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Chapitre 1 : Chauffage au bois et vecteur air dans les BBC

1.4. CHAUFFAGE AU BOIS

1.4.1. Potentiel de la ressource bois

Une ressource abondante disponible localement

L’exploitation forestière raisonnée, telle qu’elle est pratiquée en France et en Europe, assure le

développement durable des espaces boisés. En effet, la forêt se fragilise lorsqu’elle n’est pas ou mal

entretenue et les risques d’incendies augmentent, d’où l’importance d’une bonne gestion de ces

espaces par le ramassage des résidus et des branches issues de l’abattage des arbres, appelés aussi

rémanents. Cette ressource peut alors être utilisée pour alimenter des appareils de chauffage au bois,

plutôt que d’être de toute façon évacuée ou brûlée sur place pour entretenir le domaine forestier.

Les résultats des travaux de l’Inventaire Forestier National (IFN), présentés sur la carte de la

Figure 1.19, montrent que le taux moyen de boisement pour la France s’établit à près de 30%, avec des

variations allant de 5% dans la Manche à plus de 60% dans le Var [IFN, 2010]. La forêt française

couvre donc près d’un tiers du territoire après 150 ans de croissance continue et sa stabilisation entre

2008 et 2009, sous l’effet de l’urbanisation principalement. Par ailleurs, la récolte annuelle de bois

représente moins de 70% de la production biologique de la forêt, qui est de 59 millions de mètres

cubes par an (Mm3/an). Ainsi, en adoptant une gestion durable des domaines forestiers, le volume de

bois prélevé ne dépasse pas l’accroissement naturel de la forêt et préserve ainsi la ressource sur pied.

Figure 1.19 : Taux de boisement de la France par département en 2009

Plus de 45%

Entre 35% et 45%

Entre 25% et 35%

Entre 15% et 25%

Moins de 15%

Taux de boisement

La question de l'exploitation et de la valorisation des rémanents (branches, bois cassés ou

dégradés) est particulièrement cruciale après les épisodes de tempêtes, comme celle de décembre 1999

qui a renversé environ 140 millions de m3 de bois répartis sur 500 000 ha de forêts en France, ou

encore la tempête Klaus de janvier 2009, pendant laquelle 42 millions de m3 de bois ont été abattus. Le

défi d’une gestion raisonnée de ce volume de bois supplémentaire est alors relevé par l’ensemble de la

filière et par l’État au moyen d’actions planifiées et d’aides financières mises en œuvre par l’ADEME.

La récupération, le stockage et l’utilisation prioritaire du bois issu des zones sinistrés pour la

production d’énergie, permettent ainsi de limiter la chute des prix de vente de la ressource.

Une ressource renouvelable hautement valorisable

Neutre au regard de l’effet de serre, la ressource bois est une énergie renouvelable dont le

recours est incontournable pour répondre aux engagements politiques de développement des EnR. En

effet, il est admis que la quantité de CO2 libérée dans l’atmosphère lors de la combustion du bois est

équivalente à celle qui a été prélevée pendant sa croissance. Cette transmission de carbone entre la

biosphère et l’atmosphère constitue le cycle du carbone (cf. Figure 1.20).

Figure 1.20 : Cycle du carbone pour la ressource bois

En outre, si la matière ligneuse n’est pas brûlée, sa dégradation naturelle sous l’effet des

micro-organismes provoque sa décomposition en dioxyde de carbone et en méthane, ce dernier ayant

une contribution à l’effet de serre 21 fois plus importante que celle du CO2. Renouvelable dans un

temps court et présentant des émissions nettes de CO2 faibles comparativement aux énergies fossiles,

l’utilisation du bois énergie, à raison d’un volume de 4 m3

environ, permet ainsi d’éviter l’emploi

d’1 tonne de pétrole et le rejet de 2,5 tonnes de CO2 dans l’atmosphère.

En termes socio-économiques, la filière bois génère environ 450 000 emplois, dont la grande

majorité concerne les métiers de transformation et de mise en œuvre du bois et dont moins de 15% ont

trait au bois énergie, avec principalement les métiers relatifs à la production du combustible bois en

amont et à la fabrication des appareils de chauffage en aval. D’après l’ADEME, la création de 25 000

emplois supplémentaires est pressentie d’ici 2015 dans la filière bois énergie, du fait de son essor.

Séchage

H2O

H2O

Combustion

du bois

Dégradation de la

matière organique

CO2

CO2

Rayonnement Solaire

O2

Photosynthèse

Un usage bois matériau

En 2007, le Grenelle Environnement soulignait l’importance de produire plus de bois tout en

préservant mieux la biodiversité par l’adoption d’une démarche territoriale concertée et la gestion

multifonctionnelle des forêts. Depuis 2010, le Plan Bâtiment Grenelle favorise quant à lui l’utilisation

exclusive de bois certifiés ou issus de forêts gérées de manière durable dans les constructions bois.

