des cultivateurs de tabac a été multiplié

par quatre, celui des viticulteurs a été multiplié par quinze et celui des pêcheurs par quatre. À ces chiffres on peut ajouter les citadins-cultivateurs200 qui ne figurent pas dans les statistiques officielles, et que J. Ancel estime à 25 % de la population de la Macédoine occidentale (19 500 familles en 1926).

Il faut noter aussi que le nomadisme pastoral a régressé puisque les terres jusque-là inexploitées ont pu être mises en culture, mшmО si un nombrО rОstrОint Н’élОvОurs réfugiés a

été installé en Macédoine, 2 009 familles placées sur les zones montagneuses.

δ’établissОmОnt НО frontiчrОs a aussi moНifié les déplacements des pasteurs valaques qui,

selon les saisons, effectuaient avec leurs troupeaux de longs parcours du Sud au Nord du Pinde et/ou des Rhodopes. Ces pasteurs, valaques ou saracatsanes se sont trouvés dans l'impossibilité d'effectuer leurs trajets habituels et ont dû s'adapter (ou renoncer) à l'espace limité par les frontières. La transhumance est encore rendue plus difficile par les règlements de Métaxas* qui, en 1937-38, pour lutter contre le banditisme, contraint les familles à se domicilier dans une seule commune. La fin de ces courants annuels a également déstabilisé et progressivement supprimé des foires dont l'activité dépendait de ces mouvements de transhumance201.

Jacques Ancel qui est allé sur place202, note en 1930 que les chiffres ne disent pas tout. Les observations directes, les conversations particulières sont instructives. Son

imprОssion Оst quО lОs réfugiés s’enracinent, ont pris confiance. L’urgОnМО fut de leur donner

un toit et de les faire vivre. « χujourН’hui, la maison est construite, le cadastre se fait : le

réfugié a conscience НО sa propriétéέ ωО n’Оst plus provisoirОέ ωОttО famillО НО Мinq

personnes, qui a vécu cinq ans dans un wagon abandonné, a maintenant son foyer. Telle autre ajoute à la maison-type un étage. Ici on met des rideaux brodés aux fenêtres, et là des fleurs, des plates-banНОsέ δ’idée de sécurité, du définitif, est entrée dans les esprits ».

« Il est vrai que la mortalité a diminué et la natalité augmenté. Au début, la natalité ne dépassait pas 0,0012 %, la mortalité atteignait des sommets, 0,0035 % ou 0,0036 %203. Maintenant (en 1930) la proportion est entièrement renversée : la natalité moyenne est de

200 Partie de la population urbaine qui se retire la nuit dans son bourg, mais va le jour travailler aux champs.

201

WEITHMANN, M. (1978), op.cit.

202 ANCEL, J. (1930), op.cit. δa МartО géographiquО Н’χnМОl НО 1λγί МontiОnt НОs informations sur lОs noms

des localités, des fleuves, des montagnes, des lacs et sur les lignes de chemin de fer en voie normale et en voie étroite. On peut consulter la cartО Нans l’χnnОбО γψέ

203

ANCEL, J. (1930), op.cit., figure 28, p. 145. On peut consulter le graphique « Décroissance de la mortalité et progrès de la natalité dans la Macédoine grecque entre 1924 et 1926 » dans l’χnnОбО 4χέ

0,0033 % et la mortalité ne dépasse pas 0,0014 %. La sécurité a engendré non seulement le souci de la santé, mais les préoccupations Н’avОnirέ

« ωО qui a sauvé МОs paвsans, М’Оst la pОtitО МulturО intОnsivОέ Raisons НО Мlimat Оt НО

sol. Raisons de psychologiО aussiέ δО paвs МОrtОs, s’aНonnО р la МulturО НО МéréalОs, mais pour sa nourriturО proprОέ Jamais il nО pourra luttОr, pour l’Обportation, МontrО la МonМurrОnМО НОs granНОs tОrrОs propiМОs, lО ωanaНa ou l’χrgОntinОέ εais aussi lО ύrОМ du

dehors, arrivé sur cette terre neuve, travailleur, patient, intelligent, se soucie peu de cette grande culture mécanique. Il aime particulièrement soigner sa terre, résoudre les problèmes, toujours nouveaux qui se posent chaque jour, observer les résultats, les progrès »204.

Néanmoins il ne faut pas sous-estimer les diffiМultés Н’intégration НОs réfugiés. Le

jugement d'Ancel est empreint d'espérance et il trouve la situation des réfugiés en Grèce meilleure que celle de ceux qui se trouvent en Bulgarie ou en Yougoslavie. Mais bien des familles en 1928 attendent encore le logement promis, les indemnités et espèrent encore, jusqu'au discours de Venizélos, un retour « chez elles » ; les rapports avec les « indigènes » ne sont pas bons et l'intégration est loin d'être faite, simplement la survie est mieux assurée.

