Chapitre 1 : Chauffage au bois et vecteur air dans les BBC
1.2. MUTATION DU SECTEUR DU BÂTIMENT
1.2.2. Prévention des risques sanitaires
En adoptant un mode de vie citadin, l’être humain passe près de 85% de son temps dans des
environnements clos, où il est susceptible de connaître une exposition prolongée à de multiples
polluants. Ces substances irritantes, allergisantes et parfois même cancérogènes, peuvent être émises
par les composants des bâtiments, leurs équipements ou divers éléments de décoration (revêtements,
peintures, vernis, colles, adhésifs, meubles…). Ils peuvent également provenir de l’environnement
extérieur et de l’activité des occupants.
Valeurs guides de la qualité de l’air intérieur [Anses, 2011]
Depuis 2004, l’Anses20
élabore des valeurs guides de qualité d’air intérieur (VGAI21) en
dressant un état des lieux des expositions aux polluants de l’air présents dans les lieux de vie pour
disposer de valeurs repères et positionner les niveaux observés par rapport à des critères sanitaires.
À titre d’exemple, selon une enquête de l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur (OQAI)
menée sur un échantillon de 567 logements et publiée en novembre 2006, les 18 composés organiques
volatils (COV) ayant été mesurés présentent généralement des teneurs plus élevées à l’intérieur qu’à
l’extérieur. Ensuite, près de 10% des logements français peuvent être qualifiés de « multi-pollués »,
avec de 3 à 8 polluants présents en forte concentration, et dans 87% des cas, les concentrations en
formaldéhyde sont supérieures ou égales à 10 μg/m3, la VGAI long terme définie par l’Anses pour une
exposition supérieure à 1 an.
Étiquette santé environnementale [Arrêté_COV, 2011] [Décret_COV, 2011]
Parmi l’éventail des mesures de prévention des risques [PNSE, 2009-2013] établies par le Plan
National Santé-Environnement (PNSE22) et pour réduire directement des émissions de polluants à la
source, une étiquette santé environnementale est introduite à partir du 1er janvier 2012 pour les
nouveaux produits de construction et de décoration mis sur le marché. Son but est d’indiquer, de
manière simple et lisible, le niveau d’émission de onze polluants volatils du produit, dont certains en
particulier qui peuvent présenter des risques pour la santé tels que le toluène ou le formaldéhyde.
Étendue à l’ensemble des produits présents sur le marché en septembre 2013, cette mesure apporte une
nouvelle information aux consommateurs et aux collectivités pouvant constituer un critère de sélection
en ce qui concerne le choix des produits de construction, de rénovation et de décoration pour l’habitat.
19
La classe de température indique la température nominale de fonctionnement du conduit qui doit être supérieure ou égale à
la température des fumées de l'appareil de chauffage en fonctionnement
20
Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail
21 VGAI : Les valeurs guides de la qualité de l’air intérieur sont des cibles sanitaires à atteindre à long terme pour protéger la
santé des personnes. Fondées exclusivement sur des critères sanitaires, elles expriment la concentration dans l’air d’une
substance chimique, associée à un temps d’exposition.
22
Le premier PNSE était prévu par la loi de santé publique du 9 août 2004 et s’est déroulé sur la période 2004-2008. Le
deuxième PNSE s’inscrit dans la démarche générale du Grenelle Environnement sur la période 2009-2013.
Comme le montre la Figure 1.12, la classe de performance des produits utilisés à l’intérieur
des locaux est indiquée par une lettre allant de A+ pour de très faibles émissions à C pour de fortes
émissions. Le schéma d’une maison contenant un nuage de polluants permet également d’identifier
rapidement la qualité du produit.
* Information sur le niveau d'émission de substances volatiles dans l'air
intérieur, présentant un risque de toxicité par inhalation, sur une échelle
de classe allant de A+ (très faibles émissions) à C (fortes émissions)
Figure 1.12 : Étiquette santé environnementale pour les produits de construction et de décoration
Monoxyde de carbone [Arrêté_CO, 2009] [Décret_CO, 2008]
Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz inodore, incolore, toxique et mortel. Rien ne permet
de détecter spontanément sa présence. Sa production résulte d’une combustion incomplète des
combustibles organiques, tels que le bois, le charbon, le gaz naturel, le pétrole… Il se diffuse très vite
dans l’environnement et agit comme un gaz asphyxiant. Il pénètre dans les globules rouges, se fixe sur
l’hémoglobine du sang à la place de l’oxygène et empêche l’oxygénation des cellules. L’intoxication
par le CO touche plusieurs milliers de personnes chaque année et constitue la première cause de
mortalité accidentelle par gaz toxique en France avec près d’une centaine de décès annuels. Si de rares
cas sont liés aux émanations des véhicules, la grande majorité des intoxications surviennent dans les
bâtiments, comme le précise l’Institut de Veille Sanitaire [InVS, 2010].