Dans ce contexte et d’après une étude récente [Xerfi_Bois, 2011], les mises en chantier de

maisons en bois en France ont plus que doublé sur la décennie 2000-2010, avec près de 15 000

constructions bois pour la seule année 2008. La poursuite et l’amplification de cette tendance est

également prévue avec, une nouvelle fois, le doublement des réalisations en 2015. En effet, le marché

de la construction bois est soutenu par une forte demande des particuliers pour un habitat sain et

écologique, une législation favorable au bois matériau dans la construction [Décret_Bois, 2010] et des

aides gouvernementales en faveur du développement durable. L’étude précise que l’ossature bois est la

solution constructive retenue dans les trois quarts des cas et que la standardisation de la production

tend à réduire la durée de montage et le coût global de l’habitation, qui reste néanmoins encore

supérieur de 10 à 20% à ceux d’une construction réalisée en maçonnerie.

Laissant présager un conflit d’usage autour du bois, certains professionnels des métiers liés à

l’usage du bois matériau s'inquiètent des difficultés d'approvisionnement qu’ils rencontrent depuis

2010 et pointent du doigt l'essor du bois énergie nécessaire à l'atteinte des objectifs de production

d’énergie d’origine renouvelable en 2020. Toutefois, la forêt française reste sous-exploitée et des

volumes significatifs de sous-produits de l’industrie du bois restent encore à valoriser, d’autant que les

prélèvements des filières bois matériau et bois énergie ne portent pas sur les mêmes éléments de la

ressource, comme le précise un récent rapport sur la mise en valeur de la forêt française et le

développement de la filière bois [Puech, 2009]. En conclusion, ce rapport conditionne l’optimisation

de l’exploitation du potentiel de la ressource bois par la nécessité de conforter, d’organiser, de

moderniser et d’industrialiser la filière.

Un usage bois énergie

La France est le premier pays consommateur de bois énergie en Europe en valeur absolue, et

le 6ème relativement à sa population, avec environ 0,15 tep/an consommée par habitant, essentiellement

pour le chauffage domestique au bois. En volume, cela représente une consommation totale de bois

énergie d’environ 40 Mm3

/an, dont 25 Mm3 sont prélevés en forêt (bûches et plaquettes forestières) et

15 Mm3 sont issus de sous-produits de l’industrie du bois (écorces, copeaux et sciures, plaquettes,

granulés, briquettes), de la filière des déchets (bois mis au rebut) et d’exploitation rurale.

En valeur énergétique de référence, cette consommation finale de bois énergie s’établit à

8,9 Mtep en 2009, ce qui représente environ 3% du total de l’énergie consommée au niveau national.

D’après les chiffres de [ADEME_Bât, 2011], le secteur du bâtiment en consomme 6,9 Mtep, soit plus

des trois quarts (78%) et le résidentiel s’attribue quant à lui sans partage 6,5 Mtep de cette ressource,

principalement pour le chauffage domestique, ce qui représente pas moins de 15% du total des

42,8 Mtep d’énergie finale consommée par l’ensemble de ce sous secteur.

Depuis 1994, l’utilisation du bois énergie est soutenue par l’ADEME, avec la mise en place du Plan

Bois Énergie et Développement Local (PBEDL) qui touche en particulier les secteurs collectifs et

tertiaires. Puis, le Plan National Bois Énergie [PNBE, 2000-2006] suivi du Programme National

Biomasse Énergie [PNBE, 2007-2010], ont permis en dix ans d’améliorer l'efficacité des

usages domestiques du bois énergie, de développer les investissements structurants dans les secteurs

collectif, tertiaire et industriel, ainsi que d’organiser la mobilisation des ressources, notamment en

développant l’exploitation des plaquettes forestières issues des rémanents, dont le gisement

énergétique par département est détaillé sur la carte de la Figure 1.18 [IFN, 2005].

Figure 1.21 : Gisement énergétique issu des rémanents de l’exploitation forestière en 2004

À l’échelle de la France, les résultats des études menées par l’IFN sur la disponibilité du bois

énergie évaluent que le gisement énergétique total issu des rémanents représente 7,3 Mtep/an. D’après

ces même études, l’intensification des prélèvements rendrait accessible un gisement complémentaire

d’environ 4,9 Mtep, mais ce supplément resterait encore difficilement mobilisable à un coût

économique concurrentiel vis-à-vis d’autres types d’énergie et ne doit pas déstabiliser les autres

usages du bois (bois d’industrie, bois d’œuvre, chimie verte...).