Selon Anastasia Tsoukala205, « δ’arrivée massive des réfugiés grecs en 1922 a mis à

rude épreuve l’identité nationale grecque. De manière paradoxale, ceux qui se trouvaient au Мנur Н’unО longuО politiquО irréНОntistО au nom НО lОur gréМité millénairО, МОuб qui ont légitimé la МonНuitО Н’unО guОrrО НО « libération » désastreuse, une fois obligés de quitter la МôtО НО l’χsiО εinОurО pour s’installОr Оn ύrчМО sО sont vus transformés en menace pour la population sur plaМОέ ψiОn qu’ils aiОnt été МhrétiОns orthoНoбОs, lО fait qu’ils maîtrisaiОnt

mal la langue grecque206, voire étaient seulement turcophones, rendait leurs origines

suspОМtОsέ χlors quО l’État leur a immédiatement accordé des droits civiques, la majorité de

la société leur a réservé un accueil hostile qui les a rapidement marginalisés. Cette hostilité

s’Обprimait Н’aborН par НОs moquОriОs sur la maniчrО Нont lОs réfugiés prononçaiОnt lО grОМ

(« aoutides »), ou par des jeux de mots malsains (« prosfigkakia », comparant les enfants réfugiés à des guêpes). Mais, avant tout, cette hostilité s’Обprimait par НОs tОrmОs insultants

qui niaient la grécité des réfugiés. Ceux-ci étaient, alors, qualifiés de « tourkosporos » (être

204

ANCEL, J. (1930), op.cit., p. 158.

205 TSOUKALA, A. (2011). « δa МonstruМtion soМialО НО l’altérité Оn ύrчМО ». INALCO, Cahiers Balkaniques

n° 38-39, p. 261-266.

206En réalité, МО n’Оst pas lО Мas НО tous ! δО fait est avéré pour évidemment les turcophones et ponticophones, mais il nО faut pas oubliОr quО l’EmpirО ottoman Нisposait Н’un résОau Н’éМolОs grОМquОs Нont МОrtainОs

de semence turque) et « tourkomeritis » (venu de la Turquie). ωОrtОs, Н’un point НО vuО

sociologique, il convient de voir НОrriчrО МОttО hostilité l’opposition ОntrО unО soМiété ОssОntiОllОmОnt agriМolО, qui s’Оst trouvéО МonfrontéО Н’unО part р НОs МonМurrОnts, prioritairОs pour l’aМquisition НОs tОrrОs agriМolОs, Оt, Н’autrО part, р НОs rОprésОntants Н’unО

classe bourgОoisО jusqu’alors inОбistantО Оn ύrчМО qui, sО rОmОttant rapiНОmОnt НО lОur infortunО, prОnНront lОs rшnОs Нu МommОrМО Оt НО l’émОrgОntО aМtivité inНustriОllО Нu

pays207έ ωОttО hostilité était aussi unО affairО Н’opposition НО mנurs, ОntrО unО soМiété Н’aММueil conservatrice et traditionnelle et des couches sociales entièrement conformes aux us Оt МoutumОs НО l’EuropО oММiНОntalОέ Il Оst révélatОur р МОt égarН quО lОs fОmmОs réfugiéОs, qui sО maquillaiОnt Оt parlaiОnt librОmОnt auб hommОs, ont été Н’habituНО

qualifiées de « pastrikia » (proprО), tОrmО jusqu’alors résОrvé auб prostituéОs, Мar Оn plus

elles se lavaient tous les jours ס pratiquО jusqu’alors aНoptéО par lОs prostituéОs grОМquОsέ ωОttО hostilité était, Оnfin, unО affairО Н’opposition politiquО ОntrО la soМiété Н’aММuОil,

divisée entre les monarchistes et les républicains, et les réfugiés qui, eux, étaient essentiellement républicains ».

Cette hostilité n'a pas que des bases politiques, elle est largement une affaire sociale. Dans un contexte d'extrême pauvreté rurale, les « autochtones » ont du mal à admettre qu'on donne des terres à des « gens de l'extérieur » qui, parfois, ne parlent pas plus le grec qu'eux-mêmes. « Dans le département de Florina où environ 62 des 88 000 habitants étaient Slavophones, il y avait 165 familles sans terres, 1 110 familles avec une propriété inférieure à 10 stremmata* et 1 743 familles avec une propriété de 11 à 25 stremmata (1,1 à 2,5 hectares). En d'autres termes, 3 018 familles, presque 40 % des ruraux qui formaient l'écrasante majorité de la population du département, possédaient des terres inférieures au minimum viable de 25 stremmata208 ». Cette pression était encore plus forte dans le nome de Kastoria où le nombre des Slavophones était évalué à 42 % de la population, environ 27 000 personnes au total, dont la majorité habitait des villages au nord et à l'est de la ville de Kastoria. Selon les données du chef du Service de l'Agriculture de ce département, Vasilis

207 Sans oublier cependant le nombre important de paysans rums ! Tous lОs Rums n’appartОnaiОnt pas р la

bourgeoisie et, souvent, les bourgeois, même dans la misère, ont tenté une réinstallation en ville et ne sont jamais allés repeupler les villages macédoniens.