À ce titre et pour une grande majorité des cas, les facteurs d’intoxications domestiques au CO
résultent d’une mauvaise évacuation des produits de combustion à cause d’un conduit obstrué ou mal
dimensionné, d’un défaut de ventilation des locaux avec des grilles d’aération bouchées, d’une carence
d’entretien ou de la vétusté des appareils susceptibles de produire du CO, ou bien encore d’une
mauvaise utilisation de certains appareils, comme des appareils de chauffage d’appoint ou des groupes
électrogènes utilisés en continu. La Direction Générale de la Santé [DGS, 2009] souligne que deux ou
plusieurs facteurs peuvent intervenir dans les accidents, mais que la principale source d’exposition au
CO reste le tabagisme actif et passif, créant dans certains cas des intoxications chroniques.
Pour le CO, la valeur limite moyenne d’exposition maximale pour une durée de 8 heures
(VMEmax) est fixée à 10 mg/m³ par [Anses, 2011] pour garantir une bonne protection de la santé.
D’après [INRS, 2005] et [Anses, 2006] les signes cliniques les plus fréquents en cas d’intoxication
sont dans 80% des cas des céphalées, i.e. des douleurs locales ressenties au niveau de la boîte
crânienne, des vertiges, des nausées ou des malaises. Une exposition plus importante peut provoquer
ensuite des troubles neurologiques, des pertes de conscience, des troubles cardiaques et des comas, qui
lorsqu’ils n’entraînent pas la mort, laissent des séquelles à vie chez les personnes intoxiquées.
Les mesures initiales de prévention ont ainsi été renforcées, aussi bien dans le neuf depuis le
1er janvier 2009, que dans l’existant depuis le 1er juillet 2010, avec la parution du décret du
27 novembre 2008 relatif à la prévention des intoxications par le monoxyde de carbone et de son
arrêté d’application du 23 février 2009, dit « arrêté CO », qui prévoit notamment que la pièce dans
laquelle est installé un appareil de chauffage ou de production d’eau chaude sanitaire d’une puissance
inférieure ou égale à 70 kW et utilisant les combustibles solides, liquides ou gazeux soit munie :
- d’une entrée d’air permanente directe ou indirecte, dans le cas où l’appareil utilise pour la
combustion une partie de l’air de la pièce dans laquelle il est installé ;
- d’un système d’évacuation des produits de combustion satisfaisant aux conditions techniques
et de sécurité, et adapté à l’usage, au type d’appareil et au combustible auxquels il est destiné.
De plus, l’entrée d’air permanente et le système d’évacuation doivent être conçus et entretenus
de manière à permettre le bon fonctionnement des appareils, sans entrave de la part de l’occupant.
L’arrêté CO précise cependant que les pièces dans lesquelles se trouvent des appareils à circuit de
combustion étanche ne sont pas concernées par cette réglementation. En effet, par leur conception, ces
appareils intègrent le circuit d’amenée d’air comburant et évacuent les produits de combustion vers
l’extérieur sans risque de fuite vers l’intérieur des locaux d’habitation.
Régulièrement, des plaquettes d’information à destination du grand public sont élaborées par
l’Institut National pour la Prévention et l’Éducation à la Santé [INPES, 2008] pour prévenir des
dangers du CO et conseiller les occupants sur les gestes à adopter pour éviter les intoxications.
En outre, l’adoption de la [Loi_DAAF, 2010] rendant obligatoire l’installation de détecteurs
avertisseurs autonomes de fumées (DAAF) dans tous les lieux d’habitation est une mesure importante
dans la prévention des incendies et des risques liées aux intoxications par les fumées. Conformément
aux modalités d’application fixées par le [Décret_DAAF, 2011], la responsabilité de l’installation et
de l’entretien d’au moins un DAAF incombe à l’occupant du logement, qu’il soit propriétaire ou
locataire. Ainsi, toutes les habitations doivent être équipées pour le 8 mars 2015 d’un appareil qui
respecte la norme NF EN 14604, la norme NF 292 et possède le marquage CE (cf. Figure 1.13).
Figure 1.13 : Vue d’un détecteur avertisseur autonome de fumée
Autres risques [PNSE, 2009-2013]
Depuis 2004 et la mise en place du premier PNSE, la notion de risque lié à l’environnement
bénéficie d’une appréhension globale et de mesures de prévention ciblées. Le volet « Bâtiment et
Santé » du Grenelle Environnement s’attache en particulier aux risques de dégradation de la qualité de
l’air à l’intérieur des bâtiments, qui dans la plupart des cas (fortes teneurs en radon, en humidité, en
polluants volatils ou en CO2) peuvent être réduits par l’établissement d’une ventilation performante.
Dans le document
Etude d'un système combiné de ventilation et de chauffage au bois dans les bâtiments à basse consommation d'énergie
(Page 45-48)