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Chapitre 2 : Paramètres naturels et potentialités de la zone

II- 3-4-2 Dynamique marine

Elle est influencée par l’action éolienne. Cette dernière fait varier le niveau de la mer près du rivage et génère la houle, qui est à l’origine de la dérive littorale contrôlant le transport sédimentaire le long de la côte. La bathymétrie intervient sur la direction et l’énergie des houles, et sur le transfert longitudinal des sédiments. Les variations altimétriques du plan d’eau dépendent de la marée astronomique et des phénomènes de surcôte et décôte tributaires des conditions météorologiques.

Plusieurs études ont intéressées particulièrement la baie de M’diq (Orbi et al., 1998 ; Orbi et al ; 1997 ; Hilmi et al., 2007) ; les données hydrodynamiques utilisées dans le cadre de cette étude, proviennent d’une compilation des données et informations figurant dans divers rapports inédits. Les caractéristiques de la houle ont été synthétisées à partir des paramètres océanographiques données dans le cadre du réseau West Asia and North Africa (WANA). Les mesures sont effectuées, à partir de 1996, au large du littoral de Tétouan au niveau de la station Point WANA 2006007 dont les coordonnées sont les suivantes: latitude 35.875, et longitude – 5.250 (http:/www.puertos.es).

a- Les houles : La synthèse des données sur les hauteurs, directions et les périodes des houles (Tableaux annexe A), réalisées à partir de 1996 au large du littoral de Tétouan montre que:

- Les houles calmes (Hs< 0,5 m) représentent en moyenne 50% des houles et peuvent atteindre jusqu’à 60 %;

- les houles supérieures ou égales à 3 m peuvent avoir une fréquence de 6%,

- c’est le secteur Est qui prédomine en fréquence d’apparition (Fig.21); - les houles les plus fortes sont celles de période comprise entre 7,7s et 11,2s ;

- les houles de longues périodes (supérieures à 10 s) dépassent les 5 m.

- la houle peut dépasser 7 m mais les plus fréquentes sont de 0.5, 1 et 1.5 m

- les périodes les plus courantes sont inférieures à 7 s.

- l’amplitude moyenne des houles significatives est de 1,4 m alors que la moyenne des hauteurs maximales des houles significatives est de 2,6 m. Ces données de houles significatives sont proches de celles synthétisées par LPEE (1994) à partir de l’analyse des observations de navires effectuées entre 1960 et 1980. Vue la situation géographique et la morphologie du site, il apparaît que les fortes houles ne proviennent que du secteur ENE à E pour lequel, selon LPEE (1997), le fetch disponible avoisine les 1000 Km; cela n’exclut pas la présence de « mer de vent » et les clapots (Bayed and Beauburn, 1987), pouvant provenir de n’importe quelle direction. Les houles d'Est peuvent dépasser des amplitudes de 6 m avec des périodes de 10 à 11s.Par ailleurs, cette côte est aussi soumise à des houles du WNW qui sont moins fréquentes et moins fortes.

Figure I.21: Rose des houles significatives au large du littoral de Tétouan pour la période de 1996 à 2006.

b- La marée et les courants côtiers : L’onde de marée, généralement faible, provient de l’Atlantique et se propage vers la Méditerranée à travers le détroit de Gibraltar (figure 22). Sous l’effet du vent et/ou des courants de marée, des ondes internes apparaissent, elles sont dues selon Arid et Kabbaj (1993) :

- (i) à la géométrie de l’interface formée par les deux courants opposés (atlantique en surface et méditerranéen en profondeur) ; - (ii) au passage de la marée semi diurne océanique ;

- (iii) à la configuration particulière du relief sous marin. S < 1 m 1 - 2 m 2 - 3 m > 3 m Amplitude (m) N E W SE SW NW NE

I

E 60

Ondes internes

Figure I.22 : Extrait de l’Image ERS-1 (ESA) montrant les effets des courants et des marées sur la circulation des eaux.

