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Chapitre 1 : Estimation des terres à risque d’érosion côtière du

III- PRÉVISIONS RELATIVES A L’ÉVOLUTION FUTURE DU TRAIT DE COTE

L’érosion littorale durant les 45 années (de 1958 à 2003) (cf. Partie 2) a fortement rétrécit les plages qui sont, par conséquent, devenues plus vulnérables à une élévation accélérée du niveau de la mer. La thèse du réchauffement global et de l’élévation du niveau marin est à présent admise par une majorité des scientifiques. Le phénomène semble même s’être amplifié depuis le début des années 1990. Modeste en apparence, la remontée du niveau marin va bouleverser l’équilibre du rivage, elle aura des impacts considérables sur la stabilité côtière. En effet, l’augmentation

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de la profondeur de l'eau (près de la côte), va créer de plus grosses vagues et amplifier l'érosion.

Dans cette étude, quatre scénarios d’élévation future du niveau marin ont été utilisés pour les deux horizons temporels 2050 et 2100 (Tabl. 12), avec comme année de référence : 1990, utilisée aussi par le GIEC.

- Prévision sans accélération de l’élévation du niveau marin (scénario de base): Avec un taux de 2.5 mm/an, l’élévation relative actuelle atteindrait alors 15 cm d’ici 2050 et 27.5 cm en 2100.

- Avec une élévation rapide du niveau marin, les trois hypothèses, basse (HB), moyenne (HM) et haute (HH) ont été adoptées. Les variations eustatiques seraient:

* Pour l’échéance 2050, 21 cm soit 3,5 mm/an (HB), 37 cm soit environ 6,2 mm/an (HM) et 47 cm soit 7,8 mm/an (HH).

* Pour l’horizon 2100, les estimations sont de 36,5 cm soit 3,3 mm/an (HB), 75,5 cm soit 6,9 mm/an (HM) et 115,5 cm soit 10,5 mm/an (HH).

Avec accélération de l’élévation du niveau de la mer (mm/an) Horizons temporels Sans accélération de l’élévation du niveau de la mer (mm/an) (Scénario de base) HB HM HH 2050 2.5 3,1 6,2 7,8 2100 2.5 3,3 6,9 10.5

Tableau III. 12 : Vitesses d’élévation du niveau de la mer aux horizons 2050 et 2100.

Toutefois, il faut noter que quelque soit l’hypothèse choisie, l’élévation du niveau marin est inévitable et serait supérieure à celle observée actuellement. Ainsi, il est prévu que pour une estimation moyenne, l’élévation du niveau marin serait environ 2 fois plus forte que la récente remontée eustatique marine, alors que pour une hypothèse haute, l’élévation serait 3 à 4 fois plus importante que la montée actuelle. Les projections de l’élévation du niveau de la mer au Maroc, prévoient une hausse de 2,6 à 15,6 cm par rapport au niveau moyen de 1990 (CNI, 2001). L’estimation haute de 15,6 cm (5,2 mm/an) d’ici 2020, est supérieure à celle projetée par le GIEC (2001), à savoir, 10 cm (3,3 mm/an) en 2020.

Les détails des estimations des reculs, des superficies et des volumes de sédiments des différentes plages susceptibles d’être perdues pour les horizons temporels 2050 et 2100 sont données dans les tableaux B1, B2 et B3 en annexe C.

III-1 Scénarios d’érosion côtière aux horizons 2050 et 2100 de la côte nord: de Fnidek à M’diq

A l’horizon 2050, Les pertes dues à l’accélération de l’élévation du niveau marin sont importantes (Tabl. 13 a). Elles seraient comprises entre 6 et 13% de la superficie actuelle des plages de ce segment côtier. Les volumes de sédiments érodés pourraient atteindre plus de 5000.102 m3 pour une hypothèse faible et plus de 1100.102 m3 pour une prévision haute.

La plage de Riffiene est celle qui connaîtrait la plus importante réduction de sa surface sableuse (Tableau B2 annexe C) ; les pertes varieraient entre 22% et 49% d’ici 2050. Pour le reste des plages le long du rivage nord, la réduction de leurs superficies ne dépasserait pas les 20%.