208 ALVANOS, R. (2011). « Les choix politiques des slavophones de Macédoine dans la guerre civile grecque ». INALCO Cahiers balkaniques, Volume 40, p. 297-320. 2416 familles possédaient entre 2,5 et 5 hectares, et 1417 entre 5 et 10 hectares. Enfin seules 250 familles possédaient plus de 10 hectares. AFD 92.1/32. Tableaux sur la contribution à l'étude de l'agriculture et élevage de la région de Florina, de l'agronome de l'ATE, Kavounis, Avril 1945.

Ioannou, un quart des habitants possédait une terre de moins d'un hectare caractérisée comme « insuffisante » et 52 % de la population disposait d'une « toute petite propriété » inférieure au seuil de survie, entre 1 et 3 hectares. Au total, les propriétés de 77 % des agriculteurs du département étaient inférieures au seuil de survie de 3 hectares (selon une estimation officielle).209210

Mais dans un conflit qui, parfois, prend la forme d'une revendication fondée sur le droit du sol ou celui d'une parenté ethnique supposée fondée sur la religion, l'État a choisi.

3/ L’hellénisation des toponymes de la Macédoine grecque

Progressivement les autorités grecques, pour affirmer la grécité des territoires nouvellement acquis et contestés par les voisins, ont modifié les noms de villes et des

villagОs mais égalОmОnt Н’autrОs liОuб géographiquОs МommО lОs riviчrОs lОs laМs, lОs valléОs

et les montagnes. Le fait est loin d'être unique : tous les États des Balkans ont fait de même, chacun à leur profit, et la Grèce en lutte dès la fin des années 1820 avait elle aussi hellénisé les toponymes et les noms de famille du Péloponnèse. Ici, le gouvernement a créé un comité dirigé par le professeur Nicolas Politis, recteur de l'Université d'Athènes, fondateur de la « laographie » Оt Н’autrОs hommОs НО lОttrОs rОМonnus р l’époquО, qui doit statuer sur les

changements de noms, le plus souvent proposés par les autorités locales211.

δ’étuНО exhaustive des changements de ces noms géographiques est hors de notre

domaine qui se consacre à l’évolution НО la population, nous présОntons néanmoins

quelques exemples issus des travaux de J-D. Mathieu212 213 qui a étudié le changement de noms des loМalités Оn εaМéНoinО НО l’ouОst Оt présОntО lОs НifférОnts proМéНés appliqués par

les autorités grecques pour changer les noms, la conservation et la modification phonétique, le calque et la modification sémantique.

Nous présentons ci-dessous des différents cas de changements de noms des localités en utilisant des caractères latins pour les noms slaves, turcs et grecs :

Dans certains cas on conserve la phonétique intacte :

209

25 % des agriculteurs du département possédaient entre 3 et 10 hectares, seul 0,1 % avaient plus de 10 hectares. La

Voix de Kastoria 7/10/45. 210

ALVANOS, R. (2011), op.cit.

211 POLITIS, N. (1920), op.cit.

212 MATHIEU, J.-D. (1999). " Toponymie de la Macédoine. 2 - Les nomes de Pella et de Kilkis en Grèce ".

INALCO, Bulletin de Liaison Néo-hellénique n° 16.

213

Jean-Dominique Matthieu a étudié également en 1995 la toponymie de la Macédoine dans les départements de Florina et de Kastoria.

a) ex : le nom Slatina (en slave « sourМО Нont l’Оau nО jaillit pas »)  Slatina ;

b) avec emprunt à des mots grecs, ex : Arsen Arsénio (en grec « petit enfant

mâle ») ;

c) l'origine turque est conservée, ex : Dorjan Dohjrani ;

d) l’originО slavО Оst МonsОrvéО, Об : Druska (« amie », « compagnie » en slave) Dhrosja (« rosée », « fraîcheur » en grec).

Dans d'autres cas on remplace le mot :

a) remplacement par un nom antique grec attesté dans la région, ex : Voden (en slave « endroit abondant en eau ») Édessa (ancien nom grec) ;

b) remplacement par des noms qui évoquО lО villagО НОs nouvОauб vОnus Н’χsiО

Mineure, ex : Eskidze (en turc « vieux ») Pondohori (en grec « village de

la Mer noire ») ;

c) remplacement par des noms de même contenu sémantique, ex : Alar (en slave « agalar = notable ») Archontiko (en grec « maison de

notable ») ;

d) remplacement par des noms avec contenu sémantique proche : ex : Javorem (en slave « de javor= faux platane »)  Platani (« platane » en grec).

Dans la majorité des cas, la phonétique et la sémantique ont changé, les noms

nouvОauб sont Нéfinis р partir, soit Н’unО vision ou Н’unО pОrМОption НifférОntО НО la

géographie physique, soit des changements dans les paysages ruraux, soit de la géographie

humainО, soit НО l’histoirО, par Об : Borislav Perikléa.

Le tableau en Annexe 6 qui présente les villages grecs dénombrés en 1913 montre

égalОmОnt lОs moНifiМations НО lОurs noms Оt l’annéО Нu Мhangement de nom.

À cette hellénisation officielle des noms (officielle car les anciens toponymes restent souvent en usage, même plusieurs décennies plus tard), s'ajoute une politique d'hellénisation linguistique obligatoire qui n'est encore qu'à ses débuts en 1928 mais se poursuit avec obstination.