La propagation de ces ondes se fait de l’Ouest à l’Est, de l’Atlantique en Méditerranée, et les plus spectaculaires se manifestent durant les marées hautes. Ces ondes peuvent se propager jusqu’au littoral de Tétouan, mais subissent des modifications en abordant des profondeurs variables. Ces ondes entraînent alors des effets non négligeables sur le littoral étudié (Ibrahimi, 2003)

La marée est de type semi-diurne (période 12H30), et le marnage moyen est de l’ordre de 0.8 à 1 m. Les caractéristiques de la marée de vives eaux moyennes (VEM) et de vives eaux exceptionnelles (VEE) sont données dans le tableau 4 (LPEE; 1997).

Tableau I.4 : Caractéristiques de la marée de vives eaux moyennes (VEM) et de vives eaux exceptionnelles (VEE) au niveau du littoral de Tétouan. (LPEE 1997) - zéro hydrographique (ZH)= - 0,88 NGM. Bien que l’amplitude soit faible, les courants côtiers alternatifs sont forts, et ils sont parallèles à la côte. Ils portent au SE au flot et au NW au jusant. Le courant de flot est dirigé vers le Nord, et celui de jusant vers le Sud (LPEE ; 1993).

Au courant très fort, qui porte au S et au SE en raison de la forte réfraction sur le cap de Sebta (Sogreah, 1976), s’ajoutent d’autres courants côtiers qui provoquent des tourbillons, particulièrement au Nord de M’diq (Ibrahimi, 2003). Ces courants peuvent entraîner les sédiments au large (Boughaba, 1992). Combinés aux fortes houles du secteur E à

Côte de basse mer (m) Côte de pleine mer (m) VEM + 0.28 m ZH ou –0,6 NGM +1.35 m ZH ou +0,47 NGM VEE +0.00 m ZH ou –0,88 NGM +1.58 m ZH ou +0,70 NGM

ENE et aux courants de retour sur le fond, ils favorisent notamment en période de tempêtes, l’agitation en déplaçant les limites d’action des vagues (LPEE 1987; 1990).

C- Le niveau de la mer : L’évaluation de la tendance d’évolution du niveau de la mer nécessite de longues séries de mesures dépassant le siècle afin de s’affranchir de la variabilité climatique et de permettre de mieux prévoir l'élévation future du niveau de la mer. Au Maroc de telles séries n’existent pas, il serait nécessaire de mettre en place des marégraphes dans les principaux ports. Ceci permettrait de mieux suivre les variations du niveau marin à une échelle régionale et par conséquent appréhender les conséquences de l’élévation accélérée du niveau de la mer due aux changements climatiques.

D’après les annuaires des marées des ports, établis par la Marine Royale, le niveau moyen de la mer au port de Sebta est de 0,57 m. Vue sa proximité de la zone d’étude et faute de mesures in situ, nous utiliserons cette même valeur pour le littoral de Tétouan.

Compte tenu des surcôtes météorologiques exceptionnelles dues à l’effet de forts vents et/ou de dépressions barométriques, le niveau de la mer de ce littoral peut atteindre + 2.08 m ZH, c’est à dire + 1,20 NGM (0.50m de surcôte) (LPEE, 1997). Les données sur les fluctuations à long terme du niveau marin local sont absentes, néanmoins l’altimétrie satellitaire (Topex/Poseidon et Jason) considère que la vitesse des variations du niveau marin de la Méditerranée occidentale est de 2.5 mm/an depuis 1993 (Fig. 23). Cette valeur régionale de l’élévation actuelle estimée, ne tient compte que de l’effet du forçage anthropique du climat. Elle ne prend pas compte les mouvements tectoniques ni la subsidence qui peuvent contribuer, à certains endroits du littoral de Tétouan, au taux de la hausse du niveau de la mer.

Figure I.23: Carte de la distribution géographique des vitesses de variation du niveau de la mer (1993-2006) en Méditerranée d'après Topex/Poseidon et Jason1. (http://www.legos.obs-mip.fr).