A l’horizon 2100, les superficies érodées seraient environ 2 fois plus importantes : entre 10% (HB) et 32% (HH) de la superficie actuelle des plages (Tabl. 13a). Le volume de sable érodé pourrait dépasser les 8000.102 m3 pour une hypothèse faible et plus de 27000.10² m3 pour une estimation plus forte, d’ici 2050.

Même sans accélération d’une remontée du niveau de la mer, la plage de Riffiene verrait sa superficie se réduire de plus du 25% (Tableau B2, annexe c), alors qu’avec une accélération d’une élévation eustatique, sa surface perdrait entre 37% et 77%, et serait même condamnée à disparaître pour l’estimation la plus haute de l’élévation du niveau de la mer. Ensuite, c’est la plage de Golden Beach (située au Sud) qui semble être la plus exposée avec une diminution de sa superficie variant entre 13% pour l’horizon 2050 et 43% en 2100. Ce recul pourrait être plus important en raison de la construction de la corniche au niveau de la playa de M’diq qui ne pourrait plus l‘alimenter en sédiments par la dérive littorale Sud-Nord.

Par contre le tronçon sableux qui s’étale entre ces deux plages, devrait connaître un recul plus faible. L’érosion côtière ferait perdre environ 15% en 2050 et 40% en 2100 de la superficie de ces plages, même pour une hypothèse haute d’une accélération de la remontée du niveau marin

Les résultats montrent que les deux extrémités de ce secteur vont connaître des changements morphologiques importants. L’évolution du reste de ce rivage dépendrait de la disponibilité en sédiment. Dans le cas où le stock de sable ne pourrait plus assurer le maintien en équilibre de ces plages, et si celles ci ne trouvent plus d’espace pour assurer le processus de translation pour s’adapter aux nouvelles conditions hydrodynamiques marines, elles seraient condamnées à fortement reculer.

2050 2100 Avec accélération de l’élévation du niveau

marin

Avec accélération de l’élévation du niveau marin Côte nord SA du niveau marin (Scénario de base) HB HM HH SA du niveau marin (Scénario de base) HB HM HH Recul (m) 2,6 3,6 6,4 8 4,7 6,2 13 20 Superficie (10² m²) (%) 421 4 594 6 1043 10 1328 13 762 7 1013 10 2118 21 3247 32 Volume (10² m 3) 3555 5017 8810 11323 6498 8561 17892 27430

Tableau III. 13a : Recul (en m), Superficies (m²) et volumes (m3) de sédiments des plages susceptibles

d’être perdus par érosion côtière d’ici 2050 et 2100 de la côte nord de Tétouan. SA : Sans accélération de l’élévation du niveau marin.

2050 2100

Avec accélération de l’élévation du niveau marin

Avec accélération de l’élévation du niveau marin Côte sud Scénario de Base (S.A.) Hypothèse basse Hypothèse moyenne Hypothèse haute Scénario de base Hypothèse basse Hypothèse moyenne Hypothèse haute Recul (m) 10 14 25 31,5 18 24 50 77 Superficie (10² m²) (%) 1083 10 1490 13 2680 24 3410 30 1964 18 2598 23 5439 49 8350 75 Volume (10² m 3) 6701 11055,5 19922,5 21157,5 14600,5 19318,25 40433,5 62062,5

Tableau III.13b: Recul (en m), Superficies (m²) et volumes (m3) de sédiments des plages susceptibles d’être

perdus par érosion côtière d’ici 2050 et 2100 de la côte sud de Tétouan. (En % de la superficie totale des plages de chaque secteur côtier).

III-2. Scénarios d’érosion côtière aux horizons 2050 et 2100 de la côte sud: de Cabo Négro à Azla

A l’horizon 2050, les pertes dépasseraient le double que celles notées dans la côte nord, et devraient varier entre 13 et 30 % (Tab.13b). Le recul serait 4 fois plus important qu’au Nord avec environ 1105.103 m3 (hypothèse basse) et 2116.103 m3 (hypothèse haute) de sédiments qui seraient soustraits à ce rivage. Mais en raison de la morphologie de cette côte, les plages qui s’étalent de Cabo Négro à Sidi Abdessalam, connaîtraient des pertes plus modérées, qui varieraient entre 15% et 30%. Par contre le segment le plus menacé par l’érosion côtière reste celui d’Azla. Avec une étroitesse de sa largeur déjà bien entamée, la plage d’Azla verrait, en 2050, sa superficie se réduire de plus de 50% (estimation faible) pour probablement disparaître totalement en cas d’une hypothèse moyenne et haute (Tableau B2, Annexe C).

A l’horizon 2100, le littoral sud pourrait connaître le recul le plus important de l’ensemble des plages (Tabl. 13b) puisque l’érosion côtière ferait perdre à peu prés 25% de la superficie des plages pour une estimation basse, 50% pour une hypothèse moyenne et 75% pour la prévision la plus haute de l’élévation du niveau de la mer. Les quantités de sables susceptibles d’être perdues atteindraient les 2000.103 m3 de sable et, (6000. 103 m3) soit le triple de ce volume pour une estimation haute (Tableau B2 Annexe C).

Les plages de Cabo Négro à Sidi Abdessalam perdraient entre 20 et 77% de leurs superficies, et les pertes seraient plus accentuées si l’approvisionnement en sable de plages devenait faible. Quant à la plage d’Azla elle n’existerait plus quelque soit l’hypothèse d’élévation du niveau marin en 2100. D’ailleurs le constat de terrain a permis de confirmer les conséquences de l’érosion littorale de ce segment côtier durant un demi siècle (Photos 12,13 a et 13b Annexe C).

La position du trait de côte durant le 21 ème subirait une mobilité plus accentuée avec des modifications qui dépendraient de la morphologie des zones côtières. Certaines plages vont rétrécir et d’autres vont complètement disparaître surtout que le stock en sédiment disponible est actuellement en déficit. La construction de nouveaux barrages sur les cours d’eau les plus importants, la demande accrue en sable pour les constructions de nouveaux projets, ne feraient qu’aggraver la pénurie sédimentaire le long de ce littoral. De même, ce linéaire de côte, équipée d’infrastructures balnéaires, risque de devenir sans plages naturelles, principales ressources économiques du tourisme de la région. La majorité des plages serait, en effet, menacée de disparition à cause de l'impossibilité de migrer vers l'intérieur des terres et de rouler (processus de roll-over) suffisamment pour conserver le volume sableux.

IV- CONCLUSION

L’érosion constitue un problème sérieux le long du littoral de Tétouan; il ressort de cette analyse qu'une intensification de l’érosion des plages serait très vraisemblable au cours des prochaines décennies, puisque les secteurs qui étaient sujets à l'érosion le seront d'autant plus que le niveau de la mer va augmenter (Niazi et al., 2005; Niazi et Snoussi, 2006) surtout que la pénurie en sédiments risque de s’accentuer. L’analyse prospective du recul des plages, basée sur la loi de Bruun, a été effectuée sur la côte nord (de Fnidek à M’diq) et sur le rivage sud (entre Capo Négro et Azla) ; un certain nombre de sites sensibles ont pu être identifiés, pour lesquels des mesures urgentes doivent être entreprises. Les pertes en terre par érosion côtière dans la frange littorale sud seraient deux fois plus importantes que dans le secteur nord. C’est ainsi que, la plage de Riffiene située au sud immédiat de Fnidek subirait un recul important et risque de disparaître d’ici 2100 en cas d’une prévision haute de la remontée du niveau de la mer. Il en est de même pour la plage d’Azla qui reste la plus menacée par l’érosion côtière puisque quelque soit l’hypothèse émise pour les différents scénarios d’élévation du niveau de la mer, elle serait condamnée à disparaître. Quant au reste des plages du littoral de Tétouan, leur régression reste plus modérée et leur pérennité serait fortement dépendante de la disponibilité d’un stock sédimentaire et de la capacité de la plage à migrer vers les terres pour s’adapter aux nouvelles conditions hydrodynamiques.

Les plages du littoral de Tétouan subiront donc des modifications bien plus importantes que dans le passé récent. La plupart des effets de l’érosion côtière sont «lents», et peuvent être contrés par une intervention humaine raisonnée. Mais le plus inquiétant seraient l’intensification et la fréquence accrue des événements extrêmes qui entraîneraient des inondations exceptionnelles.

CHAPITRE II : EVALUATION DES TERRES A RISQUE

D’INONDATION DU A UNE REMONTEE ACCELEREE DU NIVEAU MARIN DU LITTORAL DE TETOUAN

Chapitre 2 : Evaluation des terres à risque d’inondation dû à une